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Le blog d'Yves Daoudal - Page 1299

  • De la férie

    La vigile de l’Epiphanie, comme tant d’autres, a été supprimée par Pie XII. Cela dit, cette vigile n’en était pas vraiment une. Elle n’avait aucun caractère pénitentiel, et sa liturgie était celle du dimanche dans l’octave de la Nativité. C’était comme un dernier chant de Noël avant de passer à l’Epiphanie. Les seules différences étaient l’évangile, qui était celui du retour d’Egypte, et, aux matines, ce sermon donné par les bréviaires comme de saint Augustin mais qui n’est pas de lui (même s’il pourrait l’être…) :

    Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est éternellement, mes très chers frères, le Créateur de tous les hommes, est devenu aujourd’hui notre Sauveur, en naissant d’une mère. Il est né pour nous aujourd’hui dans le temps, par amour, afin de nous conduire à l’éternité du Père. Dieu s’est fait homme, afin de faire l’homme Dieu ; le Seigneur des Anges s’est fait homme aujourd’hui, afin que l’homme puisse manger le pain des Anges. Aujourd’hui a été accomplie cette prophétie, qui dit : « Cieux, versez d’en haut votre rosée, et que les nuées pleuvent un juste ; que la terre s’ouvre et qu’elle germe un Sauveur. » Le Créateur est donc devenu créature, afin de retrouver ce qui était perdu. Car l’homme le reconnaît ainsi dans les Psaumes : « Avant que je fusse humilié, j’ai péché. » L’homme a péché, et est devenu coupable ; Dieu est né homme, afin de délivrer le coupable. L’homme donc est tombé ; mais Dieu est descendu. L’homme est tombé misérablement, Dieu est descendu miséricordieusement. L’homme est tombé par son orgueil, Dieu est descendu avec sa grâce. O miracle, ô prodige, mes frères ! Les lois de la nature sont changées pour l’homme ! Un Dieu naît, une vierge devient mère, la parole de Dieu la rend féconde ; elle est mère et vierge tout ensemble ; mère, elle conserve sa virginité ; vierge, elle enfante un fils ; elle reste pure, mais elle n est pas stérile. Elle met au monde celui qui seul est né sans péché, et qu’elle a conçu, non par la concupiscence de la chair, mais par l’obéissance de l’esprit.

    Le texte en latin:

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  • Le Très Saint Nom de Jésus

    Les hymnes des vêpres, des matines et des laudes sont tirées d’un long poème de 49 à 52 strophes, selon les manuscrits, et longtemps attribué à saint Bernard. Sans l’ombre d’un doute, disaient plusieurs spécialistes, auxquels s’opposait le seul dom Guéranger, pour qui il ne faisait aucun doute que le texte était de la plume d’une abbesse bénédictine du XIVe siècle. Mais on découvrit peu après, à Oxford, un manuscrit du XIIe siècle. Donc de l’époque de saint Bernard. Mais dom Pothier découvrit ensuite un manuscrit du… XIe siècle. Il s’ensuit que ce texte, dont maintes formules paraissent être de saint Bernard ou à la manière de saint Bernard, a été écrit… avant saint Bernard…

    Le poème commence par Jesu dulcis memoria, ce qui est le début de l’hymne des vêpres et qui est le plus connu.

    En dehors des textes de la Sainte Ecriture et des… sermons de saint Bernard aux matines, c’est tout ce qu’il y a d’ancien dans cet ensemble liturgique qui date du XVIIIe siècle et fait (pauvre) doublon avec la somptueuse liturgie de la Circoncision.

    Messe de clôture du synode de 2012

    Jesu, dulcis memória,
    Dans vera cordis gáudia :
    Sed super mel, et ómnia,
    Eius dulcis præséntia.

    Jésus ! Nom de douce souvenance, qui donne au cœur les joies véritables ; mais plus suave que le miel et toutes les douceurs, est la présence de Celui qui le porte.

    Nil cánitur suávius,
    Nil audítur iucúndius,
    Nil cogitátur dúlcius,
    Quam Iesus Dei Fílius.

    Nul chant plus mélodieux, nulle parole plus agréable, nulle pensée plus douce, que Jésus, le Fils de Dieu.

    Jesu, spes pœniténtibus,
    Quam pius es peténtibus !
    Quam bonus te quæréntibus !
    Sed quid inveniéntibus ?

