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Liturgie - Page 505

  • Saints Nazaire et Celse, martyrs, Victor, pape et martyr et Innocent Ier, pape

    Saint Innocent Ier (402-417), qui prit une part si énergique à la défense de saint Jean Chrysostome persécuté, fut chargé du pontificat romain en des temps très calamiteux, alors qu’Alaric assiégeait et saccageait cette Ville éternelle qui s’était jadis assujetti le monde.

    Pour sauver son peuple romain fatigué du long siège, le Pape accepta d’aller comme ambassadeur à Ravenne où résidait alors l’empereur Honorius. Par cet éloignement de la capitale, le Seigneur voulut certainement épargner au saint Pontife les horreurs du massacre ; car tandis qu’Innocent était à Ravenne, envoyé par le Sénat romain pour amener l’empereur Honorius à se mettre d’accord avec le roi des Goths, la capitale du monde fut prise et dévastée par les barbares. Orose a comparé Innocent au juste Lot que Dieu fit sortir de Sodome avant que la ville fût enveloppée d’un déluge de feu. Dans l’histoire de la liturgie, une lettre d’Innocent Ier à Decentius, évêque de Gubbio, est restée célèbre. Ce dernier l’avait interrogé sur différentes questions relatives aux diptyques, au baiser de paix et au sacrum fermentum, qu’en ce temps les évêques faisaient distribuer dans les paroisses de leurs cités épiscopales.

    Saint Innocent mourut le 12 mars 417 et fut enseveli près de son prédécesseur Anastase, dans le cimetière de Pontien, ad ursum pileatum. Les itinéraires le mentionnent tous en ce lieu, d’où Serge II transporta ses reliques au Titre d’Equitius.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Saint Pantaléon

    Les byzantins fêtent en ce même jour « le saint et grand martyr Panteleimon » :

    Il naquit à Nicomédie d’un père païen et d’une mère chrétienne. Il fut instruit dans la foi par saint Hermolaüs, dont les byzantins font mémoire le 26 juillet (la fête de la « Dormition de sainte Anne » est le 25). Devenu médecin, il soignait les corps et les âmes, et il montrait une telle compassion qu’on changea son nom de Pantaléon en Panteleimon (tout-compatissant). Un jour il rendit la vue à un aveugle, et en même temps lui ouvrit les yeux du cœur. Comme les autorités persécutrices des chrétiens lui demandaient qui l’avait guéri, il dit que c’était Panteleimon, lequel eut aussitôt la tête tranchée. C’était le 27 juillet 305.

  • Sainte Anne

    Sic fingit tabernaculum Deo, ainsi elle crée un tabernacle à Dieu : c’était la devise que portaient, autour de l’image d’Anne instruisant Marie, les jetons de l’ancienne corporation des ébénistes et des menuisiers, qui, regardant la confection des tabernacles de nos églises où Dieu daigne habiter comme son œuvre la plus haute, avait pris sainte Anne pour patronne et modèle auguste. Heureux âge que celui où ce que l’on aime à nommer la naïve simplicité de nos pères, atteignait si avant dans l’intelligence pratique des mystères que la stupide infatuation de leurs fils se fait gloire d’ignorer !

    Dom Guéranger

  • Saint Jacques

    A l’extrémité nord de la péninsule ibérique, sur le tombeau où la piété de deux disciples avait jadis comme à la dérobée ramené son corps, près de huit siècles avaient passé, qui pour les habitants des cieux sont moins qu’un jour. Durant ce temps, la terre de son héritage, si rapidement parcourue naguère, avait vu les Barbares ariens succéder aux Romains idolâtres, puis le Croissant ramener plus profonde la nuit un moment dissipée. Un jour, au-dessus des ronces recouvrant le monument oublié, ont étincelé des lueurs, appelant l’attention sur ce lieu qui ne sera plus connu désormais que sous le nom de champ des étoiles. Mais soudain quelles clameurs retentissent, descendant des montagnes, ébranlant les échos des vallées profondes ? Quel est le chef inconnu ramenant au combat, contre une armée immense, la petite troupe épuisée que le plus vaillant héroïsme n’a pu la veille sauver d’une défaite ? Prompt comme l’éclair, brandissant d’une main son blanc étendard à la croix rouge, il fond haut l’épée sur l’ennemi éperdu, dont soixante-dix mille cadavres teignent de leur sang les pieds de son cheval de bataille. Salut au chef de la guerre sainte dont tant de fois cette Année liturgique a rappelé le souvenir ! Saint Jacques ! Saint Jacques ! Espagne, en avant ! C’est la rentrée en scène du pêcheur galiléen, que l’Homme-Dieu appela autrefois de la barque où il raccommodait ses filets ; c’est la réapparition de l’aîné des fils du tonnerre, libre enfin de lancer la foudre sur les Samaritains nouveaux qui prétendent honorer l’unité de Dieu en ne voyant qu’un prophète dans son Christ. Désormais Jacques sera pour l’Espagne chrétienne la torche ardente qu’avait vue le Prophète, le feu qui dévore à droite et à gauche les nations enserrant la cité sainte, jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé ses anciennes limites, et soit habitée au même lieu qu’autrefois par ses fils.

