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Liturgie - Page 252

  • Ego te tuli

    ℟. Ego te tuli de domo patris tui, dicit Dóminus, et pósui te páscere gregem pópuli mei:
    * Et fui tecum in ómnibus ubicúmque ambulásti, firmans regnum tuum in ætérnum.
    . Fecíque tibi nomen grande, juxta nomen magnórum, qui sunt in terra: et réquiem dedi tibi ab ómnibus inimícis tuis.
    ℟. Et fui tecum in ómnibus ubicúmque ambulásti, firmans regnum tuum in ætérnum.

    C’est moi qui t’ai pris de la maison de ton père, dit le Seigneur, et je t’ai établi pour faire paître le troupeau de mon peuple, et j’ai été avec toi en tout ce par quoi tu es passé, affermissant ton règne pour l’éternité.
    Et je t’ai fait un nom grandiose, comme le nom des grands qui sont sur la terre : et je t’ai donné le repos, à l’abri de tous tes ennemis.
    Et j’ai été avec toi en tout ce par quoi tu es passé, affermissant ton règne pour l’éternité.

    Ce répons des matines fait partie des répons « des Rois », c’est-à-dire dont le texte est tiré des livres des Rois (il y en a quatre dans les Bibles grecque et latine, les deux premiers étant appelés livre de Samuel dans la Bible juive). Ces répons, déjà fixés dans les livres liturgiques de saint Grégoire le Grand, se chantent aux matines après la Pentecôte et jusqu’à la fin du mois de juillet.

    Celui-ci est formé d’expressions du chapitre 7 du deuxième livre et constitue comme un résumé de ce que Dieu dit à David au début de son règne, alors qu’il vient d’apporter l’arche d’alliance à Jérusalem. Ce qui frappe bien sûr est le caractère messianique du propos (proche du psaume 88). A travers David, Dieu parle du Christ, le seul roi pasteur dont le règne sera éternel.

  • Saint Basile le Grand

    “Grandes Règles”, extrait de la question 2 : de la charité envers Dieu.

    En recevant de Dieu le commandement de l’amour, nous avons aussitôt, dès notre origine, possédé la faculté naturelle d’aimer. Ce n’est pas du dehors que nous en sommes informés ; chacun peut s’en rendre compte par lui-même et en lui-même, car nous cherchons naturellement ce qui est beau, bien que la notion de beauté diffère pour l’un et pour l’autre ; nous aimons sans qu’on nous l’apprenne, ceux qui nous sont apparentés par le sang ou par l’alliance ; nous manifestons enfin volontiers notre bienveillance à nos bienfaiteurs.

    Or, quoi de plus admirable que la beauté divine ? Que peut-on concevoir de plus digne de plaire que la magnificence de Dieu ? Quel désir est ardent et intolérable comme la soif provoquée par Dieu dans l’âme purifiée de tout vice et s’écriant dans une émotion sincère : « L’amour m’a blessée » [4] ?

    Ineffables et indescriptibles sont les rayons de la beauté divine ! La langue est impuissante à en parler, l’oreille ne peut l’entendre ! Quand vous diriez l’éclat de l’étoile du matin, la clarté de la lune et la lumière du soleil, tout cela est indigne de représenter sa gloire, et, comparé à la lumière de vérité, est bien plus éloigné d’elle, que la nuit profonde, triste et obscure, n’est distante du midi le plus pur.

    Cette beauté est invisible aux yeux du corps, l’âme seule et l’intelligence peuvent la saisir. Chaque fois qu’elle a illuminé les saints, elle a laissé en eux l’aiguillon d’un intolérable désir, au point que, lassés de cette vie, ils se sont écriés : « Malheur à moi, parce que mon exil s’est prolongé ! » [5], « Quand irai-je contempler la face du Seigneur ? » [6], et : « Je voudrais me dissoudre et être avec le Christ » [7]. « Mon âme a soif du Seigneur fort et vivant » [8], et enfin : « Maintenant, Seigneur, délivrez votre serviteur » [9]. Supportant avec peine cette vie qui leur semblait un emprisonnement, ils contenaient difficilement les élans provoqués dans leur âme par le désir de Dieu ; jamais rassasiés de contempler la beauté divine, ils suppliaient que fut prolongée dans la vie éternelle la vision de la magnificence de Dieu.

