L’idée d’une solennité spéciale en l’honneur de ce mystère, fondement de notre foi chrétienne, est belle, et le moment de sa célébration, à l’expiration du temps pascal, est heureusement choisi. On sentait comme le besoin de manifester toute notre reconnaissance à l’Auguste Triade, qui a daigné accomplir avec tant de miséricorde et tant d’honneur pour nous, l’œuvre de notre Rédemption. Pour l’amour de nous, le Père éternel a daigné nous donner comme hostie et victime d’expiation son Fils unique lui-même ; Jésus nous a aimés in finem, c’est-à-dire jusqu’à s’immoler lui-même pour nous ; l’Esprit Saint s’est donné à nous si intimement qu’il est appelé donum, le don, précisément parce qu’il nous atteste l’amour du Père et du Fils à notre égard.
De plus, la révélation du dogme de la Très Sainte Trinité est un de ces secrets que les Hébreux avaient seulement entrevus mystérieusement, mais qui ne fut expressément révélé que dans la Nouvelle Loi. Il regarde la vie intime de Dieu ; or, les choses intimes ne se disent pas à tous, mais seulement aux amis. La connaissance de Dieu trine dans les Personnes et un dans son essence, marque le plus haut sommet de la science théologique et confère au peuple chrétien une perfection et une dignité si grandes qu’on peut bien dire qu’en ce dogme réside l’honneur, la gloire et le salut de l’Église. C’est donc fort à propos, après que l’Esprit Saint est venu instruire le troupeau des fidèles, les initiant à la possession intégrale de la vérité divine, que la famille chrétienne s’élève à la contemplation et à l’adoration in Spiritu et veritate de l’auguste Triade, qui constitue la fin première et essentielle de l’Incarnation du Sauveur et de la rédemption du monde.
De même que, très opportunément, la fête de la sainte Trinité termine le cycle de la liturgie sotériologique, ainsi sommes-nous baptisés nous-mêmes avec l’invocation trinitaire, et dans la même invocation, répétée par le prêtre à notre lit de mort et près de notre cercueil, nous clôturons le cours de notre vie mortelle : « Proficiscere... de hoc mundo in nomine Dei Patris etc. » ; « insignitus est signaculo Sanctæ Trinitatis ».
L’Église s’est inspirée de ces nobles motifs quand elle a institué la présente fête. Il est vrai que la liturgie catholique n’est qu’une hymne ininterrompue à la louange de l’auguste Trinité ; en sorte qu’une fête établie pour célébrer exclusivement et spécialement ce mystère semblerait presque l’abaisser au niveau d’une simple dévotion. Mais tel n’est pas le concept de la solennité de ce jour, laquelle n’est pas tant la fête de la Très Sainte Trinité que la confession annuelle et solennelle, humble et reconnaissante, du plus grand de tous les dogmes, du mystère principal de la foi catholique.
Bienheureux cardinal Schuster
Commentaires
Si l'homme a été créé à l'image de Dieu, c'est qu'il est aussi trinitaire. L'homme c'est une âme, un corps et un esprit. A mettre en parallèle avec Dieu, le Fils (qui a un corps) et le Saint Esprit.
Mais si on a une âme, un corps et un esprit bien distinct, forme-t-on une ou 3 personnes ?
@Atlas
Il faut être prudent dans les extrapolations et les hypothèses.
Jésus, le Fils Incarné a une âme et un corps (ou si vous voulez âme, corps et esprit) et pourtant il n'y a pas 2 ou 3 personnes en Lui.
Nous sommes créés à l'image de Dieu, mais de Dieu le Fils qui est une seule personne. Nous sommes fils adoptifs de Dieu le Père et frères de Dieu le Fils. Dire que corps, âme et esprit est une image de la Trinité et qu'il y aurait 3 personnes en nous, c'est inexact.