C'est la fête d'Agnès, l'heureuse vierge, le jour où, sacrée par son sang, elle rendit au ciel son âme faite pour le ciel.
Elle fut mûre pour le martyre avant de l'être pour les noces, dans un temps où la foi chancelait au cœur même des hommes, où le vieillard lassé cédait au tyran.
Ses parents, dans la crainte de la perdre, la gardaient plus sévèrement encore que ne la retenait la bienséance du sexe ; elle force les portes de sa retraite: sa foi ne saurait demeurer captive.
On croirait voir s'avancer une épouse, tant son visage est radieux; elle apporte à l'Epoux de nouvelles richesses ; le prix de sa dot est dans son sang.
On veut la contraindre à allumer la torche aux autels d'un dieu sacrilège; elle répond : « Ce ne sont pas là les flambeaux que portent les vierges du Christ.
« Votre feu éteint la foi, votre flamme détruit la lumière; frappez, frappez ici : mon sang versé éteindra vos brasiers. »Pour recevoir le coup, comme elle dispose sa parure ! Soigneuse de la pudeur, elle se drape dans ses vêtements , afin qu'aucun œil ne la contemple immodeste.
Cette pudeur la suit dans la mort ; sa main voilait son visage, elle tombe à genoux sur Ta terre, et sa chute encore est empreinte de modestie.
Gloire à vous, Seigneur, gloire au Fils unique, avec le Saint-Esprit , dans les siècles éternels. Amen.
Hymne de Saint Ambroise, traduction Dom Guéranger.