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Liturgie - Page 505

  • Sainte Marthe

    Les voies par lesquelles le Seigneur conduit les âmes sont très diverses ; l’une pourra être plus parfaite que l’autre, mais chacune a la sienne propre par quoi elle doit se sanctifier. La grâce ne violente pas la nature, mais la perfectionne ; aussi, quoique saint Jean nous dise que Jésus aimait Lazare, Marie et Marthe, les deux sœurs conservent toujours dans l’Évangile leur caractère respectif. Marie a plus de sensibilité ; dès lors, si elle est ordinairement plus adonnée au recueillement, elle est aussi la femme aux initiatives hardies et géniales, aux attitudes plus courageuses. Dilexit multum, et comme il n’a pas de mesure, ainsi l’amour ne connaît-il pas de difficultés.

    La vertu de Marthe est moins exceptionnelle et plus accessible. La sœur aînée de Lazare est une bonne ménagère, diligente, affectionnée et condescendante jusqu’à tolérer ce surplus de travail que lui vaut le caractère différent de Marie. Dans l’accomplissement de ses devoirs, elle regarde les choses surtout du côté pratique. Cependant le Sauveur l’aime beaucoup, parce que si Marie, insatiable, reçoit de lui l’aliment spirituel, Marthe, au contraire, est une tendre mère pour lui et pour ses disciples considérés, à Béthanie, comme faisant partie de la maison.

    Donc malgré la différence de caractère de Marie, de Marthe et de Lazare, Jésus les aimait tendrement parce que — et cela est toujours essentiel dans l’Église en une si grande variété de vocations — il était sincèrement aimé par eux en retour.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Saints Nazaire et Celse, martyrs, Victor, pape et martyr et Innocent Ier, pape

    Saint Innocent Ier (402-417), qui prit une part si énergique à la défense de saint Jean Chrysostome persécuté, fut chargé du pontificat romain en des temps très calamiteux, alors qu’Alaric assiégeait et saccageait cette Ville éternelle qui s’était jadis assujetti le monde.

    Pour sauver son peuple romain fatigué du long siège, le Pape accepta d’aller comme ambassadeur à Ravenne où résidait alors l’empereur Honorius. Par cet éloignement de la capitale, le Seigneur voulut certainement épargner au saint Pontife les horreurs du massacre ; car tandis qu’Innocent était à Ravenne, envoyé par le Sénat romain pour amener l’empereur Honorius à se mettre d’accord avec le roi des Goths, la capitale du monde fut prise et dévastée par les barbares. Orose a comparé Innocent au juste Lot que Dieu fit sortir de Sodome avant que la ville fût enveloppée d’un déluge de feu. Dans l’histoire de la liturgie, une lettre d’Innocent Ier à Decentius, évêque de Gubbio, est restée célèbre. Ce dernier l’avait interrogé sur différentes questions relatives aux diptyques, au baiser de paix et au sacrum fermentum, qu’en ce temps les évêques faisaient distribuer dans les paroisses de leurs cités épiscopales.

    Saint Innocent mourut le 12 mars 417 et fut enseveli près de son prédécesseur Anastase, dans le cimetière de Pontien, ad ursum pileatum. Les itinéraires le mentionnent tous en ce lieu, d’où Serge II transporta ses reliques au Titre d’Equitius.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Saint Pantaléon

    Les byzantins fêtent en ce même jour « le saint et grand martyr Panteleimon » :

    Il naquit à Nicomédie d’un père païen et d’une mère chrétienne. Il fut instruit dans la foi par saint Hermolaüs, dont les byzantins font mémoire le 26 juillet (la fête de la « Dormition de sainte Anne » est le 25). Devenu médecin, il soignait les corps et les âmes, et il montrait une telle compassion qu’on changea son nom de Pantaléon en Panteleimon (tout-compatissant). Un jour il rendit la vue à un aveugle, et en même temps lui ouvrit les yeux du cœur. Comme les autorités persécutrices des chrétiens lui demandaient qui l’avait guéri, il dit que c’était Panteleimon, lequel eut aussitôt la tête tranchée. C’était le 27 juillet 305.

