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saints - Page 9

  • Saint Zéphirin

    La Voie Appienne nous vit pour la troisième fois, mais non pour la dernière fois. Centre des vastes Catacombes qui en font la reine des voies, le cimetière de Saint-Callixte était exploré. Mais dans ce grand faubourg de la ville souterraine on distinguait plusieurs quartiers. Bien que partie intégrante de la Catacombe principale, ils sont désignés par des noms propres et méritent l’attention du voyageur à cause des événements dont ils furent le théâtre. De ce nombre est le cimetière de Saint-Zéphirin, pape et martyr. « Le glorieux pontife, dit Anastase, fut déposé dans son cimetière, près de la Catacombe de Callixte, sur la voie Appienne. » Qu’il l’ait fait ouvrir ou qu’il l’ait seulement honoré par sa sépulture, Zéphirin méritait de donner son nom à cette partie de la Rome souterraine.

    Elevé en 203 sur le trône déjà quinze fois ensanglanté de saint Pierre, il gouverna l'Église pendant la persécution de Septime-Sévère. L'orage fut tellement violent qu'on crut à l'arrivée du véritable Antechrist et à l’approche de la dernière heure du monde. Caché dans les Catacombes, d’où il dirigeait la lutte, encourageait les combattants et leur donnait dans les eaux du baptême des successeurs au martyre, le saint pape sortit un jour de sa retraite, afin de recevoir dans ses bras paternels le plus grand génie de i'Orient, accouru pour voir de ses yeux l’antique Eglise de Rome. Ces bras qui venaient de s’ouvrir pour embrasser Origène s'armèrent bientôt pour frapper Proclus, l’opiniâtre sectateur de Montan. Après avoir encouragé les martyrs, affermi les apologistes et condamné les hérétiques, le souverain pasteur, devenu victime à son tour, monta sur l’échafaud et signa de son sang la foi dont il avait reçu le dépôt de saint Victor et qu’il transmit à saint Callixte l’an 221. La Catacombe de Saint-Zéphirin fut bientôt absorbée dans celle de Saint-Callixte, en sorte qu’aujourd'hui les archéologues romains ne peuvent avec certitude en assigner les limites.

    (Jean Gaume, Les trois Rome : journal d'un voyage en Italie, 1857)

  • Saint Louis

    Deus, qui beatum Ludovicum confessorem tuum de terreno regno ad cælestis regni gloriam transtulisti, ejus, quæsumus, meritis et intercessione, Regis regum Jesu Christi Filii tui facias nos esse consortes.

    O Dieu, qui du royaume de la terre avez élevé saint Louis votre confesseur à la gloire du royaume du ciel : nous vous prions par ses mérites et par son intercession de nous faire part de la gloire du Roi des rois Jésus-Christ votre Fils.

    (traduction de Bossuet)

  • Saint Philippe Benizi

    Né en 1233 dans une famille noble de Florence, Philippe Benizi fit des études de philosophie et de médecine à Paris et à Padoue. A 20 ans il entra dans le tout nouvel Ordre des Servites de Marie comme simple frère convers et entendait le demeurer. Mais quatre ans plus tard il était ordonné prêtre, et en 1267 il était élu prieur de l’ordre. Il s’efforça de le faire revenir à son origine d’ordre mendiant. Avec sainte Julienne Falconieri il fonda la branche féminine de l’ordre. Il établit aussi la Confrérie des Sept Douleurs de la Mère de Dieu. En 1269, pendant le long conclave réuni après la mort de Clément IV, plusieurs cardinaux suggérèrent d’élire Philippe. Il était très réputé pour sa sainteté et aussi pour son sens de la diplomatie : il s’employait à réconcilier les villes déchirées par la lutte entre Guelfes et Gibelins, et les réconciliait avec l’Eglise. Peu avant, il avait donné son manteau à un lépreux nu, et celui-ci avait été immédiatement guéri. Apprenant qu’il risquait d’être élu, il s’enfuit et se cacha à Montamiata, dont les bains guérissent les maladies depuis lors.

    Il mourut au couvent des Servites de Todi le 22 août 1285, jour de l’octave de l’Assomption. De nombreux miracles éclatèrent sur son tombeau. Il fut aussitôt vénéré dans son ordre et à Florence.

    Il fut béatifié en 1645 et canonisé en 1671.

    On peut voir une grande série de fresques d'Andrea del Sarto sur la vie de saint Philippe Benizi dans le cloître de la basilique de l'Annonciation à Florence. Elles furent commandées au peintre en 1516 par les Servites, qui avaient là leur couvent.

