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saints - Page 14

  • Saint Pierre d’Alcantara

    Remède contre les pensées importunes, la constance à les combattre courageusement et l'humilité devant Dieu. - Le remède contre les tentations des pensées importunes qui ont coutume de nous assaillir dans l'oraison, est de les combattre avec courage et avec persévérance. Toutefois cette résistance ne doit pas se faire avec trop de fatigue et d'angoisse d'esprit, parce que ce n'est pas tant une œuvre de la force que de la grâce et de l'humilité. C'est pourquoi, lorsque quelqu'un se trouve dans cet état, attendu qu'en cela il n'y a point de sa faute, ou qu'elle est très légère, il doit, sans scrupule et sans désespoir, se tourner vers Dieu, et lui dire en toute humilité et dévotion : « Vous voyez ici, ô Seigneur de mon âme, ce que je suis. Que pouvait-on attendre de ce fumier, sinon de semblables odeurs ? Que pouvait-on espérer de cette terre que vous avez maudite, sinon des ronces et des épines ? Voilà, Seigneur, le fruit qu'elle peut produire, si vous n'avez la bonté de la purifier. » Et cela dit, qu'il reprenne le fil de son oraison comme auparavant, et qu'il attende avec patience la visite du Seigneur qui jamais ne manque aux humbles. Si cependant les pensées continuent de vous inquiéter, et si de votre côté vous leur résistez avec persévérance, faisant ce qui dépend de vous, vous devez tenir pour certain que vous avancez beaucoup plus par cette résistance, que si vous étiez à jouir de Dieu, le cœur tout inondé de délices.

    (Saint Pierre d’Alcantara, extrait de "La ferveur de l’esprit". L’an dernier j’avais reproduit une belle citation du même saint sur l’humilité.)

  • Saint Luc

    68410f67bdbf7add8dc57e309559d7d7.jpgOn dit habituellement que saint Luc n’était pas un témoin direct de la vie du Christ, et qu’il rapporte dans son évangile ce dont il s’est soigneusement enquis auprès des témoins et des acteurs des événements. Cette idée reçue vient du prologue de son évangile, traduit ainsi : « après m'être informé exactement de tout depuis les origines », ou « après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis le commencement »,

    Sylvie Chabert d’Hyères, spécialiste du Codex Bezae, qui contient sans doute le plus ancien texte grec connu et l’un des plus anciens textes latins des Evangiles et des Actes, montre que ces traductions sont fautives. Saint Luc, qui connaissait bien le grec, utilise une expression que l’on trouve chez Démosthène (et aussi chez Flavius Josèphe), dont le verbe, parikolouthikoti, a le sens d’« accompagner de près » : on le trouve aussi, et ainsi traduit, dans deux épîtres de saint Paul (la différence est que chez Démosthène il s’agit comme chez saint Luc d’avoir accompagné les événements, d’avoir suivi de près ce qui s’est passé, tandis que chez saint Paul il s’agit d’accompagner quelqu’un).

    Le sens du prologue est donc le contraire de ce que l’on dit. Saint Luc affirme solennellement qu’il a décidé d’écrire cet évangile parce qu’il a « accompagné tous ces événements de près depuis le début », parce qu’il les a suivis en personne depuis la naissance de saint Jean Baptiste.

    Dans la Vulgate (et dans le texte latin du Codex Bezae), le mot est assecuto. En latin classique, adsequere veut dire atteindre, et l’on ne peut pas le traduire ainsi dans la phrase de saint Luc. Mais si l’on oublie le préfixe ad, il reste secuto, de sequere : suivre. Or on trouve précisément ce verbe, avec le préfixe, dans le sens de suivre, dans la notice sur saint Luc du Canon de Muratori (2e siècle) : « à la mesure de ce qu’il avait pu suivre (asequi) il commença à le dire à partir de la nativité de Jean ».

    S’il en est ainsi, les deux premiers chapitres de l’évangile de saint Luc (annonciation et conception de saint Jean Baptiste, Annonciation et conception du Christ, Visitation, nativité de saint Jean Baptiste, Nativité du Christ, circoncision, Présentation au Temple, Jésus face aux docteurs : il y a là les cinq mystères joyeux du Rosaire) sont encore plus bouleversants.

    (Source : le site de Sylvie Chabert d’Hyères sur le Codex Bezae, qui est passionnant.)