    Et quand, après six siècles et demi que la mémorable lutte doit durer encore, ses porte-enseigne, les rois Catholiques, auront rejeté par delà les flots les restes de la tourbe infidèle qui n’aurait jamais dû les franchir, le vaillant chef des armées des Espagnes déposera sa brillante armure, le tueur de Maures redeviendra le messager de la foi. Montant sur sa barque de pêcheur d’hommes et groupant autour d’elle les flottes intrépides des Christophe Colomb, des Vasco de Gama, des Albuquerque, il les guidera sur les mers inconnues à la recherche de rivages où jusque-là n’ait point été porté le nom du Seigneur. Pour sa part de contribution aux travaux des douze, Jacques amènera de l’Occident, de l’Orient, du Midi, des mondes nouveaux qui renouvelleront la stupeur de Pierre à la vue de telles prises. Et celui dont on avait pu croire, au temps du troisième Hérode, l’apostolat brisé dans sa fleur avant d’avoir donné ses fruits, pourra dire lui aussi : « Je ne m’estime point inférieur aux plus grands des Apôtres ; car, par la grâce de Dieu, j’ai travaillé plus qu’eux tous. »

    Dom Guéranger

  • 6e dimanche après la Pentecôte

    Dans son commentaire de la multiplication des pains, saint Ambroise nous dit d’emblée que Jésus « distribue l’aliment de la grâce céleste ». Il le fait après avoir guéri de son flux de sang la femme qui figure l’Eglise, dit saint Ambroise qui commente l’évangile de saint Luc. Mais l’évangile de ce dimanche est celui de saint Marc, et ce qui vient d’avoir lieu est la guérison de la fille d’une païenne (universalité du salut), et celle d’un sourd-muet : « Epphata », dit-il, après mis avoir ses doigts dans les oreilles de l’infirme et avoir mis de la salive sur sa langue : nous sommes clairement dans le domaine du sacrement.

    Il faut donc être guéri (du péché) pour recevoir l’aliment de la grâce céleste. Et ceux qui le reçoivent ne sont pas ceux qui restent dans l’oisiveté ou cherchent les honneurs dans la cité, souligne saint Ambroise, mais ceux qui suivent le Christ dans le désert.

  • Saint Apollinaire

    Ravenne était, à l’origine, siège suffragant de Rome. Au temps de saint Pierre Chrysologue, on lui reconnut enfin les honneurs métropolitains. Quelques archevêques allèrent encore plus loin : ils tentèrent de se soustraire à l’obédience du pape, et de faire sentir davantage au clergé leur propre omnipotence ; ils le chargèrent d’impôts et prétendirent même que leurs évêques suffragants, ayant laissé leurs sièges, feraient fonction d’hebdomadiers dans la basilique de Saint-Apollinaire, comme les évêques suburbicaires le faisaient au Latran.

    La messe a été rédigée à Rome sous l’impression de ces excès. Le « pape » de Ravenne voulait savoir qui des deux était le plus grand, lui ou le successeur de Céphas.

    Rome répond dans les lectures de la messe, rappelant d’abord aux habitants de Ravenne que leur grand évêque Apollinaire était — selon la tradition alors courante — un disciple de Pierre. Ensuite elle fera parler le Maître lui-même, qui, dans sa Ire Épître, V, 1-11, recommande aux pasteurs de l’Église d’avoir horreur de l’esprit de domination sur le clergé et de l’insolent orgueil, qui trop souvent distingue le pouvoir laïc ; Dieu, en effet, résiste aux superbes qui lui dérobent la gloire, et il donne au contraire sa grâce aux humbles qui lui rapportent tout.

    Cette leçon d’humilité, mise sur les lèvres du Maître de saint Apollinaire et adressée à son orgueilleux successeur, continue dans la péricope évangélique, déjà notée dans la liste de Würzbourg (Luc., XXII, 24-30). Les Apôtres, à la dernière Cène, se querellent pour savoir qui, entre eux, est le plus grand ; et Jésus répond que cette soif d’ambition et de despotisme exercé sur autrui est propre seulement au pouvoir civil, car, dans la hiérarchie chrétienne, c’est tout l’opposé qui doit se produire. Celui qui est chef est tel pour le service commun : il est donc le serviteur de tous, comme le Fils de l’homme est venu pour servir et pour donner sa vie pour le salut d’un grand nombre.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Sainte Marie-Madeleine

    R/. Congratulámini mihi, omnes qui dilígitis Dóminum, quia quem quærébam, appáruit mihi : Et dum flerem ad monuméntum, vidi Dóminum meum, alléluia.

