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Homme de désirs

La lecture biblique de cette semaine, selon la liturgie, est le livre de Daniel.

Dans ce livre, Daniel est appelé trois fois, par l’ange Gabriel, par l’homme vêtu de lin, et par une « forme d’homme » : « vir desideriorum », selon la Vulgate : homme de désirs.

Osty traduit « homme de prédilection » et il dit en note : « c’est-à-dire particulièrement désiré, apprécié, cher : il s’agit de la prédilection divine. La traduction de la Vulgate “vir desideriorum”, entendu au sens d’homme qui n’a de désirs que pour Dieu, est un exemple de ces contresens dont on regretterait qu’ils n’eussent pas été faits. »

On remarque l’arrogance habituelle du traducteur moderne, accompagnée ici d’un sourire de commisération vis-à-vis de celui qui a compris à l’envers mais a fait de son erreur une bien jolie expression…

Ce pauvre saint Jérôme, une fois de plus, n’a pas compris. Mais Osty oublie d’aller voir ce que dit le texte grec. En l’occurrence ce n’est pas celui qui avait été ajouté à la Septante, mais celui qui le supplanta dès sa parution, que l’on doit à Théodotion : c’est celui des Eglises byzantines. Théodotion (IIe siècle) était réputé pour l’exactitude de ses traductions. Or Théodotion traduit : ἀνὴρ ἐπιθυμιῶν. C’est-à-dire très précisément « homme de désirs », sans aucune possibilité de traduire autrement en français.

On ne s’étonnera pas que la traduction de l’infaillible Osty vienne de la Bible… du rabbinat, et non de la Bible de Jérusalem comme il le dit. Car la Bible de Jérusalem, comme la TOB, gardent le pluriel hébraïque : « homme de prédilections ». Les autres traductions s’éloignent encore davantage, les protestantes disant le plus souvent « homme bien aimé » ou « aimé de Dieu », cette dernière étant aussi celle de la Bible de la liturgie (« catholique »).

Il ne leur vient pas à l’idée que l’expression « homme de désirs » peut être réversible : indiquer à la fois le désir que Daniel a de Dieu, et le désir que Dieu a de Daniel. Ce qui est conforme au « style » biblique.

Commentaires

  • Cela me fait penser à la traduction du Gloria "pax hominibus bonae voluntatis" devenu pour les modernes "paix aux hommes que Dieu aime".
    Les premiers, ceux qui veulent faire la Volonté de Dieu, de bonne volonté, car seul Dieu est bon.
    Dieu aime tous les hommes, ce n'est pas sûr qu'Il souhaite la paix à ses ennemis, qu'Il aime pourtant.

  • Vous avez un commentaire sur cette question dans l'Enfance de Jésus de Benoît XVI

  • D'OU le DANGER EXTREME de confier les traductions aux " conférences " diverses et vernaculaires !!!!!

    J'ai posé la question à Jérusalem à l'un des Dominicains de l'EBJ, au sujet des bibles diverses et variées. La réponse fut cinglante : " Brûlez, les toutes " ........... C'est donc ce que nous avons fait et acheter ce qui se fait de plus sur en la matière :

    Avec mention ; " Seule approuvée par le Saint-Siège " .....

    http://www.seldelaterre.fr/A-120342-la-sainte-bible-selon-la-vulgate.aspx

    ou ; http://www.chire.fr/A-120342-la-sainte-bible-selon-la-vulgate.aspx

  • C'est comme cette fumeuse traduction hérétique au coeur même du Pater : " .../... ne nous SOUMET pas " !!

    Inducas - n'a jamais été une traduction - soumet.

    Diantre le traducteur est-il, non point protestant, mais plus encore islamo-musulman ?
    Pour faire rabâcher, aux imprudents, depuis 50ans, une dénaturation si évidente ?

