Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Laïcité - Page 19

  • Sarkozy et les racines chrétiennes

    Nicolas Sarkozy a critiqué, devant la convention de l’UMP sur l’Europe, le fait de ne pas avoir mentionné les racines chrétiennes de l’Europe dans le projet de Constitution européenne : « Ce fut une erreur de tourner le dos à notre passé et de renier d'une certaine façon des racines qui sont évidentes. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'on remet en cause la laïcité, il suffit de survoler la France pour voir ce long manteau d'églises. Et quand même, dire qu'en Europe il y a des racines chrétiennes, c'est tout simplement faire preuve de bon sens, renoncer à le dire c'est tourner le dos à une réalité historique. Si on renie son histoire, on ne prépare pas son avenir. »

    Ah oui. Et pourquoi n’a-t-il pas demandé qu’on mentionne les racines chrétiennes dans le nouveau traité dont il prétend être l’inspirateur ?

    Il sait fort bien qu’il aurait été entendu de ses pairs, et même avec soulagement, car nos partenaires (en dehors des Belges) avaient accueilli avec consternation le veto de Chirac.

  • Retour sur la décision 6

    Je constate que certains ne comprennent pas ce que j’ai voulu dire à propos de la décision 6 du rapport Attali.

    Je vais essayer d’être plus clair.

    La décision 6 institue, sous l’appellation de « droits à l’école », ce que l’on appelait jusqu’ici le « coupon scolaire » ou le « chèque scolaire ». Il s’agit de donner aux parents l’équivalent de ce que coûte à l’Education nationale l’enseignement d’un enfant, et les parents donnent cet argent à l’école de leur choix. Il ne s’agit pas d’argent que les parents pourraient se mettre dans la poche, mais d’un « bon » qui représente cet argent. C’est pourquoi il vaut mieux parler de « coupon » que de « chèque », ou, comme le rapport Attali, de « droits à l’école », car c’est de cela en effet qu’il s’agit.

    Le coupon scolaire est la garantie d’une totale liberté de l’enseignement. Par un renversement diabolique (que presque personne ne semble voir), le rapport Attali en fait une garantie de suppression des libertés scolaires, et l’expression « droits à l’école » prend un sens très particulier.

    Les parents reçoivent des « droits à l’école » pour leur enfant. Cela leur donne donc le droit (et les moyens qui vont avec) d’envoyer leur enfant dans l’école de leur choix, à condition qu’il s’agisse d’une école publique, ou d’une école privée qui respecte scrupuleusement les mêmes programmes que l’école publique et la même idéologie que l’école publique (ce que le rapport appelle les « valeurs républicaines » : stricte « laïcité », promotion de la culture de mort, etc.).

    On ne donne pas aux parents de « droits à l’école » pour une école qui n’est pas habilitée à recevoir ce coupon. Le fait d’appeler le coupon scolaire « droits à l’école » implique logiquement que l’enfant n’a pas le droit d’aller dans une autre école que l’une de celles qui peuvent recevoir ses « droits ».

    Il est possible (mais ne n’est pas sûr) que dans un premier temps on tolère que des parents mettent à la poubelle les « droits à l’école » de leurs enfants et paient de leurs deniers une école non conventionnée.

    Mais les gestes ont un sens, les mots ont un sens.

    Je mets à la poubelle les droits à l’école de mon enfant, ce coupon qui me donne les moyens d’assurer sa scolarité…

    Psychologiquement, c’est extrêmement différent de la situation actuelle, où des parents disent : bon, je paie des impôts pour l’Education nationale, mais je fais le sacrifice de payer en plus l’école de mes enfants. Et ce n’est même pas ce que peuvent se dire ceux qui ne paient pas d’impôts… De toute façon les deux attitudes sont déconnectées. Je ne sais pas combien je paie d’impôt pour l’Education nationale, mais je sais ce que je paie à l’école. Là, je saurai ce que j’ai entre les mains, et qu’on me permet peut-être de mettre héroïquement à la poubelle.

