La messe de minuit célébrée par le cardinal Raymond Burke en l’église de la Trinité des Pèlerins (paroisse de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, Rome).
Le blog d'Yves Daoudal - Page 1147
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Lumière de Minuit
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Les saints Innocents
Evangile éthiopien, début du XVIe siècle
Mais le Christ qui connaissait l’avenir, qui pénétrait tous les secrets, qui était le Juge des pensées, le Scrutateur des esprits, pourquoi a-t-il abandonné à leur sort ceux qu’il savait que l’on recherchait à cause de Lui, sachant très bien qu’ils seraient tués pour Lui ? A sa naissance, pourquoi un roi, Le Roi céleste, néglige-t-il les soldats de son innocence, pourquoi méprise-t-il une armée du même âge que Lui ? Pourquoi renvoie-t-il les sentinelles qui veillent sur les berceaux, pour que l’ennemi qui ne cherchait que le Roi extermine tous les soldats ?
Mes frères, le Christ n’a pas dédaigné ses propres soldats, mais il a envoyés en première ligne ceux à qui il a donné de triompher avant de vivre, et de remporter la victoire avant de combattre; ceux à qui il a donné des couronnes avant de leur donner des membres. Il a voulu qu’en eux les vertus fassent leur apparition avant les vices. Ils ont possédé le ciel avant la terre, et ils se sont introduits dans les choses divines avant de s’insérer dans les choses terrestres. Le Christ a donc envoyé ses soldats en éclaireurs, il ne les a pas perdus. Il ne les a pas abandonnés, mais il les a accueillis.
Bienheureux sont ceux que le martyre a fait naître sous nos yeux, non le monde. Bienheureux ceux qui ont échangé le labeur pour le repos, les souffrances pour le rafraîchissement, les douleurs pour la joie. Ils vivent, oui, ils vivent, ceux qui vivent vraiment, ceux qui ont obtenu d’être mis à mort pour le Christ. Bienheureux les ventres qui ont porté de tels enfants ! Bienheureuses les mamelles qui ont allaité de tels nourrissons ! Bienheureuses les larmes qui, répandues pour de tels bébés, ont apporté à celles qui pleuraient la grâce baptismale ! Car, de façon différente, mais dans un don unique, les mères sont baptisées dans leurs larmes, et leurs fils dans leur sang. Ce sont les mères qui ont souffert dans le martyre de leurs fils. Car le glaive qui transperçait les membres des fils se rendait jusqu’au cœur des mères, et il est nécessaire qu’elles aient part à la récompense, celles qui ont pris part à la passion. Le poupon souriait au meurtrier, le bébé prenait le glaive pour un jouet, le nourrisson qui croyait attendre le lait de la nourrice attendait en réalité le coup de poignard horrible de l’assassin. Sur le point de mourir, l’enfant qui n’avait pas encore ouvert les yeux à la lumière se réjouissait, car l’enfant considère tout homme comme son parent, non son ennemi. Les mères éprouvèrent tout ce qu’il y a eu en fait d’angoisse et de douleur, et c’est pour cela que la joie du martyre ne fit pas défaut à celles qui avaient versé les larmes du martyre.
Que l’auditeur ici soit très attentif ! Qu’il écoute avec la plus grande attention, pour pouvoir comprendre que le martyre ne provient pas du mérite, mais de la grâce. Dans les nourrissons, où est la volonté, où est le libre arbitre ? La nature elle-même y est encore captive. Pour tout ce qui se rapporte au martyre, nous devons tout à Dieu et rien à nous-mêmes. Vaincre le démon, livrer son corps à la torture, mépriser son corps, épuiser les tourments, lasser les tortionnaires, se glorifier des injures, demander la vie à la mort, non, cela ne vient pas de la vertu stoïcienne, c’est un don de Dieu. Celui qui court au martyre par sa propre vertu ne parvient pas à la couronne par le Christ. Mais Il nous conduit au pâturage céleste Celui qui a daigné dormir dans notre étable, Jésus-Christ le Nazaréen, notre Seigneur qui vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.
Saint Pierre Chrysologue, fin du sermon 152.
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Dimanche dans l’octave de la Nativité
Dum medium silentium tenerent omnia, et nox in suo cursu medium iter haberet, omnipotens Sermo tuus, Domine, de caelis a regalibus sedibus venit.