  • Sainte Jeanne Françoise Frémyot de Chantal

    Quelques citations célèbres :

    « Si le monde connaissait la douceur d’aimer Dieu, il mourrait d’amour ! »

    « Il nous faut tout quitter pour rester à la merci de l’amour divin, afin qu’il fasse de nous ce qu’il lui plaira. »

    « Si vous cherchez Dieu, vous le trouverez partout. »

    L’an dernier j’avais cité son très bel « acte d’abandon ».

    L’oraison de sa fête (du XVIIIe siècle) est un exemple type de ces oraisons bavardes qui n’ont plus qu’un lointain rapport avec les ciselures concises et lumineuses de l’époque de saint Léon et de saint Grégoire.

  • Saint Bernard

    Jam Regina discubuit,
    Sedens post Unigenitum :
    Nardus odorem tribuit
    Bernardus, tradens spiritum.

    Dulcis Reginæ gustui
    Fructus sui suavitas :
    Dulcis ejus olfactui
    Nardi Bernardi sanctitas.

    Venit Sponsa de Libano
    Coronanda divinitus,
    Ut Bernardus de clibano
    Veniret sancti Spiritus.

    Quæ est ista progrediens
    Velut aurora rutilans ?
    Quis est iste transiliens
    Colles, Sanctis conjubilans ?

    Hæc gloria terribilis
    Sicut castrorum acies :
    Hic gratia mirabilis
    Ut Assueri facies.

    Ora pro nobis Dominum,
    Prædulcis fumi virgula :
    Inclina Patrem luminum,
    Pastor ardens ut facula.

    Sit Trinitati Gloria,
    Per quam triumphus Virginis,
    Et Bernardi felicitas
    Manent in c
    æli curia. Amen

    La reine vient de prendre place, s’asseyant après le Fils unique ; Bernard apporte le parfum de nard, en rendant l’esprit.

    Douce, au palais de la Reine, est la suavité de son fruit ; doux est à ses narines la sainteté du nard de Bernard.

    L’Epouse vient du Liban pour être divinement couronnée, de sorte que Bernard puisse venir du fournil du Saint-Esprit.

    Qui est celle-ci qui s’avance comme l’aurore rougeoyante ? Qui est celui-ci qui franchit les collines, jubilant avec les saints ?

    Celle-ci est terrible dans sa gloire, comme une armée en ordre de bataille ; celui-là est admirable de grâce, comme le visage d’Assuérus.

    Prie pour nous le Seigneur, très douce et légère fumée ; fais que s’incline vers nous le Père des lumières, pasteur ardent comme une torche.

    Gloire soit à la Trinité, par laquelle le triomphe de la Vierge, et la félicité de Bernard, demeurent à la cour céleste. Amen.

    Cette hymne des vêpres et des matines de la fête de saint Bernard a été composée peu après sa mort. C’est un admirable poème, tout tissé du Cantique des cantiques, ce qui renvoie en même temps à la liturgie de l’Assomption et au célèbre commentaire de ce livre par saint Bernard. L’hymne montre que la fête de saint Bernard est étroitement liée à l’Assomption. Elle a lieu au sixième jour de l’octave. Il est très regrettable que Pie XII ait supprimé cette octave, d’abord parce que son déploiement liturgique est somptueux et qu’il est si bon de rester un peu dans la lumière de ce mystère, ensuite parce que la fête de saint Bernard s’y inscrit et que saint Bernard a écrit une magnifique homélie pour le dimanche dans l’octave de l’Assomption (sans parler de ses quatre prodigieuses homélies pour la fête de l'Assomption), enfin parce que la fête du Cœur immaculé de Marie, que l’on doit à saint Jean Eudes (lui aussi mort et fêté dans l’octave de l’Assomption) a été placée au jour octave et non arbitrairement le « 22 août ».

  • Saint Jean Eudes

    Saint Jean Eudes (1601-1680) est la grande figure française de la deuxième génération de la Réforme catholique.

    D’abord disciple de l’Oratoire, il devient un prédicateur infatigable et organise des «missions paroissiales», en Bretagne, en Normandie, en Bourgogne et jusqu'à la cour du roi Louis XIV : près de cent quinze missions entre 1632 et 1675.

    Il fonde, à Caen, "la Congrégation de Jésus et de Marie" (les Pères eudistes), qui se voue aux missions ainsi qu'à la fondation des séminaires pour la formation d'un meilleur clergé. Il fonde un séminaire à Caen, et en créera plusieurs autres par la suite.

    Il crée également "l'Institut Notre-Dame de Charité", dont les religieuses se consacreront notamment à la réhabilitation des prostituées, ainsi que la Société du Très Saint Cœur de la Mère admirable.

