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Ecriture sainte - Page 4

  • Mercredi des quatre temps de carême

    Dimanche dernier c’était le premier dimanche de carême, de la « quadragésime » : des quarante jours. Carême vient de quadragesima : le 40e jour avant Pâques (symboliquement, comme la quinquagésime est symboliquement le 50e jour).

    Et l’évangile de ce dimanche était celui de Jésus restant au désert sans manger pendant « 40 jours et 40 nuits ».

    Dans la messe de ce jour, la première lecture nous parle de Moïse qui reste sur la montagne « 40 jours et 40 nuits », et la deuxième lecture, d’Elie qui marche vers la montagne pendant « 40 jours et 40 nuits ».

    La mention des « 40 nuits » dans l’évangile a certes pour but de nous faire savoir que Jésus a jeûné aussi la nuit (le jeûne religieux consistant à ne pas manger au cours de la journée), mais la référence à Moïse et à Elie est évidente. (Le Deutéronome ajoute que Moïse, revenu du Sinaï au sein du peuple élu qui s’était fait un veau d’or, passa « 40 jours et 40 nuits » prosterné devant le Seigneur pour qu’il n’extermine pas son peuple.)

    Dans l’hymne des matines au temps du carême, Moïse et Elie ne sont pas nommés, mais indiqués comme « la loi et les prophètes » qui nous ont d’abord donné l’exemple de ce jeûne. Moïse et Elie qui apparaîtront aux côtés de Jésus, lors de la Transfiguration – sur la montagne (évangile de dimanche prochain), figurant clairement la Loi et les Prophètes, que Jésus vient accomplir. Comme indiqué à la fin du livre de Malachie : « Souvenez-vous de la Loi de Moïse mon serviteur, voici que je vous enverrai Elie le prophète… »

    Il y a dans la Bible une autre occurrence des « 40 jours et 40 nuits », c’est le Déluge. Dieu demande à Noé d’entrer dans l’arche avec sa famille et les animaux, car dans 7 jours il va faire pleuvoir pendant 40 jours et 40 nuits : ce qui sera une pénitence radicale pour les hommes qui ne sont pas dans l’arche… (On constate que c'est aussi après 7 jours que Moïse entre dans la nuée.)

    Dans 40 jours Ninive sera détruite, dit Jonas sur l’ordre de Dieu. Mais les Ninivites font pénitence et Ninive est sauvée (et Jonas est vexé à mort… c’est sans doute la page la plus humoristique de la Bible). Dans l’évangile de ce jour, Jésus dit à ceux qui lui demandent un signe qu’ils n’en auront pas d’autre que le signe de Jonas. Ce signe, c’est qu’il restera « trois jours et trois nuits » dans la terre et en ressortira vivant, comme Jonas est resté « trois jours et trois nuits » dans le ventre du gros poisson, figure de la mort et de la résurrection. Figure de la mort du péché et de la vie nouvelle par la rédemption, par le baptême qui nous plonge dans la mort du Christ (figuré par l’arche de Noé dans les eaux du Déluge), et ensuite par la pénitence. Les deux aspects se retrouvent dans le livre de Jonas, ce qui avait conduit les chrétiens de tradition syriaque à instituer le « jeûne des Ninivites » (qui est toujours observé, sauf chez les maronites), aux jours qui suivent notre septuagésime. Un jeûne qui consiste pour les plus observants à ne rien manger ni boire pendant trois jours et trois nuits. Figure en quelque sorte des « 40 jours et 40 nuits », car s’il est possible de ne pas manger ni boire pendant trois jours, c’est absolument impossible pendant quarante.

    Les chants de la messe de ce jour (signe de Jonas) sont ceux qui sont repris pour la messe de dimanche prochain (Transfiguration).

  • Premier dimanche de carême

    Ecce, nunc tempus acceptábile, ecce, nunc dies salútis.

    C’est maintenant le temps vraiment favorable, c’est maintenant le jour du salut.

    Ainsi commence le premier répons des matines du premier dimanche de carême. C’est ce que proclame saint Paul dans l’épître de la messe. Tempus acceptabile, c’est, selon le latin qui traduit exactement le grec, le temps agréable à Dieu, qui peut être agréé par Dieu. Saint Paul cite explicitement Isaïe, une expression qui se trouvait dans la première lecture de la messe de vendredi. « kairo dekto », disait Isaïe selon la Septante : le moment agréable à Dieu de la même façon qu’un sacrifice – or il s’agit du jeûne - est agréable à Dieu. C’est le mot qu’on trouve plusieurs fois dans le Lévitique, le code des sacrifices de l’Ancienne Alliance. Mais on remarque que saint Paul utilise un mot composé qu’on ne voit pas avant le Nouveau Testament (quatre fois sous la plume de saint Paul, et une fois de saint Pierre). C’est dektos avec deux préfixes : evprosdektos, qui insiste donc deux fois sur le fait que ce moment est le moment favorable pour être agréable à Dieu, le moment des sacrifices de carême qui est le plus favorable pour obtenir le salut. L’expression insiste même trois fois, parce que souvent, notamment ici, le mot kairos a lui-même déjà le sens de « moment favorable ».

