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Le blog d'Yves Daoudal - Page 26

  • Un petit tour en Biélorussie

    La divine liturgie retransmise aujourd’hui par TV Soyouz était celle qui a été célébrée à Maryina Gorka, en Biélorussie, ce jour étant celui de la fête de l’icône de la Mère de Dieu de Maryina Gorka. C’est l’une de ces nombreuses histoires d’icône qui illustrent toutes les régions du monde russe.

    On raconte qu’au début du XIXe un paysan nommé Isidore était très gravement malade. Il vit en songe une belle dame qui venait le guérir. Une fois rétabli, il peignit une icône de la Dame, et il construisit une modeste chapelle pour y mettre son icône. En 1812 la chapelle fut incendiée par les soldats de Napoléon, mais l’icône resta intacte. A l’époque soviétique elle trouva refuge dans l’église de Blon (le village voisin). Peu à peu on oublia son histoire. Au début des années 60, un étudiant du collège agricole et technique de Maryina Gorka, Igor, se rendait secrètement à l’église de Blon et priait devant l’icône. En 2004, alors qu’il était devenu évêque de Pinsk sous le nom d’Etienne, l’ancien étudiant avait été invité à l’anniversaire du collège. Il retourna à l’église de Blon et retrouva l’icône, dont il avait aussi retrouvé l’histoire. Et il fit construire une église, où elle fut transférée en 2010. Et l’église est devenue cocathédrale. C’est l’évêque Ambroise de Borissov et Maryina Gorka qui présidait la liturgie de ce jour, en compagnie d’autres évêques et de nombreux prêtres et diacres. (Avec un mégalynaire - l'hymne à la Vierge après la consécration - particulièrement festif, à 1h38.)

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  • De la férie

    Dans le martyrologe de ce jour on lit notamment :

    A Madaure, en Afrique, saint Namphamon martyr, et ses compagnons, qu'il encouragea au combat et conduisit au triomphe.

    Madaure est aujourd’hui Mdaourouche, et il n’y a plus que quelques ruines. A l’époque de saint Augustin c’était une ville, où vivait notamment un philosophe païen du nom de Maxime. Dans une lettre à saint Augustin (XVI), il expliquait :

    Quand la Grèce nous conte que le mont Olympe est la demeure des dieux, on n'est pas obligé de l'en croire. Mais nous voyons et nous croyons que la place publique de notre ville est habitée par des divinités bienfaisantes. Qui serait assez insensé, assez dépourvu d'esprit pour nier l'existence d'un Dieu unique, d'un Dieu sans commencement et sans lignée, père puissant et magnifique de tous ? Nous adorons sous des noms différents ses perfections répandues dans le monde qui est son ouvrage, car son nom véritable nous est inconnu, à tous tant que nous sommes ; car Dieu est un nom commun à toutes les religions; et tandis que la diversité de nos prières s'adresse en quelque sorte à chacun de ses membres en particulier, il semble que notre adoration le comprend tout entier.

    Mais je ne vous cacherai pas qu’il est de grandes erreurs que je ne saurais supporter. Comment tolérer qu'on préfère un Mygdon à Jupiter qui lance le tonnerre, une Sanaë à Junon, à Minerve, à Vénus, à Vesta, et l'Archimartyr Namphamon (ô crime !) à tous les dieux immortels ? Parmi ces nouveaux et étranges personnages, Lucitas n'est pas en petit bonheur. Que d'autres dont on ne pourrait pas dire le nombre, et qui, portant des noms en horreur aux dieux et aux hommes, chargés de crimes et voulant en ajouter encore sur leurs têtes, ont trouvé une mort digne de leur vie avec les apparences d'une mort glorieuse ! Des fous, si tant est qu'on daigne le rappeler, visitent leurs tombeaux, en délaissant les temples, en négligeant les mânes de leurs ancêtres : ainsi s'accomplit le vers prophétique du poète indigné : « Rome, invoquant Dieu dans ses temples, a juré par des ombres. » Et quant à moi, il me semble retrouver cette bataille d'Actium où les monstres d'Égypte osaient lancer contre les dieux des Romains des traits peu redoutables. (…)

    Saint Augustin lui répondit (lettre XVII) :

