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Le blog d'Yves Daoudal - Page 1300

  • Saint Jean

    La lecture du premier nocturne des matines est le début de la première épître de saint Jean. Cette épître est donc par excellence le texte biblique du jour. Et cela pour une raison précise : elle commence par un véritable hymne à l’incarnation. Et saint Jean est tellement ému d’évoquer ce mystère qu’il en bafouille. D’autre part, les mots qu’il utilise sont à examiner de près, car ils sont d’une particulière richesse :

    Ce qui était (ce qui fut, dit la Vulgate)

    depuis le commencement (dès le commencement ; le deuxième mot est le même que le deuxième mot de son évangile, arkhè, et fait donc allusion au Principe, même si on ne peut pas vraiment traduire « dès le principe » - et c’est pourquoi la Vulgate, ne voulant pas confondre l’imparfait de « ce qui était » avec l’imparfait d’éternité des premiers mots de l’évangile, choisit le prétérite)

    ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux (les verbes sont au parfait, ce qui ici renforce l’affirmation : ce que nous avons réellement, parfaitement entendu de nos oreilles et parfaitement vu de nos propres yeux)

    ce que nous avons contemplé (le verbe est celui qui a donné le mot théâtre, il fut d’abord utilisé pour parler de choses qui suscitent l’étonnement ou l’admiration, d’où son sens d’être spectateur au théâtre, mais dans le Phédon Platon l’utilise pour dire : contempler le vrai et le divin)

    et que nos mains ont touché (le verbe n’est pas celui qui est utilisé habituellement pour dire toucher, il est celui qui veut dire d’abord tâter dans l’obscurité, puis palper, c’est celui qu’utilise le Christ après sa résurrection quand il demande aux apôtres de le palper pour constater qu’il n’est pas un fantôme)

    concernant le Verbe de la Vie

    La traduction fréquente de ces derniers mots : « la parole de vie » oublie qu’il y a l’article défini devant « vie ». Et elle est gravement fautive vu ce qui suit. Car saint Jean, à ces mots, rompt la phrase, et rebondit sur cette « Vie » qu’il vient d’évoquer. Il ne s’agit pas d’une parole de vie, il s’agit bien du Verbe de la Vie, sinon il ne s’interromprait pas pour s’exclamer :

    Et la Vie a été manifestée (ou : s’est manifestée, ou : est apparue – Mais oui ! la Vie s’est manifestée et nous est apparue !)

    et nous l’avons vue (au parfait : nous l’avons bel et bien vue, réellement),

    nous en témoignons (nous en rendons témoignage, nous l’attestons – c’est le mot habituel du témoignage, qui a donné « martyr »),

    et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père (imparfait d’éternité) et qui a été manifestée (ou : s’est manifestée, ou : est apparue).

    Et alors saint Jean reprend le cours de sa phrase pour l’achever, en reprenant les verbes au parfait qui étaient restés en suspens :

    Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.

    La Vie, dans ce texte, la Vie qui est éternelle et qui est le Christ, c’est zoè (ἡ ζωὴ). Par opposition à l’autre vie que l’on verra quelques versets plus loin (2, 16) : bios (βίος), mot utilisé pour parler de la vie bio-logique, pour dire passer sa vie, finir sa vie, etc. C’est dans l’énumération de ce qu’on a appelé les trois concupiscences : « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie ».

    Mais il y a là une anomalie : même un enfant qui apprend à lire peut constater qu’il n’y a pas trois, mais deux concupiscences. C’est le prurit très occidental de systématisation et de classification rationnelle qui a conduit à inventer trois concupiscences alors qu’il n’y en a que deux. Et du coup on en est même venu à ne pas comprendre ce que disait saint Jean, et à inventer des traductions fantaisistes. Par exemple celle de la Bible de Jérusalem : « l’orgueil de la richesse », ou la prétendue Bible de la liturgie : « l’arrogance de la richesse ». La TOB se permet de gloser et d’interpréter : « la confiance orgueilleuse dans les biens »… Quant à la soi-disant Bible des peuples, marquée par la soi-disant théologie de la libération, elle n’hésite pas à stigmatiser « l’arrogance des riches »…

    Mais le mot est bien « bios », traduit dans la Vulgate par « vita ». Il s’agit de la vie. Certes, le mot peut aussi désigner, éventuellement, selon le contexte, les moyens nécessaires à la vie, des moyens de subsistance, mais jamais les richesses.

