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saints - Page 19

  • Saint Louis de Gonzague

    Entré chez les jésuites à l’âge de 16 ans, il mourut à 23 ans, victime de son dévouement auprès des malades dans les hôpitaux. Modèle de pureté, il a été désigné comme saint patron des jeunes gens par le pape Benoît XIII. Sainte Marie-Madeleine de Pazzi vit sa gloire en extase :

    Oh ! combien grande est la gloire de Louis fils d'Ignace ! Je ne l'aurais jamais cru, si mon Jésus ne me l'avait montrée. Je n'aurais jamais cru qu'il y eût dans le ciel de gloire aussi grande. Qui jamais expliquera le prix et la puissance des actes intérieurs ? La gloire de Louis n'est si grande, que parce qu'il opérait ainsi au-dedans. De l'intérieur à ce qui se voit, aucune comparaison n'est possible. Louis, tant qu'il vécut sur terre, eut l'œil attentif au regard du Verbe, et c'est pourquoi il est si grand. Louis fut un martyr inconnu : quiconque vous aime, mon Dieu, vous connaît si grand, si infiniment aimable, que ce lui est un grand martyre de reconnaître qu'il ne vous aime pas autant qu'il désire aimer, et que vous n'êtes pas aimé de vos créatures, mais offensé !... Aussi lui-même fit son martyre. Oh ! combien il a aimé sur terre ! c'est pourquoi, maintenant au ciel, il possède Dieu dans une souveraine plénitude d'amour. Mortel encore, il déchargeait son arc au cœur du Verbe ; et maintenant qu'il est au ciel, ces flèches reposent dans son propre cœur. Car cette communication de la divinité qu'il méritait par les flèches de ses actes d'amour et d'union avec Dieu, maintenant, en toute vérité, il la possède et l'embrasse.

  • Saint Silvère, pape

    Le bréviaire romain dit ceci :

    « Silvère, né en Campanie, fut le successeur d'Agapit dans le pontificat. Il fit briller sa doctrine et sa sainteté dans la poursuite des hérétiques, et sa force d'âme apparut tout entière dans la manière dont il maintint le jugement d'Agapit. Malgré les instances réitérées de l'impératrice Theodora, il se refusa à rétablir Anthime qu'Agapit avait déposé de l'évêché de Constantinople comme fauteur de l'hérésie eutychienne. Rendue furieuse, Theodora manda à Bélisaire d'envoyer Silvère en exil. L'île Pontia fut le lieu de son bannissement. On rapporte qu'il écrivait de là en ces termes à l'évêque Amator : Je vis d'un pain de tribulation et d'une eau d'angoisse ; et cependant, je n'ai point abandonné, je n'abandonne point ma charge. Bientôt, en effet, usé de chagrins et de souffrances, il s'endormit dans le Seigneur le douze des calendes de juillet. Son corps, porté à Rome et déposé dans la basilique Vaticane, a été illustré par de nombreux miracles. Il fut trois ans et plus à la tête de l'Eglise ; il créa, au mois de décembre, treize prêtres, cinq diacres et dix-neuf évêques pour divers lieux. »

    On lit dans la Vie des saints de l’abbé Jaud que Silvère fut d’abord envoyé en exil à Patare, en Asie.

    « L'évêque de Patare le reçut d'une manière fort honorable et prit hardiment sa défense à la cour de Constantinople; il menaça le faible empereur Justinien des jugements de Dieu, s'il ne réparait le scandale: "Il y a plusieurs rois dans le monde, lui dit-il, mais il n'y a qu'un Pape dans l'univers." Ces paroles, dans la bouche d'un évêque d'Orient, montrent bien que la suprématie du siège de Rome était reconnue partout. Justinien, trompé jusqu'alors, se rendit aux observations de l'évêque, et peu après, malgré l'impératrice, Silvère revint en Italie; mais bientôt de nouvelles intrigues le conduisirent dans l'île déserte de Pontia, où il subit un second exil plus rigoureux que le premier. »