    Et c’était une triple raison pour les scribes de réaliser une belle lettrine pour ces premiers mots du carême. En voici quelques échantillons.

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    Antiphonaire du monastère d’Arouca (Portugal), vers 1200.

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    Antiphonaire de la basilique Saint-Pierre de Rome, XIIe siècle.

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    Bréviaire de Paris, XIIIe siècle.

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    Antiphonaire de Saint Maur des Fossés, XIIe siècle.

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    Antiphonaire bénédictin de l’abbaye de Reichenau, XIIe siècle.

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    Antiphonaire du couvent des cordeliers de Fribourg, vers 1300.

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    Antiphonaire cistercien de Rein (Autriche), XIIIe siècle.

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    Antiphonaire bénédictin de Saint-Lambrecht (Autriche), 1400.

  • La Sainte Famille

    Alors qu’il avait douze ans, il reste à Jérusalem. Ne le sachant pas, ses parents le cherchent avec inquiétude et ne le trouvent pas. Ils le cherchent parmi les proches parents, ils le cherchent parmi leurs compagnons de route, ils le cherchent parmi leurs connaissances, mais, parmi tous ces gens-là, ils ne le trouvent pas. Jésus est donc cherché par ses parents, son père nourricier qui l’avait accompagné quand il était descendu en Egypte, et pourtant ils ne le trouvent pas immédiatement dès qu’ils le cherchent. C’est qu’on ne trouve pas Jésus parmi ses parents et ses proches selon la chair. On ne le trouve pas chez ceux qui lui sont unis corporellement. Parmi les nombreux compagnons de voyage mon Jésus ne peut pas être trouvé.

    Apprends où ceux qui le cherchaient l’ont trouvé, pour que toi aussi qui le cherches avec Marie et Joseph tu le trouves. Et, le cherchant, dit l’Ecriture, « ils le trouvèrent dans le Temple ». Non pas n’importe où, mais dans le Temple. Et pas simplement dans le Temple, mais « au milieu des docteurs qu’il écoutait et qu’il interrogeait ». Toi aussi, cherche Jésus dans le Temple de Dieu, cherche-le dans l’Eglise, cherche-le auprès des maîtres qui sont dans le Temple et qui n’en sortent pas. Si tu cherches ainsi, tu le trouveras.

    De plus, si quelqu’un prétend être un maître et ne possède pas Jésus, il ne possède que le titre de maître et c’est pour cela qu’on ne peut pas trouver auprès de lui Jésus, Verbe de Dieu et Sagesse. « On le trouva, dit Luc, au milieu des docteurs. » D’après un autre passage de l’Écriture au sujet des prophètes, comprenez ce que veut dire ici : « Au milieu des docteurs. » « Si celui qui est assis, dit l’Apôtre, a une révélation, que le premier se taise. » Ils le trouvent « assis au milieu des docteurs », et non seulement « assis », mais « les interrogeant et les écoutant ». Maintenant encore, Jésus est ici : il nous interroge et nous écoute parler. « Tous étaient dans l’admiration», dit Luc. « Qu’admiraient-ils » ? Non pas ses questions qui pourtant étaient admirables, mais « ses réponses ». Interroger est une chose, répondre en est une autre.

    Jésus questionnait les maîtres, et comme de temps en temps ils ne pouvaient pas répondre, il répondait lui-même à ses propres questions. « Répondre » ne veut pas dire simplement que l’on parle après un autre, mais cela signifie, dans l’Ecriture sainte, un enseignement*, puisse la Loi divine te l’apprendre. « Moïse parlait et Dieu lui répondait par une voix. » Par ce genre de réponse le Seigneur apprenait à Moïse ce qu’il ignorait. Tantôt Jésus interroge, tantôt il répond et, comme nous l’avons dit plus haut, si admirables que soient ses questions, ses réponses sont plus admirables encore. Pour que nous puissions l’entendre nous aussi et qu’il nous pose des questions qu’il résoudra lui-même, supplions-le, employons, à le chercher, un effort intense et douloureux et nous pourrons alors trouver celui que nous cherchons.