    Faisons-nous quelque chose de sérieux ou bien voulons-nous nous amuser ? Votre lettre, soit par la faiblesse même de la cause qu'elle soutient, soit par les habitudes d'un esprit enclin au badinage, me fait douter si vous avez voulu rire ou chercher sincèrement la vérité. Vous avez commencé par comparer le mont Olympe à votre place publique, je ne sais pourquoi, à moins que ce ne soit pour me rappeler que Jupiter établit jadis son camp sur cette montagne, quand il était en guerre avec son père, comme l'enseigne cette histoire que les vôtres même appellent une histoire sacrée ; et pour me rappeler aussi qu'il y a sur votre place publique deux statues, l'une de Mars, tout nu, l'autre de Mars armé, dont le génie, ennemi des citoyens, est conjuré par une statue d'homme qui avance trois doigts vers les deux funestes images. Croirai-je jamais que vous m'ayez fait ressouvenir de cette place et de pareilles divinités autrement que pour vous moquer ? Quant à ce que vous dites de ces divinités qui seraient comme les membres d'un seul grand dieu, je vous avertis, puisque vous le permettez, qu'il faut se garder de ces plaisanteries sacrilèges. Ce Dieu unique sur lequel les savants et les ignorants s'accordent, comme l'ont dit les anciens, aura-t-il pour membres des divinités dont l'image d'un homme mort arrête la férocité, ou, si vous aimez mieux, la puissance ? Je pourrais dire ici bien des choses ; vous voyez vous-même combien cet endroit de votre lettre prête au blâme ; mais je me retiens, de peur d'avoir l'air de donner plus à la rhétorique qu'à la vérité.

    Et ces gracieuses railleries adressées à notre religion, à l'occasion de certains noms puniques portés par des hommes qui maintenant sont morts, dois-je les relever ou les passer sous silence ? Si ces choses paraissent à votre gravité aussi légères qu'elles le sont, je n'ai pas assez de loisir pour en rire avec vous. Si, au contraire, elles vous semblent sérieuses, je m'étonne que, occupé comme vous l'êtes de la bizarrerie des noms, vous n'ayez pas songé que vous avez des Eucaddires parmi vos prêtres, et des Abbadires parmi vos divinités. Vous y songiez certainement quand vous m'avez écrit, et vous avez voulu me le remettre en mémoire avec l'aimable enjouement de votre esprit, afin de donner quelque relâche à la pensée en l'égayant aux dépens de tout ce qu'il y a de risible dans votre superstition. Vous avez pu vous oublier vous-même jusqu'à attaquer les noms puniques, vous, homme d'Afrique écrivant à des Africains, et lorsque l'un et l'autre nous sommes en Afrique. Si on recherche le sens de ces noms, on trouvera que Namphamon signifie un homme qui vient d'un bon pied, c'est-à-dire dont la venue apporte quelque chose d'heureux : c'est ainsi que nous avons coutume de dire en latin qu'un homme est entré d'un pied favorable lorsque son entrée a été suivie de quelque bonheur. Si vous condamnez le punique, il faut nier ce qui est dit par de très-savants hommes, que les livres puniques renferment beaucoup de bonnes choses dont on se souvient ; il faut regretter d'être né ici au berceau de cette langue. S'il n'est pas raisonnable que le son du mot nous déplaise et si vous reconnaissez que j'en ai bien marqué le sens, fâchez-vous contre votre Virgile qui invite en ces termes votre Hercule au sacrifice offert par Evandre : « Sois-nous propice, viens avec nous et vers tes autels d'un pied favorable. »

    Il souhaite qu'Hercule vienne d'un pied favorable, comme Namphamon, au sujet duquel vous croyez devoir nous insulter. Pourtant, si vous aimez à rire, vous avez chez vous ample matière de facétie: le dieu Sterculius, la déesse Cloacine, la Vénus chauve, la déesse de la peur, la déesse de la pâleur, la déesse de la fièvre et une foule d'autres de cette sorte que les anciens Romains ont honorés par des temples et des sacrifices ; si vous ne les tenez pas tous en estime, vous manquez aux dieux de Rome ; vous passerez pour n'être pas initié aux mystères des Romains, et cependant vous méprisez et vous dédaignez les noms puniques, comme si vous étiez dévoué aux autels des divinités romaines. (…)

  • Ubukraine

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  • Les sanctions, ça marche…

    Dans le classement des revenus nationaux effectué par la Banque mondiale, la Russie est passée le 1er juillet de la catégorie « moyenne supérieure » à la catégorie « élevée ».

