Arte va consacrer le 12 juin une soirée au « populisme » en Europe. En première partie, une « enquête » intitulée La machine populiste. En réalité, c’est évidemment Arte qui fabrique et lance une nouvelle machine de guerre contre ce que la chaîne des intellos appelle le « populisme », qui est une horreur : c’est le nationalisme, la xénophobie, l’extrême droite, etc., qui a en « fil rouge » la désignation d’un ennemi intérieur. Sic.
Et les Français sont bien placés pour le savoir, puisque si les précurseurs du populisme sont apparus dans les années 70 au Danemark et en Norvège, nous dit-on, c’est l’émergence du Front national en 1983 à Dreux qui a donné son impulsion au mouvement. « Dès lors, explique le réalisateur, le FN s’est imposé sur l’échiquier politique français, il a servi de locomotive aux populistes d’Europe, servant de modèle de stratégie d’intégration aux instances démocratiques. L’extrême droite était jusque là mise à l’écart, constituée de groupuscules de type factieux et antiparlementaires. L’influence de M. Le Pen, élu député européen en 1985, a normalisé sa présence au sein du système démocratique européen. » Alors le populisme est devenu contagieux, les thématiques du Front national se sont répandues comme des cellules cancéreuses dans les autres partis, de droite comme de gauche. Résultat : « Le FN a gagné sur le terrain idéologique, et les thèmes populistes ont triomphé en Europe. »
Il est quelque peu exagéré de dire, hélas, que les thèmes populistes ont « triomphé en Europe », même si en France en effet c’est le cas avec l’élection de Nicolas Sarkozy.
On goûtera toutefois de voir un adversaire résolu du populisme en arriver globalement à la même conclusion que ceux qu’il dénonce. Mais c’est bien sûr pour en appeler au combat contre cette hydre effroyable.
En deuxième partie, Arte se penche plus particulièrement sur... la Pologne, bien sûr, qui est en permanence dans la ligne de mire de la pensée unique. Sous le titre Citizens K.
K comme Kaczynski... et comme Kolossale finesse d’Arte.
L’un des auteurs de ce « documentaire » explique que les frères Kaczynski « c’est un autre genre de populisme qu’on ne peut pas mélanger à l’extrême droite ». En bref, ce sont des « démocrates paranoïaques ». Comme on le voit, le documentaire est objectif, et les réalisateurs le soulignent eux-mêmes : ils interrogent seulement des gens qui font partie de la galaxie Kaczynski : « Nous n’avons pas voulu exprimer nos opinions mais plutôt amener le téléspectateur à se faire sa propre idée. » Kolossale finesse, là encore. Chacun sait qu’un savant montage de propos de proches d’une personnalité politique peut être beaucoup plus efficace pour le détruire qu’un reportage donnant la parole à un panel diversifié. Avec cet avantage qu’on fait croire en effet au téléspectateur qu’il se fait sa propre idée, alors que c’est de cette façon qu’il est le plus manipulé.
La journaliste de l’AFP qui présente longuement ces émissions ajoute le coup de pied de l’âne, à propos des frères Kaczynski : « On apprend notamment qu’ils avaient joué à l’âge de 11 ans, dans un film à succès, le rôle de deux enfants méchants... »
Or on n’apprend rien du tout. Dès l’élection de Lech Kaczynski à la présidence de la République, la presse avait rappelé que les deux frères avaient été les héros du film pour enfants Sur ces deux-là qui ont volé la lune (dont le succès ne s’est jamais démenti en Pologne). Il s’agit d’une fable gentillette où deux bambins au visage angélique volent la lune et essayent de la vendre... Ils n’étaient pas plus « méchants » dans ce film qu’ils ne le sont devenus aujourd’hui qu’ils cherchent non pas à décrocher la lune mais à sauver leur pays de la pieuvre euromondialiste, ce qui est au moins aussi difficile.