Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

saints - Page 6

  • Sainte Thérèse (d’Avila)

    Hæc est dies, qua candidæ
    Instar columbæ, Cælitum
    Ad sacra templa spiritus
    Se transtulit Teresiæ.

    Sponsique voces audiit :
    Veni, soror, de vertice
    Carmeli ad Agni nuptias,
    Veni ad coronam gloriæ.

    Te, sponse Jesu Virginum,
    Beati adorent ordines,
    Et nuptiali cantico
    Laudent per omne sæculum.

    C’est le jour où, telle une blanche colombe, l’âme de Thérèse s’est transportée au temple sacré du Ciel.

    Elle a entendu la voix de l’Epoux : Viens, ma sœur, du sommet du Carmel aux noces de l’Agneau, viens recevoir la couronne de gloire.

    Que les bienheureux ordres sacrés t’adorent, toi, Jésus, époux des vierges, et te louent par un cantique nuptial dans tous les siècles.

    (Urbain VIII, hymne des laudes)

  • Saint Calixte

    Aujourd’hui on écrit Calixte. Naguère le nom de ce pape s’écrivait Calliste, conformément à son origine grecque: callistos (“le plus beau”), et son nom latin est toujours Callistus.

    Ce fut un événement, au milieu du XIXe siècle, que la découverte du livre Philosophumena, ou réfutation des hérésies, terrible réquisitoire contre le pape Calliste, rédigé par un adversaire acharné. En fait ce livre a permis de savoir qui était Calliste, alors qu’on ne savait pas grand chose de lui jusque-là. L’Année liturgique de Dom Guéranger fait largement écho à cette découverte, et cite ce propos de Jean-Baptiste de Rossi, le grand archéologue qui étudia le texte et découvrit par ailleurs… la célèbre catacombe de Saint Calliste (ou saint Calixte) où furent enterrés plusieurs papes des IIIe et IVe siècle :

    « Tout cela me fait clairement voir pourquoi l'accusateur dit de Calliste avec ironie qu'il fut réputé le très admirable; pourquoi, lorsque toute connaissance des actes de celui-ci était perdue, son nom pourtant est venu jusqu'à nous si grand et si vénéré ; pourquoi dans les siècles troisième et quatrième, où la mémoire de son gouvernement était fraîche encore, il fut plus honoré qu'aucun de ses prédécesseurs ou successeurs de l'âge des persécutions. Calliste régit l'Eglise quand elle était à l'apogée du premier stade de sa course divine, et s'acheminait à de nouveaux et plus grands triomphes. La foi chrétienne, embrassée d'abord par chaque croyant en son nom propre, était devenue la foi des familles, et les pères en faisaient profession pour eux et pour leurs enfants. Ces familles formaient la presque majorité déjà dans chaque ville ; la religion du Christ était à la veille de devenir la religion publique du peuple et de l'empire. Que de problèmes nouveaux de droit social chrétien, de droit ecclésiastique, de discipline morale, ne surgissaient pas tous les jours dans le champ de l'Eglise, étant donnée sa grande situation de l'heure présente, étant donné l'avenir encore plus grand qui s'ouvrait devant elle ! Calliste résolut ces doutes; il régla les jugements relatifs à la déposition des clercs, prit les mesures qui s'imposaient pour ne pas détourner les catéchumènes du baptême, les pécheurs de la pénitence ; il définit la notion de l'Eglise que le génie d'Augustin devait développer plus tard. En face des lois civiles, il affirma le droit de la conscience chrétienne et celui de l'Eglise touchant le mariage de ses fidèles. Il ne connut esclaves ni libres, grands ou petits, nobles ou plébéiens dans la fraternité évangélique qui minait les bases de la société romaine et adoucissait l'inhumanité des mœurs. Et c'est pourquoi son nom est grand jusqu'à nos jours ; et c'est pourquoi la voix des jaloux ou de ceux qui mesuraient les temps à l'étroitesse de leur esprit superbe, fut étouffée sous le cri de l'admiration et méprisée. »

    (Calliste était notamment accusé de laxisme moral, parce qu’il faisait recevoir à la pénitence tous les pécheurs, si grandes soient leurs fautes, qu’il assouplit les normes d'entrée au catéchuménat, et qu’il autorisa les mariages entre esclaves et personnes libres, ce qui était contraire à la loi civile.)