  • Sainte Anne

    Sic fingit tabernaculum Deo, ainsi elle crée un tabernacle à Dieu : c’était la devise que portaient, autour de l’image d’Anne instruisant Marie, les jetons de l’ancienne corporation des ébénistes et des menuisiers, qui, regardant la confection des tabernacles de nos églises où Dieu daigne habiter comme son œuvre la plus haute, avait pris sainte Anne pour patronne et modèle auguste. Heureux âge que celui où ce que l’on aime à nommer la naïve simplicité de nos pères, atteignait si avant dans l’intelligence pratique des mystères que la stupide infatuation de leurs fils se fait gloire d’ignorer !

    Dom Guéranger

  • Saint Jacques

    A l’extrémité nord de la péninsule ibérique, sur le tombeau où la piété de deux disciples avait jadis comme à la dérobée ramené son corps, près de huit siècles avaient passé, qui pour les habitants des cieux sont moins qu’un jour. Durant ce temps, la terre de son héritage, si rapidement parcourue naguère, avait vu les Barbares ariens succéder aux Romains idolâtres, puis le Croissant ramener plus profonde la nuit un moment dissipée. Un jour, au-dessus des ronces recouvrant le monument oublié, ont étincelé des lueurs, appelant l’attention sur ce lieu qui ne sera plus connu désormais que sous le nom de champ des étoiles. Mais soudain quelles clameurs retentissent, descendant des montagnes, ébranlant les échos des vallées profondes ? Quel est le chef inconnu ramenant au combat, contre une armée immense, la petite troupe épuisée que le plus vaillant héroïsme n’a pu la veille sauver d’une défaite ? Prompt comme l’éclair, brandissant d’une main son blanc étendard à la croix rouge, il fond haut l’épée sur l’ennemi éperdu, dont soixante-dix mille cadavres teignent de leur sang les pieds de son cheval de bataille. Salut au chef de la guerre sainte dont tant de fois cette Année liturgique a rappelé le souvenir ! Saint Jacques ! Saint Jacques ! Espagne, en avant ! C’est la rentrée en scène du pêcheur galiléen, que l’Homme-Dieu appela autrefois de la barque où il raccommodait ses filets ; c’est la réapparition de l’aîné des fils du tonnerre, libre enfin de lancer la foudre sur les Samaritains nouveaux qui prétendent honorer l’unité de Dieu en ne voyant qu’un prophète dans son Christ. Désormais Jacques sera pour l’Espagne chrétienne la torche ardente qu’avait vue le Prophète, le feu qui dévore à droite et à gauche les nations enserrant la cité sainte, jusqu’à ce qu’elle ait retrouvé ses anciennes limites, et soit habitée au même lieu qu’autrefois par ses fils.

    Et quand, après six siècles et demi que la mémorable lutte doit durer encore, ses porte-enseigne, les rois Catholiques, auront rejeté par delà les flots les restes de la tourbe infidèle qui n’aurait jamais dû les franchir, le vaillant chef des armées des Espagnes déposera sa brillante armure, le tueur de Maures redeviendra le messager de la foi. Montant sur sa barque de pêcheur d’hommes et groupant autour d’elle les flottes intrépides des Christophe Colomb, des Vasco de Gama, des Albuquerque, il les guidera sur les mers inconnues à la recherche de rivages où jusque-là n’ait point été porté le nom du Seigneur. Pour sa part de contribution aux travaux des douze, Jacques amènera de l’Occident, de l’Orient, du Midi, des mondes nouveaux qui renouvelleront la stupeur de Pierre à la vue de telles prises. Et celui dont on avait pu croire, au temps du troisième Hérode, l’apostolat brisé dans sa fleur avant d’avoir donné ses fruits, pourra dire lui aussi : « Je ne m’estime point inférieur aux plus grands des Apôtres ; car, par la grâce de Dieu, j’ai travaillé plus qu’eux tous. »

