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Liturgie - Page 166

  • Décollation de saint Jean Baptiste

    Extraits des vêpres de la Décollation de saint Jean Baptiste (le 29 août aussi dans le calendrier byzantin) par Théodore Vassilikos, « protopsalte de la Grande Eglise ».

    Psaume 140

    Κύριε ἐκέκραξα πρὸς σέ, εἰσάκουσόν μου, εἰσάκουσόν μου, Κύριε. Κύριε, ἐκέκραξα πρὸς σέ, εἰσάκουσόν μου πρόσχες τῇ φωνῇ τῆς δεήσεώς μου, ἐν τῷ κεκραγέναι με πρὸς σὲ εἰσάκουσόν μου, Κύριε.

    Κατευθυνθήτω ἡ προσευχή μου, ὡς θυμίαμα ἐνώπιόν σου, ἔπαρσις τῶν χειρῶν μου θυσία ἑσπερινὴ εἰσάκουσόν μου, Κύριε.

    Seigneur j’ai crié vers toi, exauce-moi, exauce-moi, Seigneur ; Seigneur j’ai crié vers toi exauce-moi, entends la voix de ma supplication quand je crie vers toi, exauce-moi, Seigneur.

    Que s’élève ma prière comme l’encens devant toi, et l’élévation de mes mains comme le sacrifice vespéral ; exauce-moi Seigneur.

    Psaume 129

    Ἀπὸ φυλακῆς πρωΐας μέχρι νυκτός, ἀπὸ φυλακῆς πρωΐας ἐλπισάτω Ἰσραὴλ ἐπὶ τὸν Κύριον.

    Que depuis la veille du matin jusqu'à la nuit, que depuis la veille du matin Israël espère dans le Seigneur.

    Stichère

    Γενεθλίων τελουμένων, τοῦ ἀναιδεστάτου Ἡρῴδου, τῆς ἀσελγοῦς ὀρχηστρίδος, ἐπληροῦτο ἡ διάθεσις τοῦ ὅρκου· τοῦ γὰρ Προδρόμου ἡ κεφαλὴ ἀποτμηθεῖσα, ὡς ὀψώνιον ἐφέρετο, ἐπὶ πίνακι τοῖς ἀνακειμένοις. Ὢ συμποσίου μισητοῦ, ἀνοσιουργήματος καὶ μιαιοφονίας πλήρους ! Ἀλλ' ἡμεῖς τὸν Βαπτιστήν, ὡς ἐν γεννητοῖς γυναικῶν μείζονα, ἐπαξίως τιμῶντες μακαρίζομεν.

    L’insatiable Hérode célébrant l’anniversaire de sa naissance, fut accompli le serment que l’impudique danseuse fit valoir ; et la tête du Précurseur tranchée par le maître du festin fut offerte aux convives sur un plat. Détestable banquet plein de crime et d’impiété ! Mais nous, parmi les fils de femme l’honorant à juste titre comme le plus grand, nous disons bienheureux le Baptiste du Seigneur.

    Psaume 129

    Ὅτι παρὰ τῷ Κυρίῳ τὸ ἔλεος, καὶ πολλὴ παρ' αὐτῷ, λύτρωσις καὶ αὐτὸς λυτρώσεται τὸν Ἰσραὴλ ἐκ πασῶν τῶν ἀνομιῶν αὐτοῦ.

    Car la miséricorde est dans le Seigneur, et une abondante rédemption est en lui, et c'est lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités.

    Stichère

    Ὠρχήσατο ἡ μαθήτρια, τοῦ παμπονήρου διαβόλου, καὶ τὴν κεφαλήν σου Πρόδρομε, μισθὸν ἀφείλετο. Ὢ συμποσίου πλήρους αἱμάτων ! Εἴθε μὴ ὤμοσας Ἡρῴδη ἄνομε, ψεύδους ἔκγονε, εἰ δὲ καὶ ὤμοσας, μὴ εὐώρκησας· κρεῖττον γὰρ ψευσάμενον ζωῆς ἐπιτυχεῖν, καὶ μὴ ἀληθεύσαντα, τὴν κάραν τοῦ Προδρόμου ἀποτεμεῖν. Ἀλλ' ἡμεῖς τὸν Βαπτιστήν, ὡς ἐν γεννητοῖς γυναικῶν μείζονα, ἐπαξίως τιμῶντες μακαρίζομεν.

