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Nox, et tenebræ, et nubila

Nox, et tenebræ, et nubila,
Confusa mundi et turbida:
Lux intrat, albescit polus:
Christus venit: discedite.

Nuits, ténèbres, vapeurs, noir et trouble nuage,
Faites place à des temps plus doux :
L’aurore à l’univers fait changer de visage,
Jésus-Christ vient, retirez-vous.

Caligo terræ scinditur
Percussa solis spiculo,
Rebusque jam color redit,
Vultu nitentis sideris.

L’ombre dont l’épaisseur enveloppait le monde
Cède aux premiers traits du soleil,
Et la couleur revient sur cette masse ronde,
Qu’il dore et peint à son réveil.

Te, Christe, solum novimus:
Te mente pura et simplici,
Flendo et canendo quæsumus,
Intende nostris sensibus.

Qu’il commence et finisse à son gré sa carrière :
Notre unique soleil, c’est toi,
Seigneur, toute notre âme adore ta lumière,
Nos pleurs et nos chants en font foi.

Sunt multa fucis illita,
Quæ luce purgentur tua:
Tu, vera lux cœlestium,
Vultu sereno illumina.

Le monde sous le fard nous déguise cent choses,
Dont tes clartés percent l’abus ;
Astre toujours naissant, dévoiles-en les causes,
Et détrompe nos sens confus.

Deo Patri sit gloria,
Ejusque soli Filio,
Cum Spiritu Paraclito,
Et nunc et in perpetuum. Amen.

Louange à tout jamais au Père inconcevable !
Louange à son Verbe en tout lieu !
Louange au Saint-Esprit, ainsi qu’eux ineffable,
Qui n’est avec eux qu’un seul Dieu !

(Hymne des laudes du mercredi, de Prudence, traduction-adaptation de Pierre Corneille)

En cherchant (en vain) sur internet une interprétation liturgique de cette hymne, j’ai trouvé cette pièce chorale de Roland Willmann, compositeur dont je ne savais rien, et dont la toile ne sait à peu près rien non plus. Mais pièce remarquable, d’un jeune homme de 22 ou 23 ans, et assez remarquable pour qu’elle soit éditée chez Schott et interprétée par le très prestigieux chœur RIAS de Berlin.

Commentaires

  • Corneille n'est pas plus fidèle que Racine, mais les deux premiers vers sont plus que jamais pour nous.

  • Merci pour cette belle hymne de Prudence. Oui, beau début de traduction, mais dès le vers 3 Corneille fait sauter l'aube qui blanchit (albescit) la campagne...

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