    ἡ ἀλαζονεία τοῦ βίου (è alazoneia tou biou) est logiquement traduit dans la Vulgate par : « superbia vitae ». La superbe, ce n’est pas simplement l’orgueil. Le mot grec veut dire essentiellement vantardise, jactance. Saint Cyprien avait traduit : jactantia hujus vitae. La jactance de cette vie. L’expression utilisée par saint Jean désigne quelque chose de plus grave que les deux concupiscences qu’il vient d’évoquer, et qui dépendent de ce troisième élément. Le Père Spicq explique :

    « Si saint Jean n’a point mentionné une troisième épithumia : “la convoitise des richesses”, c’est précisément parce qu’il visait un vice plus grave que l’ostentation des riches ou leur arrogance vis-à-vis des pauvres. Il oppose à Dieu l’orgueil d’une créature, maîtresse de son existence, qui décide et dirige le cours de sa vie sans tenir compte de Dieu. Cette suffisance est la contradiction même du devoir absolu d’adorer Dieu et le servir religieusement. »

    Ce que vise ici saint Jean, ce n’est pas la cupidité, c’est l’illusion de se croire autonome, autosuffisant, ne devant sa vie et son salut qu’à soi-même.

  • Des coptes assassinés en Libye

    Un couple de médecins coptes égyptiens, Magdi et Sahar Sobhi Tawfik, ont été assassinés mardi à leur domicile du centre médical de Syrte, en Libye. Le médecin avait les mains bandées et a été tué par balles. Le corps de sa femme a été trouvé dans une chambre d’enfants. Deux petites filles ont été laissées en vie. La fille aînée, Catherine, 18 ans, a été enlevée. On a retrouvé son corps hier soir à 17 km de Syrte.

    Le motif religieux ne fait aucun doute : l’argent et les bijoux n’ont pas été touchés.

    Cela faisait 15 ans que ces médecins exerçaient en Libye.

  • Saint Etienne

    Chaque année, le lendemain de la nativité du Seigneur, la liturgie nous fait célébrer la fête de saint Etienne, diacre et premier martyr. Le livre des Actes des apôtres nous le présente comme un homme rempli de grâce et de l’Esprit Saint (cf. Ac 6, 8-10 ; 7, 55) ; en lui se vérifie pleinement la promesse de Jésus rapportée par le texte de l’évangile de ce jour, selon laquelle les croyants appelés à rendre témoignage dans des circonstances difficiles et dangereuses ne seront pas abandonnés et laissés sans défense : l’Esprit de Dieu parlera en eux (cf. Mt 10, 20). Le diacre Etienne, en effet, a agi, a parlé, est mort, animé par l’Esprit-Saint, en témoignant de l’amour du Christ jusqu’au sacrifice extrême. Le premier martyr est décrit, dans sa souffrance, comme étant l’imitation parfaite du Christ, dont la passion se répète jusque dans les moindres détails. La vie de saint Etienne est entièrement façonnée par Dieu, conformée au Christ dont la passion se répète en lui ; au moment final de la mort, à genoux, il reprend la prière de Jésus sur la croix en se confiant au Seigneur (cf. Ac 7, 59) et en pardonnant à ses ennemis : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché » (v. 60). Rempli de l’Esprit-Saint, au moment où ses yeux vont se fermer, il fixe son regard sur « Jésus debout à la droite de Dieu » (v. 55), le Seigneur de l’univers qui attire tous les hommes à lui.

    En la fête de saint Etienne, nous sommes nous aussi appelés à fixer notre regard sur le Fils de Dieu que, dans l’atmosphère joyeuse de Noël, nous contemplons dans le mystère de son Incarnation. Par le baptême et la Confirmation, avec le don précieux de la foi nourrie par les sacrements, en particulier l’Eucharistie, Jésus-Christ nous a liés à lui et veut continuer à opérer en nous, par l’action de l’Esprit-Saint, son œuvre de salut qui rachète, valorise, élève et conduit toute chose à son achèvement. Se laisser attirer par le Christ, comme l’a fait saint Etienne, signifie ouvrir sa vie à la lumière qui l’appelle, l’oriente et fait parcourir le chemin du bien, le chemin d’une humanité selon le dessein d’amour de Dieu.

