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saints - Page 7

  • Saint Remi

    Saint Remi convertit à Jésus-Christ le roi et la nation des Francs. En effet ce roi avait épousé une femme très chrétienne nommée Clotilde qui employait inutilement tous les moyens pour convertir son mari à la foi: Ayant mis au monde un fils, elle voulut qu'il fût baptisé; le roi s'y opposa formellement: or, comme elle n'avait pas de plus pressant désir, elle finit par obtenir le consentement de Clovis; et l’enfant fut baptisé; mais peu de temps après, il mourut subitement. Le roi dit à Clotilde : « On voit maintenant que le Christ est un dieu de maigre valeur, puisqu'il n'a pu conserver à la vie celui par lequel sa croyance pouvait être accrue. » Clotilde lui dit : « Bien au contraire, c'est en cela que je me sens singulièrement aimée de mon Dieu, puisque je sais qu'il a repris le premier fruit de mon sein ; il a donné à mon fils un royaume infiniment meilleur que le tien. » Or, elle conçut de nouveau et mit au monde un second fils qu'elle fit baptiser au plus tôt ainsi que le premier; quand tout à coup, il tomba si gravement malade qu'on désespéra de sa vie. Alors le roi dit à son épouse : « Vraiment ton dieu est bien faible pour ne pouvoir conserver à la vie quelqu'un baptisé en son nom : quand tu en engendrerais un mille et que tu les ferais baptiser, tous ils périront de même. Cependant l’enfant entra en convalescence et recouvra la santé ; il régna même après son père. Or, cette femme fidèle s'efforçait d'amener son mari à la foi, mais celui-ci résistait d'une manière absolue. (Dans une autre fête de saint Remi qui se trouve après l’Epiphanie, on a dit comment il fut converti.) (…)

    Il faut noter que la fête de saint Remi qui se célèbre au mois de janvier est le jour de son bienheureux trépas tandis que ce jour est la fête de sa translation. Après son décès, son corps était porté dans un cercueil en l’église des saints Timothée et Apollinaire; mais arrivé à l’église de saint Christophe, il devint tellement pesant qu'il n'y eut plus possibilité de le mouvoir. On fut donc forcé de prier le Seigneur de daigner indiquer si, par hasard, il ne voulait pas que Remi fût inhumé dans cette église où il n'y avait encore aucune autre relique de saint: et à l’instant, on souleva le corps avec grande facilité, tant il était devenu léger, et on l'y déposa avec beaucoup de pompe. Or, comme il s'y opérait une infinité de miracles, on agrandit l’église et on construisit une crypte derrière l’autel; mais quand il fallut lever le corps pour l’y placer, on ne put le remuer. On passa la nuit en prières et à minuit, tout le monde s'étant endormi, le lendemain, c'est-à-dire, le jour des calendes d'octobre, on trouva que le cercueil avait été porté dans cette crypte par les anges avec le corps de saint Remi.

    Ce fut longtemps après qu'on en fit, à pareil jour, la translation, avec une châsse d'argent, dans la crypte qui avait reçu de riches décorations.

    (Légende dorée)

    [On voit qu’il y avait au moyen âge une fête de saint Remi "après l'Epiphanie": le 14 janvier. Le nouveau calendrier a supprimé la fête du 1er octobre, et a renvoyé saint Remi au… 15 janvier. Mais ce n’est pas une fête, c’est seulement une « mémoire facultative ». En clair, saint Remi, qui « convertit à Jésus-Christ le roi et la nation des Francs », a été éjecté du calendrier liturgique.]

