Revoici le temps du labeur qui va nous conduire à la Croix et à la Résurrection. Ce n’est pas encore le carême mais l’Eglise nous y prépare sans ménagement. Nous allons porter toute l’histoire du monde, qui est l’histoire de la chute, et gravir le chemin du calvaire où sera déchirée la reconnaissance de dette qui ne s’annule que par la mort.
Autrefois, aux matines de la Septuagésime, on lisait le récit du péché originel dans la Genèse. Depuis saint Pie V (ou même avant ?) on commence par le commencement : la création, et le récit de la chute n’intervient que mercredi. Et l’étonnant rétrécissement des matines depuis 1960 dans le bréviaire romain a supprimé le texte de saint Augustin sur la chute*, ainsi que les répons qui l’évoquent. Il reste cependant l'antienne du Magnificat des premières vêpres, qui l'annoncent avant même l'adieu à l'alléluia.
La messe gémit du coup de massue que l’homme s’est infligé lui-même. « L'Introït de la Messe exprime les terreurs de la mort auxquelles Adam et sa race tout entière sont en proie, depuis le péché », dit dom Guéranger :
Circumdedérunt me gémitus mortis, dolóres inférni circumdedérunt me
Les gémissements de la mort m'ont environné, les douleurs de l'enfer m'ont assiégé
« Cependant un cri d'espérance se fait entendre, au milieu de cette suprême désolation. Adam et sa race peuvent encore implorer la miséricorde céleste. Le Seigneur a fait une promesse, au jour même de la malédiction; qu'ils confessent leur misère, et le Dieu même qu'ils ont offensé deviendra leur libérateur. »
et in tribulatióne mea invocávi Dóminum, et exaudívit de templo sancto suo vocem meam.
j'ai invoqué le Seigneur dans ma tribulation, et, de son saint temple, il a écouté ma voix.
Alors le psaume peut chanter son premier verset :
Díligam te, Dómine, fortitúdo mea : Dóminus firmaméntum meum, et refúgium meum, et liberátor meus.
Je vous aimerai, Seigneur, qui êtes ma force ; le Seigneur est mon appui, mon refuge et mon libérateur.
La collecte constate que nous sommes « justement affligés pour nos péchés », et demande que nous soyons miséricordieusement délivrés pour la gloire du Nom du Seigneur.
Dans l’épître saint Paul montre le chemin qui s’esquisse, la route du carême, comme une course de fond. Il faut courir de façon à remporter la palme. Ce n’est pas aisé : les Hébreux furent tous baptisés dans la mer Rouge, ont tous mangé du pain spirituel et bu au rocher spirituel, et ils sont quasiment tous morts avant d’arriver dans la terre promise…
Le graduel implore Dieu au temps de la tribulation… avec espérance, car Dieu n’oublie pas le pauvre qui le cherche.
Le trait, remplaçant désormais l’alléluia, est le De profundis…
L’évangile est celui des ouvriers conviés à travailler à la vigne au long des heures de la journée. Quelle que soit l’heure à laquelle on a été appelé, on reçoit son salaire : le denier de la vie éternelle, si l’on a persévéré (sans s’occuper de comparer son labeur avec celui du voisin).
C’est pourquoi l’offertoire rend grâce avec joie :
Bonum est confitéri Dómino, et psállere nómini tuo, Altíssime.
Il est bon de louer le Seigneur et de chanter votre nom, ô Très-Haut.
Et l’antienne de communion s’installe dans l’espérance :
Illúmina fáciem tuam super servum tuum, et salvum me fac in tua misericórdia : Dómine, non confúndar, quóniam invocávi te.
Faites luire votre visage sur votre serviteur, et sauvez-moi par votre miséricorde ; Seigneur, que je ne sois pas confondu, car je vous ai invoqué.
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* Texte qui se termine par la phrase magnifique: "Melius enim judicavit de malis bene facere quam mala nulla esse permittere". Dieu a jugé meilleur de tirer le bien du mal que de permettre qu'il n'y ait aucun mal."
Commentaires
Heureusement que nous avons la miséricorde ! Et heureusement que nous avons le pape François pour la rappeler à temps et à contretemps.
Heureusement que nous avons la miséricorde. Mais quelle disgrâce d'avoir un pape qui la profane.
Yves, pouvez-vous expliciter votre dernière phrase:"Mais quelle disgrâce d'avoir un pape qui la profane." Je ne suis pas sûr de bien comprendre votre commentaire qui frôle la calomnie!
http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2014/03/14/la-misericorde-profanee-5322289.html
http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2014/03/18/la-misericorde-profanee-suite-5325751.html
http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2015/04/30/la-misericorde-profanee-5613383.html