    Après avoir dansé, l’initiée du Diable malfaisant s’adjugea pour salaire ta tête, Précurseur. Détestable festin plein de sang ! Plût au ciel que tu n’eusses juré, fils du mensonge, Hérode, violateur de la Loi ; et même ayant juré, pourquoi tenir ce serment ? Mieux eût valu te dédire et atteindre la vie plutôt qu’en l’observant de couper la tête du Précurseur. Mais nous, parmi les fils de femme l’honorant à juste titre comme le plus grand, nous disons bienheureux le Baptiste du Seigneur.

    Psaume 116

    Αἰνεῖτε τὸν Κύριον πάντα τὰ ἔθνη, ἐπαινέσατε αὐτόν, πάντες οἱ λαοί.

    Louez le Seigneur toutes les nations, louez-le tous les peuples.

    Stichère

    Οὐκ ἔδει σε ὦ Ἡρῴδη, τὸν τῆς μοιχείας ἔλεγχον, δι' ἔρωτα σατανικόν, καὶ οἶστρον θηλυμανίας, θανάτῳ κατακρῖναι· οὐκ ἔδει σε τούτου τὴν πάντιμον κάραν, παρανόμῳ γυναικί, δι' ὅρκον ὀρχήσεως, παραδοῦναι σφαλερῶς. Ὤ ! πῶς ἐτόλμησας τοιοῦτον φόνον τελέσαι ; πῶς δὲ οὐ κατεφλέχθη ἡ ἀσελγὴς ὀρχήστρια, ἐν μέσῳ τοῦ συμποσίου ἐπὶ πίνακι βαστάζουσα ταύτην ; Ἀλλ' ἡμεῖς τὸν Βαπτιστήν, ὡς ἐν γεννητοῖς γυναικῶν μείζονα, ἐπαξίως τιμῶντες μακαρίζομεν.

    Hérode, il ne fallait pas condamner à mort l’accusateur qui dénonçait en l’adultère l’aiguillon du désir et l’amour inspiré par le démon ; après ton serment pour une danse il ne fallait livrer sa précieuse tête à cette femme impie. Comment as-tu osé commettre un tel forfait ? Comment l’impudique danseuse n’a pas été consumée par le feu divin, lorsqu’elle la porta sur un plat au milieu des convives de ce festin ? Mais nous, parmi les fils de femme l’honorant à juste titre comme le plus grand, nous disons bienheureux le Baptiste du Seigneur.

    Doxastikon

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι. Καὶ νῦν καὶ ἀεὶ καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.

    Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles Amen.

    Γενεθλίων τελουμένων, τοῦ ἀναιδεστάτου Ἡρῴδου, τῆς ἀσελγοῦς ὀρχηστρίδος, ἐπληροῦτο ἡ διάθεσις τοῦ ὅρκου· τοῦ γὰρ Προδρόμου ἡ κεφαλὴ ἀποτμηθεῖσα, ὡς ὀψώνιον ἐφέρετο, ἐπὶ πίνακι τοῖς ἀνακειμένοις. Ὢ συμποσίου μισητοῦ, ἀνοσιουργήματος καὶ μιαιοφονίας πλήρους ! Ἀλλ' ἡμεῖς τὸν Βαπτιστήν, ὡς ἐν γεννητοῖς γυναικῶν μείζονα, ἐπαξίως τιμῶντες μακαρίζομεν.

    L'insatiable Hérode célébrant l'anniversaire de sa naissance, fut accompli le serment que l'impudique danseuse fit valoir ; et la tête du Précurseur tranchée par le maître du festin fut offerte aux convives sur un plat. Détestable banquet plein de crime et d'impiété ! Mais nous, parmi les fils de femme l'honorant à juste titre comme le plus grand, nous disons bienheureux le Baptiste du Seigneur.