    Enfin, saint Etienne est un modèle pour tous ceux qui veulent se mettre au service de la nouvelle évangélisation. Il montre que la nouveauté de l’annonce ne dépend pas tout d’abord de l’usage de méthodes ou de techniques originales, qui ont certes leur utilité, mais consiste à être rempli de l’Esprit-Saint et à se laisser guider par lui. La nouveauté de l’annonce se trouve dans la profondeur de l’immersion dans le mystère du Christ, de l’assimilation de sa parole et de sa présence dans l’Eucharistie, afin que Jésus vivant lui-même puisse parler et agir en celui qu’il envoie. Au fond, l’évangélisateur devient capable de porter le Christ aux autres de manière efficace quand il vit du Christ, quand la nouveauté de l’Evangile se manifeste dans sa vie. Prions la Vierge Marie afin qu’en cette Année de la foi l’Eglise voie se multiplier les hommes et les femmes qui, comme saint Etienne, savent donner un témoignage convaincu et courageux du Seigneur Jésus.

    Benoît XVI, 26 décembre 2012

  • Nativité du Seigneur

    Dóminus dixit ad me : Fílius meus es tu, ego hódie génui te.

    Le Seigneur m’a dit : « tu es mon Fils. C’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui »

    Dans le cadre de la liturgie, cet introït est comme le premier mot de l’Enfant-Dieu, le mot par lequel il nous dit à travers la voix de l’Eglise ce qu’il est et d’où il vient. Mais à cette attestation de son éternelle naissance s’en ajoute une autre. Au moment où il vient au monde à Bethléem, le Christ est en toute vérité engendré : il naît du Saint-Esprit et de la Vierge Marie. L’Ego hódie s’entend donc ici également de son engendrement charnel, œuvre de Dieu lui aussi, et le mot hódie, tout en gardant son sens d’éternité, indique le jour précis où il se réalise.

     D’autre part, le Christ n’a jamais été sans ses membres. En engendrant le Verbe dans sa pensée unique et éternelle, le Père, dans le même acte, le prédestine à être le Chef et le Sauveur de l’humanité et lui donne tous les hommes de bonne volonté. Ainsi, en lui, de toute éternité, nous avons tous été pensés, engendrés spirituellement par le Père. Quand il est venu sur terre, il nous portait donc tous dans sa pensée et son amour, de sorte que, spirituellement encore, mais réellement, nous sommes venus au monde, en lui, dans la nuit de Noël ; nous aussi nés de Dieu, fils de Dieu par prédestination.

    Enfin cette participation à la vie de Dieu, cette nouvelle naissance, devenue effective le jour de notre baptême, continue tout le temps de notre vie et devient plus pleine avec chaque grâce que nous recevons. Le Christ, en venant au monde, nous a apporté précisément cette grâce de vie. La liturgie de Noël nous l’offre à nouveau. Si nous la recevons, notre engendrement divin se poursuit. Nous devenons un peu plus fils du Père et le mot Hódie génui te prend, pour nous, en plus des deux autres, un sens personnel et actuel. « Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».

    Lorsque l’Eglise, dans la nuit de Noël, chante cette parole mystérieuse, elle est donc d’abord la voix de l’Enfant-Dieu qui dit au monde sa génération éternelle et sa génération charnelle ; mais, en même temps, réalisant qu’elle est le Christ qui se continue, elle ne peut pas ne pas chanter sa propre génération dans l’éternelle miséricorde du Père, dans le mystère de Noël et dans la grâce qui, au moment même où elle chante, vient en ses membres et les divinise un peu plus.

    Dom Ludovic Baron (L’expression du chant grégorien)

  • Vigile de la Nativité

    Hodie scietis, quia veniet Dominus: * Et mane videbitis gloriam ejus.

    Aujourd’hui, vous saurez que le Seigneur va venir. Et demain matin, vous verrez sa gloire.

    Cet invitatoire des matines est, comme tout invitatoire, chanté six fois en entier avec le psaume 94. Cet « Hodie scietis » se retrouvera dans le verset, puis dans le premier répons, puis dans la deuxième antienne des laudes, qui est aussi l’antienne de tierce, et dans le répons bref de tierce. Et bien sûr à la messe, dans l'introït et le graduel.

    Mais dans l’office du jour cette expression est concurrencée par « crastina die » : demain : demain le Seigneur descendra, demain sera effacée l’iniquité de la terre… 16 fois dans l’office, sans compter les vêpres où elle reparaît dans le verset après l’hymne alors que c’est déjà l’office de la fête elle-même.

