Dialogue de l'Ange et de la Mère de Dieu, dans les matines de l’office byzantin :
- Toute-pure, je te crie joyeusement: incline ton oreille, écoute-moi, je t'annonce la virginale conception de Dieu; car tu as trouvé devant le Seigneur la grâce que nulle autre n'a trouvée.
- De tes paroles, Messager, puissé-je comprendre la signification! Comment ce que tu dis se fera-t-il? Explique-moi comment je concevrai dans la virginité et deviendrai la Mère de mon Créateur.
- Tu sembles supputer quelque ruse en mon discours et devant ta prudence je me réjouis; courage, Souveraine, car si Dieu le veut, sans peine s'accomplit ce qui dépasse l'entendement.
- Il n'y a plus de chef en Juda, le temps est donc venu où doit paraître le Christ, l'espérance des nations; mais explique-moi comment je l'enfanterai, dans ma virginité.
- Vierge, tu veux savoir de moi le mode de ta conception, mais il est impossible de l'expliquer: dans sa puissance créatrice, l'Esprit saint, te couvrant de son ombre, en sera l'ouvrier.
- Ma première aïeule, pour avoir suivi le conseil du serpent, des délices divines fut exclue; c'est pourquoi je crains ton étrange salutation, prenant bien garde de faillir.
- Moi qui me tiens auprès de Dieu, je suis envoyé pour te révéler sa volonté; pourquoi me craindre ou te garder de moi? Vierge toute pure, c'est moi plutôt qui te crains et te révère saintement.
- Du Prophète qui jadis a prédit l'Emmanuel j'ai appris que devrait enfanter une Vierge sacrée; mais je désire savoir comment la nature des mortels pourra se mêler à la divinité.
- Le buisson ayant reçu le feu sans être consumé nous a déjà révélé l'ineffable mystère te concernant, Pleine de grâce, Inépousée, car après l'enfantement tu resteras toujours vierge.
- Héraut de vérité resplendissant de l'éclat divin du Seigneur tout-puissant, Gabriel, dis-moi sincèrement comment j'enfanterai, sans dommage pour ma virginité, dans la chair le Verbe incorporel.
- Avec crainte je me tiens, ô Vierge, devant toi comme devant la Reine un serviteur; je crains donc de te le faire saisir: comme pluie sur la toison, le Verbe du Père sur toi descendra, comme bon lui a semblé.
- Je suis incapable de saisir tes paroles exactement; bien souvent se sont produits par divine puissance des prodiges merveilleux, les signes et les figures de la Loi, mais sans connaître d'homme jamais une vierge n'enfanta.
- Tu es surprise, Tout-immaculée, mais ton miracle est surprenant: seule, en effet, tu recevras dans ton sein le Roi de l'univers qui doit y prendre chair; c'est toi que préfigurent les prophéties, leurs énigmes et les symboles de la Loi.
- Celui que nul ne peut cerner et qui est invisible à tous, comment pourrait-il habiter le sein d'une vierge, que lui-même a créé, et comment vais-je, de plus, concevoir ce Dieu, le Verbe coéternel au Père et à l'Esprit?
- Celui qui a promis à ton ancêtre David de placer le fruit de sa lignée sur le trône de sa royauté, toi seule, t'a choisie, beauté de Jacob, pour que son Verbe y séjournât.
- De tes paroles, Gabriel, ayant perçu le son joyeux, d'allégresse divine je suis comblée, car tu révèles, tu annonces la joie, une joie qui n'aura pas de fin.
- La joie divine t'est donnée, à toi l'entière création chante: Divine Épouse, réjouis-toi, car seule tu fus d'avance choisie comme pure Mère du Fils de Dieu.
- Que soit donc abolie par moi la condamnation de la mère des vivants, que grâce à moi sa faute aujourd'hui soit remise et que par moi l'antique dette soit acquittée pleinement!
- A ton ancêtre Abraham Dieu promit de bénir en sa descendance les nations; Vierge pure, grâce à toi la promesse est accomplie en ce jour.