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saints - Page 24

  • Saint Longin

    Le calendrier byzantin fête aujourd’hui saint Longin, qui n’a pas fait grande carrière en Occident. Il se trouve d’autre part que ce n’est pas la même histoire (même si les deux traditions peuvent éventuellement être jointes, et l’ont été). Dans la Légende dorée et dans l’iconographie occidentale, saint Longin est le soldat romain qui perça le cœur du Christ de sa lance (évangile de saint Jean). Dans la tradition byzantine, saint Longin est le centurion qui s’écria, en voyant les prodiges qui accompagnèrent la crucifixion : « Vraiment celui-ci était le fils de Dieu » (évangile de saint Matthieu). Il était également le centurion chargé de surveiller le tombeau du Christ. Témoin de la résurrection, il refusa le marché de Pilate, de raconter, en échange d’un joli magot, que pendant que les soldats dormaient les disciples étaient venus prendre le corps. De ce fait il quitta l’armée, et retourna chez lui en Cappadoce, où il se mit à prêcher l’évangile. Il fut dénoncé par Pilate à Tibère, qui le fit arrêter et mettre à mort.

    A noter qu'il existe d'autres saint Longin (qui ne sont pas fêtés en ce jour), dont un père du désert, un martyr en Mauritanie, un martyr à Marseille, un évêque de Viviers.

  • Saint Edouard le Confesseur

    Saint Edouard le Confesseur fut le dernier roi d’Angleterre avant la conquête normande. Il avait promis de ne jamais refuser l’aumône demandée au nom de saint Jean l’évangéliste ; un jour, un pauvre lui ayant tendu la main au nom de l’apôtre, le roi, dépourvu d’argent, retira de sa main un riche anneau et le lui donna. Plus tard, saint Jean apparut à deux pèlerins qui se mettaient en voyage pour les Lieux Saints; il leur remit un anneau en leur disant: « Portez cet anneau au roi, c’est lui qui me l’a donné un jour que je lui demandais l’aumône en habit de pèlerin ; dites-lui que, dans six mois, je le visiterai et le mènerai avec moi à la suite de l’Agneau sans tache. » Edouard mourut en effet six mois après. C’était le 5 janvier 1066, et c’est donc au 5 janvier que le nouveau calendrier a fixé sa « fête », ou plutôt une vague mémoire facultative.

    C’est le pape Innocent XI qui avait fixé sa fête au 13 octobre, ce jour étant celui où son corps, exhumé 36 ans après sa mort, avait été retrouvé intact.

  • Saint Borgia

    Oui il y a un saint Borgia : saint François de Borgia. Le célèbre pape Alexandre VI était son arrière-grand-père. Sa mère était la fille de l’archevêque de Saragosse, lui-même bâtard du roi Ferdinand… le Catholique.

    François est un beau et brillant chevalier. A la cour de Charles Quint, il devient grand écuyer de l’impératrice, grand veneur de l’empereur, marquis de Lombay, vice-roi de Catalogne, et à la mort de son père duc de Gandie. Mais à la différence d’un certain nombre de personnages de son arbre généalogique, il est vraiment chrétien. Deux ans après la mort de sa femme, il décide, à 36 ans, de devenir jésuite. Il deviendra le deuxième successeur de saint Ignace, et il est considéré comme le « second fondateur de l’ordre », auquel il donne sa physionomie spirituelle définitive.

    Mort en 1572, il a été canonisé dès 1671.

  • Saint Denis

    medium_st_denis.jpgSaint Denis fut le premier évêque de Paris, et sainte Geneviève fit édifier une église sur son tombeau, à… Saint-Denis.

    La confusion entre cet évêque martyr et saint Denys l’Aréopagite, philosophe converti par saint Paul et devenu premier évêque d’Athènes, remonte au IXe siècle, lorsque les écrits de saint Denys (on dit aujourd’hui le pseudo-Denys, car on considère que les œuvres qui portent cette signature ont été écrites plus tard) arrivèrent à l’abbaye de Saint-Denis, où elles furent l’objet de grandes études, et le point de départ d’études grecques. On a même des documents des XIIe-XIIIe siècles qui montrent que le monastère célébrait la fête de saint Denis en grec.

