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Liturgie - Page 538

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Aucune des figures [de l’Ancien Testament] ne pouvait accomplir le mystère de notre réconciliation, parce que le Saint-Esprit n’était pas encore venu sur la Vierge et la Vertu du Très-Haut ne l'avait point encore couverte de son ombre, afin que la Sagesse se construisît une maison dans ces entrailles pures, que le Verbe se fît chair en réunissant en une seule personne la nature de Dieu et la nature de l'esclave, que le Créateur des temps naquît dans le temps, et que celui par qui tout a été fait naquît au milieu de tout. Si l'Homme nouveau, créé à la ressemblance de la chair du péché, n'avait point revêtu notre vieillerie, et, consubstantiel à son Père, n'avait daigné être consubstantiel à sa mère, et, seul libre du péché, n'avait point uni notre nature à la sienne, l'humanité captive serait toujours sous le joug du diable.

    Saint Léon, lettre à l’impératrice Pulchérie, lecture des matines.

  • Saint Pie X

    Il y a 100 ans, le 8 août 1910, le décret “Quam singulari” sur la communion des enfants.

    De quel amour de prédilection Jésus-Christ a entouré sur terre les petits enfants, les pages de l'Evangile l'attestent clairement. Ses délices étaient de vivre au milieu d'eux ; Il avait l'habitude de leur imposer les mains, de les embrasser, de les bénir. Il s'indigna de les voir repoussés par ses disciples, qu'Il réprimanda par ces paroles sévères : Laissez donc venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas : c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu (Mc 10, 13.14.16). Combien Il appréciait leur innocence et leur candeur d'âme, Il l'a suffisamment montré quand, ayant fait approcher un enfant, Il dit à ses disciples : En vérité, je vous le dis, si vous ne devenez semblables à ces petits, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Quiconque se fera humble comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux. Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci me reçoit (Mt 18, 3.4.5).

    En souvenir de ces faits, l'Eglise catholique, dès ses débuts, eut à coeur de rapprocher les enfants de Jésus-Christ par la communion eucharistique, qu'elle avait l'habitude de leur administrer dès le premier âge. C'est ce qu'elle faisait dans la cérémonie du baptême, ainsi qu'il est prescrit à peu près dans tous les rituels anciens, jusqu'au XIIIème siècle, et cette coutume s'est maintenue plus tard dans certaines contrées : les Grecs et les Orientaux la conservent encore. Mais pour écarter tout danger de voir des enfants non encore sevrés rejeter le pain consacré, l'usage prévalut dès l'origine de ne leur administrer l'Eucharistie que sous l'espèce du vin.

    Après le baptême, les enfants s'approchaient souvent du divin banquet. Dans certaines églises, on avait aussi pour habitude de communier les tout petits enfants aussitôt après le clergé, et ailleurs de leur distribuer les fragments après la communion des adultes.

    Puis cet usage disparut dans l'Eglise latine. On ne permit plus aux enfants de s'asseoir à la Sainte Table que lorsque les premières lueurs de la raison leur apportaient quelque connaissance de l'auguste Sacrement. Cette nouvelle discipline, déjà admise par quelques synodes particuliers, fut solennellement confirmée et sanctionnée au IVème concile oecuménique de Latran, en 1215, par la promulgation du célèbre canon XXI, qui prescrit en ces termes la confession et la communion aux fidèles ayant atteint l'âge de raison : Tout fidèle des deux sexes, lorsqu'il est parvenu à l'âge de discrétion, doit fidèlement confesser tous ses péchés, au moins une fois l'an, à son propre prêtre, et accomplir avec tout le soin possible la pénitence qui lui est enjointe ; il recevra avec dévotion, au moins à Pâques, le sacrement de l'Eucharistie, à moins que, sur le conseil de son propre prêtre, il ne juge devoir s'en abstenir pour un motif raisonnable.