    Ce n’est pas sans raison qu’il est dit dans l’Ecriture : « Ton père et moi nous te cherchions dans la douleur (dolentes). » Il faut en effet que celui qui cherche Jésus ne le fasse pas avec négligence et mollesse, d’une manière intermittente, comme le font certains qui le cherchent avec tous ces défauts et, pour ce motif, ne le trouvent pas. Pour nous, disons : « Nous te cherchons dans la douleur. »

    Origène, 18e homélie sur saint Luc

    * Notation qui intéressera ceux qui lisent la Sainte Ecriture en grec ou en latin. On trouve souvent le verbe « répondre », particulièrement dans les Evangiles, et concernant le Seigneur, alors qu’il ne « répond » à personne. Dans les traductions ce verbe est hélas remplacé par « dire » et le lecteur ne peut donc pas se demander pourquoi c’est le verbe « répondre » qui est utilisé. La première fois c'est dans l'évangile de l'Epiphanie: "responso accepto": les mages "ayant reçu en songe la réponse de ne pas retourner vers Hérode". Ils reçoivent une réponse alors qu'ils n'ont rien demandé. Il s'agit d'une communication divine, ce qui est souligné d'autre part par le passif.

    On remarquera que cette notation suit celle qui concerne le fait que Jésus est « assis ». Ce qui est également l’indication qu’un enseignement va être délivré. Origène n’y insiste pas, considérant sans doute que son auditoire le sait déjà.

  • Entre le bœuf et l’âne gris

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    Nous avons tellement en tête l’image de la crèche avec l’âne et le bœuf qu’il faut faire un effort pour se souvenir que ces animaux ne figurent pas dans le texte évangélique (pas plus que la grotte ou la crèche, d’ailleurs : il est seulement question d’une « mangeoire »).

    Je me suis demandé de quand datait cette mention devenue inséparable de la scène de la Nativité, tant en Orient qu’en Occident (car l’âne et le bœuf font partie du canon de l’icône byzantine).

    La première mention « scripturaire » se trouve dans l’évangile du « pseudo-Matthieu ». Mais ce texte (latin) date semble-t-il du VIe siècle. Or il y avait alors déjà des crèches avec l’âne et le bœuf. Et cela se perd dans la nuit des temps. Les toutes premières représentations de la Nativité, en bas relief, du milieu du IVe siècle, montrent déjà les deux animaux (photo).

    Quant aux pères de l’Eglise, c’est Origène qui est le premier (comme d’habitude…) à évoquer l’âne et le bœuf de la crèche, en référence à la prophétie d’Isaïe : « Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la mangeoire de son maître, mais Israël ne me connaît pas. »

    Tous les pères reprendront cette prophétie (d'autant que c'est le même mot grec - φάτνῃ, qui se trouve en Isaïe et chez saint Luc, pour désigner la mangeoire, et par extension la crèche, ce qui n'est pas un hasard), en en soulignant le sens allégorique : Jésus vient pour le peuple d’Israël, représenté par le bœuf, animal pur, et pour les païens, représentés par l’âne, animal impur.

    On y ajoutera fréquemment Habacuc 3,2 : « Entre deux animaux tu te manifestes. »

    Telle est en effet la version de la Septante qui a fini par s’imposer, et dans sa traduction latine : « in medio duorum animalium », dont font écho deux répons de Noël. Ce qui est très intéressant. En fait, les manuscrits de la Septante ont, en capitales, sans aucun signe diacritique, ΖΩΩΝ. Ce qu’on a interprété comme le génitif pluriel du mot qui veut dire « être vivant », surtout « animal », en mettant l’accent sur le premier Ω. Mais en mettant l’accent sur le second Ω la signification n’est plus la même. Il s’agit des vies, des temps… « Au milieu des années », traduit saint Jérôme. Or c’est ce qui correspond au texte hébreu. Et saint Cyrille de Jérusalem l’interprète ainsi. Mais le fait est que l’interprétation chrétienne « de Noël » a prévalu, au point que les manuscrits en minuscules ont l’accent sur le premier ώ, et que c’est ce que l’on voit dans toutes les éditions actuelles de la Septante, chez les byzantins comme dans l’édition scientifique occidentale de Rahlfs.

    Tant il est évident qu’il y avait un âne et un bœuf dans la crèche de Bethléem…

  • "Restituimus"

    La Vulgate de Stuttgart, affirme dans les préfaces des diverses éditons Roger Gryson, le continuateur de Robert Weber, est une édition scientifique de la Vulgate. On a choisi les meilleurs manuscrits, on les a comparés, et on a déterminé le texte le plus exact possible.