    Il développe la dévotion au Saint Cœur de Marie et au Sacré Cœur de Jésus, qu’il associe étroitement car « la Mère de Jésus est le type accompli de la vie chrétienne : en son Cœur le Christ vit et règne parfaitement ». En 1648, il fait célébrer, à Autun, la première fête liturgique du Cœur de Marie. En 1672, les communautés eudistes célébreront la première fête liturgique du Cœur de Jésus.

    Parmi ses livres, le plus considérable est Le Cœur admirable de la Très sainte Mère de Dieu. C’est aussi celui où il explique de la manière la plus complète la dévotion aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, telle qu'il la voyait. Extrait de la préface :

    « La terre est pleine de saints livres, qui ont été composés à la louange de la Mère admirable, et en si grande quantité qu'un excellent auteur en rapporte plus de cinq mille... Mais je ne trouve point de livres qu'on ait faits sur son très aimable Cœur. Et cependant, c'est ce qu'il y a de plus digne, de plus noble et de plus admirable en cette divine Vierge; et même c'est la source et l'origine de toutes ses grandeurs, ainsi que nous le ferons voir clairement ci-après. C'est pourquoi j'ai cru rendre service à Notre Seigneur et à sa très sainte Mère, et obliger ceux qui font profession de l'honorer et de l'aimer comme leur Souveraine et comme leur véritable Mère, de mettre ce livre au jour, pour exciter dans les cœurs de ceux qui le liront une vénération et dévotion particulière envers son très aimable Cœur. »

  • Sainte Hélène

    En certains lieux c’est aujourd’hui la fête de l’impératrice sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin. C’est notamment le cas à Liverpool, comme je le vois dans un ordo britannique. Mais je ne vois rien qui relie Liverpool à sainte Hélène : aucune chapelle ou église de la ville ne porte son nom…

    Voici l’un des principaux récits de la découverte de la Croix par sainte Hélène, que l’on doit à Rufin d’Aquilée (grand traducteur de pères grecs en latin et continuateur de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée).

    Elle apprit, par révélation, que la croix avait été enfouie dans un des caveaux du sépulcre de Notre Seigneur, et les anciens de la ville, qu'elle consulta avec grand soin, lui marquèrent le lieu où ils croyaient, selon la tradition de leurs pères, qu'était ce précieux monument ; elle fit creuser en ce lieu avec tant d'ardeur et de diligence, qu'elle découvrit enfin ce trésor que la divine Providence avait caché dans les entrailles de la terre durant tout le temps des persécutions, afin qu'il ne fût point brûlé par les idolâtres, et que le monde, étant devenu chrétien, lui pût rendre ses adorations.

    Dieu récompensa cette sainte impératrice beaucoup plus qu'elle n'eût osé l'espérer : car, outre la Croix, elle trouva encore les autres instruments de la Passion, à savoir les clous dont Notre Seigneur avait été attaché, et le titre qui avait été mis au-dessus de sa tête. Cependant, une chose la mit extrêmement en peine les croix des deux larrons, crucifiés avec Lui, étaient aussi avec la sienne, et l'Impératrice n'avait aucune marque pour distinguer l'une des autres. Mais saint Macaire, alors évêque de Jérusalem, qui l'assistait dans cette action, leva bientôt cette nouvelle difficulté. Ayant fait mettre tout le monde en prière, et demandé à Dieu qu'il lui plût de découvrir à son Église quel était le véritable instrument de sa Rédemption, il le reconnut par le miracle suivant une femme, prête à mourir, ayant été amenée sur le lieu, on lui fit toucher inutilement les deux croix des larrons ; mais dès qu'elle approcha de celle du Sauveur du monde, elle se sentit entièrement guérie, quoique son mal eût résisté jusqu'alors à tous les remèdes humains et qu'elle fût entièrement désespérée des médecins. Le même jour, Macaire rencontra un mort qu'une grande foule accompagnait au cimetière. Il fit arrêter ceux qui le portaient et toucha inutilement le cadavre avec deux des croix ; aussitôt qu'on eut approché celle du Sauveur, le mort ressuscita.

    Sainte Hélène, ravie d'avoir trouvé le trésor qu'elle avait tant désiré, remercia Dieu d'une grande ferveur, et fit bâtir au même lieu une église magnifique ; elle y laissa une bonne partie de la Croix, qu'elle fit richement orner ; une autre partie fut donnée à Constantinople ; enfin le reste fut envoyé à Rome, pour l'église que Constantin et sa mère avaient fondée dans le palais Sessorien (demeure de l'Impératrice) près du Latran qui a toujours depuis le nom de Sainte-Croix-de-Jérusalem.