    NB. Le thème traditionnel de saint Luc peignant l'icône de la Theotokos accrédite aussi cette interprétation.

  • Sainte Marguerite-Marie Alacoque

    « Seigneur Jésus-Christ, qui avez de façon admirable révélé les insondables richesses de votre Cœur à la vierge sainte Marguerite-Marie, par ses mérites et son exemple, donnez-nous de vous aimer en tout et par-dessus tout, pour avoir dans votre Cœur notre demeure permanente. »

    C’est la collecte de la messe, qui fait explicitement référence au passage de l’épître de saint Paul aux Ephésiens sur les dimensions de « l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance ».

  • Sainte Hedwige

    Sainte Hedwige est née vers 1178, elle était la fille de Bertold IV, duc de Moravie. Elle passa plusieurs années de sa jeunesse au couvent des bénédictines où elle reçut une instruction soignée, supérieure pour l'époque, et s'imprégna du climat religieux de l'endroit.

    A 12 ans, elle fut donnée en mariage au duc Henri le Barbu ce, afin d'allier les ducs de Silésie à l'Empire. Hedwige était très pieuse et menait une vie ascétique. Profitant de sa position et de sa fortune, elle secourait les indigents et les malades, ce qui lui valut, de son vivant déjà, respect et adoration. A la sanglante bataille de Legnica contre les Mongols (1241), son fils, Henri le Pieux, chef des armées silésiennes, trouva la mort. Hedwige, qui séjournait fréquemment au monastère de Trzebnica construit par ses soins, décida d'y passer la fin de ses jours. Lorsqu'elle s'éteignit en 1243, sa dépouille fut déposée dans la chapelle de l'église Saint-Pierre, attenante au monastère.

    Déjà en 1267, et suite aux démarches des Piast de Silésie, la pieuse princesse fut déclarée sainte par la bulle du pape Clément IV. Son culte se répandit rapidement en Pologne, en Bohême et en Hongrie. Sainte Hedwige devint la patronne de la Silésie. Par milliers, les pèlerins se rendaient auprès de son tombeau, parmi eux le roi polonais Ladislas ler le Bref et le roi de Hongrie Mathias Corvin. Depuis 1680, la fête de sainte Hedwige (16 X) est célébrée par l'Eglise catholique.

    (Texte du site de l’Office national polonais du tourisme. Pas mal, non ? C’est d’abord pour nous dire que la basilique Sainte-Hedwige de Trzebnica « compte parmi les plus prestigieux monuments de l'architecture baroque de Silésie » (ce qui est vrai), et que « depuis des siècles, elle attire la foule des pèlerins qui viennent se recueillir sur le tombeau de la sainte » (mais quand j’y fus il n’y avait personne ; il est vrai que la basilique était en pleins travaux de restauration et théoriquement fermée au public... Intéressante précision: c'était à l'époque du communisme, et la personne qui m'accompagnait me fit remarquer que l'importante garnison soviétique de Legnica était composée exclusivement de soldats d'Asie centrale, de type mongol...)

  • Sainte Thérèse d’Avila

    Instar columbæ, cælitum
    Ad sacra templa spiritus
    Se transtulit Teresiæ.

    Sponsique voces audiit :
    Veni soror de vertice
    Carmeli ad Agni nuptias,
    Veni ad coronam gloriæ.

    Te sponse Jesu virginum,
    Beati adorent ordines,
    Et nuptiali cantico
    Laudent per omne sæculum. Amen.

    Voici le jour où, telle une blanche colombe, l’esprit de Thérèse se transporte dans les temples sacrés des cieux. Elle a entendu la voix de l’époux : Viens, ma sœur, du sommet du Carmel aux noces de l’Agneau, viens recevoir la couronne de gloire. Jésus, époux des vierges, que les ordres bienheureux t’adorent, et te louent par un chant nuptial pour les siècles des siècles. Amen.

    (Hymne des laudes de sainte Thérèse, composée par le pape Urbain VIII.)