    On ne peut donc qu’être surpris de voir ici ou là dans les notes un « restituimus » : nous restituons. Pour dire que nous mettons un mot… qui ne se trouve dans aucun manuscrit, mais dont nous pouvons affirmer, scientifiquement bien sûr, que c’était le mot du texte originel - ce qui est affirmer du même coup que tous les manuscrits sont fautifs…

    Un exemple particulier, dans la première épître aux Thessaloniciens (2,7). Le texte de la Vulgate d’avant les messieurs de Stuttgart, qui est le texte des manuscrits, dit : « facti sumus parvuli in medio vestrum ». Nous nous sommes faits petits au milieu de vous (thème fréquent dans les épîtres de saint Paul). La Vulgate scientifique de Stuttgart remplace « parvuli » par « lenes » : doux. Et elle renvoie au texte grec.

    Que dit le texte grec ?

    C’est là que c’est amusant. Le texte grec traduit dans toutes les Bibles modernes en français (sauf une) dit en effet « doux » (et les traduction font des variations : affables, bienveillants, aimables, etc.). Parce que l’on suit aveuglément le texte de l’édition Nestle-Aland, référence absolue pour tout exégète et traducteur qui se respecte. Le problème est que les manuscrits grecs sont très partagés, entre deux mots qui n’ont qu’une lettre de différence (νήπιοι et ήπιοι). Nestle-Aland avait en effet choisi « doux » (ήπιοι)… jusqu’à la 25e édition. Mais dans la 26e édition, les éditeurs ont changé d’avis. Ils ont remplacé « doux » par « petits »… Comme la Vulgate d’avant Stuttgart. Il semble qu’ils ont réévalué (ou simplement pris en compte) le Papyrus 65, qui donne deux fragments de cette épître, et qui est du IIIe siècle.

    Et voilà toutes les Bibles en français en retard sur leur référence absolue Nestle-Aland. Toutes sauf une : la Nouvelle Bible Segond, qui, prenant acte de la modification, a donc abandonné « doux » pour « petits »… Mais les autres y viendront aussi dans leurs futures éditions… En espérant que Nestle-Aland ne change pas d’avis de nouveau…

    Cela n’a aucune importance pour le sens de l’épître. Mais donne un éclairage particulier du travail des éditeurs. (Et ici c’est dans le sens habituel de la Vulgate de Stuttgart qui est de donner tort presque systématiquement à la Vulgate sixto-clémentine. En général c’est parce que les manuscrits sont partagés entre deux versions. Mais on voit que ça peut marcher aussi quand tous les manuscrits disent comme l’ancienne Vulgate.)

    Dans la note, Weber ou Gryson donne toutefois une référence à UN manuscrit latin. Le Sangermanenis, qui a, non pas « doux », mais « doux petits ». Les deux mots juxtaposés. Et l’on nous dit qu’il « semble » que ce fût le texte archétypique : celui qu’avait dicté saint Paul. Mais on ne nous dit pas comment un unique manuscrit, du IXe siècle, aurait davantage d’autorité que tous les manuscrits qui l’ont précédé…

  • Homme de désirs

    La lecture biblique de cette semaine, selon la liturgie, est le livre de Daniel.

    Dans ce livre, Daniel est appelé trois fois, par l’ange Gabriel, par l’homme vêtu de lin, et par une « forme d’homme » : « vir desideriorum », selon la Vulgate : homme de désirs.

    Osty traduit « homme de prédilection » et il dit en note : « c’est-à-dire particulièrement désiré, apprécié, cher : il s’agit de la prédilection divine. La traduction de la Vulgate “vir desideriorum”, entendu au sens d’homme qui n’a de désirs que pour Dieu, est un exemple de ces contresens dont on regretterait qu’ils n’eussent pas été faits. »

    On remarque l’arrogance habituelle du traducteur moderne, accompagnée ici d’un sourire de commisération vis-à-vis de celui qui a compris à l’envers mais a fait de son erreur une bien jolie expression…

    Ce pauvre saint Jérôme, une fois de plus, n’a pas compris. Mais Osty oublie d’aller voir ce que dit le texte grec. En l’occurrence ce n’est pas celui qui avait été ajouté à la Septante, mais celui qui le supplanta dès sa parution, que l’on doit à Théodotion : c’est celui des Eglises byzantines. Théodotion (IIe siècle) était réputé pour l’exactitude de ses traductions. Or Théodotion traduit : ἀνὴρ ἐπιθυμιῶν. C’est-à-dire très précisément « homme de désirs », sans aucune possibilité de traduire autrement en français.

    On ne s’étonnera pas que la traduction de l’infaillible Osty vienne de la Bible… du rabbinat, et non de la Bible de Jérusalem comme il le dit. Car la Bible de Jérusalem, comme la TOB, gardent le pluriel hébraïque : « homme de prédilections ». Les autres traductions s’éloignent encore davantage, les protestantes disant le plus souvent « homme bien aimé » ou « aimé de Dieu », cette dernière étant aussi celle de la Bible de la liturgie (« catholique »).

