Le cardinal André Vingt-Trois aurait envoyé une lettre aux évêques, semble-t-il, au titre, semble-t-il, de président de la CEF, pour leur proposer une prière nationale pour le 15 août. Tous ces conditionnels étant de mise puisque le texte, sans précision, sans indication de source, a été publié, pour l’heure, par le seul blog L’Evangile de la vie, et repris tel quel sur Le Salon Beige.
Voici le texte de la lettre :
« Compte tenu de la situation et des probables projets législatifs du gouvernement sur la famille, il me semble opportun de donner un signe national à l’occasion du 15 août qui rassemble des foules de catholiques à travers le pays. C’est pourquoi je vous propose une formule de prière des fidèles à utiliser lors des célébrations du 15 août 2012. L’unité de la formule devrait faire signe et on peut espérer que certains de nos fidèles seront sensibilisés, même parmi des parlementaires... Je vous serais donc reconnaissant de bien vouloir transmettre cette proposition à vos curés et de leur demander de l’utiliser en insistant sur l’impact d’une formule unique à l’échelon national. »
Ce texte attire agréablement l’attention. D’abord parce qu’on perçoit une protestation contre les projets socialistes de mariage de paires et d’euthanasie, ensuite parce qu’il y a quelque chose de « national » pour le 15 août, alors que les évêques ont si longtemps gommé le fait que la Sainte Vierge est la sainte patronne de la France au titre de son Assomption, et que le 15 août est par conséquent la fête nationale de la Fille aînée de l’Eglise.
Le choc est rude lorsqu’on lit la prière annoncée (et publiée par la CEF avec une introduction de Mgr Podvin). La première intention évoque… la crise économique. Sans la moindre allusion à la famille. La deuxième intention en appelle au « sens du bien commun » des gouvernants, pour qu’il « l’emporte sur les requêtes particulières ». Sic. On est censé comprendre : le droit au mariage homosexuel. La troisième intention concerne l’attente légitime des familles d’un soutien de la société. La quatrième parle des enfants et des jeunes que nous devons aider à trouver le chemin du bonheur et qui doivent pouvoir bénéficier de l’amour « d’un père et d’une mère ». On est censé y voir un refus du mariage des paires… Quant à la prière, elle dit ceci : « Par l'intercession de Notre-Dame, accorde-nous le courage de faire les choix nécessaires à une meilleure qualité de vie pour tous et à l'épanouissement de notre jeunesse grâce à des familles fortes et fidèles. »
On ne voit vraiment pas en quoi cela pourrait sensibiliser les fidèles, et encore moins évidemment, les parlementaires. Ou « conscientiser l'opinion au-delà de la sphère pratiquante habituelle », comme dit Mgr Podvin dans une formule au doux parfum marxiste. Le ton patelin et l’indigence du propos le réservent strictement aux sacristies, ou à ce qu’il en reste.