  • Saints Gervais et Protais

    Ce fut sous Néron qu'ils souffrirent, vers l’an du Seigneur 57. Longtemps leurs corps restèrent cachés, mais ils furent découverts au temps de saint Ambroise de la manière suivante: Saint Ambroise était en oraison dans l’église des saints Nabor et Félix ; il n'était ni tout à fait éveillé, ni entièrement endormi, lorsque lui apparurent deux jeunes gens de la plus grande beauté, couverts de vêtements blancs composés d'une tunique et d'un manteau, chaussés de petites bottines, et priant avec lui les mains étendues. Saint Ambroise pria, afin que si c'était une illusion, elle ne se reproduisît plus, mais que si c'était une réalité, il eût une seconde révélation. Les jeunes gens lui apparurent de la même manière à l’heure du chant du coq, et prièrent encore avec lui ; mais la troisième nuit, saint Ambroise, étant tout éveillé (son corps était fatigué par les jeûnes) fut saisi de voir apparaître une troisième personne qui lui semblait être saint Paul, d'après les portraits qu'il en avait vus. Les deux jeunes gens se turent et l’apôtre dit à saint Ambroise : «Voici ceux qui, suivant mes avis, n'ont désiré rien des choses terrestres; tu trouveras leurs corps dans le lieu où tu es en ce moment ; à douze pieds de profondeur, tu rencontreras une voûte recouverte de terre, et auprès de leur tête un petit volume contenant le récit de leur naissance et de leur mort. » Saint Ambroise convoqua donc ses frères, les évêques voisins ; il se mit le premier à creuser la terre, et trouva le tout comme lui avait dit saint Paul ; et bien que plus de trois cents ans se fussent écoulés, les corps des saints furent découverts dans le même état que s'ils venaient d'être ensevelis à l’heure même. Une odeur merveilleuse et extraordinairement suave émanait du tombeau.

    (Légende dorée)

  • Saint Basile le Grand

    Modestus s’étrangle de rage : « Personne jusqu’ici n’a osé me parler de cette façon ! »

    « Sans doute n’as-tu jamais rencontré d’évêque ! » ironise Basile.

    Entre le préfet Modestus, l’émissaire particulier de l’empereur Valens et Basile, l’évêque de Césarée, l’échange est particulièrement rude. Il faut dire que Basile, qui a déjà affronté l’empereur lui-même, ne va pas courber l’échine devant un vulgaire fonctionnaire. Dans l’épreuve de force qui l’oppose à l’empereur, arien convaincu, Basile ne cède pas un pouce.

    La doctrine du prêtre Arius a été condamnée sans appel par le concile de Nicée, ses tenants ont été déclarés hérétiques. Les colères de l’empereur ou de ses sbires n’y pourront rien changer ni aujourd’hui, ni jamais. Basile n’a qu’un Credo, celui que Nicée a proclamé. Et, au nom de cette foi, Basile est prêt, s’il le faut, à donner sa vie. À bout d’arguments, Modestus se retire, jurant qu’il reviendra et qu’alors le fer parlera. Il se trompe. La farouche résistance de Basile a ébranlé l’empereur lui-même. Et tandis que les persécutions se déchaînent un peu partout, la Cappadoce est épargnée. Le métropolitain de Césarée conservera le libre gouvernement de son église durant les neuf années de son épiscopat, et ses évêques ne seront pas inquiétés.

    Cette fermeté dans la foi et cette liberté face aux grands sont sans doute à l’origine de l’extraordinaire rayonnement de l’imposante figure de Basile. Celui que l’Eglise appela très tôt Basile le Grand, son frère Grégoire de Nysse et son ami de toujours Grégoire de Nazianze sont les trois grands Cappadociens qui marquèrent l’Eglise d’Orient par la justesse de leur théologie.

    (Le Livre des merveilles)

  • Saint Antoine de Padoue

    Le répons de saint Antoine de Padoue (huitième répons de l’office franciscain de la fête)

    Si vous cherchez des miracles : la mort, l'erreur, le malheur, le démon, la lèpre, s'enfuient, les malades se lèvent guéris.