  • Saint François de Borgia

    « Étant un jour en voyage avec un vieux religieux, il dut coucher sur la paille avec son compagnon, dans une misérable hôtellerie. Toute la nuit, le vieillard ne fit que tousser et cracher ; ce ne fut que le lendemain matin qu’il s’aperçut de ce qui lui était arrivé ; il avait couvert de ses crachats le visage et les habits du Saint. Comme il en témoignait un grand chagrin : "Que cela ne vous fasse point de peine, lui dit François, car il n’y avait pas un endroit dans la chambre où il fallût cracher plutôt que sur moi." Ce trait peint assez un homme aux vertus héroïques. »

    L’anecdote prend un relief tout particulier quand on sait que le saint en question était un grand d’Espagne et avait été, avant de devenir religieux, l’un des principaux personnages de la cour de Charles Quint, grand écuyer de l’impératrice, grand veneur de l’empereur, marquis de Lombay, duc de Gandie, vice-roi de Catalogne...

    C’est François de Borgia, qui était par son père arrière-petit fils du pape Alexandre VI et par sa mère petit-fils de l’archevêque de Saragosse...

    Lui qui signait « François, pécheur », et lisait à genoux les lettres de ses supérieurs, finit être nommé général des jésuites malgré son opposition.

    En 1571, saint Pie V l’adjoint au cardinal Alexandrini dans la légation chargée de rassembler les princes chrétiens contre les Turcs. Il accomplit sa mission, là encore par obéissance, alors qu’il est épuisé. Il meurt à Rome, selon son désir, moins d’un an après la victoire de Lépante, à laquelle il a donc contribué.

    Il sera canonisé en 1670 par le pape Clément X, qui favorisera quatre ans plus tard l’élection de Jean Sobieski comme roi de Pologne en raison de ses victorieux combats contre les Turcs...

    Sainte Thérèse d’Avila l’appelait déjà « le saint ».

  • Saint Jean Leonardi

    Né en 1541 à Lucques en Toscane, saint Jean Leonardi est l’une des grandes figures de la réforme catholique. Pharmacien jusqu'à l'âge de 25 ans, il devient prêtre à trente ans et fonde, deux ans plus tard, la congrégation des Clercs de la Mère de Dieu, vouée à l’éducation. Peu à peu son influence s’étend à toute l’Italie. Il défend la foi catholique menacée par le protestantisme. Ses succès lui valent une violente persécution. Menacé de mort, il s'enfuit à Rome où il prend saint Philippe Néri comme père spirituel. Il conseille le pape Paul V dans l’œuvre de réforme de l’Eglise. En 1603, il fonde avec le cardinal Vivès le séminaire pour la Propagation de la Foi, destiné à la formation des prêtres indigènes pour les missions. Il meurt de la peste qu'il a contractée en se dévouant auprès des malades lors d'une épidémie. Il a été canonisé en 1938 par Pie XI.

    « C’est des paroles du Seigneur que procèdent ses œuvres. Le soleil les éclaire et les contemple toutes. Son œuvre est remplie de la gloire du Seigneur. » (introït de la messe, Ecclésiastique 42, 15-16)

    N.B En ce jour est également fait mémoire de saint Denis.

  • Sainte Brigitte

    Brigitte, est née 1303, d'une famille aristocratique, à Finsta, dans la région suédoise d'Uppland. Elle est connue surtout comme mystique et fondatrice de l'Ordre du Très Saint Sauveur. Toutefois, il ne faut pas oublier que la première partie de sa vie fut celle d'une laïque qui eut le bonheur d'être mariée avec un pieux chrétien dont elle eut huit enfants. En la désignant comme co-patronne de l'Europe, j'entends faire en sorte que la sentent proche d'eux non seulement ceux qui ont reçu la vocation à une vie de consécration spéciale, mais aussi ceux qui sont appelés aux occupations ordinaires de la vie laïque dans le monde et surtout à la haute et exigeante vocation de former une famille chrétienne. Sans se laisser fourvoyer par les conditions de bien-être de son milieu, elle vécut avec son époux Ulf une expérience de couple dans laquelle l'amour conjugal alla de pair avec une prière intense, avec l'étude de l'Écriture Sainte, avec la mortification, avec la charité. Ils fondèrent ensemble un petit hôpital, où ils soignaient fréquemment les malades. Brigitte avait l'habitude de servir personnellement les pauvres. En même temps, elle fut appréciée pour ses qualités pédagogiques, qu'elle eut l'occasion de mettre en œuvre durant la période où l'on demanda ses services à la cour de Stockholm. C'est dans cette expérience que mûriront les conseils qu'elle donnera en diverses occasions à des princes ou à des souverains pour un bon accomplissement de leurs tâches. Mais les premiers qui en bénéficièrent furent assurément ses enfants, et ce n'est pas par hasard que l'une de ses filles, Catherine, est vénérée comme sainte.