    Il ne leur vient pas à l’idée que l’expression « homme de désirs » peut être réversible : indiquer à la fois le désir que Daniel a de Dieu, et le désir que Dieu a de Daniel. Ce qui est conforme au « style » biblique.

  • Saint Jérôme

    Les Hébreux mettent Judith parmi les apocryphes. Ce livre n’est pas d’une grande autorité pour confirmer ce qui pourrait être contesté ; cependant il est au rang des livres historiques et est écrit en chaldéen, et puisque le concile de Nicée l’a regardé comme canonique, je n’ai point fait difficulté de me rendre à ce que vous exigiez de moi avec tant d’instances ; ainsi renonçant à mes occupations ordinaires, quelque pressantes qu’elles fussent, j’ai employé une nuit entière à traduire ce livre, m’attachant moins à en rendre les mots que le sens ; j’ai même retranché une variété de leçons qui ne pouvait être que vicieuse, et je n’ai mis dans ma version que ce que j’ai trouvé de bien intelligible dans le texte original. Recevez donc ce livre qui vous montre dans la personne d’une sainte veuve l’exemple d’une chasteté parfaite et digne de tous les éloges, et Dieu qui a récompensé sa vertu, après lui avoir donné la force de surmonter l’ennemi commun de tous les hommes, veut encore que sa piété lui fasse des imitateurs.

    Il est constant que le livre d’Esther a été extrêmement défiguré par les différents interprètes qui l’ont traduit. Pour moi, après l’avoir tiré des archives des Hébreux, j’y ai travaillé et me suis attaché à le rendre mot pour mot avec toute la fidélité dont je puis être capable. L’édition vulgate a fort étendu ce livre par des amplifications imaginaires et semblables à celles dont on remplit dans les écoles certains discours feints qui n’ont d’autre but que de servir d’exercice à l’éloquence. Vous donc, ô mes chères filles Paule et Eustochie, puisque vous avez quelque connaissance de l’hébreu et que vous n’ignorez pas les contestations qui règnent parmi les interprètes : examinez sur l’hébreu ma version latine, et vous verrez avec quelle fidélité je rends partout le texte original. Aussi peu sensible aux insultes des hommes qu’à leurs éloges, je ne cherche qu’à me rendre agréable aux yeux de Dieu, car « il brise les os de ceux qui s’étudient à plaire aux hommes », et ceux qui se conduisent de la sorte ne peuvent, selon l’Apôtre, être les disciples de Jésus-Christ.

    Ces deux textes sont les préfaces de saint Jérôme (comme d’habitude des extraits de lettres) à sa traduction des livres de Judith et d’Esther (qui sont les lectures liturgiques de la fin septembre), dans la traduction de Lemaître de Sacy, qui les relègue parmi les « apocryphes » en tome 4 de sa traduction de la Bible, alors que le concile de Trente les a établis comme canoniques un siècle et demi plus tôt… Il est vrai que la Vulgate publiée selon le désir du concile de Trente reproduit ces textes de saint Jérôme qui ne reconnaissait pas le caractère canonique de ces livres...

    Ces deux textes sont intéressants à plusieurs égards. On remarque notamment que pour Judith Jérôme dit avoir traduit (un texte araméen) plutôt d’après le sens (« magis sensum ad sensum quam ex verbo verbum ») et que pour Esther il a traduit mot à mot (« verbum e verbo ») un texte hébreu. Il est donc faux de prétendre aussi bien que saint Jérôme traduisait toujours mot à mot, ou qu’il traduisait toujours selon le sens.

    On remarque aussi que pour Judith saint Jérôme a utilisé un texte araméen que nous n’avons plus. Les traductions actuelles de la Bible utilisent toutes le texte grec et ignorent absolument la traduction de saint Jérôme, qui est pourtant le témoin d’une autre vénérable tradition.

    En ce qui concerne Esther, quand saint Jérôme parle de versions défigurées, il parle notamment de l’Esther grec, avec ses additions qu’il a néanmoins traduites mais en les mettant en appendice.

    (Quand il parle de la Vulgate, il s’agit de la Vulgate de son temps, à savoir ce que nous appelons aujourd’hui la Vieille Latine, qui était une traduction de la Bible grecque. Quant au concile de Nicée il n’a pas déclaré canonique le livre de Judith, mais certains pères l’avaient cité.)

  • In odorem unguentorum tuorum

    Trahe me, post te curremus
    in odorem unguentorum tuorum.

    Entraîne-moi, derrière toi nous courrons à l’odeur de tes parfums.

    Ce célèbre verset du Cantique des cantiques, qui chante au cœur de tous les mystiques (et apprentis), est mutilé dans toutes les traductions modernes. On a enlevé la deuxième partie. Parce qu’elle ne figure pas dans le sacro-saint texte massorétique.

