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Saint Basile le Grand

“Grandes Règles”, extrait de la question 2 : de la charité envers Dieu.

En recevant de Dieu le commandement de l’amour, nous avons aussitôt, dès notre origine, possédé la faculté naturelle d’aimer. Ce n’est pas du dehors que nous en sommes informés ; chacun peut s’en rendre compte par lui-même et en lui-même, car nous cherchons naturellement ce qui est beau, bien que la notion de beauté diffère pour l’un et pour l’autre ; nous aimons sans qu’on nous l’apprenne, ceux qui nous sont apparentés par le sang ou par l’alliance ; nous manifestons enfin volontiers notre bienveillance à nos bienfaiteurs.

Or, quoi de plus admirable que la beauté divine ? Que peut-on concevoir de plus digne de plaire que la magnificence de Dieu ? Quel désir est ardent et intolérable comme la soif provoquée par Dieu dans l’âme purifiée de tout vice et s’écriant dans une émotion sincère : « L’amour m’a blessée » [4] ?

Ineffables et indescriptibles sont les rayons de la beauté divine ! La langue est impuissante à en parler, l’oreille ne peut l’entendre ! Quand vous diriez l’éclat de l’étoile du matin, la clarté de la lune et la lumière du soleil, tout cela est indigne de représenter sa gloire, et, comparé à la lumière de vérité, est bien plus éloigné d’elle, que la nuit profonde, triste et obscure, n’est distante du midi le plus pur.

Cette beauté est invisible aux yeux du corps, l’âme seule et l’intelligence peuvent la saisir. Chaque fois qu’elle a illuminé les saints, elle a laissé en eux l’aiguillon d’un intolérable désir, au point que, lassés de cette vie, ils se sont écriés : « Malheur à moi, parce que mon exil s’est prolongé ! » [5], « Quand irai-je contempler la face du Seigneur ? » [6], et : « Je voudrais me dissoudre et être avec le Christ » [7]. « Mon âme a soif du Seigneur fort et vivant » [8], et enfin : « Maintenant, Seigneur, délivrez votre serviteur » [9]. Supportant avec peine cette vie qui leur semblait un emprisonnement, ils contenaient difficilement les élans provoqués dans leur âme par le désir de Dieu ; jamais rassasiés de contempler la beauté divine, ils suppliaient que fut prolongée dans la vie éternelle la vision de la magnificence de Dieu.

C’est ainsi que les hommes aspirent naturellement vers le beau. Mais ce qui est bon est aussi souverainement beau et aimable ; or Dieu est bon ; donc tout recherche le bon ; donc tout recherche Dieu.

Il s’ensuit que, si notre âme n’est pas pervertie par le mal, le bien que nous faisons possède en nous-mêmes sa racine. Nous sommes ainsi obligés de rendre à Dieu, comme un devoir strict, cet amour, dont cependant la privation est pour l’âme le plus grand de tous les maux, car l’éloignement et l’aversion de Dieu sont la plus terrible des peines de l’enfer, et même si la douleur ne s’y ajoutait pas, elle serait plus lourde à porter que la privation de la vue pour l’œil, et la mort pour l’être vivant.
Si l’affection des enfants pour les parents est un sentiment naturel qui se manifeste dans l’instinct des animaux et dans la disposition des hommes à aimer leur mère dès leur jeune âge, ne soyons pas moins intelligents que des enfants, ni plus stupides que des bêtes sauvages : ne restons pas devant Dieu qui nous a créés, comme des étrangers sans amour.

[4] Ct 2, 5.

[5] Ps 119, 5.

[6] Ps 41, 3.

[7] Ph 1, 23.

[8] Ps 41, 3.

[9] Lc 2, 29.

Commentaires

  • Si cela vous intéresse, une récente étude (sérieuse) suggère que les Ascetica ne sont probablement pas de st Basile. Voyez ici:
    http://lettres.sorbonne-universite.fr/IMG/pdf/Positionsdethese.pdf
    La thèse complète n'a pas encore été publiée.

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