    (Jean-Paul II, motu proprio Spes ædificandi, 1er octobre 1999)

  • Saint Bruno

    Comment pourrais-je parler dignement de cette solitude, de son site agréable, de son air sain et tempéré ? Elle forme une plaine vaste et gracieuse, qui s’allonge entre les montagnes, avec des prés verdoyants et des pâturages émaillés de fleurs. Comment décrire l’aspect des collines qui s’élèvent légèrement de toutes parts, et le secret des vallons ombragés, où coulent à profusion les rivières, les ruisseaux et les sources ? Il n’y manque ni jardins irrigués, ni arbres aux fruits variés et abondants.
    Mais pourquoi m’arrêter si longtemps sur ces agréments ? Il y a pour l’homme sage d’autres plaisirs, plus doux et bien plus utiles, parce que divins. Pourtant, de tels spectacles sont souvent un repos et un délassement pour l’esprit trop fragile, quand il est fatigué par une règle austère et l’application aux choses spirituelles. Si l’arc est tendu sans relâche, il perd de sa force et devient moins propre à son office.

    Ce que la solitude et le silence du désert apportent d’utilité et de divine jouissance à ceux qui les aiment, ceux-là seuls le savent, qui en ont fait l’expérience. Ici en effet, les hommes forts peuvent se recueillir autant qu’ils le désirent, demeurer en eux-mêmes, cultiver assidûment les germes des vertus, et se nourrir avec bonheur des fruits du paradis. Ici on s’efforce d’acquérir cet œil dont le clair regard blesse l’Epoux d’un amour pur et limpide qui voit Dieu. Ici on s’adonne à un loisir bien rempli et l’on s’immobilise dans une action tranquille. Ici Dieu donne à ses athlètes, pour le labeur du combat, la récompense désirée: une paix que le monde ignore et la joie dans l’Esprit-Saint.

    (Extrait de la lettre de saint Bruno à son ami Raoul Le Verd, prévôt du chapitre de Reims)

    – Sur la devise des chartreux, Stat crux dum volvitur orbis, voir ma note de l’an dernier.

  • Saint Placide

    Un certain jour, alors que le vénérable Benoît se tenait en cellule, ledit Placide, cet enfant attaché à la personne du saint homme, sortit pour puiser de l'eau dans le lac. Tenant son récipient, il eut un geste imprudent en le mettant dans l'eau, et entraîné par ce mouvement, il y tomba lui aussi. Aussitôt, le courant le saisit, l'éloigna du bord et le tira vers le large jusqu'à la distance d'un jet de flèche ! Or l'homme de Dieu, à l'intérieur de sa cellule, eut aussitôt conscience de ce qui s'était passé et appela Maur en toute hâte : « Frère, lui dit-il, cours ! L'enfant qui était allé puiser de l'eau est tombée dans le lac et le courant l'a déjà entraîné fort loin ! »

    Chose admirable et qui ne s'était pas reproduite depuis l'apôtre Pierre ! Voici: la bénédiction ayant été demandée et reçue, Maur, stimulé par l'ordre de son Père gagna cet endroit et, se croyant toujours sur la terre ferme, il continua sa course sur l'eau jusqu'à l'endroit où l'enfant avait été emporté par le courant : il le saisit par les cheveux et revint toujours en courant. A peine eut-il touché terre et repris ses esprits qu'il jeta un regard derrière lui et voici que, ce qu'il n'aurait jamais cru possible, étonné et tout tremblant, il le voyait accompli !

    De retour chez le Père, il lui rendit compte de cet exploit. Le vénérable homme de Dieu, Benoît, lui, se mit à attribuer la chose non à ses propres mérites mais à l'obéissance de son disciple. Maur, au contraire, disait que c'était dû uniquement à son ordre : il était bien conscient que cela ne venait pas de sa propre vertu puisqu'il avait agi inconsciemment. Mais voici que dans cet assaut d'humilité, réciproque et amical, l'enfant sauvé intervint comme arbitre. Car il disait : « Moi, lorsque j'étais retiré de l'eau, je voyais au-dessus de ma tête la melote du Père Abbé, et j'avais conscience que c'était lui qui me conduisait hors de l'eau. »

    (Oui, je sais, j’ai déjà cité cette page de saint Grégoire le Grand l’an dernier. Mais je ne m’en lasse pas.)