    Plus fort encore, elle a été enlevée de la Vulgate de Stuttgart. Cette Bible réalisée par des protestants qui désormais paraît faire autorité partout chez les catholiques en matière de Vulgate. C’est notamment la Bible de référence des éditeurs des textes de saint Bernard aux Sources chrétiennes. On constate ainsi dans les notes, quasiment à toutes les pages, que saint Bernard... s’écarte du texte de Stuttgart. Pour le verset qui nous occupe ils font fort :

    Vingt-cinq fois environ, Bernard cite ce verset, ou y fait allusion. Chaque fois, c’est avec cet ajout au texte critique : in odore unguentorum tuorum. Le plus souvent il écrit odore, et non odorem.

    Bref, saint Bernard, de Clairvaux, avait donc commandé chez Amazon la Vulgate de Stuttgart. Mais ce verset du Cantique ne lui plaisait pas, alors il a ajouté une expression. Comme la première version de la Vulgate de Stuttgart est de 1969, on aimerait savoir comment il a fait pour y ajouter quelque chose au XIIe siècle.

    Cela dit on poursuit tranquillement :

    L’une et l’autre divergence avec notre texte édité se lisaient alors, tant dans les bibles que dans les textes patristiques (Jérôme, Ambroise, Grégoire le Grand, etc.) ou liturgiques.

    En effet. Et saint Bernard aurait été bien étonné d’apprendre qu’au XXe siècle on allait éditer une Bible latine avec cette version-là du Cantique des cantiques.

    Il se trouve cependant que l’expression in odorem unguentorum tuorum ne se trouve pas dans tous les manuscrits latins.

    Pour le Cantique des cantiques, les experts de Stuttgart ont choisi comme références principales le Cavensis et l’Amiatinus (qui sont les références principales, seules ou avec d’autres, pour tous les livres de la Bible). Puis il y a des références secondaires, mais qui sont choisies parmi des centaines de manuscrits : cinq références secondaires.

    Or l’expression qui nous occupe figure dans une des deux références principales (l’Amiatinus) et dans trois des références secondaires. L’une de ces références est le consensus d’Alcuin, qui fut l’édition critique réalisée par le directeur de l’école de Charlemagne. Alcuin s’est servi de sept codex que nous avons toujours. Cela fait donc, pour les références secondaires, dix manuscrits qui ont l’expression litigieuse, contre deux qui ne l’ont pas.

    Je suppose que les experts de Stuttgart ont jugé que si l’expression manquait dans certains manuscrits c’est qu’elle avait été ajoutée par assimilation avec les textes latins qui existaient avant saint Jérôme, puisque l’expression figure dans le texte grec de la Septante et donc dans les traductions latines de la Septante. Et je suppose que l’on peut ajouter que, vu que le texte hébreu dont disposait saint Jérôme est proche du texte massorétique, l’expression ne figurait pas dans ce texte.

    Il manque ici un aspect essentiel de la question, qui s’appelle la tradition. L’expertise scientifique ne fait pas tout, surtout quand elle se fonde sur ce qui reste des hypothèses.

    Il se trouve que l’expression se trouvait à coup sûr dans le texte hébreu traduit en grec par les Septante : il y aurait eu assez de rabbins, à l’époque, pour faire remarquer l’erreur et la faire rectifier.

    Elle s’est donc trouvée légitimement dans les traductions latines. Donc chez tous les pères latins. Pas moins de neuf fois chez saint Augustin. Et chez saint Grégoire le Grand, et chez saint Ambroise : on la cite et on la commente. On la retrouvera donc aussi chez saint Bernard et Guillaume de Saint-Thierry, puis chez saint Thomas d’Aquin, saint Jean de la Croix, etc., et tous les auteurs spirituels qui utiliseront à partir de la fin du XVe siècle la Vulgate sixto-clémentine, texte officiel de l’Eglise latine jusqu’à l’effondrement récent.

    Expression qui, faut-il le préciser, figure toujours, évidemment, dans toutes les Bibles grecques.

    Au témoignage unanime des manuscrits grecs, des premiers manuscrits latins, et des pères grecs et latins, il convient d’ajouter la liturgie. Les modernes experts ne s’en soucient pas, bien sûr (pas plus que du rythme de la phrase). Mais un catholique qui prie selon la liturgie de l'Eglise ne peut que remarquer que l’expression in odorem unguentum tuorum se trouve dans une antienne de l’office de l’Immaculée Conception, et avant l’unification liturgique se trouvait dans diverses fêtes de la Sainte Vierge. Quand on lit la Bible on doit aussi tenir compte de la liturgie : c’est aussi un « lieu » biblique.

