Il faut lire intégralement le discours de Nicolas Sarkozy devant le conseil consultatif d’Arabie saoudite. Au-delà des brèves citations que la presse en a faites et qui ont suscité une fois de plus l’ire des laïcistes, il s’agit d’une apologie de l’islam, ne reculant devant aucune contre-vérité historique, aucune contre-vérité religieuse.
S'adressant à la « toute la communauté des croyants », c'est-à-dire à l'oumma, le président français commençait par une apologie du jihad des premiers temps, qualifié de « grand élan de piété » :
« Monsieur le Président, Messieurs les Membres du Conseil, A travers vous j’adresse à toute la nation saoudienne le salut fraternel de la France. Ce salut, je veux l’adresser aussi à toute la nation arabe et à toute la communauté des croyants. Je n’oublie pas que pour tous les musulmans l’Arabie Saoudite c’est une terre sacrée où le Prophète a recueilli la parole de Dieu pour l’enseigner aux hommes. Tous les musulmans à travers le monde pensent cela de l’Arabie Saoudite. D’ici partit il y a 14 siècles le grand élan de piété, de ferveur, de foi qui allait tout emporter sur son passage, qui allait convertir tant de peuples et faire naître l’une des plus grandes, des plus belles civilisations que le monde ait connu. Ici, en Arabie Saoudite, ce sont les lieux les plus saints de l’Islam, vers lesquels chaque Musulman dans le monde se tourne pour prier. »
Cela continuait par l’affirmation que musulmans, juifs et chrétiens prient le même Dieu, « le Dieu de la Bible , le Dieu des Evangiles, le Dieu du Coran, finalement, le Dieu unique des religions du Livre » (mais il n’y a qu’une seule religion du Livre : l’islam), ce « Dieu qui par-delà toutes les différences ne cesse de délivrer à tous les hommes un message d’humilité et d’amour, un message de paix et de fraternité, un message de tolérance et de respect ». Et que les crimes qui ont été commis au nom de la religion « n’avaient en réalité rien à voir avec elle ».
On lit aussi que « l’Occident a recueilli l’héritage grec grâce à la civilisation musulmane » (et il va y revenir plus loin ; il ne sait pas que ce sont des chrétiens qui pour l’essentiel ont traduit les livres grecs, qui se sont ainsi transmis malgré la « civilisation musulmane »).
Sarkozy fait l’éloge de la diversité, une « une valeur qui était à l’honneur à Alexandrie, à Constantine, à Cordoue », pour justifier la promotion de l’islam en France : « C’est une valeur que j’ai voulu faire respecter en France en créant le Conseil du Culte Musulman. C’est la valeur qui m’inspire quand je veux faciliter la construction de mosquées en France pour que les musulmans français puissent prier dans des lieux de culte décents. »
Et voici du nouveau sur la politique de civilisation :
« La politique de civilisation, c’est ce que font tous ceux qui œuvrent pour un Islam ouvert, un Islam qui se souvient des siècles où il était le symbole de l’ouverture d’esprit et de la tolérance, qui se souvient que ses savants traduisirent Aristote et Platon et qu’ils furent pendant des siècles, les savants de l’islam, à la pointe du progrès des sciences. La politique de civilisation, c’est ce que font tous ceux qui s’efforcent de concilier le progrès et la tradition, de faire la synthèse entre l’identité profonde de l’Islam et la modernité sans choquer la conscience des croyants. C’est ce que fait l’Arabie Saoudite sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Abdallah (...) dans le respect de l’intégrité des lieux saints de l’Islam, qui est une exigence avec laquelle le Royaume ne peut pas transiger et qui l’oblige à être pour les croyants du monde entier un modèle de piété et de fidélité à la tradition. »
Autrement dit, Nicolas Sarkozy justifie le fait qu’il soit strictement interdit de pratiquer, même en privé, une autre religion que l’islam sur le territoire saoudien, et que la censure religieuse et politique soit absolue. Il justifie l’application rigoureuse de la sunna et de la charia. Le « modèle de piété et de fidélité à la tradition », c’est, entre autres, l’interdiction du théâtre et du cinéma, l’interdiction pour une femme de sortir seule et de conduire une voiture, c’est la police religieuse qui vérifie la longueur du voile, le strict respect de la ségrégation sexuelle, la prohibition de l’alcool, etc., pendant que les princes s’envoient en l’air avec des prostituées de luxe et en buvant du whisky dans les plus grands palaces de la planète. Vous avez dit « politique de civilisation » ?