    Cela ne concerne que les actuelles écoles hors contrat, qui sont une infime minorité : il est donc possible qu’on les tolère, en se disant qu’elles disparaîtront d’elles-mêmes, ou qu’elles deviendront tellement marginales qu’il sera inutile de faire un esclandre en les interdisant, c’est-à-dire en obligeant les parents à utiliser les « droits à l’école ». Mais, encore une fois, la logique de la décision 6 est bien que les parents utilisent obligatoirement les droits à l’école.

    L’immense majorité des enfants qui ne sont pas à l’école publique sont dans des écoles privées sous contrat d’association. Ce qui n’existe plus selon la décision 6. Ces écoles devront se transformer en « écoles privées conventionnées », et ce conventionnement « devra être très strict sur la nature des enseignements et le respect des valeurs de la République », en premier lieu la « laïcité ». Toute discussion, notamment, sur le caractère catholique de l’école catholique n’a plus aucun sens. Les écoles privées ne seront conventionnées que si elles sont les mêmes que les écoles publiques (avec éventuellement de meilleurs professeurs et de meilleures méthodes de travail : la décision 6 vise à une émulation entre écoles identiques sur le plan des « valeurs »).

    En résumé, j’ai peut-être été un peu lapidaire dans ma première réaction, mais la logique de la décision 6 est bien celle que j’ai dite.

    Et je ne comprends donc toujours pas que les tenants de l’école libre (et d’abord de l’école catholique sous contrat) ne dénoncent pas avec vigueur cette menace majeure.

    Attendre, pour réagir, que la décision 6 devienne éventuellement un projet de loi (car on n’y croit pas) est une attitude irresponsable. Il sera évidemment trop tard : vous n’êtes pas pris au dépourvu, c’était noir sur blanc dans le rapport Attali, dont le président de la République a dit qu’il l’appliquerait. Vous n’avez soulevé aucune objection à l’époque. Maintenant, vous n’avez plus que le droit de vous taire.

  • Oui, Attali a programmé la fin de toute liberté scolaire

    J’ai été stupéfait de voir que personne ne relevait (voir ma note de mercredi) que la « décision 6 » du rapport Attali condamnait l’école catholique en ce qu’elle peut avoir de catholique, interdisait les écoles hors contrat et l’école à la maison. Comme il y a dans la blogosphère catholique des gens beaucoup plus attentifs que moi, et beaucoup plus « sensibles » que moi, à ces questions-là, j'en suis venu à me demander si je n’avais pas commis une erreur d’interprétation. Mais je ne voyais pas où.

    Or voici que Jeanne Smits confirme mon interprétation, dans Présent de ce jour. Elle remarque elle aussi que cette « véritable bombe » est passée inaperçue, et surtout elle était à la présentation du rapport. La confirmation de mon interprétation est donc confirmée par l’auteur du rapport lui-même :

    « Véritable bombe passée inaperçue, le rapport Attali propose l’instauration de « droits à l’école » – en clair : le bon scolaire ou le chèque éducation – (décision 6), expérimentale dans un premier temps (décision 153). La gueule enfarinée, j’ai posé la question qui fâche : « Où commencera l’expérimentation, et les parents qui choisissent les écoles hors contrat pourront-ils en bénéficier ? » Le visage d’Attali se ferme, sa voix devient blanche : On commencera dans les banlieues défavorisées. (…) Quant aux écoles hors contrat, certainement pas. Seules sont concernées les écoles privées sous contrat, qui respectent strictement les programmes officiels, et, surtout (pause…) la laïcité ! » C’est le comble de la tromperie : par le biais du chèque scolaire, c’est un verrouillage complet de l’enseignement qui se mettra en place, le peu de liberté étant d’abord réservé aux banlieues… ethniques. »

    Lundi dernier, lors de l'audience accordée aux membres de l'assemblée plénière de la Congrégation pour l'éducation catholique, le pape Benoît XVI a rappelé :

    « Depuis toujours, le secteur de l'éducation est particulièrement cher à l'Eglise, appelée à faire sienne la sollicitude du Christ. La Tradition a vu dans l'enseignement - et plus généralement dans l'éducation - une manifestation concrète de la miséricorde spirituelle, qui est une des premières œuvres d'amour que l'Eglise a la mission d'offrir à l'humanité ».

  • Un « débat » radical sur la laïcité...