    Jésus ! espoir des pénitents, que vous êtes bon pour ceux qui vous implorent ! bon pour ceux qui vous cherchent ! Mais que n’êtes-vous pas pour ceux qui vous ont trouvé !

    Nec lingua valet dícere,
    Nec líttera exprímere :
    Expértus potest crédere,
    Quid sit Jesum dilígere.

    Ni la langue ne saurait dire, ni l’écriture ne saurait exprimer ce que c’est qu’aimer Jésus ; celui qui l’éprouve peut seul le croire.

    Sis, Jesu, nostrum gáudium,
    Qui es futúrus præmium :
    Sit nostra in te glória,
    Per cuncta semper sǽcula. Amen.

    Soyez notre joie, ô Jésus, vous qui serez notre récompense : que notre gloire soit en vous, durant tous les siècles, à jamais. Amen.

  • Pause

    Je viens seulement de récupérer ma connexion internet. Et jusqu'à la fin de la semaine je ferme la boutique pour cause d'invasion familiale.

    Je ne suis pas mécontent de vous laisser avec la belle séquence d'Adam de Saint-Victor. Profitez-en pour la relire et apprendre un peu de latin...

    Et je vous souhaite une très bonne nouvelle année.

  • Spendor Patris et figura

    Spendor Patris et figura,
    Se conformans homini,
    Potestate, non nature,
    Partum dedit virgini.

    Celui qui est la splendeur du Père et sa forme incréée, a pris la forme de l’homme. Sa puissance, et non la nature, a rendu féconde une vierge.

    Adam vetus,
    Tandem laetus,
    Novum promat canticum;
    Fugitivus,
    Et captivus,
    Prodeat in publicum.

    Que le vieil Adam se console enfin ; qu’il chante un cantique nouveau. Longtemps fugitif et captif, qu’il paraisse au grand jour.

    Eva luctum,
    Vitae fructum
    Virgo gaudens edidit.
    Nec sigillum Propter ilium,
    Castitatis perdidit.

    Ève enfanta le deuil ; une vierge, dans l’allégresse, enfante le fruit de vie. Et ce fruit n’a point lésé le sceau de sa virginité.

    Si crystallus sit humecta,
    Atque soli sit obiecta,
    Scintillat igniculum.
    Nec crystallus rumpitur,
    Nec in partu solvitur
    Pudoris signaculum.

    Si le cristal humide est offert aux feux du soleil, le rayon scintille au travers. Et le cristal n’est point rompu : ainsi n’est point brisé le sceau de la pudeur dans l’enfantement de la Vierge.

    Super tali genitura,
    Stupet usus et natura,
    Deficitque ratio.
    Res est ineffabilis
    Tam pia, tam humilis
    Christi generatio.

    A cette naissance, la nature est dans l’étonnement, la raison est confondue. C’est chose inénarrable, cette génération du Christ, si pleine d’amour et si humble.

    Frondem, florem, nucem, sicca
    Virga profert, et pudica
    Virgo Dei Filium.
    Fert coelestem
    Vellus rorem,
    Creatura Creatorem,
    Creaturae pretium.

    D’une branche aride sont sorties la feuille, la fleur et la noix ; et de la Vierge pudique, le Fils de Dieu. La toison a porté la rosée céleste, la créature le Créateur, rédempteur de la créature.

    Frondis, floris, nucis, roris:
    Pietati Salvatoris
    Congruunt mysteria.
    Frons est Christus, protegendo ;
    Flos, dulcore; nux, pascendo ;
    Ros, coelesti gratia.

    La feuille, la fleur, la noix, la rosée : emblèmes mystérieux de l’amour du Sauveur. Le Christ est la feuille qui protège, la fleur qui embaume, la noix qui nourrit, la rosée de céleste grâce.

    Cur quod Virgo peperit
    Est Judaeis scandalum,
    Cum virga produxerit
    Sicca sic amygdalum ?

    Pourquoi l’enfantement de la Vierge est-il un scandale au Juif, quand il a vu l’amandier fleurir sur une verge desséchée ?

    Contemplemur adhuc nucem :
    Nam prolata flux in lucem
    Lucis est mysterium.
    Trinam gerens unionem,
    Tria confert, unctionem,
    Lumen et edulium.

    Contemplons encore la noix ; car la noix, mise en lumière, offre un mystère de lumière. En elle trois choses sont réunies ; elle nous présente trois bienfaits : onction, lumière, aliment.