    C’est ainsi que les hommes aspirent naturellement vers le beau. Mais ce qui est bon est aussi souverainement beau et aimable ; or Dieu est bon ; donc tout recherche le bon ; donc tout recherche Dieu.

    Il s’ensuit que, si notre âme n’est pas pervertie par le mal, le bien que nous faisons possède en nous-mêmes sa racine. Nous sommes ainsi obligés de rendre à Dieu, comme un devoir strict, cet amour, dont cependant la privation est pour l’âme le plus grand de tous les maux, car l’éloignement et l’aversion de Dieu sont la plus terrible des peines de l’enfer, et même si la douleur ne s’y ajoutait pas, elle serait plus lourde à porter que la privation de la vue pour l’œil, et la mort pour l’être vivant.
    Si l’affection des enfants pour les parents est un sentiment naturel qui se manifeste dans l’instinct des animaux et dans la disposition des hommes à aimer leur mère dès leur jeune âge, ne soyons pas moins intelligents que des enfants, ni plus stupides que des bêtes sauvages : ne restons pas devant Dieu qui nous a créés, comme des étrangers sans amour.

    [4] Ct 2, 5.

    [5] Ps 119, 5.

    [6] Ps 41, 3.

    [7] Ph 1, 23.

    [8] Ps 41, 3.

    [9] Lc 2, 29.

  • Saint Antoine de Padoue

    Fioretti de saint François d’Assise, 40 :

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    Le Christ béni voulant montrer la grande sainteté de son très fidèle serviteur saint Antoine, et combien dévotement il fallait entendre sa prédication et sa sainte doctrine, se servit une fois entre autres des animaux sans raison, c'est-à-dire des poissons, pour reprendre la sottise des infidèles hérétiques (les Cathares), à la manière dont il avait jadis, dans les Vieux Testament, repris par la bouche de l'ânesse, l'ignorance de Balaam.

    Saint Antoine était donc une fois à Rimini où il y avait une grande multitudes d'hérétiques, et il voulait les ramener à la lumière de la vraie Foi et dans le chemin de la Vérité: pendant plusieurs jours il leur prêcha et disputa avec eux de la Foi du Christ et de la Sainte Ecriture; mais non seulement ils ne se rendaient point à ses saints discours, mais même, comme endurcis et obstinés, ils ne voulaient pas l'écouter; aussi, un jour, par divine inspiration, saint Antoine s'en alla à l'embouchure du fleuve au bord de la mer; et se tenant sur la rive entre la mer et le fleuve, il commença, comme s'il prêchait, par dire aux poissons de la part de Dieu: « Ecoutez la parole de Dieu, vous poissons de la mer et du fleuve, puisque les infidèles hérétiques refusent de l'entendre. » A peine eut-il ainsi parlé qu'il vint aussitôt vers lui, à la rive, une telle multitude de poissons, grands, petits et moyens, que jamais dans cette mer et dans ce fleuve on en avait vu une si grande quantité; et tous se tenaient la tête hors de l'eau et demeuraient attentifs tournés vers le visage de Saint Antoine, tous en très grande paix, en très grand calme, en très grand ordre; car au premier rang et le plus près de la rive se tenaient les plus petits poissons, et derrière eux les poissons moyens, et en arrière encore, où l'eau était plus profonde, les plus grands poissons.

    Les poissons étant donc ainsi rangés en tel ordre et disposition, saint Antoine commença à leur prêcher solennellement; il parla ainsi: « Mes frères les poissons, vous êtes fort obligés, selon votre pouvoir, de rendre grâce à votre Créateur, qui vous a donné un si noble élément pour votre habitation, en sorte qu'à votre choix vous avez des eaux douces et des eaux salées; Il vous a donné beaucoup de refuges pour éviter les tempêtes; Il vous a donné encore un élément clair et transparent et la nourriture qui vous permette de vivre. Dieu votre Créateur courtois et plein de bonté, quand Il vous créa, vous donna l'ordre de croître et de vous multiplier, et vous donna Sa Bénédiction. Puis, au déluge universel, alors que mouraient tous les autres animaux, Dieu vous conserva seuls sans dommage. Ensuite, Il vous a donné des nageoires pour pouvoir aller çà et là partout où il vous plaît. A vous il fut accordé, par le commandement de Dieu, de garder le Prophète Jonas et après trois jours de le rejeter à terre sain et sauf. Vous avez offert le cens à Notre Seigneur Jésus-Christ qui, comme un petit pauvre, n'avait pas de quoi payer. Par un mystère singulier, vous avez été la nourriture de l'éternel Roi Jésus-Christ avant et après Sa Résurrection. Pour tout cela, vous êtes extrêmement obligés de louer et de bénir Dieu, qui vous a donné tant de bienfaits de plus qu'aux autres créatures. »

