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saints - Page 16

  • Saint Gilles

    Il quitta l’ermite Vérédôme et s'enfonça dans un désert où trouvant un antre avec une petite fontaine, il rencontra une biche sans doute disposée par Dieu pour lui servir de nourrice, elle venait à des heures fixes l’alimenter de son lait. Les gens du roi vinrent chasser en cet endroit; dès qu'ils virent cette biche, ils laissèrent les autres bêtes et se mirent à la poursuivre avec leurs chiens : comme elle était serrée de près, elle se réfugia aux pieds de celui qu'elle nourrissait. Gilles étonné de ce que la biche bramait contre son habitude, sortit, et quand il eut entendu les chasseurs, il pria le Seigneur de lui conserver celle qu'il lui avait donnée pour nourrice. Or, pas un des chiens n'eut la hardiesse d'approcher de lui plus près que d'un jet de pierre, mais tous revenaient sur les chasseurs en poussant de grands hurlements. La nuit étant survenue, les chasseurs rentrèrent chez eux, et le lendemain, ils revinrent- au même endroit, et furent encore obligés de retourner après s'être fatigués en vain. Le roi, instruit de cela, soupçonna ce qu'il y avait et s'empressa de venir avec l’évêque et une multitude de chasseurs. Mais comme les chiens n'osaient pas s'approcher plus qu'auparavant, et qu'ils revenaient tous en hurlant, on entoura cet endroit que les ronces rendaient inaccessible. Or, un archer, pour débusquer la biche, décocha à la volée un trait qui fit une blessure grave à saint Gilles en prière pour la bête ; après quoi les soldats, s'étant ouvert un passage avec leurs épées, parvinrent à la caverne où ils aperçurent un vieillard en habits de moine, vénérable par ses cheveux blancs et par son âge, et à ses genoux la biche couchée. L'évêque seul et le roi ayant mis pied à terre, allèrent le trouver, après avoir fait rester leur suite en arrière. Ils lui demandèrent qui il était, d'où il était venu, pourquoi encore il s'était enfoncé dans la profondeur de ce vaste désert, et enfin quel était l’audacieux qui l’avait blessé d'une manière aussi grave. Gilles répondit à chacune de leurs questions ; alors ils lui demandèrent humblement pardon, promirent de lui envoyer des médecins pour guérir sa plaie et lui offrirent beaucoup de présents. Mais il ne voulut pas employer les médecins, ne daigna pas même regarder les présents qu'on lui offrait; bien au contraire, convaincu que la vertu se perfectionne dans l’infirmité, il pria le Seigneur de ne pas lui rendre la santé tant qu'il vivrait. Mais comme le roi en lui faisant de fréquentes visites en recevait la nourriture du salut, il lui offrit d'immenses richesses, que le saint refusa d'accepter, donnant conseil au roi d'en fonder un monastère où la discipline de l’ordre monastique serait en vigueur. Et quand le roi l’eut fait, saint Gilles, vaincu par les larmes et les prières du roi, se chargea après bien des résistances, de la direction de ce monastère.

    (Légende dorée)

    N.B. Il s’agit du monastère de Saint-Gilles-du-Gard, avec sa fameuse abbatiale romane. Les armoiries de la ville étaient une biche d’argent percée d’une flèche d’or, avant qu’on invente le logo...

  • Saint Raymond Nonnat

    Ce saint du XIIIe siècle a deux mots à nous dire aujourd’hui.

    Religieux de l’ordre de la Merci pour la rédemption des captifs, il se rendit en Algérie pour racheter les chrétiens esclaves des barbaresques musulmans. Lorsqu’il n’eut plus d’argent, il se fit otage... et se mit à convertir des musulmans. On lui ferma la bouche avec un cadenas, et il allait être empalé lorsque son ami et supérieur saint Pierre Nolasque réunit la rançon nécessaire à sa libération. Il rentra à Barcelone mais mourut bientôt, prématurément, à 36 ans, des suites de ce qu’il avait subi en Algérie.