    Dom Guéranger

  • 6e dimanche après la Pentecôte

    Dans son commentaire de la multiplication des pains, saint Ambroise nous dit d’emblée que Jésus « distribue l’aliment de la grâce céleste ». Il le fait après avoir guéri de son flux de sang la femme qui figure l’Eglise, dit saint Ambroise qui commente l’évangile de saint Luc. Mais l’évangile de ce dimanche est celui de saint Marc, et ce qui vient d’avoir lieu est la guérison de la fille d’une païenne (universalité du salut), et celle d’un sourd-muet : « Epphata », dit-il, après mis avoir ses doigts dans les oreilles de l’infirme et avoir mis de la salive sur sa langue : nous sommes clairement dans le domaine du sacrement.

    Il faut donc être guéri (du péché) pour recevoir l’aliment de la grâce céleste. Et ceux qui le reçoivent ne sont pas ceux qui restent dans l’oisiveté ou cherchent les honneurs dans la cité, souligne saint Ambroise, mais ceux qui suivent le Christ dans le désert.

  • Saint Apollinaire

    Ravenne était, à l’origine, siège suffragant de Rome. Au temps de saint Pierre Chrysologue, on lui reconnut enfin les honneurs métropolitains. Quelques archevêques allèrent encore plus loin : ils tentèrent de se soustraire à l’obédience du pape, et de faire sentir davantage au clergé leur propre omnipotence ; ils le chargèrent d’impôts et prétendirent même que leurs évêques suffragants, ayant laissé leurs sièges, feraient fonction d’hebdomadiers dans la basilique de Saint-Apollinaire, comme les évêques suburbicaires le faisaient au Latran.

    La messe a été rédigée à Rome sous l’impression de ces excès. Le « pape » de Ravenne voulait savoir qui des deux était le plus grand, lui ou le successeur de Céphas.

    Rome répond dans les lectures de la messe, rappelant d’abord aux habitants de Ravenne que leur grand évêque Apollinaire était — selon la tradition alors courante — un disciple de Pierre. Ensuite elle fera parler le Maître lui-même, qui, dans sa Ire Épître, V, 1-11, recommande aux pasteurs de l’Église d’avoir horreur de l’esprit de domination sur le clergé et de l’insolent orgueil, qui trop souvent distingue le pouvoir laïc ; Dieu, en effet, résiste aux superbes qui lui dérobent la gloire, et il donne au contraire sa grâce aux humbles qui lui rapportent tout.

    Cette leçon d’humilité, mise sur les lèvres du Maître de saint Apollinaire et adressée à son orgueilleux successeur, continue dans la péricope évangélique, déjà notée dans la liste de Würzbourg (Luc., XXII, 24-30). Les Apôtres, à la dernière Cène, se querellent pour savoir qui, entre eux, est le plus grand ; et Jésus répond que cette soif d’ambition et de despotisme exercé sur autrui est propre seulement au pouvoir civil, car, dans la hiérarchie chrétienne, c’est tout l’opposé qui doit se produire. Celui qui est chef est tel pour le service commun : il est donc le serviteur de tous, comme le Fils de l’homme est venu pour servir et pour donner sa vie pour le salut d’un grand nombre.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Sainte Marie-Madeleine

    R/. Congratulámini mihi, omnes qui dilígitis Dóminum, quia quem quærébam, appáruit mihi : Et dum flerem ad monuméntum, vidi Dóminum meum, alléluia.

    V/. Recedéntibus discípulis, non recedébam, et amóris eius igne succénsa, ardébam desidério. * Et dum flerem ad monuméntum, vidi Dóminum meum, allelúia.

    Prenez part à ma joie vous tous qui aimez le Seigneur, car celui que je cherchais m’est apparu : et tandis que je pleurais auprès du sépulcre, j’ai vu mon Seigneur, alléluia. Tandis que les disciples se retiraient, je ne me retirais point, et, embrasée du feu de son amour, je brûlais de désir. Et tandis que je pleurais auprès du sépulcre, j’ai vu mon Seigneur, alléluia.