    Il est étonnant de constater que l’Orient a fait sienne la confusion entre les deux Denis au même moment, à partir du IXe siècle, signe d’une relation vraiment étroite entre les clercs d’Athènes et de Paris à cette époque.

    Depuis quelques années, des orthodoxes célèbrent un office à la basilique de Saint-Denis le jour de sa fête dans leur calendrier.

    Il est remarquable de voir certains orthodoxes tenir à ce que saint Denys l’Aréopagite soit le même que saint Denis de Paris. De son côté, la liturgie latine a en quelque sorte consacré l’assimilation entre les deux saints en choisissant comme épître de sa messe le passage de la conversion de Denys l’Aréopagite par saint Paul.

    Mais, quelle que soit l’aversion qu’on puisse avoir pour l’hyper-critique historique rationaliste à laquelle l’Eglise s’est honteusement soumise dans les années du Concile (avant de faire heureusement marche arrière en certains cas), il n’est hélas pas possible que l’Aréopagite ait été évêque de Paris, car il est établi (depuis au moins saint Grégoire de Tours, au VIe siècle…) que Lutèce a été évangélisée au IIIe siècle. L'Aréopagite aurait eu au moins 200 ans.

  • Deux Placide en un

    Avant d’être le « jeudi de la 26e semaine du temps ordinaire » (comme s’il pouvait y avoir un temps ordinaire dans la liturgie, quelle expression affreuse), ce 5 octobre était la fête de saint Placide et de ses compagnons, martyrs. Et une grande fête chez les bénédictins, puisque Placide était un disciple de saint Benoît. En fait ce Placide martyr, qui avec d’autres fut victime des pirates barbaresques en Sicile, a été confondu avec le disciple de saint Benoît, que l’on fêtait le même jour.

    On lit toujours avec émotion le récit du miracle de Placide sauvé des eaux, tel que le raconte saint Gégoire le Grand dans son livre sur saint Benoît, et que voici :

    « Un certain jour, alors que le même vénérable Benoît se tenait en cellule, ledit Placide, cet enfant attaché à la personne du saint homme, sortit pour puiser de l'eau dans le lac. Tenant son récipient, il eut un geste imprudent en le mettant dans l'eau, et entraîné par ce mouvement, il y tomba lui aussi. Aussitôt, le courant le saisit, l'éloigna du bord et le tira vers le large jusqu'à la distance d'un jet de flèche ! Or l'homme de Dieu, à l'intérieur de sa cellule, eut aussitôt conscience de ce qui s'était passé et appela Maur en toute hâte : "Frère, lui dit-il, cours ! L'enfant qui était allé puiser de l'eau est tombée dans le lac et le courant l'a déjà entraîné fort loin !"

    « Chose admirable et qui ne s'était pas reproduite depuis l'apôtre Pierre ! Voici: la bénédiction ayant été demandée et reçue, Maur, stimulé par l'ordre de son Père gagna cet endroit et, se croyant toujours sur la terre ferme, il continua sa course sur l'eau jusqu'à l'endroit où l'enfant avait été emporté par le courant : il le saisit par les cheveux et revint toujours en courant. A peine eut-il touché terre et repris ses esprits qu'il jeta un regard derrière lui et voici que, ce qu'il n'aurait jamais cru possible, étonné et tout tremblant, il le voyait accompli !

    « De retour chez le Père, il lui rendit compte de cet exploit. Le vénérable homme de Dieu, Benoît, lui, se mit à attribuer la chose non à ses propres mérites mais à l'obéissance de son disciple. Maur, au contraire, disait que c'était dû uniquement à son ordre : il était bien conscient que cela ne venait pas de sa propre vertu puisqu'il avait agi inconsciemment. Mais voici que dans cet assaut d'humilité, réciproque et amical, l'enfant sauvé intervint comme arbitre. Car il disait : "Moi, lorsque j'étais retiré de l'eau, je voyais au-dessus de ma tête la melote du Père Abbé, et j'avais conscience que c'était lui qui me conduisait hors de l'eau." »

  • Saint François

    Olivier Messiaen

    Saint François d’Assise

    5e tableau

    L’ange

    – Dieu nous éblouit par excès de vérité. La musique nous porte à Dieu par défaut de vérité.

