En ces jours-là, la parole du Seigneur fut adressée à Élie, lui disant : Lève-toi et va à Sarepta de Sidon, et demeures-y ; car j’ai commandé à une femme veuve de te nourrir. Il se leva et s’en alla à Sarepta. Lorsqu’il fut venu à la porte de la ville, il aperçut une femme veuve qui ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : Donne-moi un peu d’eau dans un vase afin que je boive. Tandis qu’elle allait lui en chercher, il cria derrière son dos : Apporte-moi aussi, je te prie, une bouchée de pain dans ta main. Elle lui répondit : Vive le Seigneur ton Dieu, je n’ai pas de pain ; j’ai seulement une poignée de farine dans une hydrie, et un peu d’huile dans un lécythe. Eh bien, je ramasse deux bouts de bois pour entrer et l’apprêter pour moi et à mon fils, afin que nous mangions et mourions. Elie lui dit : Ne crains pas, mais va et fais comme tu as dit ; cependant fais d’abord pour moi, de ce reste de farine, un petit pain cuit sous la cendre, et apporte-le-moi, et tu en feras après cela pour toi et pour ton fils. Car voici ce que dit le Seigneur, Dieu d’Israël : L’hydrie de farine ne fera pas défaut, et le lécythe d’huile ne diminuera pas, jusqu’au jour où le Seigneur doit donner la pluie sur la terre. Elle s’en alla et fit selon la parole d’Elie. Et il mangea, lui, et elle, et sa maison ; et depuis ce jour l’hydrie de farine ne fit pas défaut, et le lécythe d’huile ne diminua pas, selon la parole du Seigneur qui avait été dite par la main d’Elie.
Dans cet émouvant épisode, Elie est le prophète de la miséricorde divine, de la multiplication des pains et donc de l’eucharistie, et de la plénitude de la vie éternelle.
Les traductions françaises ne respectent pas les particularités du texte. Saint Jérôme a traduit le mot hébreu kad par hydria. La Septante l’a également traduit par hydria. Pourtant le vase à anses et à col qui porte ce nom est, comme ce nom l’indique, davantage destiné à contenir de l’eau, et en tout cas un liquide, que de la farine. L’autre récipient est, dans le texte hébreu que nous avons, tsappakhath, un mot rarissime qu’on ne retrouve qu’en I Samuel 26. Saint Jérôme l’a aussi traduit par un mot grec, lecythus, vase a priori destiné à contenir de l’huile parfumée pour le corps. La Septante l’a traduit par kapsakis, un mot rarissime qu’on ne retrouve que dans le livre de Judith (pour un vase d’huile également, que saint Jérôme appelle simplement vas).
A la fin du texte, on remarque « par la main d’Elie ». La Septante a aussi « par la main d’Elie ». Le texte hébreu ici a été manifestement modifié : « la parole du Seigneur qu’il avait dite par Elie ». Mais l’hébraïsme « par la main de » est une expression biblique importante, que l’on trouve quand il s’agit de Moïse, des commandements et préceptes que Dieu fait passer à son peuple « par la main de Moïse » (par l’entremise du médiateur). Là le texte hébreu dit bien « par la main » (be-yad). Il faut garder l’expression pour Elie : elle souligne qu’il est l’intermédiaire de Dieu, comme Moïse. Ce sont les deux personnages de la Transfiguration. Est-ce pour éviter ce rapprochement que l’expression a été supprimée du texte hébreu ?
Superbe tableau d’Abraham Van Dijck, où chaque personnage a la juste expression, mais le feu aussi, et le récipient de farine et la jarre d’huile. Le voir en grand ici.
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Parole par la main?
Parole par la main?