Sacraméntum reconciliatiónis nostræ, ante témpora ætérna dispósitum, nullæ implébant figúræ; quia nondum supervénerat Spíritus Sanctus in Vírginem, nec virtus Altíssimi obumbráverat ei, ut, et intra intemeráta víscera, ædificánte sibi Sapiéntia domum, Verbum caro fíeret, et, forma Dei ac forma servi in unam conveniénte persónam, Creátor témporum nascerétur in témpore, et, per quem facta sunt ómnia, ipse inter ómnia gignerétur. Nisi enim novus homo, factus in similitúdinem carnis peccáti, nostram suscíperet vetustátem, et, consubstantiális Patri, consubstantiális esse dignarétur et matri, naturámque sibi nostram solus a peccáto liber uníret: sub iugo diáboli generáliter tenerétur humána captívitas.
Aucune figure n’accomplissait le mystère de notre réconciliation, décidé de toute éternité, car l’Esprit n’était pas encore venu sur la Vierge et la puissance du Très-Haut ne l’avait pas prise encore sous son ombre. Alors, la Sagesse se construisit une demeure: le Verbe se fit chair en un sein virginal; unissant en une seule personne la condition de Dieu et celle d’esclave, le Créateur des temps naquit dans le temps, et celui-là même par qui tout avait été fait pris naissance au sein de l’univers. En effet, si l’homme nouveau, créé dans une chair semblable à celle du péché, n’assumait notre vétusté, si, lui, consubstantiel au Père, ne daignait devenir aussi consubstantiel à sa mère, et s’il ne s’unissait notre nature, lui qui seul est exempt du péché, toute l’humanité était retenue captive sous le joug du diable.
Lettre de saint Léon à l’impératrice Pulchérie, lecture des matines.
Commentaires
"Consubstantiel" est employé pour le Père et pour Marie, alors qu'il n'a pas exactement le même sens. J'avais remarqué cela il y a des années dans une déclaration oecuménique (http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/documents/rc_pc_chrstuni_doc_11111994_assyrian-church_fr.html) et ça m'avait étonné, mais si c'est dans st Léon...
Certes a priori c'est plutôt "de même nature"... Pourtant saint Léon a raison, et il ne pouvait pas savoir que la science, bien plus tard, confirmerait son propos: le fils a l'ADN de sa mère, il n'est donc pas seulement de même nature que sa mère, il lui est "consubstantiel". D'ailleurs on a toujours pensé que l'enfant tire sa substance de la substance maternelle.
Trois hypostases en une seule nature, trois personnes en un Dieu, c'est le sens que je donne au mot consubstantiel. Or on peut traduire hypostase par substance, ce qui vous oblige à parler de trois substances en une seule substance. Pour clarifier, il vaudrait mieux dire qu'en Dieu il y a trois sujets en une seule substance.
Cela étant, même si vous-même, ou le Christ, partagez l'ADN maternel, je ne vois pas comment vous pouvez dire que vous êtes deux sujets en une seule substance. Vous avez en commun avec votre mère la nature humaine, et le mot nature peut sans doute être abusivement remplacé par celui de substance, mais c'est en réalité un concept, c'est à dire une représentation commune à une multitude de représentations, une notion d'ordre intellectuel. Au contraire la substance divine, si on entend par là ce qui relie les trois hypostases que sont le Père, le Fils et l'Esprit Saint, n'est pas seulement une notion intellectuelle, une représentation, c'est une réalité concrète, que j'appellerais "personnelle", si cela ne prêtait à confusion.
Ou alors, je suis un idiot qui n'a pas du tout compris ce qu'il fallait entendre par "consubstantiel." C'est bien possible, après tout, à lire les compromis de Jean-Paul II avec l'Eglise nestorienne d'Orient.
Stravolus, le mot substance s'emploie normalement comme vous le dites. Je pensais comme vous pour le texte de JPII jusqu'à ce que je lise cette page de st Léon: cela nous montre qu'il ne faut pas tant s'attacher aux mots qu'aux notions. On s'est bien trop divisés à cause de cela par le passé. Allez-vous accuser st Léon de nestorianisme?
Je ne me le permettrai pas. Je pense qu'il emploie consubstantiel au sens de "de même nature", comme le précise la suite de la phrase. Mais ce n'est pas ce qu'il a écrit de mieux, peu de temps après la crise arienne (mais peut-être contre les Nestoriens qui placent en Notre Seigneur deux hypostases, si je ne m'abuse).
Ça nous ferait beaucoup de nestoriens, puisque ce texte fait partie de la liturgie romaine depuis au moins saint Pie V...