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19e dimanche après la Pentecôte

Antienne de communion

Tu mandásti mandáta tua custodíri nimis : útinam dirigántur viæ meæ, ad custodiéndas iustificatiónes tuas.

Vous avez ordonné que vos commandements soient très fidèlement observés ; puissent mes voies être dirigées de manière à ce que je garde vos justes ordonnances. (Psaume 118,4-5 avec le premier verset du psaume et la doxologie dans l’enregistrement des moines de Triors.)

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La mélodie s'installe sur la dominante du mode, mettant ainsi en valeur les premiers mots : Tu as donné Tes commandements. Tu as en effet le droit de le faire, car Tu es le Seigneur. Mais Tes commandements sont la source de notre joie et de notre bonheur. Si seulement nous pouvions en prendre conscience et suivre fidèlement la voie que Tu as tracée pour nous ! La solennité, voire la majesté, marque le début de la première phrase, et la quinte avec cu-(stodiri) souligne le même sentiment. Selon les manuscrits annotés, les notes sur (ni)-mis doivent être rendues de manière large.

Par la répétition fréquente du si bémol, la deuxième phrase est rendue tendre, presque oppressante, car le chanteur sait qu'il n'a pas toujours dirigé ses pas selon les ordonnances de Dieu. Il lui est pénible de constater que, comme les hommes de l'Évangile de ce jour, il a accordé plus de soin à ses champs et à ses affaires qu'à l'invitation au banquet du Roi. Il se repent amèrement d'avoir perdu plusieurs fois l'habit de noces. Aussi, rempli de contrition et conscient de sa propre faiblesse, il demande la grâce de Dieu. Dans l'esprit de la Postcommunion qui suit, il prie pour que les effets salutaires de la Sainte Eucharistie servent à le libérer de ses mauvais penchants, le renouvellent dans le Christ et le fassent imiter le Christ, afin qu'il s'attache toujours aux commandements de Dieu. La deuxième moitié de la troisième phrase a exclusivement des intervalles de seconde. Justificati-(énes) répète fidèlement la mélodie de (cus)-todién-(das). L’un dans l’autre, il s'agit d'une prière simple et humble.

Dom Dominic Johner (The Chants of the Vatican Gradual)

Commentaires

  • La pièce frappe d'emblée par une anomalie, avec d'une part un Si constamment bémol -on pourrait remplacer la clef d'Ut par une clef de Fa- et d'autre part la tristrophae sur "tua" de la seconde incise. Les deux ne sont pas cohérents, une tristrophae étant toujours placée au-dessus d'un demi-ton, ce qui suppose une pièce avec un Si bécarre.
    L'examen du Graduale Triplex confirme qu'il y a eu un dérapage musical avec le temps, l'incise "Tu mandasti" se terminant par une virga (signe de note haute) alors que la mélodie transcrite baisse, appelant théoriquement un punctum. L'incise d'origine n'est pas celle du graduel actuel.
    Le graduel dominicain transcrit la pièce un ton plus haut, éliminant donc le bémol (mais persiste à la qualifier de 5ème mode). Il présente une mélodie avec des variations significatives dans les ornements (ce qui est normal) mais également les cordes structurelles, ce qui signe effectivement un dérapage mélodique.
    Ces divers indices sont cependant trop faible pour reconstituer ce qu'a pu être la mélodie d'origine.

  • Les gloses de Dom Johner sur la signification de la fréquence du si bémol (le gémissement du pécheur qui n'arrive pas à accomplir les commandements) me parlent plus qu'une supposée altération. Ah! le discours récurrent sur le si bémol, forcément "diabolus in musica"...

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