    V/. Recedéntibus discípulis, non recedébam, et amóris eius igne succénsa, ardébam desidério. * Et dum flerem ad monuméntum, vidi Dóminum meum, allelúia.

    Prenez part à ma joie vous tous qui aimez le Seigneur, car celui que je cherchais m’est apparu : et tandis que je pleurais auprès du sépulcre, j’ai vu mon Seigneur, alléluia. Tandis que les disciples se retiraient, je ne me retirais point, et, embrasée du feu de son amour, je brûlais de désir. Et tandis que je pleurais auprès du sépulcre, j’ai vu mon Seigneur, alléluia.

  • Saint Laurent de Brindes

    En 1575, Laurent, à travers la profession religieuse, devint frère capucin, et en 1582, fut ordonné prêtre. Dès l’époque de ses études ecclésiastiques, il révéla les éminentes qualités intellectuelles dont il était doté. Il apprit facilement les langues anciennes, comme le grec, l’hébreu et le syriaque, et modernes, comme le français et l’allemand, qui s’ajoutaient à sa connaissance de la langue italienne et de la langue latine, à l’époque couramment parlée par tous les ecclésiastiques et hommes de culture.

    Grâce à la connaissance de tant de langues, Laurent put accomplir un intense apostolat auprès de diverses catégories de personnes. Prédicateur efficace, il connaissait de façon si profonde non seulement la Bible, mais également la littérature rabbinique, que les rabbins eux-mêmes en étaient stupéfaits et admiratifs, manifestant à son égard estime et respect. Théologien expert de l’Ecriture Sainte et des Pères de l’Eglise, il était en mesure d’illustrer de façon exemplaire la doctrine catholique également aux chrétiens qui, surtout en Allemagne, avaient adhéré à la Réforme. A travers une présentation claire et douce, il montrait le fondement biblique et patristique de tous les articles de la foi mis en discussion par Martin Luther. Parmi ceux-ci, le primat de saint Pierre et de ses successeurs, l’origine divine de l’épiscopat, la justification comme transformation intérieure de l’homme, la nécessité des bonnes œuvres pour le salut. Le succès dont Laurent bénéficia nous aide à comprendre qu’aujourd’hui aussi, en poursuivant avec tant d’espérance le dialogue œcuménique, la confrontation avec la Sainte Ecriture, lue dans la Tradition de l’Eglise, constitue un élément incontournable et d’une importance fondamentale, comme j’ai voulu le rappeler dans l’Exhortation apostolique Verbum Domini (n. 46).

    Benoît XVI

  • Le superbe témoignage de Stevenson

    Robert Louis Stevenson, l’auteur de L’île aux trésors, d’origine calviniste mais sans véritable religion, visita une mission catholique en Californie en 1879. Voici ce qu’il en dit dans deux lettres :

    "J’ai écouté les vieux Indiens chanter la messe. Ce fut une nouvelle expérience et une écoute qui en valait bien la peine. C’était comme une voix du passé. Ils ont chanté par tradition selon les enseignements des premiers missionnaires. Je suis sûr que le père Ángel Casanova sera le premier à me pardonner et me comprendra si je dis que ce vieux chant grégorien prêchait un sermon plus éloquent que le sien. Paix et bien sur la terre et à tous les hommes, semblaient nous dire leurs notes. Et à moi, un barbare qui de tous les côtés entend pis que pendre sur la race indienne, écouter les indiens du Carmel chanter leurs mots en latin avec une si bonne prononciation et leurs cantiques avec tant de familiarité et de ferveur, m'a suggéré de nouvelles et agréables réflexions."

    "Un vieil Indien aveugle d’environ 80 ans dirige le chant, d’autres Indiens composent le chœur. Ils connaissaient encore le chant grégorien sur le bout des doigts et prononçaient le latin d’une manière tellement correcte que je pouvais les comprendre même quand ils chantaient… Je n’avais jamais vu des visages reflétant tant de bonheur et de vie, comme ceux de ces Indiens chanteurs. Pour eux, cela n’était pas seulement un acte pour rendre un culte à Dieu mais un moment pendant lequel ils se rappelaient et commémoraient des jours meilleurs, c’était en plus un exercice de culture dans lequel tout ce qu’ils savaient des arts et des lettres restait unifié et exprimé. Et ils invitaient les hommes dans leur cœur à demander pardon aux bons pères d’autrefois qui leur avaient appris à labourer et à récolter, à lire et à chanter, qui leur avaient apporté des missels européens qu’ils conservent encore et étudient chez eux, et qui désormais ont perdu leur autorité au bénéfice de bandits et de manieurs de pistolets sacrilèges. C’est ainsi qu’apparaît épouvantable notre protestantisme anglo-saxon à côté des œuvres de la Compagnie de Jésus."