    Le concile de Trente (sess. 21, de communione, cap. IV), sans réprouver aucunement l'antique discipline, qui était d'administrer l'Eucharistie aux enfants avant l'âge de raison, confirma le décret de Latran et anathémisa les partisans de l'opinion adverse : Si quelqu'un nie que les chrétiens des deux sexes, tous et chacun, parvenus à l'âge de discrétion, soient tenus de communier chaque année, au moins à Pâques, selon le précepte de notre sainte Mère l'Eglise, qu'il soit anathème (sess. 13, de eucharistia, cap. VIII, can. 9).

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  • Les déshérités de la liturgie

    Le journal suisse Le Matin a parlé d’un prêtre, l’abbé Hervé Mas, qui « porte le col romain et dit la messe en latin selon le rite tridentin » et qui, pendant « une année, s’est rendu plusieurs fois par semaine au centre-ville de Lausanne pour rencontrer les drogués de la Riponne et les déshérités de la Soupe populaire ».

    Pourquoi célèbre-t-il la messe tridentine? « Parce qu’on les traite de sales intégristes, ceux qui veulent suivre la messe en latin se sentent aussi rejetés. Comme les marginaux du centre-ville. »

    (Summorum Pontificum)

  • Saint Etienne de Hongrie

    Etienne introduisit en Hongrie la foi chrétienne et le titre de roi. Après avoir obtenu du souverain Pontife la couronne royale, et avoir été sacré par son ordre, il fit hommage de son royaume au Siège apostolique. Sous l’inspiration d’une piété et avec une munificence admirables, il fonda à Rome, à Jérusalem et à Constantinople, divers établissements hospitaliers ; en Hongrie, l’archevêché de Strigonie et dix évêchés. Vénérant le Christ lui-même dans les pauvres, Etienne était également plein d’amour et de libéralité pour eux, et jamais il n’en renvoya un seul sans l’avoir consolé et secouru. Bien plus, après d’immenses sommes distribuées pour soulager leur indigence, on le vit souvent donner aussi, avec une bénignité extrême, le mobilier de son palais Il avait coutume de laver de ses mains les pieds aux pauvres, d’aller la nuit, seul et sans se faire connaître, visiter les hôpitaux, servir les malades et accomplir tous les autres devoirs de la charité ; c’est en témoignage de ses vertus que sa main demeura sans corruption, lorsque son cadavre fut tombé en poussière.

    Son amour de la prière l’amenait à veiller des nuits presque entières ; et pendant qu’il avait l’esprit fixé dans la contemplation des choses célestes, il advint qu’on le vit ravi en extase et élevé de terre. Par le secours de l’oraison, il échappa plus d’une fois miraculeusement aux conspirations des méchants et aux attaques d’ennemis puissants. De son mariage avec Gisèle de Bavière, sœur de l’empereur saint Henri, il eut un fils nommé Emeric, qu’il éleva avec tant de vigilance et une si solide piété, que, dans la suite, la sainteté remarquable de ce prince en fut la conséquence et la preuve. Etienne sut si bien conduire les affaires de son royaume, qu’il s’entoura d’hommes d’une prudence et d’une sainteté consommées, et ne décida jamais rien sans leur avis. Sous la cendre et le cilice il demandait à Dieu, par de très humbles prières, la grâce de voir, avant de mourir, la Hongrie tout entière acquise à la foi catholique. Son grand zèle à propager la foi lui valut d’être appelé l’apôtre de cette nation et le souverain Pontife l’autorisa, ainsi que ses successeurs, à faire porter la croix devant eux.

    Animé d’une ardente dévotion envers la Mère de Dieu, il construisit une vaste église en son honneur, et l’établit patronne de la Hongrie. En retour, la Vierge Marie l’introduisit au ciel le jour même de son Assomption, que les Hongrois appellent le jour de la Grande Souveraine, d’après une institution de ce saint roi. Quand il fut mort, son corps répandit une odeur suave et une liqueur céleste. Le Pontife romain voulut qu’on le transférât dans un lieu plus digne de lui, où on l’ensevelit avec beaucoup d’honneur. Cette translation fut accompagnée de nombreux miracles de tous genres. Le jour de sa fête a été fixé, par le souverain Pontife Innocent XI, au quatre des nones de septembre, en mémoire d’une victoire éclatante : celle que l’armée de Léopold, empereur des Romains et roi de Hongrie, remporta à la même date sur les Turcs, leur reprenant, avec le secours de Dieu, la ville de Budapest.