    D’autre part, saint Raymond Nonnat est le saint patron des femmes enceintes et du bébé qu’elles portent.

    Nonnat n’est pas son nom de famille. C’est un surnom, Non-natus : non-né. Sa mère, enceinte de sept mois, tomba gravement malade et mourut. Le mari refusa qu’on l’enterre avant d’avoir vu le cadavre de son enfant. Un membre de la famille, avec son poignard, éventra la mère... et le bébé était vivant.

    Saint Raymond Nonnat, saint patron des non-nés.

  • Saint Félix et saint Adaucte

    Félix, prêtre, et son frère, nommé aussi Félix et prêtre comme lui, furent présentés à Dioclétien et à Maximien. L'aîné ayant été amené au temple de Sérapis pour y sacrifier, souffla sur la statue qui tomba à l’instant. Conduit ensuite à la statue de Mercure, il souffla de la même manière et l’idole tomba aussitôt. Traîné en troisième lieu à l’image de Diane, il en fit autant. Il subit la torture du chevalet ; il fut mené en quatrième lieu à un arbre sacrilège, afin qu'il sacrifiât. Alors il se mit à genoux, fit une prière et souffla sur l’arbre qui fut déraciné et qui brisa en tombant l’autel et le temple. Le préfet, en ayant été informé, ordonna qu'on le décapitât au même endroit, et qu'on abandonnât son corps aux loups et aux chiens. Aussitôt un homme sortant du milieu de la foule se déclara de lui-même chrétien. Alors les deux confesseurs s'embrassèrent et furent décapités sur les lieux en même temps. Or, les chrétiens, qui ignoraient le nom du dernier, l’appelèrent adjoint (Adauctus) parce qu'il s'était adjoint à saint Félix pour recevoir la couronne du martyre. Les chrétiens les ensevelirent dans le trou creusé par la chute de l’arbre, et les païens, qui voulurent les en ôter, furent aussitôt saisis par le diable. Ils pâtirent vers l’an du Seigneur 287.

    (Bréviaire, cité par la Légende dorée)

  • Décollation de saint Jean-Baptiste

    Cette fête est également célébrée le 29 août dans la liturgie byzantine. Celle-ci souligne dans le tropaire de la messe que Jean fut le précurseur du Christ sur terre, mais aussi aux enfers :

    « Le souvenir du juste s’accompagne d’éloges. Mais à toi, Précurseur, le témoignage du Seigneur suffit. Tu as été vraiment le plus grand des prophètes, car tu fus jugé digne de baptiser dans les eaux celui qu’ils avaient seulement annoncé. Aussi as-tu combattu courageusement pour la vérité, heureux d’annoncer, même aux captifs des enfers, l’apparition du Dieu fait chair, qui ôte le péché du monde et nous fait grande miséricorde. »

    A noter que chez les Byzantins cette fête est, par exception, un jour de jeûne, pour répondre à l’horreur du banquet homicide d’Hérode.

  • Saint Augustin

    « O Seigneur, je suis votre serviteur ; je suis votre serviteur, et le fils de votre servante. Vous avez brisé mes liens, je vous sacrifierai un sacrifice de louanges (Ps. 115) ! » Que mon cœur, que ma langue vous louent, et que tous mes os s’écrient : « Seigneur, qui est semblable à vous ? » Qu’ils parlent, et répondez-moi ; et « dites à mon âme: Je suis ton salut (Ps. 34). »  Qui étais-je ? et quel étais-je ? Combien de mal en mes actions ; et, sinon dans mes actions, dans mes paroles ; et, sinon dans mes paroles, dans ma volonté ? Mais vous, Seigneur de bonté et de miséricorde, vous avez mesuré d’un regard la profondeur de ma mort, et vous avez retiré du fond de mon cœur un abîme de corruption. Et il ne s’agissait pourtant que de ne pas vouloir ma volonté, et de vouloir la vôtre !