Alors qu'un profond silence enveloppait toutes choses, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, votre Parole toute-puissante, Seigneur, est venue du haut des cieux, du trône royal.
L’introït de cette messe du dimanche dans l’octave de la Nativité rappelle que Jésus est né à minuit, Verbe descendant du royaume céleste dans le silence terrestre. Or le texte vient du chapitre 18 du livre de la Sagesse, et dans ce texte il s’agit de la dernière et de la plus terrible plaie d’Egypte : la mort des nouveaux-nés :
Tandis que tout reposait dans un paisible silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, votre Parole toute-puissante s'élança du Ciel, du trône royal, comme un guerrier impitoyable, sur cette terre destinée à la perdition, comme un glaive tranchant, elle portait votre irrévocable arrêt, elle était là, remplissant tout de meurtre, et, se tenant sur la terre, elle atteignait jusqu'au Ciel.
La mort des nouveaux-nés égyptiens est le fléau qui fera enfin fléchir le pharaon, c’est donc ce qui permet la libération du peuple élu, le passage de la mer Rouge, l’entrée dans la terre promise.
On remarque que le livre de la Sagesse modifie le texte de l’Exode en se faisant encore plus précisément prophétique. Dans l’Exode, c’est Dieu qui « passe » pour tuer les nouveaux-nés. La Sagesse précise : c’est le Verbe. Le Verbe qui vient du Ciel et « passe » sur terre. Et ce sera bien pour sauver ses élus, ceux qui auront la marque de son sang comme les israélites avaient mis la marque du sang sur leurs portes. La Victime, ce sera lui. Et les « Egyptiens » ne seront pas voués à la mort, mais appelés à la conversion. Afin que tous atteignent jusqu’au Ciel avec Lui.
(Chant : concert de maîtres de chapelle réunis à Fontevraud pour une session de formation sous la direction du chanoine Jeanneteau, le 28 juillet 1982. Enregistrement publié sur le site Musicologie médiévale.)
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Saint Etienne
Hier, le Verbe s’est fait chair, il est descendu du ciel, pour que nous puissions monter au ciel. Il est descendu pour nous ouvrir la porte du ciel par sa Passion et sa Résurrection.
Aujourd’hui, saint Etienne, le protomartyr, voit les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu.
Le livre des Actes des apôtres insiste, en disant d’abord que « Etienne, rempli du Saint-Esprit, fixant son regard sur le ciel, voit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu ». Puis il cite saint Etienne lui-même : « Voici que je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » (On peut remarquer que, dans le texte grec, la première fois c’est le verbe « voir » le plus banal qui est utilisé, mais que, lorsque c’est saint Etienne qui parle, il utilise le verbe qui veut dire voir un spectacle, observer, et aussi considérer dans son esprit, contempler.)
La liturgie va répéter et répéter encore ce propos, car telle est la bonne nouvelle qui découle de la bonne nouvelle d’hier : on le trouve dans trois répons des matines, dans l’antienne du cantique aux laudes, dans l’antienne du dernier psaume des laudes, dans l’épître de la messe qui est le passage des Actes des apôtres racontant le martyre, dans l’alléluia, et dans la communion.
L’antienne du cantique explique même le sens du propos :
Stephanus vidit caelos apertos, vidit, et introivit: beatus homo cui caeli patebant.
Etienne vit les cieux ouverts, il vit, et il entra : bienheureux l’homme pour qui les cieux s’ouvraient.
A la messe, l’antienne de communion ajoute les deux autres propos importants de saint Etienne au seuil de la mort :
Vídeo cœlos apértos, et Jesum stantem a dextris virtútis Dei : Dómine Jesu, accipe spíritum meum, et ne státuas illis hoc peccátum.
Je vois les cieux ouverts et Jésus debout à la droite du Dieu tout puissant : Seigneur Jésus, accueille mon âme et ne leur tiens pas rigueur de ce péché.
Voici cette antienne par la schola de la chapelle de la Cour impériale de Vienne :
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Noël
Piero de la Francesca
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Vigile de Noël
Hódie sciétis, quia véniet Dóminus et salvábit nos. Et mane vidébitis glóriam eius.
Aujourd’hui, vous saurez que le Seigneur va venir et qu’il nous sauvera. Et demain matin, vous verrez sa gloire.