    (bréviaire)

  • Saint Bernard

    Qu'il ne soit point parlé de votre miséricorde, ô Vierge bienheureuse, s'il se trouve un seul homme qui se rappelle vous avoir invoquée en vain dans ses besoins. Pour ce qui est de toutes vos autres vertus, ô vous dont nous sommes les humbles serviteurs, nous vous en félicitons pour vous-même, mais pour ce qui est de celle-ci, c'est nous que nous en félicitons. Nous avons des louanges à donner à votre virginité, et nous tâchons d'imiter votre humilité; mais ce qui charme tout particulièrement des malheureux comme nous, c'est la miséricorde; ce que nous embrassons plus étroitement, ce que nous invoquons le plus souvent, est la miséricorde. C'est elle, en effet, qui a obtenu la réparation de l'univers entier, et le salut de tous les hommes, car on ne peut douter qu'elle n'ait songé avec sollicitude à tout le genre humain à la fois, la femme à qui il fut dit : "Ne craignez ô Marie, vous avez trouvé la grâce (Luc. I, 39)", que vous cherchiez sans doute. Qui donc, ô femme bénie, pourra mesurer la longueur, et la largeur, la sublimité et la profondeur, de votre miséricorde? Sa longueur : elle secourt jusqu'à son dernier jour celui qui l'invoque. Sa largeur : elle remplit si bien la terre entière, qu'on peut dire de vous aussi que la terre est pleine de votre miséricorde. Quant à sa sublimité et à sa profondeur, elle s'élève, d'un côté, à la restauration de la cité céleste, et de l'autre, elle apporte la rédemption à tous ceux qui sont assis dans les ténèbres, à l'ombre de la mort. En effet, c'est pour vous, ô Vierge, que le ciel s'est rempli, et que l'enfer s'est vidé, que les brèches de la céleste Jérusalem se sont relevées, et que la vie a été rendue aux malheureux hommes qui l'avaient perdue et qui l'attendaient. Voilà comment votre toute puissante et toute bonne charité abonde, en sentiments de compassion, et en désirs de venir à notre secours, aussi riche en compassion qu'en assistance.

    Aussi, que notre âme, dévorée des ardeurs de la soif, vole à cette fontaine, que notre misère recoure avec sollicitude à ce comble de miséricorde. Tels sont les vœux dont nous vous accompagnons autant que nous le pouvons, à votre retour vers votre fils, et dont nous grossissons de loin votre cortège, ô Vierge bénie. Que désormais votre bonté ait à cœur de faire connaître au monde la grâce que vous avez trouvée devant Dieu, en obtenant, par vos prières, le pardon pour les pécheurs, la guérison pour les malades, la force pour les cœurs faibles, la consolation pour les affligés, du secours pour ceux qui sont en péril, et la délivrance pour les saints. Que, dans ce jour de fête et de joie, ô Marie, reine de clémence, vos petits serviteurs qui invoqueront votre très-doux nom obtiennent les dons de la grâce de Jésus-Christ votre fils, Notre-Seigneur qui est le Dieu béni par dessus tout, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

    Fin du 4e sermon de saint Bernard pour la fête de l’Assomption.

  • Saint Jean Eudes

    C'est aujourd'hui la mémoire liturgique de saint Jean Eudes, apôtre inlassable de la dévotion aux Sacrés Cœurs de Jésus et Marie, qui vécut en France à la fin du XVIIe siècle, un siècle marqué par des courants religieux opposés et également par de graves problèmes politiques. C'est l'époque de la guerre de Trente ans, qui a non seulement dévasté une grande partie du centre de l'Europe, mais qui a également dévasté les âmes. Pendant que se diffusait le mépris pour la foi chrétienne de la part de certains courants de pensée alors dominants, l'Esprit Saint suscitait un renouveau spirituel plein de ferveur, avec des personnalités de grande envergure comme de Bérulle, saint Vincent de Paul, saint Louis M. Grignion de Montfort et saint Jean Eudes. Cette grande « école française » de sainteté porta parmi ses fruits également saint Jean-Marie Vianney. Par un mystérieux dessein de la providence, mon vénéré prédécesseur Pie IX proclama saints ensemble, le 31 mai 1925, Jean Eudes et le curé d'Ars, offrant à l'Eglise et au monde entier deux exemples extraordinaires de sainteté sacerdotale.