    « L’activité économique en Russie a été influencée par une forte augmentation de l’activité liée à l’armée en 2023. Tandis que la croissance a également été stimulée par un rebond du commerce (+ 6,8 %), du secteur financier (+ 8,7 %) et de la construction (+ 6,6 %). Ces facteurs ont conduit à une augmentation du PIB réel (3,6 %) et nominal (10,9 %), et le RNB par habitant a augmenté de 11,2 %. »

    Pour être considéré comme à revenu élevé, un pays doit avoir un RNB (revenu national brut) par habitant supérieur à 14.005 dollars.

  • Au Pakistan

    A la suite d’accusations de profanation du Coran, des émeutes avaient éclaté à Jaranwala (Penjab pakistanais), en août 2023. Des dizaines de maisons de chrétiens et quelque 26 églises avaient été incendiées. Sur le moment il y eut 304 arrestations, mais seulement 22 plaintes enregistrées, et 18 inculpations. Et pour finir, aucune condamnation.

    En revanche, le jeune chrétien Ehsan Shan a été condamné, le 1er juillet dernier, à la peine de mort, comme véritable responsable des émeutes. Il est pourtant établi qu’il n’est pas l’auteur de la profanation, mais il l’a relayée sur les réseaux sociaux, et il est donc à l’origine de la réaction des musulmans…

    On notera cette originalité que si le jeune homme est condamné à mort pour blasphème, il est aussi condamné pour les émeutes à 22 ans de prison et à une amende d’un million de roupies. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle, parce que les condamnations à mort pour blasphème finissent généralement par un non-lieu en appel. Mais pas forcément les 22 ans de prison…

  • La messe de Stonewall

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    C’était le 27 juin, dans le haut-lieu LGBT de Stonewall, à New York (près des fameuses statues d’un couple d’homme et d’un couple de femmes grandeur nature). L’officiant est le père Eric Andrews, président des Pères paulistes de 2014 à 2022, toujours pasteur de l’église mère des paulistes à New York.

    Il célèbre sur un autel formé de trois caisses en plastique, orné d’une étole LGBT et avec le drapeau LGBT comme antependium.

    L'année dernière, l'église Saint-Paul avait accueilli une exposition blasphématoire intitulée "Dieu est trans : Un voyage spirituel queer". A la suite des réactions, l'archidiocèse avait demandé que soit supprimée la mention "Dieu est trans"...

  • L’exposition satanique arrêtée

    Riposte catholique avait alerté sur une exposition satanique dans l’église de Saint-Aubin Epinay, dans le diocèse de Rouen.

    Les réactions ont été si vives que le diocèse a décidé d’arrêter l’exposition.

    Le communiqué est surréaliste : on veut nous faire croire que « le père Adrien Kanengele, curé de la paroisse, a découvert son contenu scandaleux après le vernissage ». Ben voyons : ce n’est pas parce qu’on est le curé qu’on va aller voir ce qui se passe dans l’église, hein…

    Mais ce qu’on doit reprocher à ce communiqué, c’est surtout qu’il évite soigneusement de qualifier l’exposition de diabolique ou de satanique, alors qu’elle l’est explicitement, et qu’elle vise très explicitement le christianisme en mettant une sculpture satanique devant l’autel et une autre… dans le bénitier.

    Selon le diocèse, l’exposition « met en scène la mort et des animaux fantasmagoriques dans le lieu qui pour les Chrétiens célèbre le Dieu vivant, Jésus Christ ».

    Le diocèse de Rouen ne veut pas vexer Satan…

  • Thank you, Sir

    Le Times a publié une pétition signée par diverses personnalités britanniques demandant à Rome de ne pas interdire la messe traditionnelle.

    Un coup d’œil à la liste des signataires montre que les musiciens classiques (tous prestigieux) sont prépondérants. Si l’on y ajoute que la pétition s’accompagne d’un article de Sir James MacMillan qui lui ressemble beaucoup, il paraît clair que l’on doit cette initiative à celui qui est le plus grand compositeur britannique actuel.