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Un sommet
J’ose à peine recopier l’Annonciation selon saint Luc dans la « traduction » de la TOB, tant elle est fausse et d’une impiété frisant le blasphème :
Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, à une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la famille de David; cette jeune fille s'appelait Marie. L'ange entra auprès d'elle et lui dit: «Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi.»
« Une jeune fille »… Ce n’est donc pas seulement le mot hébreu d’Isaïe qu’on refuse de traduire par « vierge », c’est aussi le « parthenos » de l’évangile. Et l’on fait coup double : la Vulgate avait tort, bien sûr, de traduire par « virgo » ; et du coup la traduction d’Isaïe par les Septante elle-même ne signifie pas que la vierge concevra… Puisqu’il n’y a de vierge nulle part…
« Sois joyeuse »… Une note précise qu’ici il ne s’agit pas de la salutation grecque habituelle. Donc la Vulgate avait tort (comme d’habitude) de traduire par « Ave ». Même si le mot grec a toujours le sens de Salut, Bonjour. Avec ici assurément l’arrière-fond de la joie, mais sous-entendu, et en rapport direct avec le mot suivant, qui parle de la grâce : la joie, khara, la grâce, kharis : « Khairé kekharitoméni », l’une des expressions les plus extraordinaires de la Bible.
« Toi qui as la faveur de Dieu »… Voilà ce qui est censé traduire kekharitoméni. Une note affirme que ce mot, dans la Bible, exprime d’abord la faveur du roi. Mais ce n’est pas vrai.
Avoir la faveur du roi, comme traduit la TOB, c’est, dans la Bible, « trouver grâce » (aux yeux du roi, devant le roi). C’est bien le mot « grâce », et non « faveur », le nom « grâce », et non un verbe, et toujours précédé du verbe « trouver » : c’est une expression toute faite qui ne correspond pas du tout à ce que dit l’ange à Marie.
L’ange dit : kekharitoméni. Il suffit de se référer au dictionnaire Bailly pour savoir la vérité. Et le Bailly n’est pas un dictionnaire chrétien, c’est un dictionnaire laïque, universitaire. Le sens du verbe kharitoo, dit-il, c’est : « remplir de la grâce divine ». Que l’on trouve une seule fois à l’actif : Ephésiens 1,6 : Dieu nous gratifie de sa grâce. Et au passif : « être rempli de la grâce divine ». Qu’on ne trouve que deux fois : dans l’évangile de saint Luc, et dans l’Ecclésiastique.
On peut préciser deux choses qui permettent de comprendre la traduction donnée par Bailly :
1- le verbe est au parfait : il indique que l’action a été entièrement accomplie, et pour toujours : donc « être rempli… », complètement, sans que ça puisse changer.
2- Ce passif sans agent est un passif biblique indiquant l’action de Dieu : donc « … de la grâce divine ».
La « traduction » de la TOB est très gravement fautive, mais il y a une note, proprement ahurissante, qui paraît pousser la faute jusqu’à un délire d’impiété :
« Dans la tradition orthodoxe, la traduction la plus courante est : “pleine de grâce”. »
Sic !
En essayant de reconstituer comment on peut en arriver là, je suppose que les "catholiques" et les protestants se sont mis d'accord sur la "traduction" protestante la plus extrémiste, que les orthodoxes ont râlé, et qu’un protestant, pour les calmer, a décidé de mettre cette note. Je n’ose imaginer que ce soit un "catholique"… qui ait complètement oublié que les catholiques disent « Je vous salue Marie pleine de grâce » depuis toujours, et que la haine de la Vulgate (« gratia plena ») détruise la mémoire au point de rejeter sur les seuls orthodoxes la traduction « pleine de grâce »…
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A propos de l’Ecclésiastique, où se trouve l’unique autre exemple du verbe kharitoo au parfait passif : c’est Sir 18,17. Il est dommage que la version latine – non revue par saint Jérôme - l’ait atténué : « justifié ». Alors que si on lui donne son sens plein, le verset est plus clairement une prophétie christique :
« Voici, est-ce donc que la Parole (en grec Logos, en latin Verbum) n’est pas supérieure à un bon don ? Et les deux sont dans l’homme plein de grâce. »
En Jésus, l’homme plein de grâce, sont en effet le Verbe et le Don.