    On voit céder la mer, et les chaînes se briser, jeunes et vieux retrouver par la prière l'usage de leurs membres et les objets perdus.

    Les dangers s'évanouissent, le besoin cesse : à ceux qui l'éprouvent de le raconter, aux Padouans de le dire.

    On voit céder la mer...

    Gloire au Père...

    On voit céder la mer...

    Priez pour nous, saint Antoine,

    Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Jésus-Christ.

    Prions. Que la mémoire que nous faisons du bienheureux Antoine votre confesseur soit pour votre Eglise, ô Dieu, une cause de joie ; qu'elle y trouve l'appui constant de vos grâces, et l'assurance du bonheur éternel. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Ainsi soit-il.

  • Saint Jean de Saint-Facond

    « En ce temps-là Salamanque était tellement divisée par les factions, que toutes les lois divines et humaines s'y trouvaient confondues ; des meurtres avaient lieu presque à chaque heure ; les rues, les places publiques, les églises même, regorgeaient du sang de personnages de tout ordre et surtout des nobles. Jean parvint à calmer les esprits par ses discours publics et ses entretiens privés, et il ramena la tranquillité dans la ville. »

    Noble enfant de la catholique Espagne, il prépara les grandeurs de sa patrie, non moins que ne le firent les héros des combats où le Maure succombait sans retour. Au moment où s'achevait la croisade huit fois séculaire qui chassa le Croissant du sol ibérique, lorsque les multiples royaumes de cette terre magnanime se rassemblaient dans l'unité d'un seul sceptre, l'humble ermite de Saint-Augustin fondait dans les cœurs cette unité puissante inaugurant déjà les gloires du XVIe siècle. Quand il parut, les rivalités qu'un faux point d'honneur excite trop facilement dans une nation armée, souillaient l'Espagne du sang de ses fils versé par des mains chrétiennes ; la discorde, abattue par ses mains désarmées, forme le piédestal où il reçoit maintenant les hommages de l'Eglise.

    Vous méritiez, bienheureux Saint, d'apparaître au ciel de l'Eglise en ces semaines qui relèvent immédiatement de la glorieuse Pentecôte. Longtemps à l'avance, Isaïe, contemplant le monde au lendemain de l'avènement du Paraclet, décrivait ainsi le spectacle offert à ses yeux prophétiques : « Qu'ils sont beaux sur les montagnes les pieds des messagers de la paix, des porteurs du salut disant à Sion : Ton Dieu va régner ! » C'étaient les Apôtres, prenant pour Dieu possession du monde, qu'admirait ainsi le Prophète ; mais leur mission, telle qu'il la définit dans son enthousiasme inspiré, ne fut-elle pas aussi la vôtre ? Le même Esprit qui les animait dirigea vos voies ; le Roi pacifique vit par vous son sceptre affermi dans une des plus illustres nations formant son empire. Au ciel où vous régnez avec lui, la paix qui fut l'objet de vos travaux est aujourd'hui votre récompense. Vous éprouvez la vérité de cette parole que le Maître avait dite en pensant à ceux qui vous ressemblent, à tous ceux qui, apôtres ou non, établissent du moins la paix dans la terre de leurs cœurs : « Bienheureux les pacifiques ; car ils seront appelés fils de Dieu ! » Vous êtes entré en possession de l'héritage du Père ; le béatifiant repos de la Trinité sainte remplit votre âme, et s'épanche d'elle jusqu'à nos froides régions en ce jour.