  • Saint Jérôme

    Que pouvons-nous apprendre de saint Jérôme? Je pense en particulier ceci: aimer la Parole de Dieu dans l'Ecriture Sainte. Saint Jérôme dit: "Ignorer les Ecritures, c'est ignorer le Christ". C'est pourquoi, il est très important que chaque chrétien vive en contact et en dialogue personnel avec la Parole de Dieu qui nous a été donnée dans l'Ecriture Sainte. Notre dialogue avec elle doit toujours revêtir deux dimensions: d'une part, il doit être un dialogue réellement personnel, car Dieu parle avec chacun de nous à travers l'Ecriture Sainte et possède un message pour chacun. Nous devons lire l'Ecriture Sainte non pas comme une parole du passé, mais comme une Parole de Dieu qui s'adresse également à nous et nous efforcer de comprendre ce que le Seigneur veut nous dire. Mais pour ne pas tomber dans l'individualisme, nous devons tenir compte du fait que la Parole de Dieu nous est donnée précisément pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité de notre chemin vers Dieu. C'est pourquoi, tout en étant une Parole personnelle, elle est également une Parole qui construit une communauté, qui construit l'Eglise. Nous devons donc la lire en communion avec l'Eglise vivante. Le lieu privilégié de la lecture et de l'écoute de la Parole de Dieu est la liturgie, dans laquelle, en célébrant la parole et en rendant présent dans le Sacrement le Corps du Christ, nous réalisons la parole dans notre vie et la rendons présente parmi nous. Nous ne devons jamais oublier que la Parole de Dieu transcende les temps. Les opinions humaines vont et viennent. Ce qui est très moderne aujourd'hui sera très vieux demain. La Parole de Dieu, au contraire, est une Parole de vie éternelle, elle porte en elle l'éternité, ce qui vaut pour toujours. En portant en nous la Parole de Dieu, nous portons donc en nous l'éternel, la vie éternelle.

    (Benoît XVI, extrait de la catéchèse du 7 novembre 2007)

  • Saints Côme et Damien

    Alleluia, alleluia. Hæc est vera fraternitas, quæ vicit mundi crimina ; Christum secuta est, inclyta tenens regna cælestia. Alleluia.

    Alléluia, alléluia. Telle est la vraie fraternité, qui a triomphé des péchés du monde. Elle a suivi le Christ, elle possède la gloire du royaume céleste. Allélluia.

  • Saint Cyprien et sainte Justine

    Les destructeurs de la liturgie et du culte des saints ont décidé que ce saint Cyprien était l’évêque de Carthage, père et docteur de l’Eglise, dont une étrange légende a fait un magicien d'Antioche converti sous l’influence d’une certaine Justine. C’est ce que dit mon missel de 1962, me demandant de prier des saints qui n’existent pas. Depuis lors, naturellement, Cyprien et Justine sont (logiquement) passés à la trappe.

    Mais saint Cyprien et sainte Justine ont toujours été honorés en Orient. Puisque l’Eglise romaine a décidé de les abandonner à la légende (à cause d'une erreur de saint Grégoire de Nazianze, apparemment), voici le résumé de leur histoire dans la liturgie byzantine (à la date du 2 octobre).

