Témoin du bouillonnement culturel et religieux qui agitait à son époque l’Europe naissante, acteur dans la réforme que souhaitait réaliser l’Église face aux difficultés internes qu'elle rencontrait, après avoir été un enseignant apprécié, Bruno se sent appelé à se consacrer au bien unique qu’est Dieu lui-même. "Et qu’y a-t-il d’aussi bon que Dieu? Plus encore, y a-t-il un autre bien que Dieu seul? Aussi l’âme sainte qui a quelque sentiment de ce bien, de son incomparable éclat, de sa splendeur, de sa beauté, brûle de la flamme du céleste amour et s’écrie: 'J’ai soif du Dieu fort et vivant, quand irai-je voir la face de Dieu'" (Lettre à Raoul, n. 15). Le caractère radical de cette soif poussa Bruno, dans l’écoute patiente de l’Esprit, à inventer avec ses premiers compagnons un style de vie érémitique, où tout favorise la réponse à l’appel du Christ qui, de tout temps, choisit des hommes "pour les mener en solitude et se les unir dans un amour intime" (Statuts de l’Ordre des Chartreux). Par ce choix de "vie au désert", Bruno invite dès lors toute la communauté ecclésiale " à ne jamais perdre de vue la vocation suprême, qui est de demeurer toujours avec le Seigneur" (Vita consecrata, n. 7).
(Extrait de la lettre de Jean-Paul II aux Chartreux, à l’occasion du 9e centenaire de la mort de saint Bruno, 14 mai 2001)