    L'auteur qui se reconnaitra, nous le remercions d'ailleurs ici, à parfaitement résumé la situation :

    Je cite : " Pour le coup on a ici un hébraïsme, et un vrai. Et les hébraïsants sont ici précieux. Ils nous expliquent que le verbe grec traduit un verbe araméen à la forme causative. Or le causatif peut avoir un sens factitif fort, faire, faire faire, et un sens permissif, laisser faire, permettre de faire. Ce qui est le cas ici, comme en plusieurs endroits de la Septante. Par exemple dans le psaume 140 qui dit littéralement, de façon très proche de la demande du Pater : N’incline pas mon cœur vers les paroles mauvaises. Le sens est : Ne laisse pas mon cœur s’incliner vers les paroles mauvaises. Du moins si l’on tient à traduire pirasmone par tentation. En fait ce mot veut dire d’abord épreuve. Le psaume 25 dit à Dieu : Tenta me, ce qui ne se traduit pas par « Tente-moi », bien sûr, mais par « Mets-moi à l’épreuve ». Sans m’y laisser succomber…".

    Et.......... pour autant nous ne voyons aucune mise en application de la correction, pourtant officiellement parue en Novembre 2014 !!! Les hérésies semblent plus respectées que l'orthodoxie des textes !!!

  • Cher J.E.F.F., moi aussi je dis toujours en français : « Et ne nous laissez point succomber à la tentation » (traduction traditionnelle) et j’admire le travail du Père Carmignac. Cependant, je ne comprends pas pourquoi tout ce remue-ménage autour des mots "ne nous soumettez pas à la tentation". Il faut toujours faire l'interprétation bénigne (chercher le sens compatible avec la foi, quitte à trouver des ellipses ou des restrictions mentales); certainement, cette traduction est choquante pour la plupart des gens (et elle fut peut-être introduite avec de mauvaises intentions), et on ferait mieux de revenir aux traductions anciennes. Mais elle n'est ni calviniste ni janséniste. Elle utilise un ton biblique, c'est tout. Le texte grec original est aussi dangereux si on le comprend mal, de même que les traductions latines, flamandes, arabes (je suis melkite), etc., pourtant très anciennes, qui disent toutes « ne nous introduisez/conduisez pas dans la tentation » (en arabe, « dans les tentations »).
    En un sens, quand nous consentons au péché, le bon DIEU nous soumet à la tentation, puisqu'il nous refuse la grâce efficace que nous avons librement rejetée. Si l'on refuse ce genre d'expressions par ellipse, il faudrait rejeter ces phrases de la Bible: "Le Seigneur endurcit le cœur de Pharaon" (Exode), "Il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut" (S. Paul aux Romains), "il les a livrés selon les convoitises de leur cœur à une impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps" (ibidem); « Seigneur,… N’inclinez pas mon cœur vers les paroles mauvaises » (Psaume 141/140, v.4) ; Jacob a lutté contre un ange saint et a "vaincu DIEU" (Genèse), image du peuple juif crucifiant le Christ d'après Louis de Grenade (https://books.google.de/books?id=qWKyAAAAMAAJ p.171), image aussi de la lutte spirituelle, où l'on combat ce que le Seigneur permet que nous subissions.

    C'est facile de dire que "le Seigneur ne nous tente pas lui-même", mais si nous sommes tentés par autre chose (le démon, le monde et la chair), ce n'est pas sans sa volonté, qui permet expressément que nous soyons tentés. Pour prendre un exemple terrestre: Si un roi absolu ne tue pas lui-même des innocents, mais tolère (sans le désirer) que d'autres (ses soldats rebelles) le fassent, on dira "il n'a pas tué lui-même", mais on peut aussi dire "il a laissé tuer"; les sujets imploreront le roi: "ne nous laisse pas être tués" ou bien, par ellipse, "ne nous tue pas" (pour "garde-nous en vie"). Remplacez dans l'exemple "tuer" par "soumettre à la tentation", et tout est plus clair.

  • @hage
    il n'en reste pas moins que la traduction française actuelle est abominable : le malheureux fidèle de base ne connait pas les raisonnements savants ou subtils qui peuvent l'expliquer, et c'est bien de lui qu'il s'agit, et le texte l'incite forcément à une réflexion fausse

  • À la fois?

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