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Saint Norbert

Norbert, qui porte en ses veines le sang des empereurs et des rois, s'est vu convier surnaturellement, dès le sein de sa mère Hadwige, à une noblesse plus haute ; et cependant, trente-trois années d'une vie qui n'en doit guère compter plus de cinquante, ont été données par lui sans réserve aux plaisirs. Il est temps pour l'Esprit divin de hâter sa conquête. Un jour, dans un orage soudainement survenu, la foudre tombe au-devant du prodigue ; elle le précipite de son cheval, et creuse un abîme entre lui et le but où le porte une soif inassouvie de vanités qui n'arrivent point à combler le vide de son cœur. Alors, au plus intime de son âme retentit la voix qu'entendit Saul sur le chemin de Damas: « Norbert, où vas-tu? » Et le miséricordieux dialogue continue entre Dieu et ce nouveau Paul : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? — Eloigne-toi du mal, et fais le bien ; cherche la paix et poursuis-la. » Vingt ans après, Norbert est au ciel, occupant parmi les pontifes un trône illustre, et rayonnant de l'éclat qui marque dans la patrie les fondateurs des grands Ordres religieux.

Quelle trace profonde, durant les années de sa pénitence, il a laissée sur terre ! L'Allemagne et la France évangélisées, Anvers délivré d'une infâme hérésie, Magdebourg arraché par son archevêque aux dérèglements qui souillaient la maison de Dieu : tant d'oeuvres dignes de remplir une longue et sainte vie, ne sont point pourtant les plus beaux titres de Norbert à la reconnaissance de l'Eglise. Avant d'être appelé malgré lui aux honneurs de l'épiscopat, l'ancien hôte de la cour impériale avait choisi dans les forêts du diocèse de Laon, pour prier Dieu et châtier son corps, une solitude inhabitable. Mais bientôt Prémontré a vu ses marécages envahis par des multitudes ; les plus beaux noms de la noblesse venaient demander au grand pénitent la science du salut. En même temps, Notre Dame lui montrait l'habit blanc que ses disciples devaient revêtir; saint Augustin leur donnait sa Règle. Une famille nouvelle de Chanoines réguliers, la plus illustre, était fondée; ajoutant aux obligations du culte divin solennel les austérités de sa pénitence ininterrompue, elle dévouait également ses membres au service des âmes par la prédication et l'administration des paroisses.

(Dom Guéranger, Année liturgique)

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