Diffúsa est grátia in lábiis tuis : proptérea benedíxit te Deus in ætérnum, et in sǽculum sǽculi.
La grâce est répandue sur tes lèvres ; c’est pourquoi Dieu t’a béni(e) à jamais et dans les siècles des siècles.
Puisque la « Purification » est, depuis qu’elle s’appelle ainsi, une fête mariale, les paroles de l’offertoire de la messe s’adressent à Marie. C’est ce que disent la plupart des commentateurs. Et l’interprétation convient d’autant mieux que l’on célèbre la « Pleine de grâce » venant au Temple recevoir la bénédiction du Seigneur. D’autre part dans les plus anciens antiphonaires cet offertoire est déjà celui de sainte Agnès, le 21 janvier, et il est aussi celui de sainte Praxède (21 juillet), et il est devenu celui d’un commun des vierges. Il n’en demeure pas moins que ce verset du psaume 44 s’applique clairement au Christ, comme le soulignent les pères de l’Eglise, et non à sa mère : le stique précédent (dans le même troisième verset) dit « Speciosus forma prae filiis hominum » : tu surpasses en beauté les fils des hommes (speciosus est masculin et filiis aussi). Il n’est pas question de nier que le verset s’applique fort bien à la Vierge, et on le trouve dans les offices de la Sainte Vierge. Toutefois, en cette fête « que les Grecs appellent Hypapante », comme dit le martyrologe, à savoir la « Rencontre » du Seigneur, on peut appliquer cet offertoire, aussi, ou d’abord, à Celui qui vient à notre rencontre en la personne de Siméon. C’est même la seule attribution que lui donne le cardinal Schuster : « Dans l’offertoire, le Psalmiste célèbre la beauté du Messie et la plénitude de la grâce qui réside en lui. L’antienne est tirée du psaume 44e qui est éminemment messianique : “La grâce est répandue sur vos lèvres, c’est pourquoi Dieu vous a béni éternellement et pour tous les siècles.” » Et à vrai dire, ce chant qui plane en permanence sur la dominante a un parfum d’éternité qui convient d’abord au Fils de Dieu.
Addendum. Je m'aperçois que c'est aussi ce que dit le Missel du Barroux: "Avec Siméon, chantons la beauté de l'Enfant Dieu et toutes les bénédictions qu'il nous apporte."
A Solesmes :