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Liturgie - Page 586

  • Le figuier et le talent

    Les matines des premiers Jours Saints sont dans la liturgie byzantine l'Office de l'Epoux, en référence aux cinq vierge sages et cinq vierges folles : les premières participeront aux Noces, les autres trouveront porte close. Voici une des prières du premier jour, où l'on évoque aussi la malédiction du figuier stérile et la parabole des talents :

    Pensant, ô mon âme, à l'heure de la fin, et redoutant d'être abattue comme le figuier, prends peine et travaille avec le talent qui t'est donné, veillant et criant, ô malheureuse : Puissions-nous ne pas demeurer au dehors de la chambre nuptiale du Christ.

    Pourquoi cette paresse, malheureuse âme que je suis ? Pourquoi t'imaginer sans motif des rêves inutiles ? Pourquoi es-tu oisive devant ce qui passe ? la dernière heure est toute proche et nous devons nous séparer du présent ; tant que tu en as le temps, recouvre des sens et crie : J'ai péché contre vous, mon Sauveur, ne m'abattez pas comme le figuier stérile, mais puisque vous êtes miséricordieux, ô Christ, ayez compassion de celle qui, dans sa crainte, vous crie : Puissions-nous ne pas demeurer au-dehors de la chambre nuptiale du Christ.

  • Dimanche des Rameaux

    En fait nous avons deux dimanches en un seul. Car la fête des Rameaux est aussi le second dimanche de la Passion.

    Ainsi la messe de ce jour n'évoque-t-elle nulle part l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Elle est tout entière centrée sur la Passion, et on y chante le récit de la Passion selon saint Matthieu.

    La bénédiction des rameaux, le chant de l'évangile de la fête, la procession qui nous configure aux « enfants des Hébreux », et le chant au Christ Roi, sont un office qui a lieu avant la messe. (Alors que dans le rite byzantin la messe est entièrement centrée sur les Rameaux, et c'est la fête des enfants qui font la procession avec des branches d'olivier chargées de bonbons...)

    L'office quant à lui est également centré sur la Passion, mais l'Evangile est celui des Rameaux, et certaines antiennes célèbrent également la fête, en une dissonance qui renforce le paradoxe tragique de ce jour.

  • Une réaction d’Ecclesia Dei

    Le président de la commission Ecclesia Dei a réprimandé l'archevêque de Manille, le cardinal Gaudencio Rosales pour avoir soumis l'usage de la messe tridentine à « des conditions trop restrictives », disant qu'elles étaient « en parfaite contradiction » avec la volonté du pape Benoît XVI.

    « En l'état, vos directives épiscopales sont tout simplement inacceptables et je vous demande de les reconsidérer » a dit le président de Ecclesia Dei, le cardinal Dario Castrillón Hoyos dans une lettre datée du 6 mars et rapportée par The Tablet cette semaine. Elle dit que « les directives n'autorisant seulement qu'une messe mensuelle dans une chapelle de la cathédrale métropolitaine » sont en violation des normes établies par le Motu Proprio Summorum Pontificum promulguée par le pape en 2007 pour répandre l'usage de la messe tridentine. Le cardinal Castrillón affirmait que le décret papal faisait « partie de la loi universelle de l'Église » et qu'elle ne pouvait être limitée par la « loi particulière » d'un évêque diocésain. [...]

    « Il n'y a absolument aucune raison que cette messe ne puisse pas et ne doive pas être célébrée dans quelque église ou chapelle de votre archidiocèse » a dit le cardinal Castrillón dans sa lettre à l'archevêque de Manille.
    Il insistait pour que le cardinal Rosales promeuve de manière active l'application du Motu Proprio en « aidant les prêtres désireux d'apprendre à célébrer » l'ancien rite de la messe qui exige que les prêtres soient « raisonnablement compétents en latin » et qu'il y ait des fidèles qui désirent assister à sa célébration. L'année dernière, l'archidiocèse de Manille avait publié sur son site des directives sur la messe tridentine. Mais elles avaient été rapidement retirées à la suite d'une plainte auprès de Rome des partisans de l'ancien rite.

    (source, via le Forum Catholique. On se souvient de ce qui s'est passé à la mort de Mgr Moises Andrade, et qui n'est certainement pas étranger à la mise en demeure du cardinal Castrillon Hoyos.)

  • Vexilla Regis (2)

    Arbor decór(a) et fúlgida,
    Ornáta Regis púrpura,
    Elécta digno stípite,
    Tam sancta membra tángere.

    Arbre noble et resplendissant,
    Que pare d'un tel roi la pourpre glorieuse,
    Qu'on te prit d'une tige et digne et précieuse,
    Pour toucher de si près à ce corps innocent !