    Continuez à l'Espagne, votre patrie, le secours qui lui fut si précieux. Elle n'occupe plus dans la chrétienté cette place éminente qui fut la sienne après votre mort glorieuse. Persuadez-la que ce n'est  pas en prêtant l'oreille  toujours plus aux accents d'une fausse liberté, qu'elle retrouvera sa grandeur. Ce qui l'a faite dans le passé puissante et forte, peut toujours attirer sur elle les bénédictions de Celui par qui règnent les rois. Le dévouement au Christ fut sa gloire, l'attachement à la vérité son trésor. La vérité révélée met seule les hommes dans la vraie liberté ; seule encore, elle peut garder indissolublement uni dans une nation le faisceau des intelligences et des volontés : lien puissant, qui assure la force d'un pays en dehors de ses frontières, et au dedans la paix. Apôtre de la paix, rappelez donc à votre peuple, apprenez à tous, que la fidélité absolue aux enseignements de l'Eglise est le seul terrain où des chrétiens puissent chercher et trouver la concorde.

    (Dom Guéranger, Année liturgique)

  • Saint Barnabé

    A Antioche, un grand nombre de croyants se convertirent au Seigneur. Le bruit en parvint aux oreilles de l'église qui était à Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabé jusqu'à Antioche. Lorsqu'il fut arrivé et qu'il eut vu la grâce de Dieu, il se réjouit, et il les exhortait tous à persévérer avec un cœur ferme dans le Seigneur; car c'était un homme bon, plein de l'Esprit-Saint et de foi. Et une foule nombreuse se joignit au Seigneur.

    Barnabé se rendit ensuite à Tarse, pour chercher Saul; l'ayant trouvé, il l'amena à Antioche. Et ils demeurèrent une année dans cette église, et ils instruisirent une foule nombreuse; en sorte que ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens.

    (...) Or pendant qu'ils célébraient le culte du Seigneur et qu'ils jeûnaient, l'Esprit-Saint leur dit: Séparez-Moi Saul et Barnabé, pour l'oeuvre à laquelle Je les ai appelés. Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir.

    (...) Quand l'assemblée se fut séparée, beaucoup de Juifs et d'étrangers craignant Dieu suivirent Paul et Barnabé, qui, prenant la parole, les exhortaient à persévérer dans la grâce de Dieu. Le sabbat suivant, presque toute la ville se réunit pour entendre la parole de Dieu. Mais les Juifs, voyant cette foule, furent remplis de jalousie, et ils contredisaient, en blasphémant, ce que Paul disait. Alors Paul et Barnabé dirent hardiment : C'est à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez indignes de la vie éternelle, voici que nous nous tournons vers les gentils. Car le Seigneur nous l'a ainsi ordonné: Je t'ai établi pour être la lumière des nations, afin que tu sois le salut jusqu'aux extrémités de la terre. Entendant cela, les gentils se réjouirent, et ils glorifiaient la parole du Seigneur; et tous ceux qui avaient été prédestinés à la vie éternelle devinrent croyants.

    Ainsi la parole du Seigneur se répandait dans toute la contrée. Mais les Juifs soulevèrent les femmes pieuses et de distinction, et les principaux de la ville, et excitèrent une persécution contre Paul et Barnabé, et les chassèrent de leur territoire. Mais ceux-ci, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, vinrent à Iconium. Cependant, les disciples étaient remplis de joie et de l'Esprit-Saint.

    (Actes des apôtres)

  • Saint Maximin

    Maximin était un notable, proche de la famille de Béthanie et l'un des soixante-douze disciples du Seigneur. Il connaissait donc bien Lazare, Marthe et Marie, et il les accompagna lors de leur traversée. Il commença à évangéliser Aix-en-Provence aidé de Marie-Madeleine. Pour célébrer la messe et prier avec elle et les tout premiers chrétiens, il avait construit en dehors de la ville, dans un endroit solitaire, un tout petit oratoire qui ne pouvait guère contenir plus de 10 à 12 personnes, l'oratoire de Saint Sauveur.

    Puis Marie-Madeleine le laissa à son apostolat pour se retirer dans la solitude de la Sainte Baume. Le jour où elle sentit qu'elle allait mourir, elle descendit dans la plaine, retrouva Maximin qui venait à sa rencontre,  qui lui donna la communion et l'ensevelit. Il demanda à avoir sa sépulture près de la sienne, ce qui fut fait.

