Que Marie moissonne donc ses bénédictions, après avoir semé la bénédiction de toutes les nations, qu'elle reçoive, d'une manière spéciale, la bénédiction de tous les peuples. « Toutes les générations me proclameront bienheureuse, » s'écrie-t-elle. C'est trop peu. Tous les ordres des esprits bienheureux vous proclameront aussi bienheureuse. Aujourd'hui, les filles de la Sion céleste vous ont vue monter en triomphe, ils vous ont saluée comme bienheureuse, et les reines vous ont louée. Oui, aujourd'hui, Marie moissonne des bénédictions, parce qu'en elle s'est spirituellement répandue cette bénédiction parfaite qui est sortie de son sein. Donnez lui, dit le Saint-Esprit, du fruit de ses entrailles, qu'elle se rassasie de celui qu'elle a mis au monde. O mère de la miséricorde, rassasiez-vous de la gloire de votre Fils, et abandonnez-en les restes à vos enfants. Vous êtes déjà à la table, quant à nous, nous sommes les petits chiens sous la table. Comme les yeux d'une servante sont fixés sur les mains de sa maîtresse, de même cette famille affamée attend de vous les aliments de la vie. Par vous, nous avons eu part au fruit de vie à la table des sacrements du temps présent ; par vous, nous aurons part à ce même fruit de vie à la table des joies éternelles, Jésus, le fruit béni de vos entrailles, à qui est honneur et gloire dans tous les siècles des siècles. Amen.
Guerric d’Igny, fin du 4e sermon pour l’Assomption.
Références, dans l’ordre : II Corinthiens 9, 6 ; Ecclésiastique 44, 25 ; Luc 1, 48 ; répons de l’Assomption d’après Cantique 6, 8 ; psaume 16, 4 ; Matthieu 15, 27 ; psaume 122, 2 ; Salve Regina.