Le quotidien économique allemand Handelsblatt finit par reconnaître que les sanctions contre la Russie ont échoué. Il ne le dit pas de lui-même, mais en donnant la parole à Daniel Stelter, docteur en économie, fondateur du « think-tank Beyond the evidence » (groupe de réflexion « Au-delà des évidences »), éditorialiste du principal hebdomadaire allemand des milieux d’affaires Wirtschaftswoche, et du mensuel de culture politique Cicero.
« Les sanctions ont échoué », affirme d’emblée le titre, ajoutant : « Nous payons plus sans grand effet ».
Il s’agit d’un commentaire des conclusions d’une étude commandée par le gouvernement allemand « à pas moins de quatre instituts de recherche économique ».
Reconnaissant que l’économie russe connaît une forte croissance, en raison du boom de l'armement, les experts espèrent désormais que les « sanctions agissent à long terme comme un poison insidieux ».
Mais, dit Stelter, « s'il s'agit de mettre fin à une guerre, les sanctions doivent agir rapidement et non à très long terme ». En outre, « à moyen et long terme, la Russie participera de toute façon à nouveau de manière illimitée au commerce mondial, que cela nous plaise ou non. Le poison à long terme pourrait alors nous nuire à nous-mêmes, par exemple en augmentant les prix du pétrole et du gaz. »
Stelter rappelle qu’il a demandé en juillet 2022 « de tout mettre en œuvre pour faire baisser le prix du pétrole, du gaz, du charbon et des matières premières sur le marché mondial », ce qui n'est possible qu'en réduisant la demande ou en augmentant l'offre. Or l’Allemagne a plutôt augmenté la demande, et du côté de l’offre il ne s’est rien passé. Et les Européens ont continué à acheter massivement des produits russes, de façon ouverte ou détournée, et en les payant plus cher.
Bref, « Il faut se demander pourquoi l'Occident a cru pouvoir “sanctionner” le premier exportateur mondial de matières premières en augmentant les prix de ces dernières ».
Conclusion de l’article :
« Quelle que soit la personne responsable de l'élaboration de la politique de sanctions de l'Occident, elle semble n’avoir aucune connaissance de base sur les relations économiques et le rôle de l'offre et de la demande. Pas besoin de l'expertise de quatre instituts de recherche économique pour en arriver à cette conclusion. »