    Jean-Louis Borloo ouvre un « débat » sur la laïcité au sein du parti radical. Il a créé une commission ad hoc qui donnera une « position claire » dans une quinzaine de jours.

    Faisant cette annonce devant les responsables, élus et militants du parti, il leur a d’emblée rappelé leur « devoir » de rester les « garants » de la laïcité « comme socle républicain absolu ».

    Le parti radical, qui est à l’origine de la loi de 1905, est en effet le garant politique de la « laïcité » comme le Grand Orient, dont il est une émanation, en est le garant « moral ».

    Voilà Borloo qui se prend pour le nouveau petit père Combes...

  • Flagrant délit de violation de la laïcité

    Selon Julien Dray, porte-parole du PS, le rapport Attali est un « étouffe-chrétien ».

  • Le chèque scolaire dans le rapport Attali

    Dans le fatras des 316 « décisions » que comporte le rapport Attali (puisque ce sont des « décisions » et non des propositions…) on relève celle qui vise à « permettre aux parents de choisir librement le lieu de scolarisation de leurs enfants ». La plupart des commentateurs s’en tiennent au premier paragraphe, qui concerne un « libre choix total de l’établissement par les parents et les élèves », c’est-à-dire la suppression de la carte scolaire. « Dans un premier temps », précise le rapport. Qu’est-ce à dire ?

    C’est que le rapport va beaucoup plus loin, car il s’agit ensuite d’attribuer à l’enfant des « droits à l’école » : « ce dispositif permettra d’établir une véritable liberté de choix, pour que chacun puisse bénéficier dans son voisinage d’écoles publiques ou privées conventionnées. En pratique, l’Etat affectera aux parents une somme d’argent par élève. Chaque parent pourra l’utiliser dans un établissement public ou privé de son choix ».

    On retrouve ici une vieille revendication de la droite nationale, inscrite dans le programme du Front national.
    Alléluia, est-on tenté de s’écrier. Voici le « chèque scolaire » : pour le coup une véritable révolution.

    Mais attention. Il s’agit de permettre aux parents de choisir une école publique ou une école privée conventionnée. Et le rapport précise : « Le conventionnement des écoles privées devra être très strict sur la nature des enseignements et le respect des valeurs de la République. »

    Et là on comprend que brusquement il n’y a plus de choix. L’école privée devra avoir le même enseignement que l’école publique, les mêmes méthodes, et respecter scrupuleusement les valeurs de la République, qui sont notamment la laïcité (eh oui), la non-discrimination universelle, la promotion de l’homosexualité et de l’avortement, etc.

    Et là, le chèque scolaire, le « droit à l’école », comme dit le rapport, devient une inexorable contrainte. On vous donne de l’argent pour scolariser votre enfant, vous êtes obligé de le dépenser dans une école publique ou une école privée identique à l’école publique.
    Si cette mesure est appliquée, elle ne pourra que s’accompagner d’une interdiction de l’école à la maison, de la fin des écoles hors contrat, et de la fin de toute école catholique pour ce qu’elle aurait de catholique.
    Les parents ne pourront même plus « payer deux fois », comme ils le font aujourd’hui, en finançant l’école publique par leurs impôts et l’école de leurs enfants par leurs deniers : ils auront une somme qu’ils devront apporter à une école « conventionnée », et leur enfant sera évidemment obligé de fréquenter cette école.

    La liberté qu’apporte la suppression de la carte scolaire est assortie d’une contrainte sans précédent depuis un siècle, et d’une persécution des enfants et des parents non conformes. On en revient à Jules Ferry, Emile Combes et René Viviani.

  • La franc-maçonnerie envoie un avertissement à Nicolas Sarkozy

    Lorsque les frères ennemis des loges maçonniques publient un communiqué commun, c’est que l’affaire est grave. La dernière fois qu’ils s’étaient ainsi réunis, c’était le 6 avril 2005, pour dénoncer « la contradiction entre le peu d'éclat de la commémoration de la loi de 1905 et la participation des plus hautes autorités de l'Etat » aux célébrations autour de la mort de Jean Paul II, soulignant que « l'amalgame entre le statut de chef religieux et de chef d'Etat du Pape permet de renouer avec des traditions antérieures à la République ».