    A ces paroles et enseignements, et autres semblables de saint Antoine, les poissons commencèrent à ouvrir la bouche et à incliner la tête, et par ces signes de respect et d'autres encore, ils louaient Dieu comme il leur était possible. Alors saint Antoine, voyant un tel respect des poissons envers leur Créateur, se réjouit en esprit et dit à haute voix: « Béni soit le Dieu éternel, parce que les poissons des eaux L'honorent plus que ne le font les hommes hérétiques, et que les animaux sans raison écoutent mieux Sa Parole que les hommes infidèles. » Et plus Saint Antoine prêchait, plus croissait la multitude des poissons, et pas un ne quittait la place qu'il avait prise.

    A ce miracle, les gens de la ville commencèrent d'accourir et, parmi eux, y vinrent même les susdits hérétiques, qui, voyant le miracle si merveilleux et manifeste, le cœur touché de componction, se jetèrent tous aux pieds de Saint Antoine pour entendre sa prédication. Alors Saint Antoine commença de prêcher sur la Foi Catholique et prêcha si noblement sur ce sujet qu'il convertit tous ces hérétiques et les fit retourner à la vraie Foi du Christ; tous les fidèles en demeurèrent en grande allégresse, réconfortés et fortifiés dans la Foi. Cela fait, saint Antoine congédia les poissons avec la bénédiction de Dieu, et tous s'en allèrent donnant de merveilleux signes d'allégresse; et le peuple fit de même.

    Puis saint Antoine resta à Rimini pendant nombre de jours, prêchant et produisant beaucoup de fruits spirituels dans les âmes.

    A la louange du Christ. Amen.

  • Saint Jean de Saint-Facond

    Jean naquit à Sahagun, en Espagne, d’une noble famille. Ses parents, demeurés longtemps sans enfants, l’obtinrent de Dieu à force de bonnes œuvres et de prières. Dès son jeune âge, il donna des signes de sa future sainteté. Ordonné prêtre et voulant servir Dieu plus paisiblement, il renonça spontanément aux revenus ecclésiastiques dont il avait été pourvu à juste titre. Tombé gravement malade à Salamanque, il fit vœu de s’imposer une discipline plus sévère et, pour accomplir cette promesse, il se rendit au couvent de Saint-Augustin alors très florissant sous une sévère observance ; il y fut admis et surpassa les plus avancés en toutes les vertus. Tant par ses prédications que par des entretiens privés et la sainteté de sa vie, Jean ramena au calme les citoyens de Salamanque qu’agitaient de sanglantes factions. Plus d’une fois, il fut délivré de périls imminents par l’intervention divine. Le Christ Seigneur lui apparaissait souvent, tandis qu’il offrait le Saint Sacrifice, et souvent aussi il lisait jusqu’au fond des cœurs et prédisait l’avenir. Enfin, après avoir annoncé le jour de sa mort, il quitta très saintement cette vie, glorieux par les nombreux miracles qui précédèrent et suivirent sa mort. Après l’examen canonique de ces miracles, Alexandre VIII l’inscrivit au nombre des saints.

    (Bréviaire)

    [Son nom était Jean Gonzalez de Castrillo Martinez de Sahagun y Cea. Né vers 1430, il  fit ses études au monastère Saint-Facond et Saint-Benoît de Sahagun, le nom de Sahagun venant lui-même de saint Facond.]