    Il mourut le 7 juin, jour où l'on célèbre sa fête [mais elle est indiquée au 8 juin tant dans le nouveau calendrier que dans l'ancien]. Ce jour-là, dans la liturgie d'Aix, au début de l'évangile on lisait le passage de Saint Luc: « Après que le Seigneur eut choisi les douze apôtres, il désigna encore soixante-douze disciples; et il leur dit: Dans toutes les maisons où vous entrerez, dites d'abord: La paix soit à cette maison. » C'est ce qu'illustre le bas-relief qui orne le centre du somptueux sarcophage que les fidèles lui offriront au IIIe ou IVe siècle, dit aussi sarcophage de sainte Marcelle, où on le voit recevant sa mission du Christ, les bras ouverts dans l'attitude de l'orant.

    (Lu sur le site de l’Association de soutien à la tradition des saints de Provence, qui ajoute à propos de l’oratoire de saint-Sauveur :

    Les habitants d'Aix avaient tant de vénération pour cet endroit tout près duquel se trouvait le baptistère, que c'est autour de cet oratoire qu'ils vinrent s'installer après le départ des sarrasins. Ils formèrent un bourg qui prit de l'importance. La nouvelle cathédrale d'Aix y fut construite et englobait l'oratoire. Elle fut consacrée en 1103 sous le vocable de Saint Maximin et Sainte Marie Madeleine.

    La Révolution de 1789 l'épargna.

    Et aujourd'hui ?

    ll n'en reste plus rien: il a été détruit en 1808 alors que Mgr Champion de Cicé était Archevêque d'Aix et Arles, pour la simple raison que, intégré à l'intérieur de la cathédrale, il obstruait la vue d'un des bas-côtés!  Seule une inscription en garde le souvenir.)

  • Saint Norbert

    Norbert, qui porte en ses veines le sang des empereurs et des rois, s'est vu convier surnaturellement, dès le sein de sa mère Hadwige, à une noblesse plus haute ; et cependant, trente-trois années d'une vie qui n'en doit guère compter plus de cinquante, ont été données par lui sans réserve aux plaisirs. Il est temps pour l'Esprit divin de hâter sa conquête. Un jour, dans un orage soudainement survenu, la foudre tombe au-devant du prodigue ; elle le précipite de son cheval, et creuse un abîme entre lui et le but où le porte une soif inassouvie de vanités qui n'arrivent point à combler le vide de son cœur. Alors, au plus intime de son âme retentit la voix qu'entendit Saul sur le chemin de Damas: « Norbert, où vas-tu? » Et le miséricordieux dialogue continue entre Dieu et ce nouveau Paul : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? — Eloigne-toi du mal, et fais le bien ; cherche la paix et poursuis-la. » Vingt ans après, Norbert est au ciel, occupant parmi les pontifes un trône illustre, et rayonnant de l'éclat qui marque dans la patrie les fondateurs des grands Ordres religieux.

    Quelle trace profonde, durant les années de sa pénitence, il a laissée sur terre ! L'Allemagne et la France évangélisées, Anvers délivré d'une infâme hérésie, Magdebourg arraché par son archevêque aux dérèglements qui souillaient la maison de Dieu : tant d'oeuvres dignes de remplir une longue et sainte vie, ne sont point pourtant les plus beaux titres de Norbert à la reconnaissance de l'Eglise. Avant d'être appelé malgré lui aux honneurs de l'épiscopat, l'ancien hôte de la cour impériale avait choisi dans les forêts du diocèse de Laon, pour prier Dieu et châtier son corps, une solitude inhabitable. Mais bientôt Prémontré a vu ses marécages envahis par des multitudes ; les plus beaux noms de la noblesse venaient demander au grand pénitent la science du salut. En même temps, Notre Dame lui montrait l'habit blanc que ses disciples devaient revêtir; saint Augustin leur donnait sa Règle. Une famille nouvelle de Chanoines réguliers, la plus illustre, était fondée; ajoutant aux obligations du culte divin solennel les austérités de sa pénitence ininterrompue, elle dévouait également ses membres au service des âmes par la prédication et l'administration des paroisses.