    8e tableau

    Saint François

    – Seigneur ! Seigneur ! Musique et poésie m’ont conduit vers Toi : par image, par symbole, et par défaut de vérité. Seigneur ! Seigneur ! Seigneur, illumine-moi de ta Présence ! Délivre-moi, enivre-moi, éblouis-moi pour toujours de ton excès de Vérité…

    (Il meurt)

  • La « petite » Thérèse

    La fête de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus avait été logiquement fixée au 3 octobre : le premier jour disponible après l’anniversaire de sa naissance au ciel. Au grand jeu de chaises musicales, ou plutôt de billard américain, qu’a été la réforme du calendrier liturgique, saint Thérèse est allée prendre la place de saint Rémi, au 1er octobre, lequel s’est trouvé envoyé au 15 janvier, à la place déjà occupée par saint Paul ermite, et pour une mémoire seulement facultative. Autrement dit saint Rémi est passé à la trappe. Ce n’est évidemment pas par hasard.

    Sainte Thérèse est l’un des très grands maîtres spirituels de l’histoire de l’Eglise. Oui, elle est vraiment docteur de l’Eglise. Ce qui est frappant est de voir la pureté et la radicalité de sa doctrine, en son temps d’abominables bondieuseries et de lectures prétendument pieuses aussi éloignées que possible des sources de la Vie.

    Ce qui est encore plus frappant est de voir comment, par delà les siècles, la « petite » Thérèse apparaît comme la sœur, l’âme sœur, de Dosithée, le « petit » moine du monastère de Jean, Barsanuphe et Dorothée, aux premiers temps du monachisme, en Palestine, à Gaza. La spiritualité de Thérèse et celle de Dosithée sont tout simplement identiques.

    Or il se trouve que la tante de Thérèse avait pris au couvent le nom de Marie-Dosithée, et que Léonie, la sœur de Thérèse, avait d’abord pris comme nom Thérèse-Dosithée. Non, Dosithée, ce n’était pas elles, ce sera Thérèse. Mais comment connaissaient-elles seulement le nom de Dosithée, en ce temps où personne ne se préoccupait des pères du désert ? Et Thérèse savait-elle donc que Dosithée était son petit frère de Gaza ?

    Je ne suis pas du tout un spécialiste de sainte Thérèse. Si quelqu’un peut répondre à ces questions, je lui en serai très reconnaissant.

  • Saint Jérôme

    Saint Jérôme est (notamment) l’auteur, pour l’essentiel, de la traduction latine de la Bible appelée Vulgate, et qui a été jusqu’à la « nouvelle Vulgate » la version officielle de la Bible dans l’Eglise catholique. C’est l’occasion de rappeler que la version la plus ancienne de l’Ancien Testament que nous ayons est le texte grec des Septante. Ensuite, c’est la Vulgate, qui n’est pas une traduction des Septante, mais l’établissement d’un texte authentique à partir de plusieurs manuscrits hébraïques dont saint Jérôme disposait, et qu’il pouvait comparer à la version des Septante. Les prétendus « textes originaux hébraïques » dont nous disposons aujourd’hui, à partir desquels sont traduites les Bibles modernes, sont tous nettement postérieurs à la Vulgate, en dehors des fragments retrouvés à Qumran. Ils ne remontent pas au-delà des VIIIe-IXe siècles.

    Il est à noter que saint Jérôme n’a pas réussi à imposer sa version des psaumes, bien qu’il tempêtât, avec toute son énergie de virulent polémiste, contre ceux qui préfèrent l’eau boueuse à l’eau claire. C’est que l’ancienne version latine des psaumes était déjà devenue la version « traditionnelle », adoptée par tous dans le cadre de la liturgie.

    Après le concile Vatican II a été réalisée une « nouvelle Vulgate », qui ne sert à personne, puisque la plupart des clercs et des fidèles ont abandonné le latin, et que ceux qui lisent encore la Sainte Ecriture en latin sont restés fidèles à l’ancienne Vulgate. On remarquera que dans les monastères où l’on a continué à chanter l’office en latin tout en adoptant la nouvelle liturgie (en tout cas dans un monastère que je connais), on a essayé d’utiliser les psaumes selon la nouvelle Vulgate, puis on y a renoncé, car cette version n’était tout simplement pas chantable. Les doctes scientifiques qui ont élaboré le texte ont tout simplement oublié que les psaumes ont vocation à être psalmodiés…

     

