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Irlande - Page 3

  • En Irlande

    Le Premier ministre irlandais Bertie Ahern, réélu en juin 2007 pour un troisième mandat, a annoncé hier qu’il démissionnerait le 6 mai de son poste et de la présidence du Fianna Fail. Il a expliqué que c’était une décision « personnelle » visant à éviter que les allégations qui pèsent sur lui n’entravent pas l’action du gouvernement. Un tribunal de Dublin enquête sur des malversations lorsqu’il était ministre des Finances.

    On constate avec étonnement que Bertie Ahern démissionnera un mois avant le référendum sur le traité de Lisbonne, et refilera donc le bébé à son successeur, sans doute l’actuel ministre des Finances Brian Cowen.

    C’est d’ailleurs Bertie Ahern lui-même qui a annoncé dans la foulée que le référendum aurait sans doute lieu le 12 juin.

    Le même jour, le ministre des Affaires étrangères Dermot Ahern a lancé le « Livre Blanc sur le Traité européen », instrument officiel de propagande pour le oui.

  • Dernières nouvelles du traité de Lisbonne

    Au Royaume Uni, la Chambre des Communes a voté par 346 voix contre 206 l’adoption du projet de loi de ratification du traité de Lisbonne, après 14 jours de débats, notamment sur l’amendement conservateur réclamant un référendum. Cet amendement a été rejeté le 5 mars par 311 voix contre 248. Comme il n’y a que 193 députés conservateurs, d’autres élus leur ont prêté main forte (dont 25 travaillistes et 13 libéraux), mais cela n’a pas suffi. Rappelons que les travaillistes avaient promis un référendum sur la Constitution européenne. Aujourd’hui, ils prétendent que le  traité de Lisbonne est différent de la Constitution.. .

    Le texte va désormais à la chambre des Lords, où sera également présenté un amendement pour un référendum. Selon les observateurs, le vote de cet amendement n’est pas exclu, car les travaillistes n’ont que 215 sièges, contre 202 pour les conservateurs, tandis qu’il y a 201 indépendants, 78 libéraux, 26 évêques anglicans, et 14 divers dont 2 UKIP (anti-européens). Le vote de l’amendement obligerait le texte à revenir devant les Communes, etc.

    En Irlande, le référendum aura lieu « dans la deuxième semaine de juin », a déclaré le Premier ministre Bertie Ahern. Le jour précis (car ce sera un jour de semaine) n’a pas encore été fixé. Selon la presse, ce serait le 12 ou le 13. Le dernier sondage fait état de 46% de oui et 23% de non, 31% ne se prononçant pas encore. La propagande gouvernementale pour le oui fonctionne à plein régime, avec les arguments que l’on connaît : le non provoquerait une crise, etc.

  • Le Pen n’ira pas en Irlande

    Communiqué de Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch (le 4 mars)

    Nous avons été invités par différentes organisations à nous rendre en Irlande pour participer, en tant que partisans du rejet de la Constitution européenne, dans sa version "2005" comme dans sa version "Traité de Lisbonne", au débat qui accompagnera l'unique référendum organisé en Europe sur ce traité.

    Des informations très précises, en provenance de sources tout à fait fiables, nous ont convaincus que notre présence serait exploitée comme une ingérence extérieure dans un débat national, par des provocateurs favorables au traité.

    Patriotes, ardents défenseurs de l'indépendance et de la liberté des nations, respectueux des souverainetés nationales, et tout particulièrement de celles acquises par le combat et le sacrifice des peuples, comme la souveraineté de l'Irlande, nous n'avons pas l'intention de prêter le flanc à ces manœuvres déloyales.

    C'est pourquoi nous renonçons à répondre favorablement à ces invitations.

    Nous espérons que le peuple irlandais fera bon usage de la liberté de choisir son destin qui est scandaleusement refusée à toutes les autres nations d'Europe.

    [La décision de Jean-Marie Le Pen et de Bruno Gollnisch est sage. En survolant les sites internet irlandais, j’avais remarqué que cette visite aurait en effet été exploitée et surexploitée comme une intolérable ingérence des « fascistes » du continent venant semer le trouble dans la paisible Irlande, donc fournissant aux européistes irlandais un nouvel argument pour appeler à voter oui...]

  • L’insolence de Dick Roche

    Dans un entretien à l’AFP, le secrétaire d’Etat irlandais aux Affaires européennes déclare à propos du référendum sur le traité de Lisbonne dans son pays : « Mon intention est de rendre absolument certaine une adoption par au moins deux fois plus de oui que de non. Ce n’est pas de la suffisance, je l’ai fait la dernière fois. » Et pour montrer qu’il est très fort, il ajoute que « le défi à relever est de taille », tant le traité de Lisbonne est « infiniment » moins lisible que la défunte Constitution européenne.

    « Je l’ai fait. » J’ai fait voter les Irlandais comme je l’ai voulu. On a l’impression d’entendre : « Je les ai eus. »

    C’est en effet Dick Roche qui avait mené la campagne pour le second référendum sur le traité de Nice. Mais ce n’était pas seulement sa force de persuasion qui avait joué. C’est surtout le fait que l’Irlande avait obtenu que soit ajoutée au traité une déclaration garantissant la politique de neutralité militaire de l’Irlande. Or la question ressurgit avec le traité de Lisbonne, et c’est l’un des grands arguments de ceux qui font campagne pour le non. Car si la politique étrangère continue d’être régie par la règle de l’unanimité, la majorité suffit pour des mesures exécutant une décision prise à l’unanimité. C’est la perversion générale de ce traité (qui reprend là encore ce qui était dans la Constitution ), que de continuer à parler de domaines régis par l’unanimité alors que diverses dispositions permettent en réalité de décider à la majorité. En outre, la présence d’un président de l’Union et d’un ministre des Affaires étrangères (même si on ne lui a pas laissé ce titre) implique à l’évidence une orientation vers la centralisation des décisions. Et il y a la « clause de solidarité » qui autorise une intervention militaire pour prévenir une attaque terroriste sur le territoire d’un Etat membre. Or les Irlandais, qui ne veulent faire la guerre nulle part, veulent encore moins être contraints de participer à une opération militaire au Proche Orient pour prévenir une attaque terroriste en... Angleterre...

