On a dit longtemps que c’est le pape Pie II en personne qui, canonisant Catherine de Sienne, composa les hymnes de sa fête qui figurent au bréviaire dominicain. Il semble qu’il y ait aujourd’hui un consensus pour les attribuer à Thomas Schifaldo, un dominicain « humaniste » sicilien du XVe siècle (qui en revendiquait du reste la paternité). Voici l’hymne des vêpres avec la traduction de dom Guéranger, qui n’appréciait guère ce genre de poésie mais se gardait de le dire dans son Année liturgique. Il faut reconnaître toutefois que ça sonne bien, même si ça sonne creux : en dehors de l’allusion aux stigmates rien ne parle spécifiquement de la dominicaine de Sienne…
Haec tuae Virgo monumenta laudis,
Quae tuis laeti Catharina sacris
Hoc quidem pacto modulamur omnes,
Perfer Olympo.
Les cantiques d’honneur que nous chantons en chœur à ta louange, dans la joie que nous inspire ta fête, ô vierge Catherine, présente-les au ciel.
Si satis digne nequeant referri,
Annuas nobis veniam, precamur:
Non sumus tanti ingenii, fatemur,
Optima Virgo.
S’ils ne sont pas dignes d’y être accueillis, daigne pardonner à notre faiblesse : c’est que notre génie ne saurait s’élever à la hauteur de tes mérites, ô vierge remplie de bonté !
Quis fuit dignas modulatus unquam
Virginis laudes ? Quis in orbe toto
Feminae invictae peritura nunquam
Carmina pandet ?
Mais qui a pu jamais porter ton éloge aussi haut que tes mérites ? Quel mortel en ce monde pourrait, dans des vers impérissables, chanter dignement tes grandeurs, ô femme dont rien n’a pu vaincre le courage ?
Praedita exemplis Catharina claris,
Moribus praestans, sapiens abunde,
Temperans, fortis, pia, justa, prudens,
Aethera scandis.
Tes exemples, ô Catherine, rayonnent par toute la terre ; ta vertu supérieure est à l’égal de ta sagesse ; en toi brillent la tempérance, la force, la piété, la justice, la prudence ; et tu montes dans les cieux.
Quem latet virtus facinusque clarum,
Quo nequit dici sanctius per orbem?
Vulnerum formam miserata Christi
Exprimis ipsa.
Nul ici-bas n’ignore ta vertu, tes nobles actions ; nul en ce monde n’a surpassé ta sainteté ; ta compassion envers le Christ souffrant a imprimé sur tes membres jusqu’à ses blessures.
Nam brevis, maestae, miseraeque vitae,
Et malis cunctis penitus refertae
Fortiter spernens pretiosa quaeque
Sidera adisti.
Pauvre, affligée, menant une vie remplie de toutes les douleurs, ton cœur généreux a méprisé tout ce que les hommes estiment précieux ; le ciel pouvait seul être un séjour digne de toi.
Gratias summas habeamus omnes
Filio magni Genitoris almo:
Spiritum sanctum veneremur, et sit
Laus tamen una. Amen.
Rendons avec transport nos actions de grâces à l’auguste Fils de l’éternel Père ; offrons à l’ Esprit-Saint l’hommage de notre adoration ; aux trois, louange égale ! Amen.