  • Sainte Radegonde

    Qu’est devenue la fête de sainte Radegonde ? En ce jour, dom Guéranger, dans son Année liturgique, a des accents particulièrement lyriques pour chanter la grande sainte de Poitiers. Souvenons-nous de cette reine devenue moniale qui tient une place éminente dans l’histoire chrétienne du royaume de France, avec ce bon résumé de sa vie trouvé sur le site du diocèse de Poitiers. Il y manque seulement le miracle des avoines : un jour que les envoyés du roi étaient une fois de plus à sa poursuite, Radegonde traversa un champ où des paysans étaient en train de semer de l’avoine. L’avoine poussa tout à coup, ce qui permit à Radegonde de s’enfuir. Et les paysans purent dire sans mentir aux envoyés du roi qu’ils n’avaient vu personne depuis que l’avoine avait poussé…

    Radegonde née vers 518, fille du roi de Thuringe, Berthaire, sa famille fut massacrée en 531 par un fils de Clovis, Clotaire, qui la fit prisonnière, alors qu'elle n'avait guère plus de 12 ans. Elle fut emmenée comme captive à la villa royale d'Athies, où elle reçut une bonne éducation. En 538, Clotaire devenu veuf décide d'épouser Radegonde à Vitry en Artois. Elle s'enfuit, mais rattrapée, le mariage a lieu à Soissons.

    Très pieuse, elle se consacra à accueillir les pauvres, soigner les malades, consoler les affligés, elle fut une reine aimée de ses sujets. Radegonde avait un frère plus jeune qui partageait sa captivité. Il fut assassiné sur l'ordre de Clotaire, pour haute trahison, il était soupçonné d'entretenir des relations trop étroites avec Constantinople. A partir de ce moment la reine Radegonde refusa la vie commune avec Clotaire.

    Depuis longtemps attirée par une vie de prière et d'austérité, elle rechercha refuge auprès de Saint Médard, évêque de Noyon, et lui demande de lui donner l'habit religieux ; devant son hésitation elle le menace : " Si tu tardes à me consacrer et que tu craignes un homme plus que Dieu, le Pasteur te demandera compte de l'âme de ta brebis ". Elle obtint de se retirer à Poitiers où elle fonda, entre 552 et 557, un monastère qui allait prendre, plus tard, le nom de Sainte-Croix, lorsqu'elle recevra de l'empereur de Byzance une relique de la vraie Croix ; c'est à l'occasion de l'arrivée de cette relique de la Croix que le poète Saint Fortunat compose le Vexilla Regis et le Pange Lingua. Par humilité, elle refusa d'assumer officiellement la direction du monastère. Sur sa proposition, la communauté élit comme Abbesse Agnès, et Radegonde se soumit à son autorité.

    Craignant pour le devenir du monastère, elle va chercher à Arles la Règle rédigée par saint Césaire (qui restera en vigueur dans les abbayes de femmes pendant deux siècles, jusqu'à ce que celle de saint Benoît la supplante), elle obtient également la signature de sept évêques, dont Germain de Paris, pour garantir ce que l'on appellera plus tard l'exemption de son monastère.

    Bien qu'ayant renoncé à toutes les richesses, à toutes les facilités de la vie et à son titre de reine pour ne s'attacher qu'au Christ, elle continuait à intervenir, de l'intérieur du monastère, auprès des princes qui se déchiraient, pour arrêter ou éviter les conflits. Même retirée du monde, Radegonde garda une grande autorité dans tout le royaume jusqu'à la fin de sa vie. Elle meurt en 587 à Poitiers, l'église Sainte Radegonde abrite son tombeau.

  • Sainte Claire

    « A sa très chère sœur en Jésus-Christ, à sa mère, Dame Claire servante du Christ, Hugolin d'Ostie, évêque indigne et pécheur. Depuis l'heure où il a fallu me priver de vos saints entretiens, m'arracher à cette joie du ciel, une telle amertume de cœur fait couler mes larmes que, si je ne trouvais aux pieds de Jésus la consolation que ne refuse jamais son amour, mon esprit en arriverait à défaillir et mon âme à se fondre. Où est la glorieuse allégresse de cette Pâque célébrée en votre compagnie et en celle des autres servantes du Christ ?... Je me savais pécheur ; mais au souvenir de la suréminence de votre vertu, ma misère m'accable, et je me crois indigne de retrouver jamais cette conversation des saints, si vos larmes et vos prières n'obtiennent grâce pour mes péchés. Je vous remets donc mon âme; à vous je confie mon esprit, pour que vous m'en répondiez au jour du jugement. Le Seigneur Pape doit venir prochainement à Assise; puissé-je l'accompagner et vous revoir ! Saluez ma sœur Agnès [c'était la sœur même de Claire et sa première fille en Dieu] ; saluez toutes vos sœurs dans le Christ. »