    Enfin, on aura remarqué que la note des Sources chrétiennes signale que l’expression se trouve chez saint Jérôme. Autrement dit l’auteur de la Vulgate, qui selon nos spécialistes avait donc supprimé ces mots.

    De fait saint Jérôme cite cette expression. Et pas en passant. Ce sont les derniers mots, la conclusion, d’un passage bouleversant et célèbre où il explique que malgré toutes ses austérités en Palestine son esprit divague encore vers les belles Romaines.

    Voici ce passage (dans la traduction des Belles Lettres). C’est dans une très longue lettre (à Eustochium) écrite peu avant qu’il commence la Vulgate. A-t-il alors supprimé cette expression qui avait pour lui tant d’importance, au motif qu’elle ne figurait pas dans son exemplaire hébreu ? Ce n’est pas impossible. Mais ce n’est pas forcément l’hypothèse la plus solide.

    Oh ! Combien de fois, moi, qui étais installé dans le désert, dans cette vaste solitude torréfiée d’un soleil ardent, affreux habitat offert aux moines, je me suis cru mêlé aux plaisirs de Rome ! J’étais assis, solitaire, car l’amertume m’avait envahi tout entier. Mes membres déformés se hérissaient d’un sac. Malpropre, ma peau rappelait l’aspect minable de l’épiderme d’un nègre. Chaque jour pleurer, chaque jour gémir ! Toutes les fois que, malgré mes résistances, le sommeil m’accablait soudain, mes os, presque désarticulés, se brisaient sur le sol nu. De la nourriture et de la boisson, je ne dis rien : les malades eux-mêmes n’usent que d’eau froide ; accepter un plat chaud, c’est un excès. Or, donc, moi, oui, moi-même, qui, par crainte de la géhenne, m’étais personnellement infligé une si dure prison, sans autre société que les scorpions et les bêtes sauvages, souvent je croyais assister aux danses des jeunes filles. Les jeûnes avaient pâli mon visage, mais les désirs enflammaient mon esprit, le corps restant glacé ; devant ce pauvre homme, déjà moins chair vivante que cadavre, seuls bouillonnaient les incendies des voluptés !

    Privé de toute aide, je gisais donc aux pieds de Jésus, je les arrosais de mes larmes, je les essuyais de mes cheveux ; ma chair rebelle, je la domptais par une abstinence de plusieurs semaines. Je ne rougis pas de mon infortune ; bien plutôt, je déplore de n’être plus ce que j’étais alors. Il m’en souvient : fréquemment, mes cris joignaient le jour à la nuit, et je ne cessais de me frapper la poitrine que quand les menaces du Maître avaient ramené le calme. Ma cellule elle-même, j’en venais à la redouter, comme si elle était complice de mes pensées impures. Irrité contre moi, dur à moi-même, j’allais seul plus avant dans le désert. Une vallée profonde, une âpre montagne, des rochers abrupts étaient-ils en vue, j’y installais ma prière et l’ergastule de ma misérable chair. Le Seigneur même m’en est témoin : après avoir beaucoup pleuré et fixé mes regards au ciel, il me semblait parfois être mêlé aux cohortes des anges ; alors, plein de joie et d’allégresse, je chantais : « Après toi nous courons, à l’odeur de tes parfums ! » (Cant 1, 3).

    Une autre note sur la traduction du Cantique des cantiques : ici.

  • Samedi des quatre temps de Pentecôte

    Spíritus, ubi vult, spirat : et vocem ejus audis, allelúia, allelúia : sed nescis, unde véniat aut quo vadat, allelúia, allelúia, allelúia.

    Les moniales d’Argentan :
    podcast

    Le bienheureux cardinal Schuster :

    L’antienne de la Communion contient une dernière allusion à l’octave de la Pentecôte et au temps pascal qui va s’achever. L’alléluia lui-même, au moins selon l’ancien rite grégorien, est prêt à s’envoler et à retourner au ciel : Sed nescis unde veniat aut quo vadat : alleluia, alleluia, alleluia. Ce chant est tiré de saint Jean (III, 8) « L’Esprit souffle où il veut ; tu entends son souffle, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Alléluia, Alléluia, Alléluia. »

    II est vrai que le texte grec de l’Évangile parle ici, non du Saint-Esprit, mais du vent. Toutefois, comme Jésus s’est précisément servi de l’image du vent pour expliquer à Nicodème le caractère suprasensible et surnaturel de la grâce de l’Esprit Saint, ainsi l’emploi que fait de ce verset la liturgie romaine au moment où se clôt le cycle de la Pentecôte, n’est nullement arbitraire.