    Mais où était donc, durant le cours de tant d’années, et de quels secrets et profonds replis s’est exhumé soudain mon libre arbitre, pour incliner ma tête sous votre aimable joug, et mes épaules sous votre léger fardeau, ô Christ, ô Jésus, mon soutien et mon rédempteur ? Quelles soudaines délices ne trouvai-je pas dans le renoncement aux délices des vanités ? En être quitté, avait été ma crainte, et les quitter, était ma joie. Car vous les chassiez de chez moi, ô véritable, ô souveraine douceur ! vous les chassiez, et, à leur place, vous entriez plus aimable que toute volupté, mais non au sang et à la chair ; plus éclatant que toute lumière, mais plus intérieur que tout secret ; plus élevé que toute grandeur, mais non pour ceux qui s’élèvent en eux-mêmes. Déjà mon esprit était libre du cuisant souci de parvenir aux honneurs, aux richesses, de rouler dans l’impureté, et d’irriter la lèpre de mes intempérances ; et je gazouillais déjà sous vos yeux, ô ma lumière, ô mon opulence, ô mon salut, Seigneur, mon Dieu !

    (Confessions, livre 9, trad. M. Moreau)

  • Saint Joseph Calasanz

    On le vit, ayant donné son nom à de pieuses confréries, s'employer avec une ardeur admirable à soulager par des aumônes et tous les offices de la charité les pauvres, spécialement les malades ou les prisonniers. Pendant une peste qui ravageait Rome, il s'adjoignit à saint Camille, et son zèle dévorant ne se dépensant pas suffisamment à son gré au service des malades indigents, il alla jusqu'à porter lui-même sur ses épaules à la sépulture les cadavres des morts. Cependant, averti d'en haut que sa vocation était de former les enfants, surtout les pauvres, à la science et à la piété, il fonda l'Ordre des Clercs réguliers pauvres de la Mère de Dieu des Ecoles pies, dont la profession spéciale devait être de s'adonner tout particulièrement à l'instruction du jeune âge. Hautement approuvé par Clément VIII, Paul V et d'autres Souverains Pontifes, cet Ordre se propagea merveilleusement en peu d'années dans beaucoup de provinces et de royaumes de l'Europe. Mais combien de fatigues, combien de tribulations Joseph eut à souffrir dans cette œuvre, quelle invincible constance il y montra, c'est ce qu'atteste la voix de tous, qui le proclama un prodige de force et la copie du saint homme Job (1).

    Bien que chargé du gouvernement de tout l’Ordre et se consacrant tout entier au salut des âmes, il ne cessa cependant jamais d'instruire les enfants, donnant aux pauvres sa préférence ; il avait la coutume de balayer leurs écoles et de les reconduire à leurs maisons. Office de souveraine patience et d'humilité, dans lequel il persévéra cinquante-deux années malgré une santé mauvaise. Aussi, en récompense, Dieu l'honora souvent par des prodiges sous les yeux même de ses disciples, et la bienheureuse Vierge daigna lui apparaître avec l'Enfant Jésus qui bénissait les écoliers en prière. Il refusa les plus hautes dignités ; mais le don de prophétie, de pénétration des cœurs, de connaissance des événements éloignés, les miracles qu'il faisait, le glorifiaient devant les hommes ; la Vierge Mère de Dieu, qu'il honorait depuis son enfance d'une pieté singulière et dont il recommandait grandement le culte aux siens, les autres bienheureux du ciel, l'honoraient fréquemment de leurs apparitions. Il prédit le jour de sa mort, et le rétablissement et l'accroissement de son Ordre alors presque détruit. Ce fut dans sa quatre-vingt-douzième année qu'il s'endormit dans le Seigneur, à Rome, le huit des calendes de septembre de l'an mil six cent quarante-huit. Son cœur et sa langue furent après un siècle retrouvés intacts et sans corruption. Illustré encore par Dieu de nombreux miracles après sa mort, Benoît XIV lui conféra le culte des Bienheureux, et ensuite Clément XIII le mit solennellement au nombre des Saints. Pie XII l’a donné comme patron à toutes les écoles populaires chrétiennes. (extrait de la légende du missel romain)