  • Saint Augustin

    La messe de saint Augustin est celle des docteurs de l’Eglise, avec un Alléluia propre :

    Allelúia, allelúia. Invéni David servum meum, oleo sancto meo unxi eum. Allelúia.

    Alléluia, alléluia. J’ai trouvé David mon serviteur ; je l’ai oint de mon huile sainte. Alléluia.

    Par les moniales d’Argentan :


    podcast

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  • Saint Joseph Calasance

    Commentaire de l’évangile par saint Jean Chrysostome, aux matines :

    Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits enfants ; parce que leurs Anges voient toujours la face de mon Père », parce que je suis venu pour eux et que telle e est la volonté de mon Père. Par là, Jésus-Christ nous rend plus attentifs à protéger et à préserver les petits enfants. Vous voyez quels grands remparts il a élevés pour abriter les faibles ; que de zèle et de sollicitude il a pour empêcher leur perte ! Il menace des châtiments les plus graves ceux qui les trompent ; il promet à ceux qui en prennent soin la suprême récompense ; et cela, il le corrobore tant par son exemple que par celui de son Père.

    A nous donc aussi d’imiter le Seigneur, et de ne rien négliger pour nos frères, pas même les choses qui nous sembleraient trop basses et trop viles ; mais s’il est besoin même de notre service, quelque faible et humble que soit celui qu’il faut servir, quelque difficile et pénible que la chose paraisse, que tout cela, je vous en prie, nous semble tolérable et aisé pour le salut d’un frère : car Dieu nous a montré que cette âme est digne d’un si grand zèle et d’une si grande sollicitude, que pour elle « il n’a pas même épargné son Fils ».

    Puisque, pour assurer notre salut, il ne suffit pas de mener une vie vertueuse, et qu’il faut encore effectivement désirer le salut d’autrui, que répondrons-nous, quel espoir du salut nous restera, si nous négligeons de mener une vie sainte, et d’exciter les autres à faire de même ? Quelle plus grande chose que de discipliner les esprits, que de former les mœurs des tendres adolescents ? Pour moi, celui qui s’entend à former l’âme de la jeunesse est assurément bien au-dessus des peintres, bien au-dessus des statuaires, et de tous les artistes de ce genre.

    Sur la vie de ce « Job de la loi de grâce » (Benoît XIV), voir ici.

  • Nox, et tenebræ, et nubila

    Nox, et tenebræ, et nubila,
    Confusa mundi et turbida:
    Lux intrat, albescit polus:
    Christus venit: discedite.

    Nuits, ténèbres, vapeurs, noir et trouble nuage,
    Faites place à des temps plus doux :
    L’aurore à l’univers fait changer de visage,
    Jésus-Christ vient, retirez-vous.

    Caligo terræ scinditur
    Percussa solis spiculo,
    Rebusque jam color redit,
    Vultu nitentis sideris.

    L’ombre dont l’épaisseur enveloppait le monde
    Cède aux premiers traits du soleil,
    Et la couleur revient sur cette masse ronde,
    Qu’il dore et peint à son réveil.

    Te, Christe, solum novimus:
    Te mente pura et simplici,
    Flendo et canendo quæsumus,
    Intende nostris sensibus.

    Qu’il commence et finisse à son gré sa carrière :
    Notre unique soleil, c’est toi,
    Seigneur, toute notre âme adore ta lumière,
    Nos pleurs et nos chants en font foi.

    Sunt multa fucis illita,
    Quæ luce purgentur tua:
    Tu, vera lux cœlestium,
    Vultu sereno illumina.

    Le monde sous le fard nous déguise cent choses,
    Dont tes clartés percent l’abus ;
    Astre toujours naissant, dévoiles-en les causes,
    Et détrompe nos sens confus.

    Deo Patri sit gloria,
    Ejusque soli Filio,
    Cum Spiritu Paraclito,
    Et nunc et in perpetuum. Amen.