    Aujourd’hui, le Grand Orient de France, le Droit humain, la Grand Loge féminine de France, la Loge nationale française, la Grande Loge mixte universelle, la Grande Loge mixte de France et la Grande Loge féminine de Memphis se réunissent pour condamner ensemble les propos de Nicolas Sarkozy à Rome sur la morale et la transmission des valeurs : « Ces interprétations du président de la République sont contraires aux fondements de notre Pacte Républicain ».

    Elles condamnent également ses propos sur la « laïcité positive ».

    Enfin, elles « prennent acte » des propos de Nicolas Sarkozy au Grand Maître du Grand Orient « assurant que la loi de 1905 ne serait pas modifiée », ajoutant : « Si des aménagements techniques paraissent envisagés, ces obédiences maçonniques tiennent à faire savoir qu’elles seront très vigilantes, quant au contenu de ceux-ci. »

  • Glavany et la laïcité

    Jean Glavany est secrétaire national du PS à la laïcité, président de l’Université permanente de la laïcité (organisme du PS), et sur son site internet il proclame : « La laïcité, mon engagement ». En 2005, il avait fait une conférence au Grand Orient sur la loi de 1905.

    Au cours de la séance de questions au gouvernement, il est revenu à la charge sur la question de la laïcité selon Nicolas Sarkozy, demandant, au terme d’un long exposé, s’il fallait être croyant pour être représenté par le Président de la République et quel était le sens de l'expression "laïcité positive".

    C’est Michèle Alliot-Marie qui lui a répondu. En parfait perroquet du Président, elle a déclaré : « La laïcité est une grande et belle valeur de la République, (...) mais nous divergeons sur le sens que nous lui donnons, nous souhaitons reconnaître le rôle de la spiritualité, de toutes les spiritualités, sous toutes leurs formes; les Français y sont très attachés. Nous voulons aider toutes les spiritualités à s'exprimer, y compris celles fondées sur l'athéisme. Au contraire, la laïcité négative, c'est une attitude sectaire, fermée à toutes les spiritualités qui donnent leur sens à la grandeur de notre pays », et elle visait là Jean Glavany.

    Ce qui n’est pas tout à fait vrai : « Aujourd’hui, être un bon laïque, c’est encourager la construction de mosquées en France », déclarait-il à La Nouvelle République des Pyrénées le 21 décembre 2005. Ce qui le rapproche singulièrement de Nicolas Sarkozy, même si le dessein est tout autre (pour ce qui concerne Glavany, défendre la laïcité commande de favoriser tout ce qui peut détruire le christianisme).

  • « Riposte laïque » : Mélenchon au Grand Orient

    On me fait parvenir un tract du Grand Orient de France annonçant une « tenue collective », le 22 janvier, au temple Arthur Groussier (au siège du GODF) : « Après les déclarations du président de la République, au Vatican, sur la “valorisation“ des racines chrétiennes et la laïcité dite “positive“, notre FF :. Jean-Luc Mélenchon, sénateur, ancien ministre, traitera : “2008 : serment laïque et devoir de riposte des Francs maçons“. »

  • Sarkozy et le Grand Orient

    Le Grand Maître du Grand Orient de France, Jean-Michel Quillardet, avait demandé à rencontrer le président de la République à la suite de son discours à Saint-Jean de Latran. La rencontre a eu lieu hier après-midi.

    Le Grand Orient a fait part de son « inquiétude » face à l'éventuelle remise en cause de la laïcité, « outil dynamique d'émancipation des consciences et de construction d'une République respectueuse de ceux qui croient, qui ne croient pas ou qui veulent changer de religion ». Selon Jean-Michel Quillardet, le président de la République a été « plutôt en retrait » par rapport à son discours de Rome (on s’en serait douté). Il a assuré que la révision de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat se limiterait à des « aménagements techniques » (on sait lesquels : ceux qui permettront de financer la construction de mosquées et obligeront les municipalités à le faire). Nicolas Sarkozy l'a invité à participer aux groupes de travail qui vont être mis en place à cet effet. « Nous serons très vigilants quant au caractère technique de ces aménagements », a déclaré le Grand Maître.

    Le président de la République a accepté l'invitation à venir au siège du Grand Orient au cours du premier semestre 2008.