    st-c-28.jpgCyprien vivait à Antioche sous le règne de l'empereur Dèce (vers 250). Il était riche et de noble naissance, et brillait particulièrement dans la philosophie et les pratiques magiques. A cette époque vivait à Antioche une jeune vierge à la beauté éblouissante, fille d'Aidesios, prêtre des idoles. Elle assista un jour à la prédication du Diacre Praülios, venu répandre les paroles de vie éternelle dans le peuple. Elle en fut si frappée qu'elle crut immédiatement de tout son cœur au Christ. La foi et l'amour de Dieu la transformèrent tellement qu'elle entraîna sa mère qui convainquit également son époux, si bien qu'ils demandèrent tous trois le Saint Baptême à l'Evêque Optat. Par la suite, Justa décida de consacrer sa virginité au Seigneur et de demeurer tout le reste de sa vie dans la chasteté, le jeûne et la prière. Un jeune païen, nommé Aglaïdas, tomba éperdument amoureux de Justa et se désespérant de voir toutes ses avances repoussées, s'adressa à Cyprien, afin qu'il déclenchât la passion dans le corps de la pure vierge au moyen de ses charmes. Après avoir consulté ses livres, Cyprien invoqua les démons dont il s'était assuré les services. Mais rien ne pouvait parvenir à tenter la jeune fille et à déclencher en elle les assauts de la concupiscence, tant son amour pour son céleste Epoux était puissant. Constatant qu'à trois reprises les démons qu'il avait envoyés à Justa avaient été vaincus par la grâce du Christ et le signe de la Croix, Cyprien reconnut que la Foi des Chrétiens avait une puissance plus grande que tous les artifices de son art démoniaque. Il crut lui aussi, demanda le Baptême à l'Evêque Anthime, renonça à sa science et brûla publiquement ses livres de magie. Il devint par la suite lui-même Evêque et consacra Justa Diaconnesse, en lui donnant le nom de Justine. Pendant la persécution de Dèce, ils furent tous deux capturés et emmenés à Damas pour y être torturés. On les conduisit ensuite devant l'empereur à Nicomédie, où ils eurent, sur son ordre, la tête tranchée.

  • Saint Lin et sainte Thècle… en France ?

    Ce jour est célébrée la fête de saint Lin, premier successeur de saint Pierre à Rome, et commémorée sainte Thècle, grande disciple de saint Paul, que les orientaux appellent la protomartyre.

    Ces deux saints sont aujourd’hui plutôt méconnus, et il faut bien dire qu’on ne sait rien de très précis sur eux. Au moyen âge, leur proximité avec les apôtres fit qu’on se les annexait (ceux-là et les autres) pour rehausser l’antiquité de l’Eglise locale.

    Ainsi Besançon, qui est incontestablement l’une des plus antiques Eglises de France, après Lyon et Vienne, fit de saint Lin son premier évêque, et la légende raconte comment saint Lin, qui y avait été envoyé par saint Pierre, fut très mal accueilli par les païens et se résolut à retourner à Rome. En réalité, il y eut bien un saint Lin évêque de Besançon, mais il s’agissait du successeur de saint Ferréol, premier évêque de la ville au début du IIe siècle. (Du reste, la fête de saint Lin de Besançon a lieu le 26 novembre.)

    Quant à sainte Thècle, une légende raconte que, fuyant les persécutions en Asie mineure, elle se réfugia en Gaule, et serait morte dans le Gévaudan. De fait le culte de sainte Thècle est resté vivant en Lozère (elle est la sainte patronne de Rocles) et en Auvergne, à Chamalières : parce que cette ville possède une relique de la sainte. De même, saint Thècle est la sainte patronne de Tarragone, en Espagne, non pas parce que son tombeau s’y trouverait, comme on l’a dit, mais parce que la cathédrale possède un de ses bras. Son tombeau est à Séleucie d’Isaurie, aujourd’hui Selefkeh en Turquie.

    Il est remarquable de constater que la présence d’une relique finissait par être interprétée comme la présence du saint lui-même. Ce qui est parfaitement légitime sur le plan spirituel, si ce ne l’est pas du point de vue historique.

  • Saint Thomas de Villeneuve

    Fils de meuniers castillans, on l’envoya étudier à l’université d’Alcala, où il fut nommé professeur dès qu’il eut terminé ses études. Puis il devient professeur à l’université de Salamanque. Mais bientôt il se fit ermite de saint Augustin, et il devint provincial de l’ordre. Charles Quint, qui lui avait donné le titre de chapelain royal, voulut le faire archevêque de Grenade, mais il refusa. Il fut ensuite contraint d’accepter l’archevêché de Valence. Surnommé “l’aumônier” en raison de ses œuvres de charité (et béatifié par Paul V sous le nom de “bienheureux Thomas l’Aumônier”), il dépensait tous ses revenus pour les pauvres, au point qu’il mourut sur un lit que lui prêta celui à qui il l’avait donné. Convoqué au Concile de Trente, il ne put s’y rendre à cause de sa santé ; mais il invita les évêques de sa province à se réunir auprès de lui et leur remit ses travaux après en avoir discuté avec eux. Il eut ainsi sur le concile une grand influence. Par ses écrits ascétiques et mystiques, il est l’un des grands représentants de l’Ecole spirituelle espagnole du XVIe siècle.