    Nux est Christus ; cortex nucis,
    Circa carnem poena crucis
    Testa, corpus osseum.
    Carne tecta deitas,
    Et Christi suavitas,
    Signatur per nucleum.

    La noix est le Christ ; l’écorce amère de la noix est la croix dure à la chair ; l’enveloppe marque le corps. La divinité, revêtue de chair, la suavité du Christ, c’est le fruit caché dans la noix.

    Lux est caecis, et unguentum
    Christus aegris, et fomentum
    Piis animalibus.
    O quam dulce sacramentum!
    Foenum carnis in frumentum
    Convertit fidelibus.

    Le Christ, c’est la lumière des aveugles, l’onction des infirmes, le baume des cœurs pieux. Oh ! qu’il est suave, ce mystère qui change la chair, cette herbe fragile, en divin froment pour les fidèles !

    Quos sub umbra Sacramenti,
    Jesu, pascis in praesenti,
    Tuo vultu satia.
    Splendor, Patri coaeterne,
    Nos hinc transfer ad paternae
    Claritatis gaudia. Amen.

    Ceux que, dans cette vie, tu nourris, ô Jésus ! sous les voiles de ton Sacrement, rassasie-les un jour de l’éclat de ta face. Coéternelle splendeur du Père, enlève-nous de ce séjour jusqu’aux joies des clartés paternelles. Amen.

    Adam de Saint-Victor, traduction dom Guéranger

  • En Suède

    Il y a deux mois, les Démocrates suédois faisaient tomber le gouvernement, deux mois seulement après son installation. Le Premier ministre était donc contraint d’organiser de nouvelles élections. Lesquelles risquaient de voir les Démocrates suédois gagner encore des voix et des sièges. Mais l’UMPS locale a trouvé la solution : une union de la droite et de la gauche. Pour cela, le Premier ministre accepte le contre-budget de l’opposition (celui qui avait été voté par les Démocrates suédois pour mettre le gouvernement en minorité), moyennant quelques modifications de façade, à quoi s’ajoute l’engagement pris par l’opposition de… ne pas s’opposer jusqu’à… 2022…

    Les principaux partis se félicitent bruyamment de cet accord qui met hors jeu le diabolique « parti anti-immigration ».

    Sans considérer le fait que leur accord fait des Démocrates suédois le seul parti d’opposition…

  • Noël en Chine

    Les autorités de la région de Wenzhou (province du Zhejiang) – 7 millions d’habitants - ont interdit cette année toute manifestation évoquant plus ou moins Noël dans les écoles, les qualifiant de « kitsch » et de « non chinoises ».

    C’est dans cette province (de 44 millions d’habitants) que se poursuit une campagne de suppression des croix sur les églises, officiellement pour des raisons d’urbanisme, en fait pour réduire la « pollution spirituelle occidentale ».

    C’est aussi dans cette province que sont fabriquées 60% des décorations de Noël vendues dans le monde…

    Le christianisme pose un problème de plus en plus grave aux autorités chinoises, car un nombre croissant de cadres officiellement communistes athées sont secrètement chrétiens (comme en témoigne le fait que le parti a dû rappeler de façon énergique qu’on ne peut pas être communiste et avoir une religion). Une étude menée dans les universités de Pékin et de Shanghai a montré que 60% des étudiants souhaitent en savoir davantage sur le christianisme. Alors que le 25 décembre n’est évidemment pas férié, des milliers de non-chrétiens se rendent dans les églises le jour de Noël. A Pékin, il y a eu 3.000 baptêmes la nuit de Noël.

  • Mgr Bonny en remet une couche

    L’évêque d’Anvers Mgr Johan Bonny « plaide samedi, dans De Morgen, pour une reconnaissance ecclésiastique des relations bi- et homosexuelles », écrit La Libre. Il déclare notamment :

    « Nous devons chercher au sein de l'Eglise une reconnaissance formelle de la relationnalité qui est également présente chez de nombreux couples bi- et homosexuels. Tout comme il existe dans la société une diversité de cadres juridiques pour les couples, il devrait également y avoir une diversité de formes de reconnaissance au sein de l'Eglise. »

    Mgr Bony avait déjà défrayé la chronique début septembre, un mois avant le synode, avec une lettre de 24 pages, traduite en cinq langues, où il se prononçait pour une évolution de l’approche, du vocabulaire et de la pratique de l’Eglise concernant les questions familiales et sexuelles, citant abondamment François et appelant à « oser aller du vécu à la doctrine ».

