Aussi curieux que ça paraisse, le premier heurt entre les partenaires de la nouvelle grande coalition allemande (qui est la même que l’ancienne) concerne… l’avortement.
En effet, le SPD n’a rien trouvé de plus urgent que de déposer subrepticement au Bundestag une proposition de loi abrogeant l’article 218a du Code pénal qui interdit la publicité pour l’avortement. La réaction est plutôt vive à la CDU. Elisabeth Winkelmeier-Becker, porte-parole du groupe, a parlé d’un « début sans confiance » de la coalition : « Je ne pensais pas que le nouveau chef du groupe, Andrea Nahles, mettrait d’abord son nom sous une motion visant à réduire la protection de l’enfant à naître. »
Naturellement les Verts et la Gauche appuient la proposition du SPD.
Cette initiative vient de la condamnation fin novembre d’une femme médecin, Kristina Hänel, qui se présente elle-même comme « docteur de l’avortement », à 6.000 € d’amende pour publicité pour l’avortement sur le site internet de son cabinet. Elle a alors monté une pétition contre l’article 218a, qui a recueilli plus de 150.000 signatures et qui a été remise au Bundestag.
En fait, la CDU se dit prête à modifier l’article 218a pour distinguer la « publicité » de l’« information »… Mais toute la gauche réclame l’abrogation pure et simple de l’article.
Le cardinal Marx a donné en quelques mots la position de l’Eglise (mais oui, quand même…) : « L’avortement est illégal, la publicité est hors de question. »
(En effet l’article 218 du Code pénal interdit l’avortement… mais il n’est pas pénalisé si la femme le demande après avoir obtenu un certificat d’un centre de "conseil" spécialisé.)
Commentaires
Merci de cette information, cher Yves.
À mon sens le plus curieux n'est pas que le SPD ait pris une telle initiative ...mais que la CDU et l'épiscopat aient aussitôt réagi et avec une telle clarté ...un bon signe !
Bon signe peut-être. Mais l'épiscopat allemand a des choses à se faire pardonner. Ce sont des organismes officiels catholiques qui signaient le fameux "permis de tuer", sans objection des évêques. Jean Paul II avait dénoncé ces dérives en son temps.
En France, le CLERC, organisme d'Eglise signait allègrement ce genre de "certificat" à l'époque où il était obligatoire. Plus besoin de certificat, plus besoin pour certains "catholiques" français de signer l'arrêt de mort d'un bébé à naître. Probablement dans le cadre de la simplification des démarches "administratives"? Le diable doit se rouler par terre de rire. Jamais il n'a eu affaire à des hommes aussi bêtes, à aucune autre époque.