  • La première sainte de l’Inde

    Alors que les persécutions contre les chrétiens se poursuivent en Inde, notamment dans l’Etat d’Orissa, Benoît XVI a canonisé hier la bienheureuse Alphonsine de l'Immaculée (1910-1946), clarisse du Kerala, béatifiée par Jean-Paul II en 1986.

    700 prêtres, de nombreux évêques, 2.000 religieuses et 4.000 fidèles étaient présents. Le ministre du Travail et le ministre des Travaux publics du Kerala représentaient le gouvernement indien.

    « Elle a été une femme exceptionnelle, convaincue que sa croix était l'authentique chemin pour rejoindre le banquet céleste préparé pour elle par le Père. Aujourd'hui elle est offerte au peuple de l'Inde comme la première sainte canonisée de son histoire », a dit Benoît XVI.

    Dès son plus jeune âge, elle désirait entrer dans la vie religieuse. Mais sa famille voulait lui imposer un mariage. Elle décide alors de faire un geste qui compromet à jamais un mariage : elle se blesse en mettant le pied dans le feu. Elle peut alors entrer chez les clarisses, où elle reçoit le nom de sœur Alphonse de l'Immaculée Conception. A l'école de saint François, elle apprend à aimer la croix par amour pour le Seigneur crucifié, sûre de prendre part à l'apostolat de l'Eglise par ses souffrances. Et elle est gratifiée de dons surnaturels comme celui de parler le Tamoul qu'elle n'a pas appris et le don de voir l'avenir. Morte à 36 ans, de nombreux miracles lui sont attribués. En Inde, son tombeau est déjà devenu un lieu de pèlerinage.

  • Saint Edouard

    Edouard, surnommé le Confesseur, était le neveu du saint roi Edouard le Martyr, et il fut le dernier roi des Anglo-Saxons. Le Seigneur avait révélé dans une extase sa future royauté à un saint personnage du nom de Brithuald. Cependant les Danois qui dévastaient l'Angleterre le cherchant pour le faire mourir, il fut dès sa dixième année contraint de s'exiler à la cour du duc de Normandie, son oncle. Telles y parurent, au milieu de toutes les amorces des passions, l'intégrité de sa vie, l'innocence de ses mœurs, qu'il faisait l'admiration générale. On voyait dès lors éclater en lui l'extraordinaire piété qui l'attirait vers Dieu et les choses divines. D'une nature très douce, sans nulle ambition de dominer, on rapporte de lui cette parole : J'aime mieux ne régner jamais, que de recouvrer mon royaume par la violence et l'effusion du sang.

    Mais les tyrans qui avaient enlevé la vie et le trône à ses frères étant morts, il fut rappelé dans sa patrie et couronné au milieu des acclamations et de l'allégresse universelle. Tous ses soins se tournèrent à effacer les traces des fureurs de l'ennemi, en commençant par la religion et les églises, réparant les unes, en élevant de nouvelles, les dotant de revenus et de privilèges ; car son premier souci était de voir refleurir le culte de Dieu qui avait grandement souffert. C'est l'affirmation de tous les auteurs que, contraint par les seigneurs de sa cour au mariage, il y garda la virginité avec son épouse, vierge comme lui. Tels étaient son amour et sa foi dans le Christ, qu'il mérita de le voir au saint Sacrifice lui souriant et resplendissant d'un éclat divin. On l'appelait communément le père des orphelins et des malheureux; car sa charité était si grande, qu'on ne le voyait jamais plus heureux que lorsqu'il avait épuisé le trésor royal pour les pauvres.

    Il fut illustré du don de prophétie, et reçut des lumières d'en haut touchant l'avenir de son pays ; fait remarquable entre autres : il connut surnaturellement, à l'instant même qu'elle arriva, la mort de Suénon, roi de Danemark, englouti dans les flots comme il s'embarquait pour envahir l'Angleterre. Fervent dévot de saint Jean l'Evangéliste, il avait la coutume de ne jamais refuser ce qu'on lui demandait en son nom; comme donc, un jour, l'Apôtre lui-même, sous l'apparence d'un mendiant en haillons, lui demandait l'aumône, le roi, n'ayant pas d'argent, tira du doigt son anneau et l'offrit au Saint, qui peu après le retourna à Edouard avec l'annonce de sa mort prochaine. Le roi, prescrivant à sa propre intention des prières, mourut en effet très pieusement au jour prédit par l'Evangéliste, à savoir les nones de janvier de l'an du salut mil soixante-six. La gloire des miracles entoura sa tombe, et dans le siècle suivant, Alexandre III l'inscrivit parmi les Saints.