Vous voulez connaître la traduction de la TOB ? « L’homme charitable joint l’un à l’autre. » Et là, il n’y a pas de note pour vous expliquer pourquoi kekharitoméni est devenu « charitable »…
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Noël ?
Voici la carte de vœux de Noël de François.
Une image triste et terne (de Carlo Maratta, ou Maratti, vers 1700), tandis que le message de saint Léon nous dit : « Exultons au jour de notre salut »…
C’est toujours moins sinistre que celle de l’an dernier, la gravure cauchemardesque du très glauque Victor Delhez que le pape aime tant.
Voici l’exemplaire du Metropolitan Museum. Un autre exemplaire a été vendu… 500 £ (680 €) en 2010 par Christie. Art de pauvre pour les pauvres…
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La caravane passe…
Les députés polonais ont adopté hier, par 235 voix contre 181, une loi réformant le fonctionnement du Tribunal constitutionnel. Désormais, le Tribunal devra prendre ses décisions à la majorité des deux tiers (et non plus à la majorité simple), et le quorum devra être de 13 juges (sur 15) au lieu de 9. Le Tribunal devra traiter les affaires dans l’ordre chronologique, et le délai de réponse est porté de deux semaines à trois ou six mois.
Hurlements de l’opposition, naturellement, mais aussi des autorités européennes, qu’il s’agisse de l’UE présidée par le Luxembourg, dont le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn dénonce les « dérives effrayantes » de la Pologne, ou du Conseil de l’Europe, où la présidente de l’Assemblée parlementaire Anne Brasseur avertit que ce vote pourrait « saper sérieusement l’Etat de droit ». Il y a quelques jours, le président du Parlement européen Martin Schulz avait carrément parlé de « coup d’Etat » du parti au pouvoir.
« Le Tribunal constitutionnel est une bande de potes qui veulent nous empêcher de légiférer pour appliquer notre programme », avait dit Jaroslaw Kaczynski. La loi votée hier a d’abord pour but de contourner la décision du Tribunal de juger invalide la nomination de trois nouveaux juges élus par le Parlement. En portant le quorum à 13, le gouvernement oblige le Tribunal à reconnaître les nouveaux juges…
C’est cela qui serait un attentat contre la démocratie… Mais c’est une loi votée démocratiquement à une très large majorité par un Parlement démocratiquement élu. Et qui va être votée également par le Sénat démocratiquement élu, et ratifiée par le président de la République démocratiquement élu.
Nul doute qu’on s’achemine vers diverses résolutions européennes faisant les gros yeux…
Mais les chiens du politiquement correct européiste peuvent toujours aboyer…
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Brunei sans Noël
Exemple clair de la montée en puissance de l’islam pur et dur, le sultanat de Brunei a décidé au printemps 2014 d’appliquer la charia à la lettre (décapitation des apostats, lapidation des femmes adultères, amputation des voleurs, coups de fouet pour consommation d’alcool, etc.). Et de l’appliquer à toute la population, alors que 70% seulement des habitants (les Malais de souche) sont musulmans.
Dès lors il devenait interdit de fêter Noël « ouvertement et de façon excessive », avait dit le sultan. Cette année, le ministère des Affaires religieuses a précisé ce que le sultan entend par là : interdiction de porter des symboles chrétiens, d’allumer des cierges, d’installer des sapins décorés, d’installer toute autre sorte de décoration de Noël, de porter un bonnet de père noël, de chanter des chants religieux, d’envoyer des cartes de vœux de Noël. Le contrevenant s’expose à une peine de cinq ans de prison ou (et) 20.000 $ d’amende. Ces mesures visent à « limiter la célébration “ouvertement et de façon excessive” de Noël parce qu’elle pourrait nuire à l’aqida – fondements de la foi - de la communauté musulmane ».
N.B. Le gouvernement somalien (?) a également interdit toute activité liée à la fête de la Nativité : « Tous les évènements liés aux célébrations des fêtes de Noël et du Nouvel An sont contraires à la culture islamique et pourraient nuire à la foi de la communauté musulmane. » La différence est que la Somalie n'est pas un pays mais un chaos et que les très rares chrétiens qui y restent se cachent toute l'année, donc ça ne change rien, tandis qu'il y a environ 10% de chrétiens à Brunei.
(Bien entendu l'Arabie saoudite n'a pas besoin de rappeler que toute manifestation chrétienne est interdite en permanence sur les "terres du Prophète".)