    Le grand cardinal Hugolin, âgé de plus de quatre-vingts ans, devenait peu après Grégoire IX. Durant son pontificat de quatorze années, qui fut l'un des plus glorieux et des plus laborieux du XIII° siècle, il ne cessa point d'intéresser Claire aux périls de l'Eglise et aux immenses soucis dont la charge menaçait d'écraser sa faiblesse. Car, dit l'historien contemporain de notre sainte, « il savait pertinemment ce que peut l'amour, et que l'accès du palais sacré est toujours libre aux vierges : à qui le Roi des cieux se donne lui-même, quelle demande pourrait être refusée ? »

    L'exil, qui après la mort de François s'était prolongé vingt-sept ans pour la sainte, devait pourtant finir enfin. Des ailes de feu, aperçues par ses filles au-dessus de sa tête et couvrant ses épaules, indiquaient qu'en elle aussi la formation séraphique était à son terme. A la nouvelle de l'imminence d'un tel départ intéressant toute l'Eglise, le Souverain Pontife d'alors, Innocent IV, était venu de Pérouse avec les cardinaux de sa suite. Il imposa une dernière épreuve à l'humilité de la sainte, en lui ordonnant de bénir devant lui les pains qu'on avait présentés à la bénédiction du Pontife suprême ; le ciel, ratifiant l'invitation du Pontife et l'obéissance de Claire au sujet de ces pains, fit qu'à la bénédiction de la vierge, ils parurent tous marqués d'une croix.

    La prédiction que Claire ne devait pas mourir sans avoir reçu la visite du Seigneur entouré de ses disciples, était accomplie. Le Vicaire de Jésus-Christ présida les solennelles funérailles qu'Assise voulut faire à celle qui était sa seconde gloire devant les hommes et devant Dieu. Déjà on commençait les chants ordinaires pour les morts, lorsqu'Innocent voulut prescrire qu'on substituât à l'Office des défunts celui des saintes vierges ; sur l'observation cependant qu'une canonisation semblable, avant que le corps n'eût même été confié à la terre, courrait risque de sembler prématurée, le Pontife laissa reprendre les chants accoutumés. L'insertion de la vierge au catalogue des Saints ne fut au reste différée que de deux ans.

    (Dom Guéranger, L'Année liturgique. Dom Guéranger cite la magnifique première phrase de la bulle de canonisation de sainte Claire : « Clara claris præclara meritis, magnæ in cælo claritate gloriæ ac in terra splendore miraculorum sublimium, clare claret. » Cette hymne sur la claire lumière de Claire se poursuit ainsi tout au long des deux premiers paragraphes de la bulle d’Alexandre IV, adressée, je ne sais pas pourquoi, « aux évêques établis à travers le royaume de France ».)

  • Saint Tiburce et sainte Suzanne

    Tiburce, fils de Chromatius, préfet de Rome, avait embrassé le christianisme, à la persuasion de saint Sébastien. Amené pour ce motif devant le juge Fabien, il se mit à discourir en sa présence sur divers points de la foi chrétienne. Dans sa fureur, le juge ordonna de couvrir le pavé de charbons ardents, et lui dit : « Tiburce, il faudra, ou que tu sacrifies sans délai aux dieux de l’empire, ou que tu marches nu-pieds sur ces charbons. » Se munissant alors du signe de la croix, le martyr marcha plein de confiance sur le brasier. « Apprends par là, dit-il au juge, que le Dieu des chrétiens est le seul Dieu. Tes charbons me semblent être des fleurs. » Ce prodige ayant été attribué à la magie, on conduisit Tiburce hors de la ville sur la voie Lavicane, à trois milles de Rome, où on le décapita et où les chrétiens l’ensevelirent.
    Le même jour, Suzanne, vierge d’une grande noblesse*, qui avait refusé l’alliance de Galère Maxime, fils de l’empereur Dioclétien, à cause de son vœu de virginité, et que de nombreux supplices n’avaient pu détourner de sa résolution sainte, fut décapitée dans sa propre maison, sur l’ordre de l’empereur. C’est ainsi qu’elle monta au ciel, couronnée de la double gloire de la virginité et du martyre.

    (Bréviaire)

    *Sainte Suzanne était la fille de saint Gabinius, frère du pape saint Caïus, et parente de Dioclétien.