    Voici le texte de la pétition et ses signataires. En dehors des musiciens, on remarque la présence de Sir Nicholas Coleridge, ancien président du Victoria and Albert Museum et prochain recteur de l’Eton College, Lord Stirrup, maréchal de la Royal Air Force et ancien chef d'état-major de la Défense, Michael Gove, ancien ministre et membre actuel du Conseil privé du roi, Rory Stewart, ancien diplomate, ancien précepteur de l'actuel prince de Galles et actuel membre du Conseil privé du roi, la princesse Michael de Kent, l’historien Tom Holland, ou… l’ex-femme de Mick Jagger.

    Le 6 juillet 1971, le Times a publié un appel au pape Paul VI en faveur de la messe en latin, signé par des artistes et des écrivains catholiques et non catholiques, dont Agatha Christie, Graham Greene et Yehudi Menuhin. Cette lettre est connue sous le nom de "lettre Agatha Christie", car c'est son nom qui aurait incité le pape à délivrer un indult, ou autorisation, pour la célébration de la messe en latin en Angleterre et au Pays de Galles. La lettre affirmait que "le rite en question, dans son magnifique texte latin, a également inspiré des réalisations inestimables... de poètes, de philosophes, de musiciens, d'architectes, de peintres et de sculpteurs dans tous les pays et à toutes les époques. Il appartient donc à la culture universelle".

    Récemment, des informations inquiétantes en provenance de Rome ont annoncé que la messe en latin allait être bannie de presque toutes les églises catholiques. C'est une perspective douloureuse et déroutante, en particulier pour le nombre croissant de jeunes catholiques dont la foi a été nourrie par cette messe. La liturgie traditionnelle est une "cathédrale" de textes et de gestes, qui s'est développée comme ces vénérables édifices au fil des siècles. Tout le monde n'apprécie pas sa valeur et c'est très bien ainsi ; mais la détruire semble être un acte inutile et insensible dans un monde où l'histoire peut trop facilement se perdre dans l'oubli.

    La capacité de l'ancien rite à encourager le silence et la contemplation est un trésor qu'il n'est pas facile de reproduire et qui, une fois disparu, est impossible à reconstruire. Cet appel, comme le précédent, est "entièrement œcuménique et apolitique". Les signataires comprennent des catholiques et des non-catholiques, des croyants et des non-croyants. Nous implorons le Saint-Siège de reconsidérer toute nouvelle restriction d'accès à ce magnifique patrimoine spirituel et culturel.

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    Le texte de l’article de James MacMillan est réservé aux abonnés. Il commence ainsi :

    Il existe peu d'expériences plus poignantes que d'assister à la messe latine traditionnelle - une célébration religieuse dont le mélange de solennité et d'intimité laisse une impression profonde sur les non-catholiques comme sur les catholiques.

    Il poursuit en rappelant l’influence de cette liturgie sur l’art occidental, puis raconte l’épisode de l’« Indult Agatha Christie », puis l’initiative de Benoît XVI.

    En 2021, cependant, Rome a effectivement banni la messe latine traditionnelle de la vie paroissiale. Cette décision a été un coup dur pour les catholiques de la génération Z qui ont trouvé leur foyer spirituel dans l'ancienne liturgie. Ils sont déconcertés par la nouvelle hostilité à laquelle ils sont confrontés - mais il semble maintenant que le pire soit à venir. Selon certaines sources, le Vatican envisage d'interdire presque totalement la "messe des temps anciens", comme on l'appelle.

    Le fait que des fonctionnaires du Vatican se livrent à cet autoritarisme mesquin et philistin à l'encontre de leurs propres coreligionnaires est choquant pour un public non catholique. (…)

    De son côté, La Croix a publié un bref article citant des sources vaticanes selon lesquelles ce sont des « rumeurs infondées », du « bavardage », des « fantaisies ». La rumeur aurait également été démentie par Andrea Grillo, le fanatique gourou laïque de la néo-liturgie.

    Ou bien la rumeur était effectivement infondée, ce qui paraît difficile à croire. Ou bien c’était un ballon d’essai pour voir la réaction, mais c’est encore moins crédible, puisque les réactions ne pouvaient être que celles que l’on a vues. Ou bien il y a des tensions au Vatican entre ceux qui veulent en finir une fois pour toutes et ceux qui craignent un désastre. Ou bien l’oukase va tomber comme prévu.

