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saints - Page 12

  • Saint Léon le Grand

    Le Concile de Chalcédoine - repoussant l'hérésie d'Eutichios, qui niait la véritable nature humaine du Fils de Dieu - affirma l'union dans son unique Personne, sans confusion ni séparation, des deux natures humaine et divine. Cette foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, était affirmée par le pape dans un important texte doctrinal adressé à l'évêque de Constantinople, qui s'intitule Tome à Flavien, qui, lu à Chalcédoine, fut accueilli par les évêques présents avec une acclamation éloquente, dont la description est conservée dans les actes du Concile : « Pierre a parlé par la bouche de Léon », s'exclamèrent d'une seule voix les Pères conciliaires. C'est en particulier de cette intervention, ainsi que d'autres effectuées au cours de la controverse christologique de ces années-là, qu'il ressort de manière évidente que le pape ressentait avec une urgence particulière la responsabilité du Successeur de Pierre, dont le rôle est unique dans l'Eglise, car « à un seul apôtre est confié ce qui est communiqué à tous les apôtres », comme affirme Léon dans l'un de ses sermons pour la fête des saints Pierre et Paul (83, 2). Et le pape sut exercer ces responsabilités, en Occident comme en Orient, en intervenant en diverses circonstances avec prudence, fermeté et lucidité à travers ses écrits et au moyen de ses légats. Il montrait de cette manière que l'exercice du primat romain était alors nécessaire, comme il l'est aujourd'hui, pour servir efficacement la communion, caractéristique de l'unique Eglise du Christ.

    Conscient du moment historique dans lequel il vivait et du passage qui se produisait - à une période de crise profonde - entre la Rome païenne et la Rome chrétienne, Léon le Grand sut être proche du peuple et des fidèles à travers l'action pastorale et la prédication. Il anima la charité dans une Rome éprouvée par les famines, l'afflux des réfugiés, les injustices et la pauvreté. Il fit obstacle aux superstitions païennes et à l'action des groupes manichéens. Il relia la liturgie à la vie quotidienne des chrétiens : en unissant par exemple la pratique du jeûne à la charité et à l'aumône, en particulier à l'occasion des Quatre Temps (*), qui marquent pendant le cours de l'année le changement des saisons. Léon le Grand enseigna en particulier à ses fidèles - et aujourd'hui encore ses paroles restent valables pour nous - que la liturgie chrétienne n'est pas le souvenir d'événements passés, mais l'actualisation de réalités invisibles qui agissent dans la vie de chacun. C'est ce qu'il souligne dans un sermon (64, 1-2) à propos de la Pâque, à célébrer à chaque époque de l'année « pas tant comme quelque chose de passé, mais plutôt comme un événement du présent ».

    Benoît XVI, 5 mars 2008

    (*) Il est hélas significatif que tous les comptes-rendus et toutes les traductions, y compris sur le site du Saint-Siège, laissent l’expression Quattro Tempora, comme s’il s’agissait d’une antique tradition italienne qui ne correspond plus à rien aujourd’hui, et qu’on se garde bien de traduire, ne sachant pas trop ce qu’elle veut dire. On remerciera le pape d'avoir tenté de le rappeler.

  • Sainte Agathe

    Voici le jour de la Martyre Agathe, le jour illuminé par cette illustre Vierge ; c'est aujourd'hui qu'elle s'unit au Christ, et qu'un double diadème orne son front.

    Noble de race et remarquable en beauté, elle brillait plus encore par ses œuvres et par sa foi ; le bonheur de la terre ne fut rien à ses yeux ; elle fixa sur son cœur les préceptes de Dieu.

    Plus indomptable que le bras des bourreaux, elle livre à leurs fouets ses membres délicats ; sa mamelle arrachée de sa poitrine montre combien invincible est son courage.

    Le cachot est pour elle un séjour de délices ; c'est là que Pierre le Pasteur vient guérir sa brebis ; pleine de joie et toujours plus enflammée, elle court avec une nouvelle ardeur au-devant des tourments.

    Une cité païenne en proie à l'incendie l'implore et obtient son secours ; qu'elle daigne bien plus encore éteindre les feux impurs en ceux qu'honore le titre de chrétien.

    O toi qui resplendis au ciel comme l'Epouse, supplie le Seigneur pour les pauvres pécheurs ; que leur zèle à célébrer ta fête attire sur eux tes faveurs.