    Il a été canonisé par le pape Alexandre VII, le 1er novembre 1658. À cette occasion l’église paroissiale de Castel Gandolfo a été restaurée et lui a été dédiée.

  • Saint Eustache

    Eustache s'appelait d'abord Placide. C'était le commandant des soldats de l’empereur Trajan. Bien qu’adonné au culte des idoles, il pratiquait avec grande assiduité les œuvres de miséricorde. Il avait une épouse idolâtre et miséricordieuse comme lui; il en eut deux fils qu'il éleva selon son rang, avec une magnificence extraordinaire. Comme il se faisait un devoir de s'adonner aux œuvres de miséricorde, il mérita d'être dirigé dans la voie de la vérité. Un jour en effet qu'il se livrait à la chasse, il rencontra un troupeau de cerfs, au milieu desquels il en remarqua un plus beau et plus grand que lés autres, qui se détacha pour gagner une forêt plus vaste. Tandis que les autres militaires courent après les cerfs, Placide poursuit celui-ci de tous ses efforts et s'attache à le prendre. Comme il le suivait avec acharnement, le cerf parvient enfin à gravir la cime d'un rocher; Placide s'approche et songe aux moyens de ne pas le manquer; or, pendant qu'il considère, le cerf avec attention, il voit au milieu de ses bois la figure de la Sainte Croix plus resplendissante que les rayons du soleil, et l’image de Jésus-Christ, qui lui adresse ces paroles parla bouche du cerf, comme autrefois parla l’ânesse de Balaam : « Placide, pourquoi me persécutes-tu? C'est par bonté pour toi que je t'apparais sur cet animal. Je suis le Christ que tu honores sans le savoir : tes aumônes ont monté devant moi, et voilà pourquoi je suis venu; c'est pour te chasser moi-même par le moyen de ce cerf que tu courais. » En entendant cela, Placide, grandement saisi, tomba de son cheval; revenu à lui après une heure, il se releva et dit : « Faites-moi comprendre ce que vous me dites et alors je croirai en vous. » Jésus-Christ lui dit : « Placide, je suis le Christ qui ai créé le ciel et la terre, qui ai fait jaillir, la lumière et l’ai séparée des ténèbres; j'ai réglé le temps, les jours et les années; j'ai formé l’homme du limon de la terre; pour sauver le genre humain, je suis apparu ici-bas avec un corps, et après avoir été crucifié et enseveli, je suis ressuscité le troisième jour. » A ces mots, Placide tomba de nouveau sur terre et dit : « Je crois, Seigneur, que c'est vous qui avez tout fait, et que vous ramenez ceux qui s'égarent. » Alors le Seigneur lui dit : « Si tu crois, va, trouver l’évêque de la ville, et fais-toi baptiser. » (…) Quand il fut rentré à sa maison et qu'il eut rapporté ces merveilles à son épouse, au lit, celle-ci s'écria en disant : « Mon Seigneur, et moi aussi, la nuit passée, je l’ai vu et il m’a dit : « Demain ton mari, tes fils et toi, vous viendrez à moi : Je reconnais maintenant que c'est Jésus-Christ. » Ils allèrent donc, au milieu de la nuit, trouver l’évêque de Rome qui les baptisa en grande joie, et qui donna à Placide le nom d'Eustache, à sa femme celui de Théospita et à ses fils ceux d'Agapet et de Théospite. (…)