  • Saint Jérôme Emilien

    Jérôme, né à Venise de la famille patricienne des Emiliani, fut initié au métier des armes dès sa première adolescence, et préposé, en des temps très difficiles pour la république, à la défense de Castelnovo, près de Quero, dans les monts de Trévise. Ses ennemis s’emparèrent de la citadelle ; et lui-même, jeté dans une horrible prison, eut les pieds et les mains chargés de fers. Privé de tout secours humain, il eut recours à la très sainte Vierge qui exauça ses prières. Elle lui apparut, brisa ses liens et le conduisit sain et sauf en vue de Trévise, le faisant passer au milieu des ennemis qui occupaient toutes les routes. Une fois entré dans la ville, il suspendit à l’autel de la Mère de Dieu, à laquelle il s’était voué, les menottes, les entraves et les chaînes qu’il avait emportées avec lui. De retour à Venise, il se donna tout entier au service de Dieu, se dépensa d’une façon admirable pour les pauvres, et eut surtout compassion des enfants orphelins qui erraient dans la ville, dénués de tout et dans un état pitoyable. Louant des salles pour les recueillir, il les nourrissait de ses propres ressources et les formait aux mœurs chrétiennes.

    A cette époque abordèrent à Venise le bienheureux Gaétan et Pierre Caraffa, qui devint plus tard Paul IV : goûtant l’esprit dont Jérôme était animé, et approuvant le nouvel institut destiné à recueillir les orphelins, ils l’amenèrent à l’hôpital des incurables, dans lequel, tout en élevant les orphelins, il devait servir les malades avec une égale charité. Sur leur conseil, il partit pour le continent voisin, et érigea des orphelinats, à Brescia d’abord, puis à Bergame et à Côme ; ce fut surtout à Bergame qu’il déploya son zèle. Outre deux orphelinats, l’un pour les garçons, l’autre pour les filles, il ouvrit un établissement pour recevoir les femmes de mauvaise vie qui se convertissaient. Enfin, dans un humble village du territoire de Bergame, à Somasque, sur les limites des possessions vénitiennes, il fonda une résidence pour lui et les siens ; il y organisa sa congrégation qui a pris, de ce lieu, le nom de Somasque. Elle s’est développée et répandue dans la suite, et, ne se bornant plus à l’éducation des orphelins et au service des églises, elle s’appliqua pour le plus grand bien de la société chrétienne, à initier les jeunes gens aux lettres et aux bonnes mœurs, dans les collèges, les académies et les séminaires. C’est pour cela que saint Pie V l’a mise au rang des Ordres religieux, et que d’autres Pontifes lui ont accordé des privilèges.

    Ne pensant qu’aux orphelins à recueillir, Jérôme se dirige sur Milan et Pavie ; dans ces villes, grâce à la faveur de nobles personnages, il procure providentiellement à une multitude d’enfants, un gîte, des provisions, des vêtements et des maîtres. Revenu à Somasque, il se fait tout à tous ; aucun labeur ne le rebutait quand il prévoyait que sa peine profiterait au prochain. Il abordait les cultivateurs dispersés dans les champs, leur venait en aide au temps de la moisson, et leur expliquait les mystères de la foi. Il nettoyait les enfants atteints de maladies à la tête, les soignait patiemment, et pansait si bien les pauvres gens qui avaient des plaies dégoûtantes, qu’on l’eût dit doué de la grâce des guérisons. Ayant découvert une caverne sur la montagne dominant Somasque, il s’y retira, et là, se frappant à coups de fouet, restant à jeun des jours entiers, faisant oraison la plus grande partie de la nuit, ne prenant qu’un peu de sommeil sur la pierre nue, il pleurait ses péchés et ceux des autres. Au fond de cette grotte, une source d’eau jaillit du roc même. Une constante tradition l’attribue aux prières du Saint ; elle n’a point cessé de couler jusqu’à ce jour, et cette eau, portée en divers pays, rend la santé à beaucoup de malades. Enfin, une peste étant venue à sévir dans la vallée, Jérôme en fut atteint pendant qu’il se dévouait auprès des pestiférés et qu’il portait les cadavres sur ses épaules au lieu de la sépulture. Sa mort précieuse, qu’il avait prédite quelque temps auparavant, arriva l’an 1537: les nombreux miracles qu’il opéra pendant sa vie et après sa mort le rendirent illustre ; Benoît XIV le béatifia et Clément XIII l’inscrivit solennellement aux fastes des Saints.

    (bréviaire)