    Gloire soit au Père, au Fils et à l'Esprit divin ; daigne le Dieu unique et tout-puissant nous accorder l’intercession d'Agathe. Amen.

    Saint Damase

  • Saint François de Sales

    Se tenir en présence de Dieu et se mettre en la présence de Dieu, ce sont à mon avis deux choses; car pour s'y mettre il faut révoquer son âme de tout autre objet et la rendre attentive à cette présence actuelle. Mais après, quand on s'y est mis, on s'y tient toujours, tandis que, ou par l'entendement ou par la volonté, on fait des actes envers Dieu, soit en le regardant ou regardant quelque chose par amour de lui; ou en ne regardant rien, mais en lui parlant, ou ne le regardant ni parlant, mais demeurant simplement où il nous a mis comme une statue dans sa niche.

    Si une statue que l'on aurait mise en une niche au milieu d'une salle pouvait parler et qu'on lui demande: Pourquoi es-tu là?

    – Parce que, dirait elle, le statuaire mon maître m'a mise ici.

    – Pourquoi ne te remues-tu point?

    – Parce qu'il veut que j'y demeure immobile.

    – A quoi sers-tu là?

    – C'est pour servir et obéir à la volonté de mon maître.

    – Mais tu ne le vois pas?

    – Non, mais il me voit et prend plaisir que je sois où il m'a mis.

    – Mais ne voudrais tu pas avoir du mouvement pour aller plus près de lui?

    – Non, sauf s'il me le commande.

    – Ne désires-tu donc rien?

    – Non, car je suis où mon maître m'a mise, et son plaisir est l'unique contentement de mon être.

  • La conversion de saint Paul

    Il est digne et juste, équitable et raisonnable, que nous vous rendions grâces. Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, qui, voulant montrer votre désir de pardonner les péchés de tous, avez gagné le persécuteur de votre Eglise, par cette seule parole dont vous l'appeliez, et en avez fait, tout à coup, notre Docteur, de notre persécuteur qu'il était. Il avait reçu les lettres d'autrui pour marcher à la destruction des Eglises, et bientôt il s'est mis à écrire ses propres Lettres pour les rétablir. Afin de nous faire voir que de Saul il est devenu Paul, en architecte sage, il a tout aussitôt posé l'unique fondement; en sorte que votre sainte Eglise Catholique se réjouissait de se voir édifiée par celui qui la dévastait auparavant, et de ce qu'il était devenu pour elle un si puissant défenseur, qu'il ne craignait plus ni les supplices, ni la mort du corps. Lui qui avait brisé les membres de l'Eglise, devenu l'un des chefs de cette Eglise, il a livré sa tête pour être uni, dans tous ses membres, au Christ Chef, par la miséricorde duquel il a mérité d'être un vase d'élection, et de recevoir, dans le sanctuaire de son cœur, ce même Jésus-Christ, votre Fils, notre Seigneur.

    (préface de la fête, dans un missel gallican édité par Mabillon sous le nom de « missel gothique »)

  • Sainte Agnès

    Amo Christum, in cujus thalamum introivi, cujus Mater virgo est, cujus Pater feminam nescit, cujus mihi organa modulatis vocibus cantant : Quem cum amavero, casta sum, cum tetigero, munda sum, cum accepero, virgo sum. Anulo fidei suæ subharrhavit me, et immensis monilibus ornavit me. Quem cum amavero, casta sum, cum tetigero, munda sum, cum accepero, virgo sum.

    J'aime le Christ, je suis entrée dans sa chambre nuptiale, lui dont la Mère est vierge, dont le Père n’a pas connu de femme [pour engendrer un fils], dont la musique me chante d’une voix harmonieuse : Si je l'aime, je suis chaste, si je le touche, je suis pure, si je le possède, je suis vierge. Il m'a donné un anneau pour gage de sa foi, et m'a parée de colliers sans fin. Si je l'aime, je suis chaste, si je le touche, je suis pure, si je le possède, je suis vierge.