  • Saint Barnabé

    Barnabé signifie "homme de l'exhortation" (Ac 4, 36) ou "homme du réconfort"; il s'agit du surnom d'un juif lévite originaire de Chypre. S'étant établi à Jérusalem, il fut l'un des premiers qui embrassèrent le christianisme, après la résurrection du Seigneur. Il vendit avec une grande générosité l'un des champs qui lui appartenaient, remettant le profit aux Apôtres pour les besoins de l'Eglise (cf. Ac 4, 37). Ce fut lui qui se porta garant de la conversion de saint Paul auprès de la communauté chrétienne de Jérusalem, qui se méfiait encore de son ancien persécuteur (cf. Ac 9, 27). Envoyé à Antioche de Syrie, il alla rechercher Paul à Tarse, où celui-ci s'était retiré, et il passa une année entière avec lui, se consacrant à l'évangélisation de cette ville importante, dans l'Eglise de laquelle Barnabé était connu comme prophète et docteur (cf. Ac 13, 1). Ainsi Barnabé, au moment des premières conversions des païens, a compris qu'il s'agissait de l'heure de Saul, qui s'était retiré à Tarse, sa ville. C'est là qu'il est allé le chercher. Ainsi, en ce moment important, il a comme restitué Paul à l'Eglise; il lui a donné encore une fois, en ce sens, l'Apôtre des nations. Barnabé fut envoyé en mission avec Paul par l'Eglise d'Antioche, accomplissant ce qu'on appelle le premier voyage missionnaire de l'Apôtre. En réalité, il s'agit d'un voyage missionnaire de Barnabé, qui était le véritable responsable, et auquel Paul se joignit comme collaborateur, touchant les régions de Chypre et de l'Anatolie du centre et du sud, dans l'actuelle Turquie, et se rendant dans les villes d'Attalia, Pergé, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystre et Derbe (cf. Ac 13, 14). Il se rendit ensuite avec Paul au Concile de Jérusalem, où, après un examen approfondi de la question, les Apôtres et les Anciens décidèrent de séparer la pratique de la circoncision de l'identité chrétienne (cf. Ac 15, 1-35). Ce n'est qu'ainsi, à la fin, qu'ils ont rendu officiellement possible l'Eglise des païens, une Eglise sans circoncision:  nous sommes les fils d'Abraham simplement par notre foi dans le Christ.

    Les deux, Paul et Barnabé, eurent ensuite un litige, au début du deuxième voyage missionnaire, car Barnabé était de l'idée de prendre Jean-Marc comme compagnon, alors que Paul ne voulait pas, ce jeune homme les ayant quittés au cours du précédent voyage (cf. Ac 13, 13; 15, 36-40). Entre les saints, il existe donc aussi des contrastes, des discordes, des controverses. Et cela m'apparaît très réconfortant, car nous voyons que les saints ne sont pas "tombés du ciel". Ce sont des hommes comme nous, également avec des problèmes compliqués. La sainteté ne consiste pas à ne jamais s'être trompé, à n'avoir jamais péché. La sainteté croît dans la capacité de conversion, de repentir, de disponibilité à recommencer, et surtout dans la capacité de réconciliation et de pardon. Ainsi Paul, qui avait été plutôt sec et amer à l'égard de Marc, se retrouve ensuite avec lui. Dans les dernières Lettres de saint Paul, à Philémon et dans la deuxième à Timothée, c'est précisément Marc qui apparaît comme "mon collaborateur". Ce n'est donc pas le fait de ne jamais se tromper, mais la capacité de réconciliation et de pardon qui nous rend saint. Et nous pouvons tous apprendre ce chemin de sainteté. Quoi qu'il en soit, Barnabé, avec Jean-Marc, repartit vers Chypre (cf. Ac 15, 39) autour de l'année 49. On perd ses traces à partir de ce moment-là. Tertullien lui attribue la Lettres aux Hébreux, ce qui ne manque pas de vraisemblance car, appartenant à la tribu de Lévi, Barnabé pouvait éprouver de l'intérêt pour le thème du sacerdoce. Et la Lettre aux Hébreux interprète de manière extraordinaire le sacerdoce de Jésus.

    Benoît XVI

  • 3e dimanche après la Pentecôte

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    Allelúia, allelúia. Deus judex justus, fortis et pátiens, numquid iráscitur per síngulos dies ? Allelúia.

    Alléluia, alléluia. Dieu est un juge juste, fort et patient, est-ce qu’il s’irritera tous les jours ? Alléluia.

    Dom Gajard :

    L’Alléluia Deux judex Justus, 8e mode, est splendide de sonorité chaude et de puissance, notamment dans la vocalise ; très ramassée sur elle-même, elle part du grave, et monte, ample, très enveloppée, mais irrésistible, atteignant successivement, dans son lumineux développement, le sol, le si, le do, le ré, le mi, pour condenser dans un dernier trait toute la poussée vigoureuse qui la soulevait et se poser enfin sur une des belles cadences du mode.

