Lundi, le ministre libanais de l’Energie a annoncé que le consortium international auquel ont été attribuées les licences d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore pour le bloc 4 et le bloc 9 de la zone économique exclusive (ZEE) libanaise a déposé les accords signés pour l’exploration et la production de pétrole, et que la cérémonie officielle aura lieu le 9 février sous le patronage du président de la République Michel Aoun. (Le consortium réunit les sociétés française Total, italienne Eni, russe Novatek, sous la direction de Total qui avait repéré les gisements en 2004. L’est de la Méditerranée, entre le Sinaï et la Syrie, recélerait les plus grandes réserves de gaz du monde ; la partie libanaise couvre 22.000 km2 sur 83.000.)
Mercredi, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a violemment réagi :
« Lorsqu'ils attribuent l'exploitation d'un champ gazier, notamment le bloc 9, qui, selon tous les normes, nous appartient, il s'agit d'un comportement très très provocateur. »
On peut constater sur la carte ci-dessus la pertinence du propos. Quand Lieberman parle de « toutes les normes », il faut entendre : à l’exclusion des normes internationales et des frontières reconnues par l’ONU…
Michel Aoun a aussitôt répliqué : « Les propos de Lieberman sur le bloc 9 constituent une menace pour le Liban et son droit d'exercer sa souveraineté sur ses eaux territoriales. » Le Premier ministre Saad Hariri, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l’Energie et le président du Parlement Nabih Berry ont argumenté dans le même sens. Bien entendu le Hezbollah se déchaîne contre des propos qui entrent « dans le cadre de la politique d'agression contre le Liban » et se dit « prêt à riposter ».
Puis Avigdor Lieberman a mis de l’huile sur le feu en parlant ouvertement d’une éventuelle nouvelle guerre au Liban :
« Toutes les options sont sur la table. Nous devons nous préparer à d'éventuels mouvements sur le sol, même si au final nous pourrions ne pas avoir recours à cela. Mais si c'est le cas, nous le ferons avec toute notre force, nous irons de l'avant aussi rapidement que possible. Nous ne verrons pas des images comme celles provenant de la “deuxième guerre du Liban” (juillet 2006) dans lesquelles on voit des habitants de Beyrouth à la plage, alors que les résidents de Tel Aviv se trouvaient dans des abris. Si en Israël les habitants doivent s'abriter, alors lors du prochain conflit, tous les habitants de Beyrouth devront s'abriter aussi. »
Le fantasme des habitants de Beyrouth à la plage quand ceux de Tel Aviv sont aux abris n’a fait que décupler la colère des Libanais.
Hier, Michel Aoun a dit, faisant allusion aux menaces israéliennes et à la démarche du ministre des Affaires étrangères libanais à l’ONU en date du 18 janvier :
« Le Liban a agi sur le plan diplomatique contre ces allégations israéliennes et souligné son droit à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale par tous les moyens disponibles. Nous devons être vigilants face à ce que trame l’ennemi israélien contre le Liban, d’autant que certains dans le pays et à l’étranger œuvrent à créer un climat propice aux menaces israéliennes d’agression contre le Liban et son droit à exploiter ses ressources d’hydrocarbures offshore. »