  • Sainte Prisca

    Les noms d'Aquilas et de Priscille sont latins, mais l'homme et la femme qui les portent étaient d'origine juive. Cependant, au moins Aquilas provenait géographiquement de la diaspora de l'Anatolie septentrionale, alors que Priscille, dont le nom se trouve parfois abrégé en Prisca, était probablement une juive provenant de Rome. C'est en tout cas de Rome qu'ils étaient parvenus à Corinthe, où Paul les rencontra au début des années 50; c'est là qu'il s'associa à eux car, comme nous le raconte Luc, ils exerçaient le même métier de fabricants de toiles ou de tentes pour un usage domestique, et il fut même accueilli dans leur maison (cf. Ac 18, 3). Le motif de leur venue à Corinthe avait été la décision de l'empereur Claude de chasser de Rome les Juifs résidant dans l'Urbs.

    Dans un deuxième temps, ils se rendirent en Asie mineure, à Ephèse. Ils jouèrent là un rôle déterminant pour compléter la formation chrétienne du juif alexandrin Apollos. Quand, à Ephèse, l'Apôtre Paul écrit sa Première Lettre aux Corinthiens, il envoie aussi explicitement avec ses propres salutations celles d'"Aquilas et Prisca [qui] vous saluent bien dans le Seigneur, avec l'Eglise qui se rassemble chez eux" (16, 19). Nous apprenons ainsi le rôle très important que ce couple joua dans le milieu de l'Eglise primitive: accueillir dans leur maison le groupe des chrétiens locaux, lorsque ceux-ci se rassemblaient pour écouter la Parole de Dieu et pour célébrer l'Eucharistie. C'est précisément ce type de rassemblement qui est appelé en grec "ekklesìa" qui signifie convocation, assemblée, regroupement. Dans la maison d'Aquilas et de Priscille, se réunit donc l'Eglise, la convocation du Christ, qui célèbre là les saints Mystères. Et ainsi, nous pouvons précisément voir la naissance de la réalité de l'Eglise dans les maisons des croyants.

    De retour à Rome, Aquilas et Priscille continuèrent à accomplir cette très précieuse fonction également dans la capitale de l'Empire. En effet, Paul, écrivant aux Romains, envoie précisément ce salut: "Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude: c'est le cas de toutes les Eglises de la gentilité; saluez aussi l'Eglise qui se réunit chez eux" (Rm 16, 3-5).

    A la gratitude de ces premières Eglises, dont parle saint Paul, doit s'unir la nôtre, car c'est grâce à la foi et à l'engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d'époux comme Priscille et Aquilas, que le christianisme est parvenu à notre génération. Il ne pouvait pas croître uniquement grâce aux Apôtres qui l'annonçaient. Pour s'enraciner dans la terre du peuple, pour se développer de façon vivante, était nécessaire l'engagement de ces familles, de ces époux, de ces communautés chrétiennes, et de fidèles laïcs qui ont offert l'"humus" à la croissance de la foi. Et c'est toujours et seulement ainsi que croît l'Eglise. En particulier, ce couple démontre combien l'action des époux chrétiens est importante. Lorsqu'ils sont soutenus par la foi et par une forte spiritualité, leur engagement courageux pour l'Eglise et dans l'Eglise devient naturel. Leur vie commune quotidienne se prolonge et en quelque sorte s'élève en assumant une responsabilité commune en faveur du Corps mystique du Christ, ne fût-ce qu'une petite partie de celui-ci.

    Nous pouvons tirer une autre leçon importante de leur exemple: chaque maison peut se transformer en une petite Eglise. Non seulement dans le sens où dans celle-ci doit régner le typique amour chrétien fait d'altruisme et d'attention réciproque, mais plus encore dans le sens où toute la vie familiale sur la base de la foi, est appelée à tourner autour de l'unique domination de Jésus Christ. Ce n'est pas par hasard que dans la Lettre aux Ephésiens, Paul compare la relation matrimoniale à la communion sponsale qui existe entre le Christ et l'Eglise (cf. Eph 5, 25-33). Nous pourrions même considérer que l'Apôtre façonne indirectement la vie de l'Eglise tout entière sur celle de la famille. Et en réalité, l'Eglise est la famille de Dieu. Nous honorons donc Aquilas et Priscille comme modèles d'une vie conjugale engagée de façon responsable au service de toute la communauté chrétienne. Et nous trouvons en eux le modèle de l'Eglise, famille de Dieu pour tous les temps.

