Ces derniers jours, des violences inter-communautaires ont fait environ 300 morts, 18.000 déplacés, et des dégâts considérables à Jos, au Nigéria.
Les médias parlent tous d'affrontements entre chrétiens et musulmans.
Hier, l'archevêque de Jos, Mgr Ignatius Ayau Kaigama, a affirmé que ces violences "n'ont rien à voir avec la religion" : "Nous regrettons la tendance des médias à recourir à des stéréotypes pour raconter ce qui s'est passé à Jos. De ce que nous voyons d'ici, la religion n'a rien à avoir avec les violences. Pour le simple fait que le Nigeria est très homogène du point de vue religieux et partagé de manière égale entre musulmans et chrétiens, tout est lu selon une clef religieuse. Même lorsque deux personnes se disputent au marché, certains journaux parlent de leur foi comme motif du litige." L'archevêque a estimé que les véritables raisons à l'origine des violences des derniers jours étaient à rechercher dans des luttes d'influence entre personnalités locales importantes sur le plan économique et politique : "Les Nigérians sont très croyants et pour cette raison, certains personnages sans scrupule n'hésitent pas à utiliser la religion ou, selon les nécessités, à jouer sur le levier ethnique pour regrouper des forces autour d'eux." (Le ministre de la police a également dénoncé "quelques individus haut placés dans la société et qui sont en train d'exploiter l'ignorance et la pauvreté de la population pour provoquer la confusion au nom de la religion et de l'ethnicité".) L'archevêque a souligné aussi "la pauvreté et le chômage qui frappe en particulier les jeunes" qui facilitent leur mobilisation par centaines "pour créer le chaos".
Le père Matthew Hassan Kukah, ancien secrétaire général de la conférence épiscopale, avait déjà dit à l'AFP : "La vérité, c'est que la violence n'a pas grand chose à voir avec la religion. C'est le résultat de la défaillance de divers organes du gouvernement national."
Du côté musulman, le secrétaire général du Conseil suprême des affaires islamiques du Nigeria, Lateef Adegbite. a déclaré à l'AFP : "Il ne s'agit pas d'une crise religieuse du tout. La population de la ville de Jos est profondément divisée entre ethnies. " "Malheureusement ils (les habitants) ont commence à brûler des mosquées et des églises, en donnant l'impression que c'était une crise religieuse", a-t-il dit, ajoutant que l'origine de cette crise provenait du chômage des jeunes.