    Mgr Johan Bonny est donné comme le « très probable » successeur de Mgr Léonard (qui aura 75 ans le 6 mai prochain) comme archevêque de Malines-Bruxelles et primat de Belgique…

  • Quem vidistis pastores

    Cinquième jour de l’octave de Noël. Aux matines on reprend notamment le répons Quem vidistis pastores du premier nocturne des matines de Noël.

    Le voici par les moines de Solesmes.

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    podcast

    Qui avez-vous vu, bergers ? Dites-le-nous ; apprenez-nous quel est celui qui a paru sur la terre ! Nous avons vu le Nouveau-Né, et les Chœurs des Anges qui louaient ensemble le Seigneur. Dites-nous ce que vous avez vu ? et annoncez la naissance du Christ.

    C’est aussi l’une des plus jolies pages chorales de Francis Poulenc, dans ses Quatre motets pour le temps de Noël, ici interprété par l’Ensemble vocal de Provence sous la direction d’Hélène Guy (CD Pierre Verany) :
    podcast

  • Dimanche dans l’octave de la Nativité


    L’introït provient du livre de la Sagesse (XVIII, 14-15), et se rapporte, au sens littéral, à la venue de l’ange exterminateur, au cœur de la nuit, pour le massacre des premiers-nés des Égyptiens, oppresseurs du peuple d’Israël. « Tandis que tout était plongé dans un profond sommeil, et que la nuit était au milieu de son cours, votre Verbe tout-puissant descendit de sa demeure éthérée de gloire. » On y ajoute le psaume 92 : « Le Seigneur a inauguré son règne, il s’est revêtu de gloire, il s’est fait comme un manteau de force et s’en est orné. »

    L’ange exterminateur épargna les maisons des Hébreux sur les portes desquelles avait été répandu le sang de l’agneau pascal. Ce divin messager, ministre de la justice de Dieu pour les uns et sauveur bienfaisant pour les autres, est une figure du Verbe incarné. C’est pourquoi l’Église, suivant en cela l’interprétation authentique de l’apôtre saint Jude (1), applique ce passage de la Sagesse à Jésus. Comme la libération de l’oppression égyptienne, ainsi la délivrance de l’antique joug du péché par le Messie arriva au cœur de la nuit—l’heure de la prière plus intime et plus recueillie — tandis qu’alentour tout le créé se taisait, et que le monde civil lui-même jouissait politiquement de l’inaltérable pax romana inaugurée par Auguste. Les ténèbres sont aussi un symbole de l’ignorance et du péché où se trouvait plongée l’humanité à l’apparition de Jésus, astre splendide du matin.

    Bienheureux cardinal Schuster

    (1) Je veux vous rappeler, quoique vous sachiez fort bien toutes choses, que Jésus, ayant sauvé le peuple du pays d'Egypte, fit ensuite périr ceux qui furent incrédules (Jude 5).

  • Les Suisse et la « mixité culturelle »…

    Intéressant article du Temps, quotidien suisse de la pensée unique, intitulé : Le folklore n’est pas près de disparaître de la télévision.

    Extraits :

    La SRF a été accusée récemment de renier le pays. Le responsable du divertissement voulait promouvoir la mixité culturelle. Mais les programmes représentant une Suisse immuable cartonnent.

    Tous les succès folkloriques, tels que les orchestres du MusikantenStadl et Les Coups de cœur d’Alain Morisod, sont au programme de la RTS en 2015. Même annonce du côté alémanique. Les téléspectateurs retrouveront les épisodes traditionnels de SRF bi de Lüt (chez les gens), cette série d’émissions dédiée à la culture populaire. De nouvelles déclinaisons seront même proposées en 2016, précise Christoph Gebel, responsable du divertissement de la SRF.

    Le public a pu craindre – ou espérer – un peu moins de folklore. Lors d’une journée de réflexion interne à la SRF cet automne, Christoph Gebel s’est interrogé sur le succès «aveuglant» de ces émissions et a appelé à plus d’ouverture. Le divertissement devrait refléter l’ensemble de la société, y compris les 30% d’habitants d’origine étrangère, a-t-il esquissé. Sa réflexion, compilée dans un document interne, a fuité dans la Weltwoche, provoquant une déferlante d’articles inquiets dans la presse alémanique. Le responsable a dû réagir et rassurer les téléspectateurs: il n’est pas prêt à abandonner ces émissions qui cartonnent «de plus en plus».