    Louange à tout jamais au Père inconcevable !
    Louange à son Verbe en tout lieu !
    Louange au Saint-Esprit, ainsi qu’eux ineffable,
    Qui n’est avec eux qu’un seul Dieu !

    (Hymne des laudes du mercredi, de Prudence, traduction-adaptation de Pierre Corneille)

    En cherchant (en vain) sur internet une interprétation liturgique de cette hymne, j’ai trouvé cette pièce chorale de Roland Willmann, compositeur dont je ne savais rien, et dont la toile ne sait à peu près rien non plus. Mais pièce remarquable, d’un jeune homme de 22 ou 23 ans, et assez remarquable pour qu’elle soit éditée chez Schott et interprétée par le très prestigieux chœur RIAS de Berlin.

  • Saint Louis

    Je vy une journée que tous les prélatz de France se trouverent à Paris pour parler au bon saint Loys, et lui faire une requeste. Et quant il le sceut, il se rendit au palais pour là les oir de ce qu’ilz vouloient dire. Et quant tous furent assemblez, ce fut l’evesque Guy d’Auseure (Auxerre), qui fut filz de monseigneur Guilleaume de Melot, qui commença à dire au Roy, par le congié et commun assentement de tous les autres prelatz : « Sire, sachez que tous ces prelatz qui cy sont en vostre presance me font dire que vous lessez perdre toute la chrestienté, et qu’elle se pert entre vos mains. Adonc le bon Roy se signe de la croiz, et dit : Evesque, or me dittes commant il se fait, et par quelle raison. Sire, fist l’evesque, c’est pour ce qu’on ne tient plus compte des excommunies ; car aujourd’hui un homme aymeroit mieulx ce mourir tout excommunié que de se faire absouldre, et ne veult nully faire satisfaction à l’Eglise. Pourtant, Sire, ilz vous requierent tous à une voiz pour Dieu, et pour ce que ainsi le devez faire, qu’il vous plaise commander à tous vos baillifz, prevostz, et autres administrateurs de justice : que où il sera trouvé aucun en vostre royaume, qui aura esté an et jour continuellement excommunié, qu'ilz le contraignent à se faire absouldre par la prinse de ses biens. » Et le saint homme respondit, que très-voulentiers le commanderoit faire de ceulx qu’on trouveroit estre torçonniers (injustes) à l’Eglise, et à son presme (prochain). Et l’evesque dist qu’il ne leur appartenoit à congnoistre de leurs causes. Et à ce respondit le Roy que il ne le feroit autrement. Et disoit que ce seroit contre Dieu et raison qu’il fist contraindre à soy faire absouldre ceulx à qui les clercs feroient tort, et qu’ilz ne fussent oiz en leur bon droit. Et de ce leur donna exemple du conte de Bretaigne, qui par sept ans à plaidoié contre les prelatz de Bretaigne tout excommunié, et finablement a si bien conduite et menée sa cause, que nostre saint Pere le Pape les a condampnez envers icelui conte de Bretaigne. Parquoy disoit que si dés la première année il eust voulu contraindre icelui conte de Bretaigne à soy faire absouldre, il lui eust convenu laisser à iceulx prélatz contre raison ce qu’ilz lui demandoient outre son vouloir ; et que en ce faisant il eust grandement meffait envers Dieu et envers ledit conte de Bretaigne. Après lesquelles choses ouyes pour tous iceulx prelatz, il leur suffisit de la bonne responce du Roy ; et onques puis ne ouy parler qu’il fust fait demande de telles choses.

    Mémoires de Joinville

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  • Saint Barthélémy

    Aujourd’hui tombe l’anniversaire d’une des nombreuses translations du corps de saint Barthélemy, et c’est conformément à cette indication que la fête de ce jour est célébrée [le 25 août] par les Grecs : Ἠ ἐπάνοδος τοῦ λειψάνου τοῦ ἀγίου Ἀποστόλου Βαρθολομαίου. Théodore le Lecteur rapporte que l’empereur Anastase fit transporter une première fois le corps de l’apôtre à Daras en Mésopotamie, où Justinien lui érigea une basilique. Grégoire de Tours raconte, de son côté, que, de son temps, les reliques de saint Barthélémy étaient vénérées dans l’île de Lipari, d’où finalement, vers le IXe siècle, elles furent transférées à Bénévent, où on les conserve encore.