    Beáta, cujus bráchiis
    Sæcli pepéndit prétium,
    Statéra facta córporis,
    Prædámque tulit tártari.

    Arbre heureux, dont les bras ouverts
    Ont porté le rachat, le prix de tout le monde ;
    Balance, où s'est posé plus que la terre et l'onde,
    Que tu ravis de proie au tyran des enfers !

    O Crux, ave, spes unica,
    Hoc Passiónis témpore,
    Auge piis justítiam,
    Reísque dona véniam.

    Unique espoir des nations,
    En ces temps qui d'un Dieu retrace le supplice,
    Croix sainte, aux gens de bien augmente leur justice,
    Et pardonne aux méchants leurs noires actions.

    Te summa Deus Trínitas,
    Colláudet omnis spíritus:
    Quos per Crucis mystérium
    Salvas, rege per sæcula. Amen.

    Inconcevable Trinité,
    Que tout esprit te rende une gloire parfaite :
    Sauve par tes bontés ceux que la croix rachète,
    Et guide-les toi-même à ton éternité.

  • Vexílla Regis (1)

    Sur ce texte et sa traduction, voir ici.

    Vexílla Regis pródeunt,
    Fulget Crucis mystérium :
    Quo carne carnis cónditor,
    Suspénsus est patíbulo.

    L'étendard du grand roi des rois,
    La croix, fait éclater son mystère suprême,
    Où l'auteur de la chair, s'étant fait chair lui-même,
    Daigne mourir pour nous sur un infâme bois.

    Quo vulnerátus ínsuper
    Mucróne diro lánceæ,
    Ut nos laváret crímine,
    Manávit und(a) et sánguine.

    Le fer d'une lance enfoncé
    Dans le flanc amoureux de la sainte victime
    En fait sortir une eau qui lave notre crime,
    Et ruisseler un sang dont il est effacé.

    Impléta sunt quæ cóncinit
    David fidéli cármine,
    Dicens: In natiónibus
    Regnávit a ligno Deus.

    David, ton oracle est rempli ;
    Et quand tu prédisais du maître du tonnerre
    Que d'un trône de bois il règnerait sur terre,
    Ta voix était fidèle, et l'ordre est accompli.

  • Pange lingua (4) – Lustris sex (2)

    Crux fidélis, inter omnes
    Arbor una nóbilis,
    Nulla silva talem profert
    Fronde, flore, gérmine :
    Dulce lignum, dulces clavos,
    Dulce pondus sústinet.

    Arbre noble entre tous, quelle forêt produit
    Pareilles feuilles, fleurs ou fruit ?
    Croix fidèle, à jamais digne de nos hommages,
    Qu'a de charmes ton bois, que bénis sont les clous,
    Que de douceurs ont les branchages
    Qui pour notre salut portent un bois si doux !

    Flecte ramos, arbor alta,
    Tensa laxa víscera,
    Et rigor lentéscat ille,
    Quem dedit natívitas :
    Ut supérni membra Regis
    Miti tendas stípite.

    Arbre heureux, arbre saint, abaisse tes rameaux,
    Relâche en dépit des bourreaux
    L'inflexibilité qui t'est si naturelle,
    Et souffre que les bras du roi du firmament,
    Qui souffre et meurt pour un rebelle,
    Demeurent étendus un peu plus doucement.

    Sola digna tu fuísti
    Ferre sæcli prétium,
    Atque portum præparáre
    Nauta mundo náufrago,
    Quem sacer cruor perúnxit,
    Fusus Agni córpore

    Tu portes, par le choix des ordres éternels,
    Le rachat de tous les mortels,
    Et prépares un port à leur commun naufrage :
    Ils t'en firent seul digne, et le sang de l'Agneau
    Laisse à ton bois un sacré gage
    D'un triomphe aussi grand que ton destin est beau.

    Glória et honor Deo
    Usquequáque altíssimo,
    Una Patri, Filióque,
    Inclyto Paráclito :
    Cui laus est & potéstas
    Per ætérna sæcula. Amen

    Gloire, puissance, honneur et louange au Très-Haut,
    Au Fils, comme lui sans défaut,
    A leur Esprit divin, ainsi qu'eux ineffable !
    Gloire, louange, honneur à leur sainte unité,
    A leur essence inconcevable,
    Et durant tous les temps et dans l'éternité !

  • Pange lingua (3) - Lustris sex (1)

    Lustris sex qui jam peráctis,
    Tempus implens córporis,
    Se volénte, natus ad hoc,
    Passióni déditus,
    Agnus in Crucis levátur,
    Immolándus stípite.

    De la terre et du ciel ce monarque absolu,
    Né, parce qu'il l'avait voulu,
    Pour mourir en souffrant et payer notre crime,
    Après qu'il eut laissé six lustres s'écouler,
    Innocente et pure victime,
    Permit qu'à sa justice on l'osât immoler.