    Dans le contexte de l'Année sacerdotale, j'ai à cœur de m'arrêter pour souligner le zèle apostolique de saint Jean Eudes, particulièrement tourné vers la formation du clergé diocésain. Les saints sont la véritable interprétation de l'Ecriture Sainte. Les saints ont éprouvé, dans l'expérience de leur vie, la vérité de l'Evangile ; ainsi, ils nous introduisent dans la connaissance et la compréhension de l'Evangile. Le Concile de Trente, en 1563, avait promulgué des normes pour l'érection des séminaires diocésains et pour la formation des prêtres, dans la mesure où le Concile était tout à fait conscient que toute la crise de la réforme était également conditionnée par une formation insuffisante des prêtres, qui n'étaient pas préparés pour le sacerdoce de manière juste, intellectuellement et spirituellement, dans leur cœur et dans leur âme. Cela eut lieu en 1563 ; mais comme l'application et la réalisation des normes tardaient aussi bien en Allemagne qu'en France, saint Jean Eudes comprit les conséquences de ce retard. Animé par la conscience lucide du grave besoin d'aide spirituelle, dont les âmes étaient victimes également en raison du manque de préparation d'une grande partie du clergé, le saint, qui était un curé, institua une Congrégation consacrée de manière spécifique à la formation des prêtres. Dans la ville universitaire de Caen, il fonda son premier séminaire, une expérience extrêmement appréciée, qui se diffusa bientôt largement dans d'autres diocèses. Le chemin de sainteté, qu'il parcourut et qu'il proposa à ses disciples, avait pour fondement une solide confiance dans l'amour que Dieu a révélé à l'humanité dans le Cœur sacerdotal du Christ et dans le Cœur maternel de Marie. A cette époque de cruauté, de perte d'intériorité, il s'adressa au cœur, pour dire au cœur une parole des Psaumes très bien interprétée par saint Augustin. Il voulait attirer à nouveau au cœur les personnes, les hommes et surtout les futurs prêtres, en montrant le cœur sacerdotal du Christ et le cœur maternel de Marie. Chaque prêtre doit être témoin et apôtre de cet amour du cœur du Christ et de Marie.

    Benoît XVI, 19 août 2009.

  • Nox, et tenebræ, et nubila

    Nox, et tenebræ, et nubila,
    Confusa mundi et turbida:
    Lux intrat, albescit polus:
    Christus venit: discedite.

    Caligo terræ scinditur
    Percussa solis spiculo,
    Rebusque jam color redit,
    Vultu nitentis sideris.

    Te, Christe, solum novimus:
    Te mente pura et simplici,
    Flendo et canendo quæsumus,
    Intende nostris sensibus.

    Sunt multa fucis illita,
    Quæ luce purgentur tua:
    Tu, vera lux cœlestium,
    Vultu sereno illumina.

    Deo Patri sit gloria,
    Ejusque soli Filio,
    Cum Spiritu Paraclito,
    Et nunc et in perpetuum. Amen.

    Nuits, ténèbres, vapeurs, noir et trouble nuage,
    Faites place à des temps plus doux :
    L’aurore à l’univers fait changer de visage,
    Jésus-Christ vient, retirez-vous.

    L’ombre dont l’épaisseur enveloppait le monde
    Cède aux premiers traits du soleil,
    Et la couleur revient sur cette masse ronde,
    Qu’il dore et peint à son réveil.

    Qu’il commence et finisse à son gré sa carrière :
    Notre unique soleil, c’est toi,
    Seigneur, toute notre âme adore ta lumière,
    Nos pleurs et nos chants en font foi.