    Par les moines de Solesmes sous la direction de dom Gajard, 1952 ou 1953 :


    podcast

    Dom Baron :

    LE TEXTE

    Dieu un juge fuste, fort et patient. Est-ce qu’il va s’irriter à longueur de jour? Ps. VII. 12.

    L’interrogation qui termine ce verset est à prendre dans le sens négatif. Le psalmiste veut dire que le Seigneur a sa justice en main, qu’il l’appliquera à son heure et qu’il est assez patient pour supporter ce qu’on lui fait sans avoir à se mettre en colère à chaque instant.
    Cette parole est encore pour la brebis égarée loin du bercail. L’Eglise la lui chante moins pour l’amener à la crainte que pour l’encourager au contraire à avoir confiance en la patience du Seigneur qui n’est en colère que contre celui qui s’obstine.

    LA MÉLODIE

    Deus judex justus est revêtu d’une solennité ferme et forte qui s’impose, avec une nuance de sévérité très marquée dans la descente si rythmée sol-re-mi-do et. plus encore. dans la remontée en quinte au sol et au si. Fortis a la même expression. Patiens, par contre, est très lié, avec quelque chose de doux et d’aimable ; l’insistance qu’y mettent le salicus et le quilisma et sa place au sommet de la mélodie montrent bien que l’Eglise a voulu le mettre en relief très marqué, d’autant que la phrase suivante se développe, elle aussi, dans celte atmosphère paisible. On pourrait même trouver, sans forcer l’expression, une fine pointe d’esprit sur cette interrogation quelque peu ironique.

    La formule finale s’en dégage dans une splendide montée de joie; la joie de l’âme, heureuse de la patience dont Dieu l’a si généreusement gratifiée. Aussi bien, cette joie, qui est celle de l’Alleluia, enveloppe toute la pièce et en fait un autre beau chant de réconfort pour l’âme retenue loin de Dieu et un hommage de louange à la miséricorde du Bon Pasteur que nous allons voir à l’œuvre dans l’Evangile.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Vehementer quidem nobis, dilectíssimi, vir unus et mulier una nocuére; sed, grátias Deo, per unum nihilóminus virum et mulíerum unam ómnia restaurántur, nec sine magno fænore gratiárum. Neque enim sicut delíctum, ita et donum; sed excedit damni æstimatiónem beneficii magnitudo. Sic nimirum prudentíssimus et clementíssimus artifex, quod quassátum fúerat, non confrégit, sed utílius omnino refécit, ut videlicet nobis novum formaret Adam ex veteri, Hevam transfúnderet in Mariam.

    Mes bien chers frères, il est un homme et une femme qui nous ont fait bien du mal ; mais grâce à Dieu, il y eut aussi un homme et une femme pour tout réparer et même avec de grands avantages ; il n’en est point de la grâce comme du péché, et la grandeur du bienfait que nous avons reçu dépasse de beaucoup la perte que nous avions faite. En effet, dans sa prudence et clémence extrêmes, l’ouvrier qui nous a faits n’a point achevé de rompre le vase déjà fêlé, mais il le répara complètement, et si bien, que de l’ancien Adam, il nous en fit un nouveau, et transvasa Eve dans Marie.

    Leçon des matines : saint Bernard, sermon sur Signum magnum (pour le dimanche dans l’octave de l’Assomption), traduction de l’abbé Charpentier, 1866.

  • Fête du Sacré Cœur

    « Prose » chantée après l’Alleluia de la messe, dans l’« Office du Sacré Cœur de Jésus, latin-français, imprimé par ordre de Monseigneur l’Archevêque de Paris [Christophe de Beaumont], pour être célébré chaque année dans son Diocèse le Dimanche après l’Octave du S. Sacrement », 1767. Cette séquence parut d'abord semble-t-il en 1737 dans le missel de Séez, puis on la trouvera dans les missels de Poitiers, de Lyon, de Lodève, de Soissons...

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  • Fête Dieu à Ostie…

    François est allé célébrer la Fête Dieu à la périphérie. A Ostie. Les masochistes, et aussi ceux qui veulent rester lucide sur ce qui se passe, liront le compte rendu d’un fidèle du lieu impliqué dans la vie paroissiale (donc pas du tout un « intégriste »). Extraits :

    Plus d'agenouilloirs, aucun moment propice à l'Adoration vraie et silencieuse, laquelle, le cas échéant, était déchirée par les guitares ! Pour la Communion, je me suis agenouillé en m'appuyant sur la barrière, le prêtre m'a fait signe de me lever avec un geste d'ironie, tout en continuant à gesticuler, et en tenant cette pauvre Hostie dans sa main. J'ai remercié Jésus aussi pour cette humiliation et pour avoir pu la recevoir dans ma bouche, au moins cela ne m'a pas été refusé.