    Benoît XVI (extraits de son allocution à l’audience du 7 février 2007)

  • Saint Antoine

    Que le nom de la vertu ne nous étonne pas et ne nous surprenne pas, comme si c’était une chose fort extraordinaire. Elle n’est pas éloignée de nous ni hors de nous ; mais elle est en nous-mêmes, et il nous est facile de l’embrasser, pourvu que nous le voulions. Les Grecs traversent les mers et vont dans les pays éloignés, pour apprendre les sciences, mais nous n’avons pas besoin de faire de grands voyages pour acquérir le royaume du ciel, ni de traverser les mers pour nous instruire de la vertu, puisque Notre Seigneur a dit : Le Royaume de Dieu est en vous-mêmes (Lc 17, 21). Ainsi la vertu n’a besoin que de notre volonté, puisqu’elle est en nous, et tire son origine de nous-mêmes. Car cette partie de notre âme qui, de sa nature, est intelligente, est vertu et elle conserve sa nature lorsqu’elle demeure telle qu’elle a été créée. Or elle a été créée toute belle et toute juste, ce qui a fait dire à Jésus fils de Navé, parlant au peuple d’Israël : Rendez votre cœur droit en la présence de votre Dieu (Jos 24, 23), et à saint Jean : Rendez droites les voies du Seigneur (Mt 3, 4). Or avoir l’âme droite n’est autre chose que de conserver son âme dans la pureté même dans laquelle elle a été créée. Si elle décline et se détourne de sa nature, on dit alors que l’âme est corrompue et vicieuse. Ainsi ce que je vous propose, n’est pas si difficile puisque, si nous demeurons dans l’état même où nous avons été créés, nous serons vertueux, et si au contraire nous nous portons à de mauvaises pensées et à de mauvais desseins, nous serons condamnés comme méchants. S’il fallait sortir hors de nous pour acquérir la vertu, j’avoue qu’il y aurait de la difficulté ; mais puisqu’elle est en nous-mêmes, prenons garde de ne pas nous laisser emporter à de mauvaises pensées et à conserver notre âme à Dieu comme un dépôt que nous avons reçu de sa main, afin que demeurant dans l’état où il lui a plu de la former, il reconnaisse en nous son ouvrage.

    (Propos de saint Antoine cités par saint Athanase)

  • Saint Jean

    L'Eglise connaît deux vies, parce que Dieu lui en a parlé et les lui a fait connaître, l'une qui consiste à croire, l'autre à voir distinctement; l'une qui s'écoule dans ce triste pèlerinage, l'autre qui demeurera pendant l'éternité; l'une, qui se passe dans les agitations, l'autre, où l'on se reposera; l'une, qui appartient à notre voyage ici-bas, l'autre, dont on jouira dans la patrie; l'une, occupée par le travail, l'autre, récompensée par la claire vue de Dieu; dans l'une, on évite le mal et l'on fait le bien, dans l'autre, il n'y a aucun mal à éviter, et l'on y jouit d'un bonheur sans limites: l'une consiste à lutter contre l'ennemi, l'autre, à régner sans rencontrer d'adversaire; dans l'une, on se montre fort contre l'adversité, dans l'autre, rien de pénible ne nous tourmentera; ici, il faut dompter les convoitises charnelles, là, on sera plongé dans un océan de délices spirituelles; l'une est troublée par la difficulté de vaincre, l'autre est tranquille parce qu'elle jouit de la paix de la victoire; au milieu des épreuves, la première a besoin de secours, la seconde ne rencontre aucune difficulté et puise la joie en celui-là même qui aide les malheureux; dans l'une, on vient au secours des indigents, dans le séjour de l'autre, on ne trouve aucun infortuné; ici, on pardonne aux autres leurs péchés, afin d'obtenir d'eux indulgence pour les siens; là, on ne souffre rien qu'on doive pardonner, on ne fait rien qui exige l'indulgence d'autrui; dans l'une, on est accablé de maux pour que la prospérité n'engendre pas l'orgueil; dans l'autre, on est comblé d'une telle abondance de grâces, qu'on est à l'abri de tout mal et qu'on s'attache au souverain bien sans éprouver le moindre sentiment d'orgueil; l'une est témoin du bien et du mal, l'autre ne voit que du bien; l'une est donc bonne, mais malheureuse, l'autre est meilleure et bienheureuse; la première a été figurée par l'apôtre Pierre, la seconde par l'apôtre Jean; l'une s'écoule tout entière ici-bas, elle s'étendra jusqu'à la fin des temps et y trouvera son terme; l'autre ne recevra sa perfection qu'à la consommation des siècles, mais dans le siècle futur elle n'aura pas de fin.; aussi dit-on à l'une « Suis-moi », et à l'autre : « Je veux qu'il demeure ainsi jusqu'à ce que je vienne ; que t'importe? Suis-moi ». Que veulent dire ces paroles? Autant que je puisse en juger, autant que je puis le comprendre, elles n'ont pas d'autre signification que celle-ci: Suis-moi en m'imitant, en supportant comme moi les épreuves de la vie; pour lui, qu'il demeure jusqu'au moment où je viendrai mettre les hommes en possession des biens éternels.