    Hic acétum, fel, arúndo,
    Sputa, clavi, láncea
    Mite corpus perforátur,
    Sanguis, unda prófluit,
    Terra, pontus, astra, mundus
    Quo lavántur flúmine.

    Le vinaigre, le fiel, le roseau, les crachats
    Joignirent l'insulte au trépas ;
    Un fer fit dans son flanc une large ouverture,
    Il en sortit du sang, il en sortit de l'eau,
    Et l'air, le ciel et la nature
    Se trouvèrent lavés par ce fleuve nouveau.

  • Pange lingua (2)

    Quando venit ergo sacri
    Plenitúdo témporis,
    Missus est ab arce Patris
    Natus, orbis Cónditor ;
    Atque ventre virgináli
    Caro factus pródiit.

    A peine est arrivé par le retour des ans
    L'heureux moment du sacré temps,
    Qu'un créateur de tout lui-même est créature,
    Et que Dieu fait sortir ce Fils, ce bien-aimé,
    De la virginale clôture
    Où pour se faire chair il s'était enfermé.

    Vagit infans inter arcta
    Cónditus præsépia :
    Membra pannis involúta
    Virgo Mater álligat ;
    Et manus, pedésqu(e), et crura
    Stricta cingit fáscia.

    Sur une vile crèche il pleure comme enfant,
    Et son corps déjà triomphant
    Se laisse envelopper à cette vierge mère :
    Sous des langes chétifs on lui serre les bras,
    Et pour finir notre misère,
    De la misère même il se fait des appas.

  • Pange lingua (1)

    Les hymnes du temps de la Passion sont Pange lingua, Lustris sex et Vexilla Regis, toutes trois de Venance Fortunat (composées pour l'accueil à Poitiers de la relique de la Sainte Croix que sainte Radegonde avait obtenue de l'empereur Justin II). En fait les deux premières forment une seule hymne, qui est divisée en deux parties. Ce Pange lingua a servi de modèle pour l'hymne composée par saint Thomas d'Aquin en l'honneur du Saint Sacrement.

    Voici par morceaux ces hymnes de la Passion, et leur belle traduction-adaptation par Pierre Corneille.

    Pange lingua gloriósi
    Prælium certáminis,
    Et super Crucis trophæum
    Dic triúmphum nóbilem,
    Qualiter Redémptor orbis
    Immolátus vícerit.

    Sers de pinceau, ma langue, et peins avec éclat
    Ce noble et glorieux combat
    Par qui la croix s'élève un trophée adorable :
    Peins comme le sauveur de ce vaste univers
    Par un amour incomparable
    Se laissant immoler, triomphe des enfers.

    De paréntis Protoplásti
    Fraude Factor cóndolens,
    Quando pomi noxiális
    Mors(u) in mortem córruit,
    Ipse lignum tunc notávit
    Damna lign(i) ut sólveret.

    Peins comme la bonté de son père éternel,
    Dès que l'homme devint mortel,
    Eut pitié de le voir perdu par une pomme ;
    Fais voir comme dès lors son amoureux décret
    Voulut que par un nouvel homme
    Un arbre réparât ce qu'un arbre avait fait.

    Hoc opus nostræ salútis
    Ordo depopóscerat :
    Multifórmis proditóris
    Ars ut artem fálleret,
    Et medélam ferret inde,
    Hostis unde læserat.

    Il cacha son dessein, et pour rusé que fût
    L'ennemi de notre salut,
    Ce trompeur fut trompé par la ruse céleste ;
    Et quelques yeux qu'ouvrît ce lion infernal,
    Sans que rien lui fût manifeste,
    Le remède partit d'où procédait le mal.

  • Dimanche de la Passion

    La liturgie ne se focalise plus sur le carême (qui continue), mais fixe déjà son regard sur la Passion du Seigneur.

    Il est le véritable grand-prêtre, dit l'épître, qui ne pénètre pas dans le sanctuaire avec le sang des animaux sacrifiés, mais avec son propre sang, « après nous avoir acquis une rédemption éternelle ». Car le sang des animaux ne peut pas racheter les péchés des hommes. Le sang d'un homme ne le peut pas non plus puisque l'homme est pécheur. Seul Dieu peut effacer le péché, mais pour rendre cette opération effective, pour communiquer le salut aux hommes, il doit se faire homme et s'offrir lui-même en sacrifice.

    Tel est le motif de l'Incarnation, de l'Annonciation à la Résurrection (deux fêtes qui sont toujours proches dans le calendrier liturgique).

    Et dans l'Evangile, Jésus affirme qu'il est ce Dieu devenu homme tout en restant Dieu :

    « Avant qu'Abraham fût, Je Suis. »