    J'ai fait la procession.... il n'y avait ni cierges ni bougies, par contre nous avons eu la première "turibolaia" [femme thuriféraire] endossant une aube de prêtre, ouvrant la procession. (….) il y avait aussi celles qui administrent la Communion, toutes portant des aubes de prêtres - comme des prêtres? Les enfants en aube blanche, qui avaient reçu la première communion il y a quelques semaines seulement, étaient complètement absents, une absence qui s'est fortement ressentie.

    (…) il semble presque que s'agenouiller devant l'Eucharistie est devenu un affront envers le pape !

    Benoît et moi rappelle ce propos de Benoît XVI dans son homélie de la Fête Dieu de 2012:

    Je voudrais aussi souligner que le sacré a une fonction éducative et que sa disparition appauvrit inévitablement la culture, en particulier la formation des nouvelles générations. Si, par exemple, au nom d’une foi sécularisée qui n’aurait plus besoin des signes sacrés, on abolissait la procession du Corpus Domini dans la ville, le profil spirituel de Rome se trouverait « aplati » et notre conscience personnelle et communautaire s’en trouverait affaiblie.

    Il y a eu une procession de la Fête Dieu à Rome : celle de la Fraternité Saint Pierre

  • Præparate corda vestra

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    Antiphonaire du couvent des cordeliers de Fribourg, vers 1300

    ℟. Præparáte corda vestra Dómino, et servíte illi soli:
    * Et liberábit vos de mánibus inimicórum vestrórum.
    . Convertímini ad eum in toto corde vestro, et auférte deos aliénos de médio vestri.
    ℟.Et liberábit vos de mánibus inimicórum vestrórum.

    Préparez vos cœurs pour le Seigneur, et servez-le, lui seul : et il vous délivrera des mains de vos ennemis. Convertissez-vous à lui de tout votre cœur, et ôtez les dieux étrangers du milieu de vous. Et il vous délivrera des mains de vos ennemis.

    Ce répons des matines est extrait, comme il se doit, de la lecture biblique du moment, c’est-à-dire du premier livre des Rois (appelé premier livre de Samuel dans la Bible juive). C’est un propos de Samuel appelant les israélites, une fois de plus, et comme le feront inlassablement les prophètes, à se tourner vers le seul vrai Dieu et à rejeter les idoles.

    Le texte liturgique a été modifié par rapport au texte biblique afin de devenir universel.

    Voici ce que dit la Vulgate :

    Si in toto corde vestro revertimini ad Dominum, auferte deos alienos de medio vestri, Baalim et Astaroth : et præparate corda vestra Domino, et servite ei soli, et eruet vos de manu Philisthiim.

    Si vous revenez de tout votre cœur au Seigneur, ôtez les dieux étrangers du milieu de vous, les Baals et Astaroth ; et préparez vos cœurs pour le Seigneur, et servez-le lui seul, et il vous sauvera de la main des Philistins.

    On remarque que l’ordre des phrases a été inversé, afin de commencer par « Praeparate », qui dans le langage de la Bible veut dire édifiez, disposez, arrangez, ordonnancez votre cœur pour le Seigneur.

    Le « si » a été supprimé et le verbe de la conditionnelle mis à l'impératif (ce qui ne change rien au sens, car c’est bien ce que veut dire Samuel). Les noms des dieux des Philistins ont été enlevés, et le nom même des Philistins a été remplacé par « ennemis ». Ainsi le propos de Samuel devient-il une prière chrétienne. Et ce seul répons, parmi tant d’autres prières liturgiques, est une réponse définitive à ceux qui sont gênés par la mention des ennemis et de la guerre impitoyable contre les ennemis qu’on rencontre si souvent dans les psaumes : celui qui chante ce répons comprend immédiatement que l’ennemi, c’est le diable, et aussi son propre penchant au péché, et que les dieux étrangers sont toutes les choses auxquelles il donne une trop grande importance, auxquelles il « sacrifie » au lieu de sacrifier au seul vrai Dieu…