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Absolve

Absólve, quǽsumus, Dómine, tuórum delícta populórum : ut a peccatórum néxibus, quæ pro nostra fragilitáte contráximus, tua benignitáte liberémur. Per Dóminum nostrum.

Absolvez, nous vous en supplions, Seigneur, les offenses de vos peuples ; afin que, par votre bonté, nous soyons délivrés des liens des péchés que notre fragilité nous a fait commettre. Par notre Seigneur Jésus-Christ.

La collecte de cette semaine, qui est celle du 23e dimanche après la Pentecôte, n’apparaît cette année que dans la liturgie de ce lundi, de demain mardi et de mercredi. Autrement dit des trois jours avant la Toussaint, si l’on suit le calendrier qui n’a plus hélas depuis 1955 la vigile de la Toussaint.

Or cette collecte devient cette année une bonne préparation de trois jours à la fête de la Toussaint.

L’Année liturgique nous dit :

La demande du pardon revient sans cesse dans la bouche du peuple chrétien, parce que la fragilité de la nature entraîne sans cesse, ici-bas, le juste lui-même. Dieu sait notre misère ; il pardonne sans fin, à la condition de l’humble aveu des fautes et de la confiance dans sa bonté. Tels sont les sentiments qui inspirent à l’Église les termes de la Collecte du jour.

Et le bienheureux cardinal Schuster :

La collecte implore le pardon des fautes contractées par la communauté chrétienne en raison de la faiblesse humaine. La prière est collective, parce qu’elle décrit les conditions personnelles et générales de toute la race d’Adam. L’humilité convient donc à tous, et personne ne peut prendre, avec l’orgueilleux pharisien, une illusoire attitude de puritanisme. « Seigneur, si c’est le propre de l’homme de pécher et de demeurer contaminé par la fange de la terre, que ce soit aussi le propre de votre miséricorde ineffable, de laver dans votre Sang les taches de la conscience coupable. »

Mais dans ces commentaires il manque un aspect majeur de la collecte : la rupture des liens qui nous enchaînent, rupture qui nous libère pour nous faire entrer dans le Royaume. On a trop tendance à traduire « Absolve » par « pardonnez ». Et ce n’est pas seulement « pré-conciliaire ». Car c’est la liturgie post-conciliaire en français qui fait dire au prêtre confesseur lors de l’absolution : « Je te pardonne », quand le latin a « Ego te absolvo ». Ab-solvere, c’est détacher, délier, défaire les liens. Et c’est le premier mot de la collecte. Or la collecte demande précisément à Dieu que par sa bonté il nous libère des liens de nos péchés : nexibus, nexus, le mot vient du verbe necto qui veut dire lier, attacher, et même nouer. Les saints sont ceux qui ont été libérés des liens du péché, des nœuds du péché. Les commandements de Dieu paraissent souvent être des contraintes, et notre nature blessée en vient à ressentir le péché comme une libération de ces contraintes. Pourtant c’est le contraire qui est vrai. Obéir aux commandements est une libération, être « libéré du péché » n’est pas être asservi à une contrainte mais jouir de la véritable liberté – comme le sait quiconque a été asservi à une addiction et a réussi à s’en libérer (alors qu’il croyait user de sa liberté en se livrant à son addiction).

On remarquera aussi que le participe passé nexus pris comme substantif désignait le « débiteur insolvable ». Or nous sommes tous vis à vis de Dieu des débiteurs insolvables, et pourtant Dieu nous absout si nous le lui demandons, pour nous faire entrer dans la compagnie de tous les saints.

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