    Toutefois le culte de sa mémoire dans l'Eglise universelle a été, quant à l'Office public, fixé par Innocent XI au présent jour; c'est celui où son corps, levé du tombeau après trente-six ans, fut trouvé sans corruption et répandant une suave odeur.

    (bréviaire)

  • Saint François de Borgia

    En ce temps vint dans cette ville le P. François de Borgia. Duc de Gandie quelques années auparavant, il avait tout quitté et était entré dans la compagnie de Jésus. Mon confesseur me procura l’occasion de lui parler et de lui rendre compte de mon oraison ; car il savait que Dieu lui accordait de grandes faveurs et des délices spirituelles, le récompensant ainsi, dès cette vie même, d’avoir tout abandonné pour le servir. Le gentilhomme dont j’ai parlé précédemment vint aussi me voir dans le même but. Après m’avoir entendue, le P. François de Borgia me dit que ce qui se passait en moi venait de l’esprit de Dieu ; il approuvait la conduite que j’avais tenue jusque-là, mais il croyait qu’à l’avenir je ne devais plus opposer de résistance. Désormais, je devais toujours commencer l’oraison par un mystère de la Passion ; et si ensuite Notre Seigneur, sans aucun effort de ma part, élevait mon esprit à un état surnaturel, je devais, sans lutter davantage, m’abandonner à sa conduite. Il montra alors combien il était avancé lui-même, en me donnant ainsi le remède et le conseil ; car en ceci l’expérience fait beaucoup. Il déclara que ce serait donner dans l’erreur que de résister plus longtemps. Pour moi, je demeurai bien consolée, et ce gentilhomme aussi. Très satisfait que ce père eût reconnu l’action de Dieu dans mon âme, il continuait à m’aider et à me donner des conseils en tout ce qu’il pouvait, et il pouvait beaucoup.

    (Sainte Thérèse d’Avila, Vie, ch. 24)

  • Saint Denis et ses compagnons

    Ce jour est la fête de saint Jean Leonardi, et l'on fait mémoire de saint Denis et ses compagnons.

    Voici une "prose" du missel de Paris de 1779.

    Que toute l'Eglise prenne part à la joie que ressent la France d'avoir en saint Denis un père qui l'a engendrée en Jésus-Christ. Que Paris, illustre par son martyre, fasse sur tout éclater ses transports.

    En ce jour nous célébrons le triomphe remporté par trois saints martyrs dont la protection fait la joie de cette ville et l'appui de tout le royaume.

    Ces deux généreux athlètes, unis à leur père, méritent à juste titre notre souvenir et nos louanges. Mais saint Denis est particulièrement honoré dans l'église bâtie sous son invocation par nos rois.

    Envoyé en France par le souverain Pontife pour y prêcher la foi, Denis ne craint point la fureur d'une nation idolâtre.
    L'apôtre des Gaules choisit pour le lieu de ses premiers travaux Paris où le démon exerçait un empire absolu. Il y élève à Jésus-Christ un temple ; il y prêche de parole et d'exemple ; il y opère les miracles les plus éclatants.

    Le peuple croit, l'erreur se dissipe, la foi s'augmente, et toute la ville bénit le nom du saint évêque. A cette nouvelle, l'Empereur entre en fureur et envoie Sisinnius. Il lui ordonne de conduire au supplice ce zélé pasteur des âmes, célèbre par sa foi, ses miracles et sa sainteté.

    Le saint vieillard est aussitôt mis en prison, chargé de chaînes et cruellement fouetté ; mais les plus rudes tourments ne peuvent ébranler sa constance. La vue des travaux passés renouvelle le courage de ce généreux athlète ; il cherche, par de nouveaux combats, à mériter les récompenses éternelles.

    Nourri de la chair vivifiante de l'Agneau qui s'est immolé pour le salut du monde, et fortifié par la puissance de son Dieu qu'il porte dans son coeur, ce saint homme s'empresse de sceller par l'effusion de son sang la foi qu'il a prêchée et qu'il a confirmée par une infinité de miracles.