    On verra bien…

    En attendant, merci à Sir James MacMillan, membre du comité de parrainage de la Latin Mass Society, mais lui-même pratiquant du nouveau rite dans le couvent dominicain où il est tertiaire ainsi que sa femme.

    (NB. En anglais, l'expression "latin mass" désigne la messe traditionnelle.)

  • Saint Irénée

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    Le Christ était auprès du Père, car il est la Parole du Père. Il devait se faire chair, se faire homme, supporter d'entrer dans l'histoire humaine, naître d'une Vierge et vivre avec les êtres humains. C'est le Père de toutes choses qui agira pour que le Fils devienne un homme. Tout cela, Isaïe l'a dit avec ces mots : C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici que la Vierge sera enceinte et elle mettra au monde un fils, et vous l'appellerez Emmanuel. Il mangera du beurre et du miel. Il ne connaîtra ni le bien ni le mal et déjà il choisira le bien. Car, avant que l'enfant ne connaisse le bien ou le mal, il repoussera le mal et choisira le bien (Isaïe 7, 14-16).

    Par là, le prophète fait connaître que le Christ naîtra de la Vierge. Il annonce qu'il sera vraiment homme. En effet, il dit qu'il mangera, qu'il sera un enfant et que même un nom lui sera donné. C'est la coutume de donner un nom à quelqu'un qui vient d'être mis au monde. Or, il aura deux noms : Messie, c'est-à-dire Christ, et Jésus, c'est-à-dire Sauveur. Ces deux noms signifient ce que le Seigneur sera et fera. D'une part, en effet, l'enfant est appelé Christ parce que, par lui, le Père a consacré et rendu belles toutes choses. C'est aussi parce que, lors de sa venue comme homme, il a été consacré par l'Esprit de Dieu son Père. Cela, il le dit lui-même à son sujet par la bouche d'Isaïe : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a consacré pour porter la bonne nouvelle aux pauvres (Isaïe 51, 1; Luc 4, 18). D'autre part, il est appelé Sauveur pour deux raisons : il a été cause de salut pour ceux qui, en son temps, ont été sauvés par lui de toutes sortes de maladies et de la mort. Et aussi il donnera le salut à venir et sans fin à ceux qui, par la suite, croiront en lui.

    Voilà pourquoi il est Sauveur. Quant au nom d'Emmanuel, il se traduit Dieu avec nous. Mais on peut y voir aussi un souhait exprimé par le prophète : Que Dieu soit avec vous. Ce nom est l'explication de la bonne nouvelle. En effet, il est dit : La Vierge sera enceinte et mettra au monde un Fils. Oui, celui qui est Dieu est destiné à être avec nous. Le prophète est plein d'étonnement devant cette chose, et il annonce ce qui va arriver, c'est-à-dire que Dieu sera avec nous. Le même prophète dit encore au sujet de la naissance du Fils de Dieu, à un autre endroit : Avant que celle qui est dans les douleurs ne mette au monde son enfant, un fils s'est échappé de son ventre (Isaïe 66, 7). Le Prophète annonce par là sa naissance inattendue du ventre d'une Vierge.

    Exposé de la prédication des apôtres, 53-54

  • La prison ukrainienne

    L’archiprêtre Serguei Tchertiline est l’un des trois journalistes (et les seul prêtre) de l’Union des journalistes orthodoxes ukrainiens arrêtés il y a trois mois et depuis lors en préventive. Il témoigne de sa captivité :

    Pour un chrétien orthodoxe, vivre une vie ecclésiale est la norme : un coin prière, des prières régulières, l'assistance aux offices, les jeûnes, la préparation à la confession et à la communion. Mais imaginez que tout cela s'effondre du jour au lendemain et que vous vous retrouviez dans un endroit où les seuls meubles sont une couchette et une table de chevet, dans le meilleur des cas.

    Vous devez faire un choix : les icônes ou le nécessaire ? Où il faut apprendre à prier non pas dans le silence de sa chambre, mais entouré de 20-25 personnes qui vivent leur vie : qui dort, qui se réveille, qui mange, qui se dispute, qui fait du sport, qui regarde la télévision. C'est ainsi 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

    Dans un centre de détention provisoire, il n'est pas possible d'assister à des services religieux, même s'il y a une chapelle. Les règles l'interdisent à ceux qui ne sont pas condamnés. Inviter un prêtre pour se confesser et recevoir la communion est également une tâche difficile.