    Or, l’empereur voyant qu'Eustache ne voulait pas sacrifier (…), l’exhortait cependant à le faire. Mais Eustache lui dit: « Le Dieu que j'adore, c'est Jésus-Christ, et je n'offre de sacrifices qu'à lui seul. » Alors l’empereur, en colère, ordonna de les exposer dans le cirque avec sa femme et ses enfants, et fit lâcher contre eux un lion féroce. Le lion accourut, et baissant la tête comme s'il eût adoré ces saints personnages il s'éloigna d'eux humblement. L'empereur ordonna aussitôt de faire rougir au feu un taureau d'airain, et commanda de les y jeter tout vifs. Les saints se mirent donc en prières et se recommandant à Dieu, ils entrèrent dans le taureau où ils rendirent leur âme au Seigneur. Trois jours après, on les en tira en présence de l’empereur; et on les retrouva intacts au point que pas même leurs cheveux, ni aucune partie de leurs membres n'avait été atteinte par l’action du feu. Les chrétiens prirent leurs corps et les ensevelirent en un endroit fort célèbre où ils construisirent un oratoire. Ils pâtirent sous Adrien qui commença à régner vers l’an du Seigneur 120, aux calendes de novembre, ou, d'après quelques auteurs, le douze des calendes d'octobre (20 septembre).

    (Début et fin de l’histoire de saint Eustache dans la Légende dorée)

  • Saint Janvier

    Cependant, dès que la nuit fut venue, le mendiant s’en alla au forum de Vulcano pour recueillir les restes sacrés du saint évêque. La lune, qui venait de se lever, répandit sa lumière argentée sur la plaine jaunâtre de la Solfatare, de telle sorte qu’on pouvait distinguer le moindre objet dans tous ses détails.

    Comme le vieillard marchait lentement et regardait autour de lui pour voir s’il n’était pas suivi par quelque espion, il aperçut à l’autre bout du forum une vieille femme à peu près de son âge qui s’avançait avec les mêmes précautions.

    — Bonjour, mon frère, dit la femme.

    — Bonjour, ma sœur, répondit le vieillard.

    — Qui êtes-vous, mon frère ?

    — Je suis un ami de saint Janvier. Et vous ma sœur ?

    — Moi, je suis sa parente.

    — De quel pays êtes-vous ?

    — De Naples. Et vous ?

    — De Pouzzoles.

    — Puis-je savoir quel motif vous amène ici à cette heure ?

    — Je vous le dirai quand vous m’aurez expliqué le but de votre voyage nocturne.

    — Je viens pour recueillir le sang de saint Janvier.

    — Et moi je viens pour enterrer son corps.

    — Et qui vous a chargé de remplir ce devoir, qui n’appartient d’ordinaire qu’aux parents du défunt ?

    — C’est saint Janvier lui-même, qui m’est apparu peu d’instants après sa mort.

    — Quelle heure pouvait-il être lorsque le saint vous est apparu ?

    — À peu près la troisième heure du jour.

    — Cela m’étonne, mon frère, car à la même heure il est venu me voir, et m’a ordonné de me rendre ici à la nuit tombante.

    — Il y a miracle, ma sœur, il y a miracle. Écoutez-moi, et je vous raconterai ce que le saint a fait en ma faveur.

    — Je vous écoute, puis je vous raconterai à mon tour ce qu’il a fait en la mienne ; car, ainsi que vous le dites, il y a miracle, mon frère, il y a miracle.

    — Sachez d’abord que j’étais aveugle.

    — Et moi percluse.

    — Il a commencé par me rendre la vue.

    — Il m’a rendu l’usage des jambes.

    — J’étais mendiant.

    — J’étais mendiante.

    — Il m’a assuré que je ne manquerai de rien jusqu’à la fin de mes jours.

    — Il m’a promis que je ne souffrirai plus ici bas.

    — J’ai osé lui demander un souvenir de son affection.

    — Je l’ai prié de me donner un gage de son amitié.

    — Voici le même linge qui a servi à bander ses yeux au moment de sa mort.