    Enfin ce généreux soldat de Jésus-Christ s'avance pour combattre et plein de courage il présente sa tête au bourreau et il reçoit avec intrépidité le coup qui consomme sa victoire.

    Les deux fidèles compagnons de ses travaux le deviennent aussi de ses tourments : ces trois victimes consacrées à Dieu par un même martyre reçoivent la même couronne. Que la glorieuse mort de ces saint hommes nous remplisse de joie. Amen.

  • Saint Serge et ses compagnons

    Desert syrien (Al-Rassafa) 10.jpgAujourd’hui on fête sainte Brigitte. Mais on fait aussi mémoire de saint Serge et ses compagnons, c'est-à-dire Saint Serge et saint Bacchus, martyrisés en Syrie en 305, sous le règne de Dioclétien, en un lieu qui devint Sergiopolis, et qui est aujourd’hui Al Rafassa (photo de ce qui reste du martyrium), auxquels le martyrologe romain a ajouté deux autres saints, Marcel et Apulée, martyrisés en d'autres lieux et d'autres temps.

    Maaloula_Mar_Sarkis.jpgA Maaloula, village syrien célèbre parce qu’on y parle l’araméen, le couvent Saints Serge et Bacchus, au sommet de la colline Saint-Serge (Mar Sarkis), est un haut lieu grec-catholique (photo de l’icône des saints Serge et Bacchus).

  • Saint Bruno

    Témoin du bouillonnement culturel et religieux qui agitait à son époque l’Europe naissante, acteur dans la réforme que souhaitait réaliser l’Église face aux difficultés internes qu'elle rencontrait, après avoir été un enseignant apprécié, Bruno se sent appelé à se consacrer au bien unique qu’est Dieu lui-même. "Et qu’y a-t-il d’aussi bon que Dieu? Plus encore, y a-t-il un autre bien que Dieu seul? Aussi l’âme sainte qui a quelque sentiment de ce bien, de son incomparable éclat, de sa splendeur, de sa beauté, brûle de la flamme du céleste amour et s’écrie: 'J’ai soif du Dieu fort et vivant, quand irai-je voir la face de Dieu'" (Lettre à Raoul, n. 15). Le caractère radical de cette soif poussa Bruno, dans l’écoute patiente de l’Esprit, à inventer avec ses premiers compagnons un style de vie érémitique, où tout favorise la réponse à l’appel du Christ qui, de tout temps, choisit des hommes "pour les mener en solitude et se les unir dans un amour intime" (Statuts de l’Ordre des Chartreux). Par ce choix de "vie au désert", Bruno invite dès lors toute la communauté ecclésiale " à ne jamais perdre de vue la vocation suprême, qui est de demeurer toujours avec le Seigneur" (Vita consecrata, n. 7).

    (Extrait de la lettre de Jean-Paul II aux Chartreux, à l’occasion du 9e centenaire de la mort de saint Bruno, 14 mai 2001)

  • Saint François d’Assise

    Comme Saint François allait une fois de Pérouse à Sainte-Marie des Anges avec frère Léon, au temps d'hiver et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appelle frère Léon qui marchait un peu en avant et parla ainsi:

    " O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donneraient en tout pays, un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins, écris et note avec soin que là n'est pas la joie parfaite."

    Et Saint François allant plus loin l'appela une seconde fois:

    "O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait les aveugles voir, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l'ouïe aux sourds, le marcher aux boîteux, la parole aux muets et, ce qui est plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite."

    Marchant encore un peu Saint François s'écria d'une voix forte:

    "O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Ecritures, en sorte qu'il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite".

    Allant un peu plus loin, Saint François appela encore d'une voix forte:

    "O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand bien même le frère Mineur parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu'il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite."

    Et faisant encore un peu de chemin, Saint François appela d'une voix forte:

    "O frère Léon quand même le frère Mineur saurait si bien prêcher qu'il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite."

    Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon fort étonné l'interrogea et dit: "Père, je te prie de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite". Et Saint François lui répondit: " Quand nous arriverons à Sainte Marie des Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : "Qui êtes-vous ?", et que nous lui répondrons : "Nous sommes deux de vos frères", et qu'il dira : "Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu'à la nuit", alors si nous supportons avec patience, sans trouble, sans murmurer contre lui, tant d'injures et tant de crauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite. Et si nous persistons à frapper, et qu'il sorte en colère et qu'il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : "Allez-vous en d'ici, misérables petits voleurs, allez à l'hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez", si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

    Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l'amour de Dieu avec de grands gémissements de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu'il dise, plus irrité encore : "Ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent", et s'il sort avec un bâton noueux, et qu'il nous saisisse par le capuchon, et nous jette à terre, et nous roule dans la neige et nous frappe de tous les noeuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris que cela est la joie parfaite.

    Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l'amour du Christ, les peines, les injures, les opprobes et les incommodités : car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier puisqu'ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon ce que dit l'Apôtre : "Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu de Dieu ? Et si tu ne l'as reçu de lui, pourquoi t'en glorifies-tu comme si tu l'avais de toi-même ?" Mais dans la croix de la tribulation et de l'affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c'est pourquoi l'Apôtre dit : "Je ne veux point me glorifier si ce n'est dans la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ". A qui soit toujours honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen."

  • Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

    Avec sa doctrine propre et son style unique, Thérèse se présente comme une authentique maîtresse de la foi et de la vie chrétiennes. Dans ses écrits, comme dans les développements des saints Pères, passe la sève vivifiante de la tradition catholique dont les richesses, ainsi que l'atteste encore le Concile Vatican II, "passent dans la pratique et la vie de l'Eglise qui croit et qui prie" (Dei Verbum, n. 8).

    La doctrine de Thérèse de Lisieux, si on la considère dans son genre littéraire, dépendant de son éducation et de sa culture, et si on l'évalue en fonction des conditions particulières de son époque, se présente dans une harmonie providentielle avec la tradition la plus authentique de l'Eglise, tant pour la confession de la foi catholique que pour la promotion de la vie spirituelle la plus vraie, proposée à tous les fidèles dans un langage vivant et accessible.

    Elle a fait resplendir en notre temps la beauté de l'Evangile; elle a eu la mission de faire connaître et aimer l'Eglise, Corps mystique du Christ; elle a aidé à guérir les âmes des rigueurs et des craintes de la doctrine janséniste, plus portée à souligner la justice de Dieu que sa divine miséricorde. Elle a contemplé et adoré dans la miséricorde de Dieu toutes les perfections divines, parce que "la Justice même (et peut-être encore plus que toute autre) me semble revêtue d'amour" (Ms A, 83 v). Elle est ainsi devenue une icône vivante de ce Dieu qui, selon la prière de l'Eglise, "donne la preuve suprême de sa puissance lorsqu'il patiente et prend pitié" (cf. Missale Romanum, Collecta, XXVI dimanche du temps ordinaire).

    Même si Thérèse n'a pas un corps de doctrine proprement dit, de véritables éclairs de doctrine se dégagent de ses écrits qui, comme par un charisme de l'Esprit Saint, touchent au centre même du message de la Révélation dans une vision originale et inédite, présentant un enseignement de qualité éminente.

    De fait, au cœur de son message il y a le mystère même de Dieu Amour, de Dieu Trinité, infiniment parfait en soi. Si l'expérience chrétienne authentique doit être en accord avec les vérités révélées, dans lesquelles Dieu se fait connaître lui-même et fait connaître le mystère de sa volonté (cf. Dei Verbum, n. 2), il faut affirmer que Thérèse a fait l'expérience de la Révélation divine, parvenant à contempler les réalités fondamentales de notre foi réunies dans le mystère de la vie trinitaire. Au sommet, source et terme à la fois, il y a l'amour miséricordieux des trois Personnes divines, comme elle le dit, spécialement dans son Acte d'offrande à l'Amour miséricordieux. A la base, du côté du sujet, il y a l'expérience d'être enfant adoptif du Père en Jésus; tel est le sens le plus authentique de l'enfance spirituelle, c'est-à-dire l'expérience de la filiation divine sous la motion de l'Esprit Saint. A la base encore, et devant nous, il y a le prochain, les autres, et nous devons coopérer à leur salut avec et en Jésus, avec le même amour miséricordieux que Lui.

    Par l'enfance spirituelle, on éprouve que tout vient de Dieu, que tout retourne à Lui et demeure en Lui, pour le salut de tous, dans un mystère d'amour miséricordieux. Tel est le message doctrinal enseigné et vécu par cette sainte.

    (Lettre apostolique Divini amoris scientia, de Jean-Paul II, pour la proclamation de sainte Thérèse docteur de l’Eglise, 19 octobre 1997, n 8.)