    Que, au début du XIe siècle, les habitants de Bénévent aient réellement concédé à Othon III une partie de ce dépôt sacré, ou qu’ils l’aient trompé en substituant à ceux de l’apôtre les ossements de saint Paulin de Nole, le fait est que durant plusieurs siècles ce fut là le sujet d’âpres querelles entre les Romains et les habitants de Bénévent.

    Dans la Ville éternelle, on dédia aux saints apôtres André et Barthélemy le monastère que le pape Honorius Ier érigea dans sa maison paternelle près du Latran, et qui, pour cette raison, reçoit aussi son nom dans le Liber Pontificalis : « monasterium... quod appellatur Honorii ». La petite église du monastère, avec son pavement des Cosmas, existe encore et se trouve entre les bâtiments de l’ancien hôpital de Saint-Michel-Archange et ceux qu’érigea Everso dell’Anguillara. Plusieurs Pontifes l’ont restaurée et enrichie de présents, entre autres Hadrien Ier et Léon III.

    Après le Xe siècle, un autre sanctuaire, en l’honneur de saint Barthélémy, s’éleva dans l’île du Tibre, où, peu à peu, le temple érigé par Othon III en l’honneur de son ancien ami, saint Adalbert de Prague, changea de titre et fut placé sous le vocable de l’apôtre Barthélémy.

    D’autres églises médiévales, à Rome, étaient aussi dédiées à saint Barthélémy : Saint-Barthélemy in Cancellis, Saint-Barthélemy de capite Merulanae, Saint-Barthélemy de Vaccinariis, etc.

    Les Actes de saint Barthélémy inspirent peu de confiance. Il semble qu’on doive faire plus de cas des traditions arméniennes, selon lesquelles Barthélémy aurait prêché l’Évangile à Urbanopolis (ou Areban) dans les environs d’Albak. Là il convertit au Christ la propre sœur du roi, en sorte que celui-ci, enflammé de colère, le fit rouer de coups jusqu’à ce qu’il eût rendu l’esprit, après trois heures de ce supplice. Les Arméniens regardent à bon droit saint Barthélémy comme l’apôtre de leur nation.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • 12e dimanche après la Pentecôte

    Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus ejus in ore meo.
    In Dómino laudábitur ánima mea : áudiant mansuéti, et læténtur.

    Je bénirai le Seigneur en tout temps ; sa louange sera toujours dans ma bouche.
    Mon âme mettra sa gloire dans le Seigneur ; que les doux m’entendent, et qu’ils se réjouissent.

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    Musicalement, ce graduel est assez curieux. Il est indiqué comme étant du 7e mode, mais il est manifeste que la dominante est do, et non ré comme ce devrait être. Il s’agit donc plutôt a priori d’un 8e mode. Mais la gamme est bien celle du 7e mode, montant de la tonique sol au sol à l’octave supérieure. Mais le corps du graduel ne se termine pas sur la tonique : il se termine sur un la. On constate alors que toute la phrase « in ore meo », et même les dix notes précédentes, sont exactement (à la quinte supérieure) celles de « protege me » du graduel du 10e dimanche, qui est, et clairement, du… premier mode.

    Don Johner relève d’autres particularités, notamment une formule qui appartient aux graduels du 3e mode (sur « mansueti »).

    Et il est patent que Dominum et Domino ont exactement la même noble et royale mélodie.

