Le 8 décembre 2013, Jacques Perrière mettait en commentaire de ma note :
Magnifique antienne du Magnificat dans le bréviaire romain (Liber Usualis) : Hodie egressa est virga.
Montée progressive des 3 "hodie" : tierce mineure, quarte, quinte.
Deux jolies phrases mélodiques sur "contritum est ab ea" et l'alleluia final en quarte.
Voici cette antienne
Hodie egressa est virga de radice Jesse: Hodie sine ulla peccati labe concepta est Maria: hodie contritum est ab ea caput serpentis antiqui. Alleluia.
Aujourd’hui un rameau est sorti du tronc de Jessé : aujourd’hui Marie a été conçue sans aucune tache de péché : aujourd’hui a été brisée par elle la tête de l’ancien serpent. Alléluia.
- dans deux belles interprétations du Studio de Giovanni Vanini, enregistrées dans le superbe monastère de Clairvaux à Milan ;
- dans l’interprétation de la schola du séminaire des moines paulins à Cracovie, qui est « moderne », pouvant paraître quelque peu désinvolte, surtout pour des moines, et supprimant systématiquement les notes allongées, ce qui ne me paraît pas légitime ;
- dans l’interprétation de la chapelle du palais impérial de Vienne, sur une partition qui est comme simplifiée (néanmoins remarquable), ce qui fait penser qu’il doit s’agir d’un de ces grands livres de lutrin du XIXe siècle.
Commentaires
« Décembre » (commentaire à supprimer après correction de la coquille)
Magnifique antienne, Mais quel dommage de la voir transcrire avec les "appuis rythmiques" des premières éditions de Solemnes qui induisent par leur mécanisme aveugle et systématique des accentuations aberrantes : il n'y a aucune raison d'accentuer le "de" (virga de radice) ni d'accentuer "sine ulla" sur deux syllabes faibles consécutives... J'espère que personne ne fait plus de tels contresens musicaux et linguistiques.
Les épisèmes ne sont pas des signes d'accentuation mais des signes rythmiques. Ce serait en effet absurde. Et ce serait prendre les moines de Solesmes pour des imbéciles.
C'est pourtant ce genre d'absurdité que l'on peut trouver dans l'introduction du "800" : "La thesis rythmique n'est pas autre chose que cette retombée de l'élan, la fin d'un pas" - d'après cette définition, la thèsis rythmique se confond nécessairement avec l'accent dans la prosodie, et des générations de chanteurs l'ont compris comme ça et ont ânonné le grégorien à contretemps, imposant "les lois naturelles du rythme" et se persuadant avec superbe que "musica non subjacet regulis Donati".
C'est effectivement absurde, toute l'écriture grégorienne authentique montre que les accents musicaux découlent immédiatement de l'accent latin, et que tout au contraire de ce qu'affirme le 800, la musique se met ici totalement au service du sens grammatical des paroles.
Difficile, décidément, d'obtenir du latin correctement imprimé. C'est AB EA bien sûr (par elle) et non AD EA (qui dans un autre contexte pourrait signifier "vers ces…") que la tête du serpent est écrasée (CONTRITUM, avec l'aigu de sa douleur).
Vraiment rien ne vous échappe... C'est évidemment "ab ea", comme je l'ai écrit au début.
J'ai repris la partition du site Gregobase, qui dit l'avoir pris du Liber usualis, mais la faute ne se trouve pas dans le Liber usualis (quand même).