    J’ai vu des prêtres deux fois, et il se peut qu'il s'agisse de grecs-catholiques. Il est difficile d'évaluer leur travail et leur influence sur la vie spirituelle des prisonniers. Mais il faut en convenir, venir dans la cellule pour asperger d'eau et s'enfuir sans aucun désir d'établir un contact avec une personne ayant besoin de soins spirituels, c'est quand même nécessaire... Mais non, c’est non.

    Le jeûne et la lecture de littérature spirituelle présentent également des difficultés propres, qu'il est difficile de mesurer sans avoir vécu une telle situation. La lecture peut être le seul divertissement disponible.

    Certains diraient qu'un prêtre doit éclairer, enseigner et instruire dans la voie de la correction, comme l'a dit l'un des "locaux" : « apporter une lumière spirituelle ». Mais il s'agit là d'une vision idéalisée. La vie ici est soumise à d'autres règles, rythmes et intérêts. Et, malheureusement, c'est un endroit où les gens perdent leur individualité. Ici, on n'est pas directeur d'usine, ni prêtre, ni juge, ni député, mais simplement prisonnier.

    Avec le temps, on parvient à rendre petit à petit à sa vie ce qui était cher en liberté.

    D'abord, on réapprend à prier, pas devant des icônes, mais assis sur la couchette, ou dans le panier à salade, ou dans le box, et en répondant parallèlement aux questions de ses compagnons de cellule : « Pour qui, mon père, pries-tu ? »

    Puis la première icône vous parvient dans un paquet, que les détenus accrochent à l'endroit le plus visible pour que tout le monde puisse prier. Ensuite, vous consacrez votre « maison » et tout le monde prie avec vous.

    Ensuite, vous débarrassez le dessus de la table de chevet et vous installez un coin de prière. Au fil du temps, d'autres personnes se joignent à votre prière, qui devient la norme, et déjà vos voisins vous rappellent à 21h30 le moment de prier pour les prisonniers.

    Alors la nécessité du jeûne et la conscience de l'importance de la préparation à la confession et à la communion reviennent à la surface. J’ai la chance que mes avocats le P. Nikita et le P. Aristarque soient membres du clergé : le lieu de rencontre avec l'avocat se transforme en une mini-église, où la communication ne porte pas seulement sur des questions juridiques, mais est aussi un lieu de confession et de communion.

    Avec le recul, on se rend compte qu'il y a une vie spirituelle même dans de telles conditions. Oui, c'est différent, mais c'est indéniable.

    Je suis heureux de faire partie d'une Église qui garde ses traditions sacrées et qui ne cherche pas à plaire au monde, mais à plaire à Dieu !

    Le P. Tchertiline avait déjà raconté comment les accusés sont traités quand ils doivent assister à une audience :

    La convocation d'un suspect au tribunal peut arriver par surprise, sans qu'il ait assez de temps pour se préparer à la séance ou pour préparer de la nourriture. Ensuite, un grand nombre de personnes sont placées dans ce que l'on appelle des "box" - de petites cellules de 2x2,5m. Vient ensuite le convoi qui, après une fouille, place les prisonniers dans une petite cage dans un panier à salade et les emmène dans différents tribunaux.

    Au tribunal de Solomensky, vous êtes dans un endroit spécial où l'on se sent comme un chien en cage, dans un demi-mètre carré, où l'on peut seulement s'asseoir et se lever de toute sa hauteur, et c’est tout.

    L’attente de l’audience est une autre épreuve qui peut durer des heures, car ils peuvent vous amener au tribunal à 10 heures, et la séance commence à 16 heures.

    Et lorsque vous êtes amené déjà fatigué dans la salle d'audience, et que vous comprenez la nature honteuse du système judiciaire, où le juge n'écoute que la position de l'accusation, et où tous les arguments de la défense sont simplement ignorés, il devient clair que quoi que vous disiez, aux yeux du juge vous êtes coupable, parce qu'il y a un opportunisme politique et des ordres venant des hautes sphères.

    Le 6 juin, le procès a duré jusqu'à 22h00. Imaginez tout ce temps passé sur les bancs et dans l'aquarium. Et après l’audience, vous êtes renvoyé à la prison, placé dans le box habituel, où vous attendez que quelqu'un vous conduise à votre cellule…