  • Le Cœur immaculé de Marie

    Le propre de la « Congrégation de France » de l’ordre bénédictin publié par Solesmes en 1925 avait au 9 juillet une fête du Cœur très pur de la Bienheureuse Vierge Marie. Au deuxième nocturne des matines la lecture était celle de cet extrait du sermon de saint Bernardin de Sienne sur la Visitation (qui est abrégé dans la fête actuelle) :

    Quel mortel, s’il ne s’appuie sur la Parole divine, osera célébrer peu ou prou, de ses lèvres non circoncises ou même souillées, cette véritable Mère de Dieu et des hommes, que Dieu le Père, avant tous les siècles, a prédestinée à rester perpétuellement vierge, que le Fils a choisie pour sa très digne Mère, en qui le Saint-Esprit a préparé le séjour de toute grâce ?

    Par quelles paroles le pauvre homme que je suis osera-t-il exalter les sentiments si profonds conçus par ce Cœur Très Pur et exprimés par cette bouche Très Sainte, alors que la langue de tous les Anges en est incapable ? Car le Seigneur a dit : « L’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor du cœur » ; et cette parole aussi peut-être un trésor.

    Peut-on concevoir, parmi les simples hommes, quelqu’un de meilleur que celle-là, qui mérita de devenir la Mère de Dieu, qui pendant neuf mois a abrité Dieu lui-même dans son cœur et dans ses entrailles ? Quel trésor est meilleur que cet Amour divin lui-même, dont le Cœur de la Vierge était l’ardente fournaise ? De ce Cœur donc, comme de la fournaise du feu divin, la bienheureuse Vierge a tiré de bonnes paroles, c’est-à-dire les paroles d’une très ardente charité. De même que d’un vase plein d’un vin souverain et excellent ne peut sortir que du très bon vin ; ou comme d’une fournaise très ardente ne peut sortir qu’un feu brûlant ; ainsi, de la Mère du Christ n’a pu sortir qu’une parole d’amour et de zèle souverains et souverainement divins.

    C’est le fait d’une maîtresse et d’une dame sage que de proférer des paroles peu nombreuses, mais solides et pleines de sens. Ainsi nous trouvons dans l’Évangile, à sept reprises, sept paroles seulement, d’une sagesse et d’une force étonnantes, prononcées par la Très Bénie Mère du Christ : il est ainsi montré mystiquement qu’elle fut pleine de la grâce septiforme.

    Avec l'ange, elle n'a pris la parole que deux fois :

    - Comment cela se pourra-t-il faire puisque je ne connais pas d'homme ? (Luc I 34)

    - Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole ! (Luc I 38).

    Avec Elisabeth deux fois aussi, d'abord pour la saluer (Luc I 40), ensuite pour louer Dieu, lorsqu'elle dit :

    - Mon âme magnifie le Seigneur (Luc I 46).

    Avec son Fils deux fois encore. La première dans le temple :

    - Mon Fils pourquoi nous as-tu fait cela ? (Luc II 48).

    La seconde, aux noces :

    - Ils n'ont pas de vin (Jean II 3).

    Aux serviteurs une fois seulement :

    - Faire tout ce qu'il vous dira (Jean II 5).

    Et dans tous les cas, elle a fort peu parlé. Mais elle s’est dilatée davantage dans la louange de Dieu et dans l’action de grâces, lorsqu’elle a dit : « Mon âme magnifie le Seigneur… ». Là, ce n’est pas avec l’homme, mais avec Dieu qu’elle a parlé.

    Ces sept paroles, elle les a prononcées selon les sept progrès et actions de l’amour, en observant une progression et un ordre admirable : ce sont là comme sept flammes de la fournaise de son cœur. L'âme aimante, qui les considère et les rumine, s'écrie avec le prophète : Combien douces à mon palais (c'est-à-dire toute mon affectivité) sont vos paroles ! Cette douceur que l'âme aimante éprouve en ces paroles de la Bienheureuse Vierge, est l'ardeur d'un pieux amour qu'elle éprouve en elle, par expérience. Qu'elle dise donc, l'âme aimante : « Combien douces à mon palais sont vos paroles ! » (Psaume 118).

    Distinguons par ordre ces sept flammes d'amour des paroles de la Vierge bénie.

    - La première est la flamme de l'amour séparant.