    (1) On pourra demander aux historiens de saint Joseph Calasanz le détail des épreuves qui firent de lui ce prodige de force que nous recommande aujourd'hui l'Eglise ; elles allèrent jusqu'à amener, sur les  calomnies spécieuses de  quelques faux frères, la déposition du bienheureux et la ruine momentanée de son Ordre, réduit à  l'état  de congrégation séculière. Ce fut seulement après sa mort, qu'Alexandre VII, puis Clément IX, rendirent aux Ecoles pies l'état Régulier et le titre de Religion à vœux solennels. Dans son grand ouvrage de la Canonisation des Saints, Benoît XIV s'étend longuement sur ce sujet, et il se complaît à rappeler la part multiple qu'il eut au procès du Serviteur de Dieu, à titre d'abord d'Avocat consistorial, puis comme Promoteur de la foi, enfin, Cardinal, émettant un suffrage favorable en la cause ; de plus, ce fut lui qui le béatifia. (Dom Guéranger, Année liturgique)

  • Saint Louis

    Extrait du sermon de Bourdaloue pour la fête de saint Louis roi de France

    Je sais que saint Louis, au milieu de ses glorieux succès, a eu des disgrâces et des adversités à essuyer, puisqu'il fut fait prisonnier dans le premier de ses voyages, et qu'il mourut dans le second. Mais c'est justement dans ses adversités et ses disgrâces qu'il me paraît encore plus  grand  et  plus supérieur à lui-même. Car je ne m'étonne pas que, malgré les prodiges de sa valeur, un prince aussi généreux que lui soit tombé, dans la chaleur du combat, entre les mains de ses ennemis : c'a été le  sort des plus grands  capitaines.  Mais qu'ayant été pris dans le combat, il eût soutenu sa captivité aussi dignement et aussi héroïquement qu'il la soutint; mais que dans sa prison, ces infidèles mêmes l'aient honoré jusqu'à vouloir se soumettre à lui, et jusqu'à vouloir le choisir pour leur souverain; mais qu'en recouvrant sa liberté, il ait recouvré en même temps toute sa puissance, comme nous l'apprenons de son histoire; mais qu'avant de quitter la Terre-Sainte il ait rétabli et mis en état de défense toutes les places qu'il y avait conquises; mais qu'au lit même de la mort, il ait obligé le roi de Tunis à acheter la paix à des conditions aussi glorieuses pour la France qu'elles lui étaient avantageuses et utiles, c'est ce qui pourrait vous surprendre aussi bien que moi, si je n'ajoutais que ce furent là les merveilleux effets de la piété de saint Louis et de son éminente vertu : car, ce que je vous prie de bien remarquer, si les Sarrasins délibérèrent, tout prisonnier qu'il était, d'en faire leur roi, ce ne fut, dit Joinville, que parce qu'en traitant avec lui, ils ne purent se défendre d'avoir pour lui une vénération secrète ; que parce qu'en l'observant de près, il leur parut un homme divin ; que parce qu'ils se sentirent touchés, ou, pour mieux dire, charmés de la sainteté de sa vie. Voulez-vous encore bien connaître quelle impression son édifiante et magnanime sainteté fit dans les esprits et dans les cœurs de ces barbares? écoutez-le parler dans les conférences qu'il eut avec eux : il est en leur puissance, et il s'explique devant eux avec autant de liberté que s'il était leur maître. Ils le tiennent captif, et c'est lui qui leur fait la loi; ils lui demandent sa rançon, et il leur répond qu'il n'y a point de rançon pour les rois; qu'il ne refuse pas de payer celle de ses soldats, mais que sa personne sacrée ne doit être mise à nul prix. Le sultan est frappé de cette grandeur d'âme, et en passe par où il veut. Avant que de l'élargir, on demande qu'il s'oblige, par un serment solennel, à renoncer à sa religion, s'il manque à sa parole ; et il déclare qu'un roi chrétien ne connaît point d'autre serment que sa parole même, et qu'il ne sait ce que c'est que de mettre sa religion en compromis, sous quelque condition que ce puisse être. Sur cela sa parole seule est acceptée. On lui rapporte, avec effroi, que les propres sujets du sultan viennent de l'assassiner, et que dans une pareille conjoncture tout est à craindre pour lui ; mais il demeure ferme et intrépide. Celui des conjurés qui a fait le coup, lui demande une récompense pour l'avoir délivré de son ennemi ; mais Louis, imitant la piété de David, et sans se mettre en peine du danger où il s'expose, reproche à ce parricide sa perfidie. Or, il n'y avait que la sainteté qui pût le soutenir de la sorte, et lui inspirer ces sentiments d'une droiture et d'une générosité toute royale. D'autres auraient au moins dissimulé : mais lui, jusque dans ses fers, il est libre; et l'esprit de Dieu, qui le possède, l'élève au-dessus de toutes les considérations et de tous les ménagements humains.

