Le 2 septembre c’est la fête de saint Etienne roi de Hongrie, mais dans de nombreux diocèses de France on célèbre les bienheureux martyrs des Carmes, c’est-à-dire les 191 prêtres et religieux massacrés le 2 septembre 1792 et les jours suivants au couvent des Carmes transformé en cachot.
En 2016 il l’un d’eux a été canonisé : Salomon Leclercq (de son nom de baptême Nicolas), le premier martyr des Frères des Ecoles chrétiennes. Au moment de la Révolution il était le secrétaire du supérieur des Frères pour la France. Il se trouve qu’on le connaît de façon intime grâce aux très nombreuses lettres que nous avons de lui, notamment celles à sa sœur qui les a religieusement conservées (et il y en a vraiment beaucoup, puisque je vois dans un article de la Revue lasallienne la référence à la « lettre n° 101 du 15 septembre 1791 » : il avait encore un an pour en écrire…). Il en ressort qu’il était manifestement saint avant le martyre. Le Fr Jean-Paul Aleth, visiteur des Frères des Ecoles chrétiennes pour la France au moment de la canonisation, écrivait :
« Je suis frappé par sa fidélité à une décision libre de consacrer sa vie au Christ. À chaque fois, il a répondu positivement aux appels successifs pour diverses missions. C’est donc logiquement qu’il a choisi de rester fidèle jusqu’au bout, jusqu’au martyre. »
Deux semaines avant le massacre, il écrit à sa sœur :
« Se tenir en l’état où l’on voudrait être pour aller paraître devant le Souverain Juge : telle doit être la vie d’un chrétien qui a de la foi. Il doit regarder toutes les choses d’ici- bas, richesses, plaisirs, bonne chère comme de pures vanités, propres à amuser des hommes de chair et de sang et incapables de contenter une âme qui sait qu’elle est faite pour jouir de Dieu et pour en jouir éternellement. Tâchez d’entretenir ces sentiments et ces dispositions dans vos enfants que j’embrasse avec bien de la tendresse. Si Dieu le permet, j’irai vous joindre et mêler mes larmes avec les vôtres. Mais non ! Que dis-je, pourquoi pleurer puisque l’Évangile nous engage à nous réjouir quand nous aurons quelque chose à souffrir pour son nom ? Souffrons donc gaiement et avec action de grâce les croix et les afflictions qu’Il nous enverra. »
Le miracle qui a valu à Salomon Leclercq sa canonisation est raconté ainsi par le Fr Rodolfo Cosimo Meoli, postulateur général des Frères des écoles chrétiennes :
Le miracle du 6 septembre de 2007 au Venezuela en faveur d'une fille de cinq ans, a eu lieu alors que ses deux sœurs et un frère se trouvent dans une entreprise familiale fondée par M. Rafael Febres Cordero, un lasallien. Pendant qu'elle lisait, elle est mordue à son pied gauche par un animal alors non identifié. L'hématome se répand dans la jambe et la fille saigne des gencives et du nez. Transportée d'urgence à un hôpital de Caracas, soignée 53 heures plus tard avec un sérum contre la morsure de serpent. On fait des préparatifs pour l'amputation de la jambe pour limiter les dégâts. Pendant ce temps, dans l'église de la maison familiale à Sabaneta commencent les prières des enfants et des voisins devant la petite statue du bienheureux Frère Salomon, bien connu et vénéré. De façon inattendue, les chiffres indicateurs reviennent à la normale. Le 11 septembre elle est complètement déchargée en bonne santé.
C'est une histoire qui dans son ensemble nous dit l'amour des enfants, l'universalité de l'Eglise et la relativité du temps dans le plan de Dieu.
Commentaires
Comment peut-on être canonisé en 1996 grâce à un miracle obtenu onze ans plus tard ? En fait, le bienheureux n'a été inscrit au catalogue des saints que 20 ans plus tard, le 16 octobre 2016.
Quoi qu'il en soit, merci beaucoup de nous rappeler les Martyrs de Septembre : peu de chapelles tradies en célèbrent la messe...
Une fois de plus, les chiffres et moi... En fait j'y ai repensé cette nuit, avec l'impression désagréable que j'avais écrit 1996 au lieu de 2016... Sans doute inconsciemment mon aversion envers François...