    (Saint Augustin, traité 124 sur l’évangile de saint Jean)

  • Saint Etienne

    Hier, nous avons célébré la Naissance temporelle de notre Roi éternel; aujourd'hui, nous célébrons la Passion triomphale de son soldat. Hier notre Roi, couvert du vêtement de la chair, est sorti du sein de la Vierge et a daigné visiter le monde; aujourd'hui, le combattant, sortant de la tente de son corps, est monté triomphant au ciel. Le premier, tout en conservant la majesté de son éternelle divinité, a ceint l'humble baudrier de la chair, et est entré dans le camp de ce siècle pour combattre; le second, déposant l’enveloppe corruptible du corps, est monté au palais du ciel pour y régner à jamais. L'un est descendu sous le voile de la chair, l'autre est monté sous les lauriers empourprés de son sang. L'un est descendu du milieu de la joie des Anges; l'autre est monté du milieu des Juifs qui le lapidaient. Hier, les saints Anges, dans l'allégresse, ont chanté: Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! Aujourd'hui, ils ont reçu Etienne dans leur compagnie avec jubilation. Hier, le Seigneur est sorti du ventre de la Vierge; aujourd’hui, le soldat est sorti de la prison de la chair. Hier, le Christ a été pour nous enveloppé de langes; aujourd'hui, Etienne a été par lui revêtu de la robe d'immortalité. Hier, une étroite crèche a reçu le Christ enfant; aujourd'hui l'immensité du ciel a reçu Etienne dans son triomphe. Le Seigneur est descendu seul, afin d’en élever beaucoup: notre roi s’est humilié, afin de faire monter ses soldats.

    Début de l’homélie pour la fête de saint Etienne par saint Fulgence, évêque de Ruspe (près de Tunis), début du VIe siècle.

  • Sainte Lucie

    Dialogue entre le préfet Paschase et sainte Lucie

    – Tu ne parleras plus autant quand on en sera venu aux coups.

    – La parole ne peut manquer aux serviteurs de Dieu, puisque le Seigneur Christ a dit : Quand vous serez devant les rois et les gouverneurs, ne vous mettez pas en peine de la manière dont vous parlerez, ou de ce que vous direz; car ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même; parce que ce n'est pas vous qui parlez, mais l'Esprit-Saint qui parle en vous.

    – Le Saint-Esprit est-il donc en toi ?

    – Ceux qui vivent avec chasteté et piété sont le temple de l'Esprit-Saint.

    – Je vais donc te faire conduire au lupanar, afin que le Saint-Esprit t'abandonne.

    – Si on me fait violence malgré moi, j'aurai double couronne de chasteté.

    A ces mots Paschase, enflammé de colère, ordonna qu'on traînât Lucie dans un lieu où on lui fît perdre sa virginité; mais il arriva, par la puissance divine, que la vierge demeura immobile au même lieu, sans qu'aucune violence l'en pût arracher. C'est pourquoi le gouverneur, l'ayant fait environner de poix, de résine et d'huile bouillante, commanda qu'on allumât du feu autour d'elle; mais comme la flamme ne lui faisait aucun mal, après qu'on l'eut tourmentée en plusieurs manières, on lui perça la gorge d'un coup d'épée. Lucie, ayant reçu le coup, prédit la tranquillité dont l'Eglise devait jouir après la mort de Dioclétien et de Maximien, rendit son esprit à Dieu, aux ides de décembre. Son corps, enseveli à Syracuse, fut ensuite transféré à Constantinople, et enfin à Venise.

    (Bréviaire romain. Voir aussi la belle prière de Dom Guéranger à sainte Lucie)