Depuis Léon XIII qui fit de ce jour la fête de saint Silvestre abbé, la fête de saint Pierre d’Alexandrie n’est plus qu’une mémoire.
Cardinal Schuster:
Saint Pierre, le dernier martyr, celui qui scella la persécution de Dioclétien à Alexandrie (+ 311), ainsi que les Grecs le saluent d’un titre d’honneur : sceau et terme de la persécution, est mentionné pour la première fois dans le martyrologe syriaque et, par la suite, par tous les Orientaux, le 24 novembre. Le martyrologe hiéronymien le commémore au contraire aujourd’hui. Son culte, dans l’antiquité, rencontra une grande faveur, si bien qu’il était très populaire même à Antioche. Une si grande célébrité est due, en partie, à la place très importante qu’occupait ce martyr comme patriarche d’Alexandrie, en partie à ses qualités personnelles, et comme directeur du didascaleion d’Alexandrie, et comme auteur sacré. Il est certain que Pierre fut « un splendide exemplaire d’évêque » selon l’attestation d’Eusèbe.
Les Syriens ont tiré des Actes mêmes de saint Pierre un titre glorieux qu’ils lui attribuent ; ils l’appellent : celui qui passa à travers le mur percé. Les Actes racontent en effet que le peuple d’Alexandrie montait la garde autour de la prison afin qu’aucun des soldats païens ne se hasardât à exécuter la sentence capitale prononcée contre le Patriarche. Que faire ? Il y avait à redouter que la milice se vengeât du peuple soulevé ; alors le saint Pasteur, pour sauver son troupeau, résolut de s’offrir spontanément à la cruauté des bourreaux. Il fit donc savoir secrètement au tribun qu’au cours de la nuit suivante il indiquerait, par des coups, le point où il fallait percer la muraille pour ouvrir un passage à l’intérieur de la prison. Cette nuit-là, par bonheur, un orage avec éclairs, tonnerre et une forte averse, détourna l’attention des sentinelles chrétiennes, de telle sorte que les soldats du tribun purent, sans être dérangés, pratiquer une brèche dans la muraille de la prison. Le saint Patriarche passa donc à travers le mur entr’ouvert et se laissa conduire par les soldats au lieu même que la tradition indiquait comme celui du martyre de saint Marc. Là enfin il fut décapité, et les fidèles ensevelirent son cadavre.
Le martyre de saint Pierre d’Alexandrie, l’une des 430 miniatures du ménologe de Basile II (XIe siècle). Selon les Actes du martyre de saint Pierre d’Alexandrie, Jésus lui serait apparu (en prison) avec une tunique déchirée, lui disant : « C’est Arius qui a déchiré ainsi mon vêtement, qui est l’Église. » (Arius avait été ordonné diacre par Pierre, qui l’excommunia ensuite parce qu’il prit parti pour un évêque schismatique. C’est semble-t-il après la mort de Pierre qu’Arius élabora son hérésie. Le propos de Jésus, s’il est réel, serait alors prophétique pour ce qui concerne l’hérésie d’un prêtre qui avait déjà déchiré la tunique.)