    - La seconde, de l'amour transformant.

    - La troisième, de l'amour communiquant.

    - La quatrième, de l'amour jubilant.

    - La cinquième, de l'amour savourant.

    - La sixième, de l'amour compatissant.

    - La septième, de l'amour consumant.

  • Sainte Jeanne de Chantal

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  • Saint Bernard

    Comme Bernard, envoyé nouvellement à Clairvaux, devait recevoir l'ordination du ministère auquel il s'était associé, et que le siège de Langres, que regardait cette ordination, vaquait alors, les frères cherchèrent où ils le mèneraient pour être ordonné; et aussitôt s'offrit à eux l'excellente réputation du vénérable évêque de Châlons, le très-célèbre maître Guillaume de Champeaux, et il fut résolu de l'envoyer vers lui. Bernard se rendit à Châlons, emmenant avec lui un certain Helbold, moine de Cîteaux. Le jeune homme, d'un corps faible et moribond, et d'un extérieur chétif, entra dans la maison dudit évêque, suivi d'un moine plus âgé que lui, et remarquable par sa taille, sa force et sa beauté. A leur vue, les uns se mirent à rire, d'autres à railler, et d'autres, interprétant la chose selon son vrai sens, à révérer Bernard. Comme on demandait qui des deux était l'abbé, les yeux de l'évêque s'ouvrirent les premiers, et il reconnut le serviteur de Dieu, et le reçut comme tel. Comme, dans leur premier entretien particulier, la retenue de ses paroles montrait de plus en plus, mieux que n'aurait pu le faire aucun discours, la sagesse du jeune homme, l'homme sage comprit que l'arrivée de cet hôte était une visite divine. Les soins pieux de l'hospitalité ne lui manquèrent pas, jusqu'à ce que l'entretien en étant venu entre eux jusqu'à la familiarité et liberté de la confiance, Bernard se recommanda auprès de l'évêque plus encore par la sympathie qui naquit entre eux que par ses paroles. Enfin, depuis ce jour et cette heure, ils ne firent qu'un cœur et une âme dans le Seigneur, au point que, dans la suite, souvent l'un eut l'autre pour hôte, que Clairvaux était la propre maison de l'évêque, et que les gens de Clairvaux jouissaient non seulement de la maison de l'évêque, mais encore par lui de toute la ville de Châlons. Bien plus, par lui encore, la province de Reims et toute la Gaule furent dévotement excitées à révérer l'homme de Dieu. Tous apprirent de cet éminent évêque à accueillir et révérer Bernard comme l'ange de Dieu, car un homme, jouissant d'une si grande autorité, et qui affectionnait un moine inconnu et si humble, paraissait alors avoir pressenti en lui la grâce.

    Peu de temps s'étant écoulé, comme la maladie de l'abbé s'était aggravée au point qu'on n'attendait plus que sa mort, ou pour lui une vie plus cruelle que la mort, l'évêque vint le voir. L'ayant vu, l'évêque dit qu'il avait l'espoir de lui conserver non seulement la vie mais encore la santé, s'il consentait à son dessein et souffrait que, conformément à la nature de sa maladie, on prît quelque soin de son corps ; mais Bernard ne pouvait être fléchi facilement sur la rigueur habituelle de sa vie. L'évêque se rendit vers le chapitre de Cîteaux ; et là, en présence de quelques abbés qui s'étaient assemblés, s'étant, avec une humilité pontificale et une charité sacerdotale, prosterné de tout son corps à terre, il demanda et obtint que Bernard fût remis en son obéissance, pour un an seulement. Que pouvait-on en effet refuser à une si grande humilité de la part d'un homme d'une telle autorité ? Etant donc retourné à Clairvaux, il fit faire à Bernard une petite maison hors du cloître et des murs du monastère, ordonnant de n'observer en rien à son égard, pour le boire ou le manger, ou autre chose de cette sorte, la règle de l'ordre ; de ne lui causer aucun souci sur le soin de la maison, et de le laisser vivre selon la manière établie par lui.

