Dans les antiennes du lever et du coucher du soleil, l’Église nous fait, pendant toute la journée, prendre part au drame de l’Enfant prodigue. Le matin, nous allons, pleins de repentir et de componction, « vers le Père », c’est-à-dire dans l’Église ; le soir, nous sommes revêtus de la dignité de fils de roi.
Vadam ad patrem meum, et dicam ei : Pater, fac me sicut unum ex mercenáriis tuis.
« Je me lèverai et j’irai vers mon père et je lui dirai : Père, fais de moi un de tes journaliers » (Ant. Bened.).
Dixit autem pater ad servos suos: Cito proférte stolam primam, et indúite illum, et date ánulum in manu eius, et calceaménta in pédibus ejus.
« Le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la première robe et revêtez-l’en, mettez-lui un anneau à sa main et des chaussures à ses pieds » (Ant. Magn.).
Il voulait, pour pénitence, devenir esclave — le père en fit un fils de roi. Remarquons la sublime scène liturgique de l’élévation à la dignité de fils de roi ; elle rappelle la vêture solennelle d’un évêque à qui on met ses vêtements pontificaux. Ainsi donc, ces deux antiennes constituent les termes essentiels de toute pénitence, mais nous y voyons aussi la pédagogie consolante de l’Église dans le temps de Carême et de Pâques.
Dans l’antienne de Benedictus, on remarque la très belle révérence sur « Pater », suivie de la montée de la prière, de l’espérance… d’être traité comme un journalier…
Dans l’antienne de Magnificat, le seul mélisme est sur « cito » : ça urge, dépêchez-vous de rétablir mon fils dans sa dignité, et bien plus encore. Ou peut-être c’est seulement une miniature illustrant le début du propos du père.