    Il n’y a aucun autre exemple d’une telle insistance, indiquant l’impatience, qui montait depuis le premier dimanche de l’Avent, et qui est arrivée à son comble, de voir arriver cette nuit du grand jour du salut. Aujourd'hui et demain ne cessent de s'entrechoquer. Aujourd'hui ou demain? C'est à minuit qu'il vient.

    Rappelons aussi la belle antienne du Benedictus :

    Orietur sicut sol Salvator mundi: et descendet in uterum Virginis, sicut imber super gramen, alleluia.

    Il se lèvera comme le soleil, le Sauveur du monde, et il descendra dans le ventre de la Vierge, comme la pluie sur l’herbe.

    Et aux vêpres l’antienne du premier Magnificat de Noël lui fait écho :

    Cum ortus fuerit sol de caelo, videbitis Regem regum procedentem a Patre, tamquam sponsum de thalamo suo.

    Quand le soleil se sera levé dans le ciel, vous verrez le Roi des rois qui procède du Père, comme l’époux sortant de la chambre nuptiale.

  • Les 15 maladies de François

    Je ne perdrai pas mon temps à commenter la charge grossière qui a remplacé cette année les vœux du pape à la curie. Le texte n’est publié (du moins pour le moment) qu’en italien, désormais la langue officielle de l’Eglise bergoglienne. On en trouvera de larges extraits en français ici.

    Je signale le bref commentaire de Rorate Caeli sous le titre : « Félicitations au Pape François pour son exercice d’autocritique ».

    Et je dois dire que « Nemo », sur le Forum catholique, a un commentaire particulièrement approprié :

    Attaque au Vatican :

    La Curie parle de "l'acte isolé" d'un "déséquilibré".

    Source : Le Pharisien

  • Ecce completa sunt omnia

    Antienne du Benedictus :

    Ecce compléta sunt ómnia quæ dicta sunt per Angelum de Vírgine María.

    Voici que sont accomplies toutes les choses que l’Ange a dites de la Vierge Marie.

    ecce.jpg

    Bréviaire de Paris, XIIIe siècle.

    *

    O Emmanuel

     

    O Emmanuel, * notre Roi et notre Législateur, Attente des Nations et leur Sauveur : venez nous sauver, Seigneur notre Dieu.

  • Il le dit sans rire !

    C’est le plus sérieusement du monde que l’ex-conseiller spécial du ministre de l’Intérieur Hugues Moutouh déclare au Figaro, qui en fait son titre : «L'islamisme radical est devenu le véhicule de tous les déséquilibrés» :

    « On est passé de l'islamo-délinquance à l'islamo-psychiatrie. De plus en plus de ces attaques sont conduites par des individus fragiles psychologiquement, souffrant de défaillances mentales. Ce public fragile est réceptif aux appels au meurtre de l'Etat islamique.L'islamisme radical est devenu le véhicule de tous les déséquilibrés qui n'attendent qu'un prétexte pour passer à l'acte. »

    Franchement, il faut le voir pour le croire…

  • Le délire sans fin

    Quand on n’a plus de repères, le délire n’a pas de raison de s’arrêter. Un tribunal argentin, saisi d’une requête en habeas corpus d’un lobby de défense des « droits » des animaux au nom d’un orang-outan d’un zoo argentin, a décidé hier (oui, un dimanche), que le singe, qui se cachait des visiteurs, devait être « remis en liberté », au motif que c’est une « personne non humaine » (sic), qui doit « jouir de droits basiques comme celui d’être libre ».

    Logiquement, l’orang-outan devrait être remis en liberté en… Allemagne, où il est né. Mais non. On va le mettre dans un « sanctuaire » (sic) au Brésil…

  • La révolution de jasmin est terminée

    C’est un vrai gag. Les Tunisiens ont élu président Béji Caïd Essebsi. L’homme qui symbolise tout ce qu’il y a eu avant la révolution : il a 88 ans, il a été ministre de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères de Bourguiba, et président de la chambre des députés sous Ben Ali…

    Bref, ayant le choix entre la catastrophe islamiste et la dictature militaire à l’égyptienne, les Tunisiens ont choisi de revenir à comme c’était avant : le régime qui les protégeait de l’islamisme et de la dictature militaire.