    (Dom Guéranger, Année liturgique)

  • Saint Boniface

    Il s’appelait Winfrid, et il est né vers 680, dans le royaume anglo-saxon de Wessex (Angleterre). Il fait ses études à l’abbaye de Nursling (diocèse de Winchester), et devient professeur. Mais il veut évangéliser les païens. En 716, avec trois compagnons, il quitta Nursling pour la Frise, située en face de l'estuaire de la Tamise. Mais il ne peut s’y établir et revient à son monastère... où il est élu abbé. Il démissionne et en fait élire un autre, et part pour Rome. Le pape Grégoire II lui remet une lettre d'investiture pour prêcher la foi aux païens de Germanie et change son nom de Winfrid en celui de Boniface.

    Il retourne en Frise, que les Francs viennent de reconquérir, mais bientôt il s’installe en Hesse, qui relève aussi des Francs. Il y établit sa première fondation monastique. Grégoire II l'invite à le venir voir à Rome, et lui confère la consécration épiscopale (30 novembre 722) sans lui attribuer un diocèse particulier mais en le rattachant directement au Saint-Siège. Il lui remet des lettres de recommandation, notamment pour Charles Martel qui lui délivrera un sauf-conduit. La protection du prince, la mission de Rome et le caractère épiscopal confèrent à Boniface un nouveau prestige aux yeux des Germains, qui lui permet de faire un coup d'éclat en abattant le chêne sacré de Thor. À peine entamé, l'arbre s'abat, comme renversé par un vent impétueux ; les païens y voient une sorte de jugement de Dieu et, devant l'impuissance des dieux à se défendre, passent en grand nombre à la foi chrétienne. Le bois du chêne servira pour édifier une chapelle en l'honneur de saint Pierre.

    Il établit des monastères en Hesse et passe en Thuringe où il en fonde d’autres. Après avoir reçu du successeur de Grégoire II, Grégoire III, le titre d’archevêque et le pallium (732), il va en Bavière. Il établit les évêchés de Salzbourg, Freysing, Ratisbonne et Passau, puis regagna la Hesse où il établit l’évêché de Buraburg (remplacé sous Charlemagne par Paderborn), et la Thuringe où il établit les évêchés d’Erfurt (remplacé sous Charlemagne par Halberstadt) et de Würzburg. Pour joindre ces terres neuves aux anciennes cités de Bavière, aux confins de la Franconie et de la Bavière, il crée le siège épiscopal d’Eichstadt.

    Après la mort de Charles Martel, ses deux fils, Pépin et Carloman, se partagent le royaume, et Boniface relève du second. Avec Carloman (qui finira moine au Mont-Cassin), il entreprend de réprimer les abus dans l’Eglise et il convoque des conciles pour rappeler et préciser les prescriptions de la discipline ecclésiastique (et aussi pour mettre au pas les moines missionnaires irlandais dont les coutumes sont différentes de celles de Rome). Pépin ayant suivi cet exemple, il y aura finalement un concile général des évêques francs, qui signeront une profession de foi, remise au pape, pour marquer l'union de l'Eglise franque à celle de Rome.

    Carloman ayant abdiqué, Pépin reçoit la couronne du pape Zacharie et Boniface, alors évêque de Mayence, le consacre à Soissons. Puis il retourne en Frise. Il a alors plus de 70 ans. Le 5 juin 754, tandis qu'il attend, tout au nord du pays, des néophytes qu’il doit confirmer, il est attaqué par une troupe de barbares. Tandis qu'il se protège la tête d'un livre (certains disent qu’il s’agissait du Bienfait de la mort de saint Ambroise), un coup d'épée tranche le manuscrit et lui fend le crâne. Avec lui meurent 52 compagnons. Ses restes seront portés, selon la volonté qu’il avait exprimée, à Fulda.