  • Saint Laurent de Brindes

    En 1575, Laurent, à travers la profession religieuse, devint frère capucin, et en 1582, fut ordonné prêtre. Dès l’époque de ses études ecclésiastiques, il révéla les éminentes qualités intellectuelles dont il était doté. Il apprit facilement les langues anciennes, comme le grec, l’hébreu et le syriaque, et modernes, comme le français et l’allemand, qui s’ajoutaient à sa connaissance de la langue italienne et de la langue latine, à l’époque couramment parlée par tous les ecclésiastiques et hommes de culture.

    Grâce à la connaissance de tant de langues, Laurent put accomplir un intense apostolat auprès de diverses catégories de personnes. Prédicateur efficace, il connaissait de façon si profonde non seulement la Bible, mais également la littérature rabbinique, que les rabbins eux-mêmes en étaient stupéfaits et admiratifs, manifestant à son égard estime et respect. Théologien expert de l’Ecriture Sainte et des Pères de l’Eglise, il était en mesure d’illustrer de façon exemplaire la doctrine catholique également aux chrétiens qui, surtout en Allemagne, avaient adhéré à la Réforme. A travers une présentation claire et douce, il montrait le fondement biblique et patristique de tous les articles de la foi mis en discussion par Martin Luther. Parmi ceux-ci, le primat de saint Pierre et de ses successeurs, l’origine divine de l’épiscopat, la justification comme transformation intérieure de l’homme, la nécessité des bonnes œuvres pour le salut. Le succès dont Laurent bénéficia nous aide à comprendre qu’aujourd’hui aussi, en poursuivant avec tant d’espérance le dialogue œcuménique, la confrontation avec la Sainte Ecriture, lue dans la Tradition de l’Eglise, constitue un élément incontournable et d’une importance fondamentale, comme j’ai voulu le rappeler dans l’Exhortation apostolique Verbum Domini (n. 46).

    Benoît XVI

  • Le superbe témoignage de Stevenson

    Robert Louis Stevenson, l’auteur de L’île aux trésors, d’origine calviniste mais sans véritable religion, visita une mission catholique en Californie en 1879. Voici ce qu’il en dit dans deux lettres :

    "J’ai écouté les vieux Indiens chanter la messe. Ce fut une nouvelle expérience et une écoute qui en valait bien la peine. C’était comme une voix du passé. Ils ont chanté par tradition selon les enseignements des premiers missionnaires. Je suis sûr que le père Ángel Casanova sera le premier à me pardonner et me comprendra si je dis que ce vieux chant grégorien prêchait un sermon plus éloquent que le sien. Paix et bien sur la terre et à tous les hommes, semblaient nous dire leurs notes. Et à moi, un barbare qui de tous les côtés entend pis que pendre sur la race indienne, écouter les indiens du Carmel chanter leurs mots en latin avec une si bonne prononciation et leurs cantiques avec tant de familiarité et de ferveur, m'a suggéré de nouvelles et agréables réflexions."

    "Un vieil Indien aveugle d’environ 80 ans dirige le chant, d’autres Indiens composent le chœur. Ils connaissaient encore le chant grégorien sur le bout des doigts et prononçaient le latin d’une manière tellement correcte que je pouvais les comprendre même quand ils chantaient… Je n’avais jamais vu des visages reflétant tant de bonheur et de vie, comme ceux de ces Indiens chanteurs. Pour eux, cela n’était pas seulement un acte pour rendre un culte à Dieu mais un moment pendant lequel ils se rappelaient et commémoraient des jours meilleurs, c’était en plus un exercice de culture dans lequel tout ce qu’ils savaient des arts et des lettres restait unifié et exprimé. Et ils invitaient les hommes dans leur cœur à demander pardon aux bons pères d’autrefois qui leur avaient appris à labourer et à récolter, à lire et à chanter, qui leur avaient apporté des missels européens qu’ils conservent encore et étudient chez eux, et qui désormais ont perdu leur autorité au bénéfice de bandits et de manieurs de pistolets sacrilèges. C’est ainsi qu’apparaît épouvantable notre protestantisme anglo-saxon à côté des œuvres de la Compagnie de Jésus."