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saints - Page 25

  • Saint Joseph de Cupertino

    medium_image004.gifLa vie de saint Joseph de Copertino (1603-1663) est un gag divin, qui ne le fit pas vraiment rire. Tout petit déjà, on l’appelait « bouche-bée », parce que tout lui était l’occasion de tomber en extase. De ce fait il était incapable de faire quoi que ce soit, puisque lorsqu’il tombait en extase tout lui tombait des mains, et en outre il était quasiment analphabète et avait un air parfaitement ahuri.

    Après plusieurs tentatives infructueuses, sa famille réussit à le faire admettre dans un couvent de capucins, comme simple oblat, avec pour tâche de s’occuper de la mule. Mais il voulait devenir frère franciscain, et prêtre. Et il y réussit. Il passa par miracle l’examen du sacerdoce. L’évêque commença par interroger les premiers candidats, qui étaient si forts en théologie qu’il décida d’admettre tout le groupe, dont Joseph. Du coup, saint Joseph de Copertino est le patron des étudiants qui passent des examens…

    A partir de ce moment-là, il se mit à léviter, et de façon très impressionnante. Avec décollage vertical et atterrissage, accompagné d’un cri rauque, au pied de l’image ou de la statue qui avait provoqué son extase. Un jour il se prit dans les branches d’un olivier et il fallut une échelle pour le faire redescendre. On voulut le présenter au pape, et il lévita aussitôt, ce qui fit peur au souverain pontife. Ses lévitations finirent par le faire soupçonner de diablerie ou d’imposture par l’Inquisition, qui le convoqua. Dès qu’il entra dans la salle d’audience, il se colla au plafond. On l’envoya vivre en reclus dans un couvent. On le dit saint patron des aviateurs. Je ne sais pas si cela est officiel dans l’Eglise, ou provient seulement de la blague de Blaise Cendrars (dans Le lotissement du ciel).

    Joseph de Copertino n’est pas saint parce qu’il lévitait mais parce qu’il fut d’une patience et d’une obéissance héroïques, d’une charité sans bornes et d’une piété exceptionnelle. Lors de son procès en béatification, un témoin dira qu’il en avait davantage appris dans ses quelques conversations avec Joseph que dans tous les livres de théologie.

    Néanmoins l’Eglise n’a pas laissé passer l’occasion de se servir de ce don intempestif pour en donner, cum grano salis, la signification spirituelle, dans la collecte de sa messe : « Dieu, qui avez voulu que votre Fils unique, élevé de terre, attirât tout à lui, faites, dans votre bonté, qu’à l’exemple et par les mérites de votre séraphique confesseur Joseph, nous élevant au-dessus de tous les désirs terrestres, nous méritions de parvenir jusqu’à celui qui, étant Dieu, vit et règne dans les siècles des siècles. Amen. »

  • Sainte Euphémie

    medium_24_euphemie.jpgSainte Euphémie n’est plus qu’un nom enfoui dans le martyrologe romain. Avant la réforme liturgique, elle était commémorée dans le calendrier monastique bénédictin. En Orient, elle a pourtant reçu le titre rare de « mégalomartyre » (grande martyre), et elle a deux fêtes dans l’année : le jour de son martyre, le 16 septembre, et le 11 juillet. Dans La légende dorée, Jacques de Voragine raconte par le menu comment elle fut martyrisée sous Dioclétien. Mais son destin posthume mérite de ne pas être oublié, particulièrement en France.
    Sainte Euphémie était de Chalcédoine, et sur son tombeau on édifia une grande basilique. C’est cette basilique qui fut choisie pour accueillir le IVe concile œcuménique. Ainsi, comme le dit Dom Guéranger dans L’Année liturgique, « c'est sur sa tombe que fut promulguée la condamnation de l'impie Eutychès, et vengée l'intégralité de la double nature de l'Epoux, homme et Dieu ».
    Selon l’historien Nicéphore, les pères du concile, après des jours de discussions sans fin, décidèrent de demander à Dieu de trancher sur la question de la personne du Christ. Chacun des deux camps déposa dans la tombe d’Euphémie l’exposé de sa doctrine, et les pères se mirent en prière. Quand ils ouvrirent le tombeau, la thèse orthodoxe se trouvait sur la poitrine de la sainte (ou dans sa main droite selon les sources), et la thèse hérétique à ses pieds. C’était le 11 juillet 451, et la deuxième fête de sainte Euphémie commémore donc ce miracle.
    « La grande martyre sembla conserver d'un si auguste souvenir une prédilection pour les hautes études concernant la doctrine sacrée », dit Dom Guéranger. La mégalomartyre était devenue, post mortem, une grande théologienne. Et la faculté de théologie de l’Université de Paris l’honorait comme sa patronne principale. En 1617, le grand maître de l’Ordre de Malte, Aloph de Vignacourt, apporta à la Sorbonne des reliques de la sainte, dont le corps avait été transféré à Rhodes, puis à Malte dans l'église Saint-Jean.
    Que sont devenues les reliques de sainte Euphémie ? La Révolution est passée par là, effaçant le souvenir des anciens martyrs et en faisant de nouveaux.