    — Voici les deux fioles qui ont servi à célébrer sa dernière messe.

    — Soyez bénie, ma sœur, car je vois bien maintenant que vous êtes sa parente.

    — Soyez béni, mon frère, car je ne doute plus que vous étiez son ami.

    — À propos, j’oubliais une chose.

    — Laquelle, mon frère ?

    — Il m’a recommandé de chercher un doigt qui a dû lui être coupé en même temps que sa tête et de le réunir à ses saintes reliques.

    — Il m’a bien dit de même que je trouverai dans son sang un petit fétu de paille, et m’a ordonné de le garder avec soin dans la plus petite des deux fioles.

    — Cherchons.

    — Cela ne doit pas être bien loin.

    — Heureusement la lune nous éclaire.

    — C’est encore un bienfait du saint, car depuis un mois le ciel était couvert de nuages.

    — Voici le doigt que je cherchais.

    — Voici le fétu dont il m’a parlé.

    Et tandis que le vieillard de Pouzzoles plaçait dans un coffre le corps et la tête du martyr, la vieille femme napolitaine, agenouillée pieusement, recueillait avec une éponge jusqu’à la dernière goutte de son sang précieux, et en remplissait les deux fioles que le saint lui avaient données lui-même à cet effet.

    C’est ce même sang qui, depuis quinze siècles, se met en ébullition toutes les fois qu’on le rapproche de la tête du saint, et c’est dans cette ébullition prodigieuse et inexplicable que consiste le miracle de saint Janvier.

    (Ceci est la fin de la légende de saint Janvier telle que la raconte Alexandre Dumas. On trouvera le texte intégral ici.)

  • Saint Joseph de Cupertino

    Sur la vie de ce saint très… particulier, voir ma note de 2006.

    Il a donné son nom à une ville de Californie, Cupertino. Et dans le jardin de l’église qui lui est dédiée a été érigée une belle statue à son effigie l’année dernière.

    Quand on sait que saint Joseph de Cupertino (ou Copertino) était quasiment analphabète, il est amusant de savoir qu’on parle, en informatique, d’un « effet Cupertino », pour désigner les remplacements de mots absurdes que proposent les correcteurs d’orthographe. Parce que les premiers correcteurs d’orthographe américains remplaçaient systématiquement le mot « cooperation » par Cupertino (il fallait écrire « co-operation » pour qu’ils comprennent), ce qui faisait que toutes les organisations de coopération internationale devenaient des organisations de Cupertino…

    Pourquoi “Cupertino” ? Parce que la firme Apple a son siège à Cupertino. Le correcteur d’orthographe était censé, en fait, corriger le nom de la ville quand il était mal orthographié, et Apple y veillait de façon un peu envahissante…

    Le siège d’Apple, et de Hewlet Packard (etc.) est à Cupertino parce que la ville est située dans la Silicon Valley. Et ses écoles sont parmi les plus réputées de Californie et même des Etats-Unis.

    Tel est l’héritage étonnant de saint Joseph de Cupertino…

  • Sainte Hildegarde

    Moniale bénédictine, abbesse, fondatrice de deux monastères, écrivain, poète, compositeur (de 77 pièces dont le sublime oratorio Ordo virtutum), peintre, auteur d’un livre de physique et d’un livre de médecine, connue aussi des linguistes comme inventeur d’un alphabet et d’une langue (lingua ignota), et grande mystique, sainte Hildegarde est l’un de ces personnages fascinants qui ont reçu tous les dons, tous les talents, et elle les a fait fructifier jusqu’à la plus haute sainteté.

    Curieusement, si elle fut l’objet d’une des premières procédures officielles de canonisation, celle-ci n’aboutit jamais quoique reprise quatre fois au cours des XIIIe et XIVe siècles. Mais comme elle était toujours vénérée, elle fut inscrite comme sainte au martyrologe à la fin du XVIe siècle…