    Le monde sous le fard nous déguise cent choses,
    Dont tes clartés percent l’abus ;
    Astre toujours naissant, dévoiles-en les causes,
    Et détrompe nos sens confus.

    Louange à tout jamais au Père inconcevable !
    Louange à son Verbe en tout lieu !
    Louange au Saint-Esprit, ainsi qu’eux ineffable,
    Qui n’est avec eux qu’un seul Dieu !

    (Hymne des laudes du mercredi, de Prudence, traduction-adaptation de Pierre Corneille)

  • Saint Hyacinthe

    Kiev, la ville sainte des Russies, a résisté cinq ans au zèle de l’apôtre ; les Tartares passent sur elle comme la justice du Tout-Puissant. Tout est à sac dans l’indocile cité. L’universelle dévastation atteint les portes du sanctuaire où l’homme de Dieu achève à peine l’auguste Sacrifice. Revêtu comme il l’est des ornements sacrés, il prend d’une main le divin Sacrement, de l’autre la statue de Marie qui lui demande de ne pas la laisser aux barbares ; et sain et sauf avec ses Frères, il traverse les hordes païennes enivrées de carnage, les rues en flammes, le Dniepr enfin, l’ancien Borysthène, dont les flots rapides, affermis sous ses pieds, garderont la trace de ses pas. Trois siècles plus tard, les témoins entendus au procès de canonisation attestèrent, sous la foi du serment, que le prodige persévérait encore ; on donnait dans le pays le nom de chemin de saint Hyacinthe à ces vestiges toujours visibles sur les eaux d’une rive à l’autre.

    Cependant le Saint, poursuivant sa retraite miraculeuse jusque dans Cracovie, y déposa au couvent de la Trinité son précieux fardeau. Légère comme un roseau tant qu’il l’avait portée, la statue de Marie reprit son poids naturel, trop considérable pour qu’un seul homme pût l’ébranler. C’est près d’elle qu’après bien d’autres travaux, Hyacinthe reviendra mourir.

    Une première fois, au même lieu, dans les débuts de sa vie apostolique, la divine Mère était vers lui descendue : « Aie bon courage et sois joyeux ; disait-elle, mon fils Hyacinthe ! Tout ce que tu demanderas en mon nom te sera accordé. » C’était en la Vigile de la glorieuse Assomption qu’avait eu lieu l’ineffable entrevue. Le bienheureux y puisa la confiance surhumaine du thaumaturge que nul obstacle n’arrêta jamais ; il en avait surtout gardé le parfum virginal qui embauma toute sa vie, le rayonnement de beauté surnaturelle qui fit de lui l’image de son père Dominique.

    Les années ont passé ; centre privilégié des travaux d’Hyacinthe, l’héroïque Pologne est prête désormais à soutenir sous l’égide de Marie son rôle de boulevard de la chrétienté. Au prix de quels sacrifices, c’est ce qu’Hedwige, la contemporaine de notre Saint, la bienheureuse mère du héros de Liegnitza, doit nous dire en octobre. En attendant, comme saint Stanislas qui le précéda au labeur, c’est à Cracovie, la capitale du noble royaume aux plus beaux temps de ses luttes immortelles, que le fils de Dominique doit son dernier soupir et le trésor de sa dépouille sacrée. Non plus en la vigile, mais au jour même de son triomphe, le 15 août 1267, dans l’église de la Très Sainte Trinité Notre-Dame est redescendue ; les Anges lui font une escorte brillante, les Vierges forment sa cour. « Oh ! qui êtes-vous ? » s’écrie une sainte âme de la terre, pour qui l’extase a déchiré les voiles de la mortalité. « Je suis, répond Marie, la Mère de la miséricorde ; et celui-ci, qui a sa main dans la mienne, est frère Hyacinthe, mon très dévot fils, que j’emmène aux noces éternelles. » Puis Notre-Dame entonne elle-même de sa douce voix : Je m’en vais aux collines du Liban ; et Anges et Vierges poursuivant dans un ineffable concert le chant du ciel, le cortège fortuné disparaît vers les sommets resplendissants de la patrie.