    Il est d’autant moins arbitraire que la phrase se termine ainsi : « sic est omnis qui natus est ex spiritu », ce qui ne peut se traduire que par : « il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit ». Et Jésus venait de dire : « Quod natum est ex carne, caro est : et quod natum est ex spiritu, spiritus est », où spiritus ne peut pas vouloir dire vent : « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. »

    En fait Jésus joue sur les deux sens du mot (en grec c’est pneuma), comme il le fait, dans le même dialogue avec Nicodème, avec le mot ἄνωθεν, anothen. Ce mot peut vouloir dire « d’en haut » ou « de nouveau ». Jésus dit qu’il faut naître d’en haut. Nicodème comprend qu’il faut naître de nouveau, et ne voit pas comment il pourrait retourner dans le ventre de sa mère. Mais pour Jésus, naître de nouveau, c’est naître d’en haut. « Ne t’étonne pas que je t’ai dit : il faut que vous naissiez de nouveau (d'en haut). Le vent (pneuma, spiritus) souffle où il veut… »

    Le cardinal Schuster termine sa notice par ces lignes remarquables :

    La sainte messe clôt dignement le temps pascal. Désormais la Rédemption est accomplie, et le Saint-Esprit est venu comme pour en assurer définitivement l’efficacité, moyennant le caractère sacramentel qu’il imprime dans l’âme. Telle est la propriété personnelle du divin Paraclet : il accomplit, termine, opère toujours quelque chose de définitif, à l’égal d’une conclusion qui, inévitablement et inébranlablement, sort des prémisses. C’est la raison pour laquelle les péchés contre le Saint-Esprit n’obtiennent, en fait, jamais le pardon : ils représentent l’obstination définitive de l’âme dans la haine suprême contre le souverain amour.

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  • Vendredi des quatre temps de Pentecôte

    Dans son livre sur la Messe, paru en allemand en 1877 et en français en 1901, l’abbé Nicolas Gihr (qui était chancelier du séminaire de Fribourg) écrit ceci à propos de l’encensement à l’offertoire :

    Cette cérémonie et les paroles dont elle est accompagnée se complètent et s'éclairent mutuellement ; elles sont une exposition symbolique et une continuation de l'offertoire. Ces cercles et ces signes de croix tracés par la fumée de l'encens forment une sorte d’atmosphère mystérieuse et sacrée qui sanctifie les éléments du sacrifice ; ces grains d'encens qui se consument sur le feu et montent au ciel comme une vapeur embaumée et agréable, semblent exprimer la demande que le pain et le vin ne tardent pas à être consumés par le feu de l'Esprit Saint pour faire place au corps et au sang du Sauveur. C'est une suite de l'invocation à l'Esprit Saint (1). Cette fumée qui entoure les dons offerts et les fidèles continue la prière faite précédemment, que le sacrifice eucharistique soit agréé pour notre salut et celui de tout le monde, pro nostra et totius mundi salute.

    Le (1) renvoie à une note qui donne le texte de la secrète de ce jour :

    « Sacrifícia, Dómine, tuis obláta conspéctibus, ignis ille divínus absúmat, qui discipulórum Christi, Fílii tui, per Spíritum Sanctum corda succéndit. Per eúndem Dóminum…

    Les sacrifices offerts en votre présence, Seigneur, que les consume ce feu divin qui embrasa les cœurs des disciples du Christ votre Fils par l’Esprit Saint.

    Le verbe absumo, qui veut dire « consumer » dans le sens de détruire, anéantir (sans lien a priori avec le feu), ne se trouve que deux fois dans la Bible latine de saint Jérôme, les deux fois dans le Lévitique, à quelques versets de distance (7,17 et 8,32), les deux fois dans le cadre d’un sacrifice, et les deux fois il s’agit de détruire par le feu ce qui reste d’un sacrifice. Dans notre oraison, il s’agit également de sacrifice - l’unique vrai sacrifice -, et aussi de feu - le feu du Saint-Esprit -, mais ce feu va détruire non pas ce qui reste du sacrifice, il va détruire le pain et le vin qui sont offerts pour les transmuter en chair et sang divins, comme le souligne l’abbé Gihr.

    On remarque aussi la précision de l’oraison : le feu, aussi spirituel et divin qu’il soit, n’est pas le Saint-Esprit, mais le mode d’action du Saint-Esprit.

    (Cela me fait penser au premier vers de la séquence de sainte Hildegarde que je citais hier - parce que dom Guéranger la cite en ce jour. Il y a une faute dans le texte cité par dom Guéranger : il écrit, parce qu’il l’a vu ainsi : « O Ignis Spiritus paraclite », ce qui veut dire « O Feu, Esprit paraclet ». Mais sainte Hildegarde a écrit : « O Ignis Spiritus paracliti » : « O Feu de l’Esprit paraclet ».)