  • L’Assomption de saint Jean

    La fête de ce jour, dans le calendrier byzantin, est intitulée Assomption (metastasis) du glorieux et illustre apôtre saint Jean l’évangéliste. Cela a de quoi nous surprendre. Pourtant, un célèbre tableau de Giotto représente l’assomption de saint Jean, que l’on trouve aussi sur un bandeau de la cathédrale de Reims. Non seulement l’assomption de saint Jean ne fait pas partie du dogme catholique, mais pour nombre d’auteurs orientaux cette « assomption » n’est rien d’autre que la mort sereine de saint Jean. L’idée que saint Jean serait monté au ciel corps et âme vient d’anciens textes orientaux qui racontent comment les disciples de l’apôtre l’enterrèrent, et comment d’autres disciples, voulant voir une dernière fois le corps de leur maître, découvrirent le tombeau vide. Cette tradition est une interprétation de la parole énigmatique du Christ rapportée par… saint Jean à la fin de son évangile, en réponse à une question de saint Pierre : « Si je veux qu'il reste jusqu'à ce que je vienne, qu'est-ce que cela te fait ? » Propos que saint Jean commente ainsi : « Le bruit se répandit alors chez les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or Jésus n’avait pas dit à Pierre “Il ne mourra pas“, mais “Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne“. »

    L’assomption de saint Jean se trouve également dans des textes occidentaux (ce qui explique Giotto et Reims). Voici comment la raconte Jacques de Voragine, dans la Légende dorée, d’après le livre de saint Isidore de Séville sur La naissance et la mort des Pères : « A l’âge de 98 ans et l’an 67, selon Isidore, après la passion du Seigneur, J.-C. lui apparut avec ses disciples et lui dit : « Viens avec moi, mon bien-aimé, il est temps de t'asseoir à ma table avec tes frères. » Jean se leva et voulut marcher. Le Seigneur lui dit : « Tu viendras auprès de moi dimanche. » Or le dimanche arrivé, tout le peuple se réunit à l’église qui avait été dédiée en son nom. Dès le chant des oiseaux, il se mit à prêcher, exhorta les chrétiens à être fermes dans la foi et fervents à pratiquer les commandements de Dieu. Puis il fit creuser une fosse carrée vis-à-vis l’autel et en jeter la terre hors de l’église. Il descendit dans la fosse, et les bras étendus, il dit à Dieu : « Seigneur J.-C., vous  m’avez invité à votre festin; je viens vous remercier de l’honneur que vous m’avez fait ; je sais que c'est de tout cœur que j'ai soupiré après vous. » Sa prière finie, il fut environné d'une si grande lumière que personne ne put le regarder. Quand la lumière eut disparu, on trouva la fosse pleine de manne, et jusqu'aujourd'hui il se forme de la manne en ce lieu, de telle sorte qu'au fond de la fosse, il paraît sourdre un sable fin comme on voit l’eau jaillir d'une fontaine. »

  • Saint Matthieu

    Matthieu, qui en fait s'appelait Lévi (comme tout le monde) tenait le bureau de douane et d’octroi à Capharnaum (Kfar Nahum), ville située sur le lac de Tibériade et d’où Jésus rayonnait, par terre ou par « mer », dans toute la Galilée. Auteur du premier évangile et l’un des douze apôtres, il évangélisa l’Ethiopie selon une ancienne tradition. Ses reliques sont à Salerne, sur la côte amalfitaine, l’un des plus beaux endroits du monde.

    Capharnaum est l’un des innombrables exemples des confirmations historiques et topologiques de l’Ecriture sainte par l’archéologie. La ville a complètement disparu. Ce n’est qu’en 1838 qu’on détermina le site. Et à partir de la fin du XIXe siècle eurent lieu des fouilles, qui permirent de mettre au jour une basilique octogonale du Ve siècle, enserrant une maison qui avait elle-même été transformée en lieu de culte, et sur les murs de cette maison on a trouvé des graffitis en araméen, grec, syriaque et latin, avec les mots Jésus, Seigneur, Christ et Pierre.

    Cette maison était manifestement celle de saint Pierre. D’autant que nous avons le témoignage d’une Espagnole qui, dans le récit de son pèlerinage en terre sainte effectué entre 381 et 384, explique qu’elle a vu comment la maison de saint Pierre (où logeait aussi Jésus) a été transformée en église.