Il faut attendre le mardi pour que la liturgie nous montre le Christ ressuscité apparaissant à ses apôtres. C’est le… troisième jour (encore un) après la Résurrection.
La liturgie pascale souligne en effet l’un des grands paradoxes du christianisme en omettant toute apparition du Ressuscité au cours de la veillée pascale et du dimanche de Pâques. Les seuls personnages sont « l’Ange du Seigneur » qui annonce la Résurrection, et les myrophores auxquelles l’ange fait cette annonce. Tous ces personnages sont en un même lieu : le tombeau vide. C’est ce tombeau vide qui est au centre du mystère pascal.
Curieusement, dans le déroulement de la liturgie, les premières personnes auxquelles le Ressuscité apparaît, ce sont les « pèlerins d’Emmaüs », le lundi de Pâques. Deux hommes qu’on n’avait jamais vus auparavant, et qu’on ne reverra plus, et dont seul saint Luc nous parle.
Il faut donc attendre le mardi pour que la liturgie, poursuivant le texte de saint Luc, évoque la première apparition aux apôtres, qui a pourtant eu lieu le soir de Pâques. C’est ainsi le troisième jour des célébrations pascales que la liturgie nous montre les apôtres effrayés et stupéfaits devant cette vision que nous avons eu quant à nous tout le temps de méditer. Mais l’évangile relance la méditation en insistant sur un point précis du Credo : « la résurrection de la chair ». Bien qu’il entre alors que les portes sont fermées à clef, le Ressuscité n’est pas un fantôme, il mange du poisson et du miel, il est ressuscité comme il le dit lui-même « en chair et en os ». Et voilà le mystère qui s’épaissit devant le corps sans épaisseur qui est pourtant un vrai corps.