    Dom Guéranger

  • Saint Joachim

    O Pater summæ, Joachim, puellæ
    Quæ Deum clauso genuit pudore,
    Promove nostras Domino querelas,
    Castaque vota.

    Scis quot hic sævis agitemur undis,
    Triste quos mundi mare defatigat :
    Scis quot adnectat Sathanas carove
    Prælia nobis.

    Jam sacris junctus superum catervis,
    Imo præcedens, potes omne, si vis :
    Nil nepos Jesus merito negabit,
    Nil tibi nata.

    Fac tuo nobis veniam precatu
    Donet et pacem Deitas beata :
    Ut simul juncti resonemus illi
    Dulciter hymnos. Amen.

    O Joachim, père de la vierge souveraine
    qui enfanta Dieu de son sein très pur,
    présentez nos supplications au Seigneur,
    offrez-lui les vœux de nos cœurs qui veulent être fidèles.

    Vous savez quelles violentes tempêtes sont sur nous déchaînées,
    combien pour nous la lutte est épuisante sur la mer de ce triste monde ;
    vous savez combien de combats
    nous livrent sans trêve et la chair et Satan.

    Mêlé maintenant aux saintes phalanges des cieux,
    ou plutôt marchant à leur tête, vous pouvez tout, si vous voulez :
    ni Jésus votre petit-fils, ni Marie votre fille
    ne sauraient rien vous refuser.

    Faites qu’à votre prière la Divinité bienheureuse
    nous donne pardon et paix,
    pour qu’à vous réunis
    nous chantions suavement ses louanges. Amen.

    (Hymne de l’ancien bréviaire romain, au 20 mars, qui fut le jour de la fête de saint Joachim jusqu’en 1738. Traduction Dom Guéranger.)

  • L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

    O prima, Virgo, prodita
    E Conditoris spiritu,
    Prædestinata Altissimi
    Gestare in alvo Filium ;

    Tu perpes hostis femina
    Prænuntiata dæmonis,
    Oppleris una gratia
    Intaminata origine.

    Tu ventre Vitam concipis,
    Vitamque ab Adam perditam,
    Diæ litandæ Victimæ
    Carnem ministrans, integras.

    Merces piaclo debita
    Devicta mors te deserit,
    Almique consors Filii
    Ad astra ferris corpore.

    Tanta coruscans gloria,
    Natura cuncta extollitur,
    In te vocata verticem
    Decoris omnis tangere.

    Ad nos, triumphans, exsules,
    Regina, verte lumina,
    Cæli ut beatam patriam,
    Te, consequamur auspice.

    Iesu, tibi sit gloria,
    Qui natus es de Virgine,
    Cum Patre et almo Spiritu,
    In sempiterna sæcula. Amen.

    O Vierge, première issue
    de l’Esprit du Créateur,
    prédestinée à porter dans votre sein
    le Fils du Très-Haut.

    Vous, la femme annoncée
    comme ennemi perpétuel du démon,
    seule remplie de grâce
    immaculée dès l’origine.

    Dans votre sein, vous concevez la Vie,
    et la vie perdue par Adam,
    vous la restaurez en donnant chair
    à la Victime divine pour son sacrifice.

    Salaire dû au péché,
    la mort vaincue vous abandonne :
    partageant le sort de votre Fils divin,
    par votre corps, vous êtes portée au ciel.

    Brillante d’une si grande gloire,
    toute la nature est exaltée,
    en vous, elle est appelée à toucher
    le sommet de toute beauté.

    Reine triomphante, tournez votre lumière
    vers nous les exilés,
    faites que nous puissions vous suivre
    dans la bienheureuse patrie des cieux.

    O Jésus, gloire à vous
    qui êtes né de la Vierge,
    ainsi qu’au Père et à l’Esprit nourricier,
    dans les siècles éternels.
    Ainsi soit-il.

    (Cet hymne des vêpres, tout à fait remarquable, et ici correctement traduit – c’est la traduction donnée par Introïbo – fait partie de la liturgie de l’Assomption composée après la promulgation du dogme par Pie XII en 1950.)