  • Saint Barthélémy

    Aujourd’hui, on prétend qu’on ne sait rien, absolument rien, de saint Barthélémy, hormis qu’il était un des douze apôtres, puisque c’est écrit dans l’Evangile. C’est pourtant parce qu’elle a été fondée par saint Barthélémy et saint Thaddée que l’Eglise arménienne se dit apostolique…

    Quand notre Eglise n’avait pas encore sombré dans le néant de la critique historique, voici ce qu’elle en disait :

    L'Apôtre Barthélémy était de Galilée. L'Inde citérieure lui étant échue dans le partage du monde entre les prédicateurs de l'Evangile, il s'y rendit, et annonça l'arrivée du Seigneur Jésus aux peuples qui l'habitaient, en se servant de l'Evangile de saint Matthieu. Nombreux furent dans cette contrée ceux qu'il amena à Jésus-Christ, mais grands aussi ses labeurs, et multipliées ses épreuves. Il vint de là dans la grande Arménie. Il y convertit à la foi chrétienne le roi Polymius avec son épouse, et douze villes. Mais cet événement porta contre lui jusqu'aux derniers excès l'envie des prêtres du pays. Astyages frère de Polymius, excité par eux contre l'Apôtre, fit écorcher vif et décapiter Barthélémy. Tel fut le cruel martyre dans lequel il rendit à Dieu son âme. Son corps, enseveli à Albanopolis, ville de la grande Arménie où il avait souffert, fut par la suite transporté dans l'île Lipari, puis à Bénévent, à Rome enfin où l'empereur Othon III le déposa dans l'île du Tibre, dans l'église dédiée à Dieu sous son nom. Sa fête s'y célèbre le huit des calendes de septembre, et amène pendant les huit jours qui suivent à cette basilique un grand concours de peuple.

  • Sainte Jeanne Françoise Frémyot de Chantal

    L’acte d’abandon de sainte Jeanne de Chantal, fondatrice de l’ordre de la Visitation :

    O bonté souveraine de la souveraine providence de mon Dieu, je me délaisse pour jamais entre vos bras ; soit que vous me soyez douce ou rigoureuse, menez-moi désormais par où il vous plaira. Je ne regarderai point les chemins par où vous me ferez passer, mais vous, ô mon Dieu, qui me conduisez ; mon cœur ne trouve point de repos hors des bras et du sein de cette céleste Providence, ma vraie mère, ma force et mon rempart ; c'est pourquoi je me résous moyennant votre aide divine, ô mon Sauveur, de suivre vos désirs et ordonnances sans jamais regarder où éplucher les causes pourquoi vous faites ceci plutôt que cela, mais à yeux clos je vous suivrai selon vos volontés divines sans rechercher mon propre goût ; c'est à quoi je me détermine de laisser tout faire à Dieu, ne me mêlant que de me tenir en repos entre ses bras, sans désirer chose quelconque, que selon qu'il m'incitera à désirer, à vouloir et à souhaiter.

    Je vous offre ce désir, ô mon Dieu, vous suppliant de le bénir, entreprenant le tout appuyé sur votre bonté, libéralité et miséricorde, en la totale confiance en vous et défiance de moi et de mon infinie misère et infirmité.

