François a reçu hier le clergé de Rome. Le compte rendu de l’agence Zenit en anglais s’étend longuement sur ce que le pape a dit à propos de la liturgie. Notamment la « forme extraordinaire », et le motu proprio Summorum Pontificum :
Le Pape François a expliqué que ce geste de son prédécesseur, « un homme de communion », avait l’intention d’offrir « une main courageuse aux lefebvristes et traditionalistes », ainsi qu’à ceux qui voulaient célébrer la messe selon les rites anciens. Ce qu’on appelle Messe tridentine, a dit le pape, est une « forme extraordinaire du rite romain », celui qui a été approuvé à la suite du concile Vatican II. Ainsi elle n’est pas considérée comme un rite distinct, mais comme une « forme différente du même rite ».
Cependant, le Pape a noté qu’il y a des prêtres et des évêques qui parlent d’une « réforme de la réforme ». Certains d’entre eux sont « saints » et parlent « de bonne foi ». Mais « c’est une erreur », a dit le Pape. Il a ensuite évoqué le cas de certains évêques qui ont accepté des séminaristes traditionalistes qui avaient été chassés d’autres diocèses, sans rechercher des informations sur eux, car « ils présentaient très bien, très pieux ». Ils furent ensuite ordonnés, mais il se révéla plus tard qu’ils avaient « des problèmes psychologiques et moraux ».
Ce n’est pas habituel, mais ça « arrive souvent » dans ces milieux, a souligné le pape, et ordonner ce type de séminaristes c’est comme placer « une hypothèque sur l’Eglise ». Le problème sous-jacent est que certains évêques sont parfois accablés par « le besoin de nouveaux prêtres pour le diocèse ». Par conséquent, le discernement approprié parmi les candidats n’est pas fait, et parmi eux certains peuvent se cacher des « déséquilibres » qui se manifestent ensuite dans les liturgies. En fait, la Congrégation des évêques, a poursuivi le Pontife, a dû intervenir auprès de trois évêques sur trois de ces cas, bien qu’ils ne soient pas produits en Italie.
Je préfère ne pas commenter, car je crains que, bien que je ne sois pas séminariste, on me trouve quelque peu déséquilibré… Car ça arrive si souvent dans ces milieux…
Mais on aura remarqué évidemment la pique contre Benoît XVI, qui est sans doute « saint » et de « bonne foi » mais qui se trompe sur la liturgie… (Parce que François est devenu subito un maître en la matière…)
L’autre grand sujet abordé dans cette rencontre, si l’on en croit Zenit, c’est la question posée par le Père (?) Giovanni Cereti, qui enseigne dans diverses facultés de théologie, et qui « a reçu une dispense après s’être marié » - dispense du célibat sacerdotal, et de toute activité sacerdotale.
D’abord Zenit nous précise que le Père (?) Giovanni Cereti est l’auteur d’un livre « dans lequel il établit que pendant le premier millénaire les gens en situation d’adultère étaient réadmis dans la communauté après une période de pénitence et pouvaient recevoir la communion en étant de nouveau mariés ».
Bien sûr, il fallait qu’il soit là, puisque c’est l’obsession de François. Zenit oublie simplement de rappeler que ce livre, opportunément réédité en 2013, a été publié en 1977, et qu’il fut immédiatement démoli par un spécialiste de la question, le Père jésuite Henri Crouzel (par ailleurs spécialiste d’Origène et d’orientation quelque peu progressiste, mais historien rigoureux).
Mais le Père (?) Giovanni Cereti a plusieurs cordes à son arc pourri. Sa question, plus tordue encore, était de savoir si à l’avenir les prêtres qui ont obtenu une dispense pourront de nouveau célébrer la messe… En bref, pour avoir des prêtres mariés, il suffirait que les prêtres se marient, demandent une dispense du célibat, et, munis de leur dispense, demandent de célébrer de nouveau la messe et les autres sacrements…
« C’est un problème qui n’a pas de solution facile », a répondu le pape. Ajoutant bien sûr que cette question lui tient à cœur, à lui et à l'Eglise. (C’est là qu’il y a des jours où je me demande si je fais bien partie de la même Eglise.)