    Dans ce même temps, je commençai à fréquenter Clairvaux et Bernard lui-même. L'étant allé voir avec un autre abbé, je le trouvai dans sa cabane, tel qu'on voit des lépreux dans les carrefours publics. Je le trouvai, d'après l'ordre de l'évêque et des abbés, comme on l'a dit, dégagé de toute inquiétude sur les soins intérieurs et extérieurs de la maison, tout entier à Dieu et à lui-même, et comme ravi dans les délices du Paradis. Etant entré dans cette chambre royale, comme je considérais l'habitation et l'habitant, cette maison, j'en atteste le Seigneur, m'inspira un aussi grand respect que si je me fusse approché de l'autel de Dieu. Je sentis autour de cet homme une si grande suavité et un si grand désir d'habiter avec lui dans cette pauvreté et simplicité, que si ce jour-là on m'eût donné le choix, je n'eusse rien tant souhaité que de rester toujours là avec lui pour le servir. Nous ayant tour à tour reçus avec joie, comme nous lui demandions ce qu'il faisait et comment il vivait, nous souriant à sa manière gracieuse : « Bien, dit-il ; moi, à qui jusqu'à présent obéissaient des hommes raisonnables, par le juste jugement de Dieu, j'ai été soumis à la domination d'une certaine bête sans raison. » Il parlait d'un homme grossier et vain, absolument ignorant, qui se vantait de le guérir de la maladie dont il était attaqué, et entre les mains duquel il avait été remis pour lui obéir, par l'évêque, les abbés et ses frères. Là, ayant mangé avec lui, quand nous pensions qu'un homme si malade et l'objet de tant de soins devait être traité de la manière convenable, la vue des mets qu'on lui servait par l'ordre des médecins et auxquels eût à peine touché un homme en bonne santé pressé par les angoisses de la faim, nous inspira du dégoût, et la règle du silence eut peine à nous empêcher d'assaillir de colère et d'injures ce médecin, comme un sacrilège et un homicide. Celui qui en était l'objet prenait tout indifféremment et trouvait tout bon ; ses sens étaient pervertis et son goût presque éteint, et à peine discernait-il quelque chose. En effet, on sait que pendant plusieurs jours il mangea pour du beurre du sang cru qu'on lui servit par erreur, il but de l'huile pour de l'eau, et il lui arrivait beaucoup de choses semblables. Il disait qu'il ne trouvait de goût qu'à l'eau, parce que quand il la buvait, elle lui rafraîchissait la gorge et le gosier.

    Voilà donc l'état dans lequel je le trouvai ; c'est ainsi qu'habitait l'homme de Dieu dans sa solitude. Mais il n'était pas seul : avec lui étaient Dieu et la garde et la consolation des saints anges, comme le démontrèrent des signes manifestes. Une certaine nuit que son âme s'était en quelque sorte fondue au dedans de lui-même dans l'attention plus qu'ordinaire qu'il donnait à son oraison, légèrement endormi, il entendit comme les voix d'une nombreuse multitude passant près de lui. S'étant éveillé, et entendant plus distinctement ces mêmes voix, il sortit de la cellule où il était couché, et suivit ces voix qui s'éloignaient. Non loin de là était un lieu couvert d'épines et d'arbrisseaux, mais en ce moment bien différent de ce qu'il avait coutume d'être. Il s'y trouvait des chœurs disposés de distance en distance, et l'homme saint écoutait avec transport. Il ne connut le mystère de cette vision que lorsque, quelques années après, l'édifice du monastère ayant été reconstruit autre part, il vit que son oratoire était placé dans le même lieu où il avait entendu ces voix. Je demeurai quelques jours avec lui, moi indigne, m'étonnant partout où je tournais les yeux, comme si je voyais de nouveaux cieux, une nouvelle terre, les antiques sentiers de nos pères les premiers moines d'Egypte, et dans ces sentiers les traces récentes des hommes de notre temps.

    Guillaume de Saint-Thierry, Vie de saint Bernard, ch. 7 (traduction Guizot).