    Amen.

  • Saint Bernard

    Saint Bernard est mort le 20 août 1153, pendant l’octave de l’Assomption, et sa fête est donc le 20 août.

    Même si hélas, il ne croyait pas en l’Immaculée Conception, saint Bernard est un des chantres les plus admirables de Notre Dame, notamment dans ses quatre homélies sur l’Assomption, et celle sur les 12 prérogatives de Marie, prononcée un dimanche dans l’octave de l’Assomption. Tout naturellement, l’Eglise a donné comme lecture, en ces jours, des extraits de ces homélies si merveilleusement tissées de citations des psaumes et du Cantique des cantiques. Jusqu’à ce que Pie XII décide de supprimer l’octave de l’Assomption. Stupéfiante décision, de la part du pape qui avait proclamé, cinq ans plus tôt, le dogme de l’Assomption…

    Ainsi, saint Bernard, dont la fête avait été placée en ce jour par la Providence elle-même, par Dieu qui soulignait ainsi comment Bernard avait bien chanté sa Mère et qu’il fallait l’entendre sur le sujet, a perdu au 20 août son environnement marial. On l’a déconnecté de l’Assomption…

    Or voici la très belle hymne des vêpres de la fête de saint Bernard, écrite dans l’esprit de saint Bernard, et datant du temps où l’on savait composer des hymnes (à comparer avec celles composées en 1950 pour l’Assomption, dans un latin de professeurs pédants ne comprenant rien aux symboles, au point que les douze étoiles deviennent « deux fois six »…).

    Jam Regina discubuit,
    Sedens post Unigenitum :
    Nardus odorem tribuit
    Bernardus, tradens spiritum.

    Dulcis Reginæ gustui
    fructus sui suavitas :
    Dulcis ejus olfactui
    Nardi Bernardi sanctitas.

    Venit Sponsa de Libano,
    Coronanda divinitus,
    ut Bernardus de clibano
    Veniret sancti Spiritus.

    Quæ est ista progrediens
    Velut aurora rutilans ?
    Quis est iste transiliens
    Colles, Sanctis conjubilans ?

    Hæc gloria terribilis
    Sicut castrorum acies :
    Hic gratia mirabilis
    Ut Assueri facies.

    Ora pro nobis Dominum,
    Prædulcis fumi virgula ;
    Inclina Patrem luminum,
    Pastor ardens et facula.

    Si Trinitati gloria,
    Per quam triumphus Virginis,
    Et Bernardi felicitas
    Manent in cæli curia. Amen.

    Voici que la Reine a pris place, s’est assise (corps et âme au paradis) après le Fils unique. Bernard apporte le parfum du nard, en remettant son esprit.

    La suavité de son fruit est douce au palais de la Reine, la sainteté du nard de Bernard est douce à son nez.

    L’Epouse vient du Liban pour être divinement couronnée, afin que Bernard puisse venir du four à pain de l’Esprit saint.

    Qui est celle-là qui s’avance comme l’aurore rutilante ? Qui est celui-ci qui saute les collines, jubilant avec les saints ?

    Celle-là est terrible dans sa gloire, comme une armée en ordre de bataille ; celui-ci est admirable par sa grâce, comme le visage d’Assuérus.

    Prie pour nous le Seigneur, très douce volute de fumée ; fais que se penche sur nous le Père des lumières, pasteur ardent comme une torche.

    Gloire soit à la Trinité, par laquelle le triomphe de la Vierge et la félicité de Bernard demeurent à la cour céleste. Amen.

    On aura reconnu que la plupart des images de cette hymne proviennent du Cantique des cantiques, à l’imitation des textes de saint Bernard (et de l'ensemble de la liturgie de l'Assomption), et en hommage à celui qui est le grand commentateur de ce livre. L’allusion à Assuérus provient du livre d’Esther, 15, 16-17 : Seigneur, je t’ai vu comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé par la crainte de ta gloire. Car, Seigneur, tu es admirable, et ton visage est plein de grâce.