    Selon Dick Roche, ce raisonnement est « insensé ». Car, dit-il, il y a deux garde-fous : la Constitution stipule que tout engagement militaire doit faire l’objet d’un référendum, et toute implication de l’armée est soumise à un triple verrouillage : être approuvée par le gouvernement, les députés et les Nations-Unies. Mais ce triple verrouillage ne verrouille évidemment rien du tout, et je ne vois nulle part dans la Constitution cette exigence d’un référendum (il est dit au contraire, à l'article 15, que le droit de lever ou de maintenir une armée relève exclusivement du Parlement).

    Dick Roche explique qu’il va mener sa campagne sur « deux messages simples » : « L’Union européenne ne peut pas continuer à fonctionner avec des institutions qui ont été établies il y a cinquante ans », et « il s’agit du traité le plus démocratique ». Voilà deux assertions que les opposants n’auront pas de peine à démonter. On peut lui rappeler que c’est lui qui a obtenu la ratification par les Irlandais du magnifique traité de Nice (« je l’ai fait ») : c’était un traité de fonctionnement de l’Union européenne, il y a sept ans...

  • A propos de l’Irlande

    Merci à Craig, qui à la suite de ma note sur l’Irlandais qui rue dans les brancards, nous a signalé le blog de l’« Hibernia Girl ». Merci aussi à lui d’indiquer mon blog dans ses liens. Il a seulement oublié de faire de la pub pour son propre blog, The Connolly Column.

    L’Hibernia Girl a une rubrique spécifique sur le référendum. Parmi les dernières nouvelles, on apprend que l’un des plus importants syndicats irlandais, Unite, confirme qu’il fait campagne pour le non.

    On voit aussi le résultat d’un sondage datant de fin janvier selon lequel il y aurait 45% pour le oui et 25% pour le non. (Début novembre j’avais fait état d’un sondage qui donnait 25% pour le oui et 12% pour le non). Pas brillant. Mais pour les partisans du non il montre qu’il y a une forte minorité de l’électorat qui reste fermement sceptique sur la poursuite de l’intégration européenne et que cela donne une base solide pour la campagne à venir.

    Notre « fille hibernienne » donne d’autre part un certain nombre de liens.

    Principalement celui de Libertas, qui souligne qu’un danger majeur du traité de Lisbonne est qu’il permet à l’UE de réformer le traité sans avoir à le dire (afin d’éviter à l’avenir toute discussion sur un nouveau traité), et de passer du vote à l’unanimité au vote à la majorité qualifiée quand on le souhaite, par la « clause passerelle » (a self-amending treaty).

    Libertas évoque aussi la suppression de « 60 droits de veto », et la charte des droits fondamentaux, qui va transformer la Cour de Justice européenne en Cour suprême européenne décidant ce que sont les droits des Européens.

    D'aute part, le Sinn Fein annonce, par la voix de Gerry Adams, une vigoureuse campagne contre le traité. 

    Il y a aussi la Campagne contre la Constitution européenne (CAEUC), émanation du « parti socialiste irlandais » (trotskiste).

    Et le site Votez Non, qui est également un site d’extrême gauche, émanation du « parti socialiste des travailleurs ». On peut y lire par exemple (le 19 janvier) : « Le site Votez Non condamne la décision de l’association de droit de l’Université de Dublin d’inviter le fasciste français Jean-Marie Le Pen en Irlande pour débattre du traité de Lisbonne. »

  • Un Irlandais rue dans les brancards

    Vincent Browne est l’un des plus célèbres journalistes irlandais (directeur du magazine Village, chroniqueur à l’Irish Times et au Sunday Business Post, titulaire d’une émission de radio quotidienne jusqu’à l’année dernière). De gauche, naturellement.

    Sa dernière chronique du Sunday Business Post est fort intéressante, et plus intéressante encore lorsqu’on sait l’influence du personnage.

    Il raconte qu’il est allé aux bureaux de la Commission européenne à Dublin, pour demander un exemplaire du traité de Lisbonne, sur lequel les Irlandais vont devoir se prononcer par référendum. A la réception, on lui a donné une photocopie du texte (seule forme sous laquelle il était disponible). Il découvre que l’article 1 dit ceci : « Le traité sur l'Union européenne est modifié conformément aux dispositions du présent article. » Et qu’en bas de la page est écrit : « Le troisième alinéa est remplacé par le texte suivant : L'Union est fondée sur le présent traité et sur le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (ci-après dénommés “les traités”). »

    Il demande alors s’il peut avoir un exemplaire du « traité sur le fonctionnement de l'Union européenne », puisqu’il n’est manifestement pas possible de comprendre le traité de Lisbonne sans avoir le « traité sur le fonctionnement de l'Union européenne ». Les personnes de l’accueil lui répondent qu’elles n’ont pas ce texte. Quelqu’un descend l’escalier, Vincent Browne lui expose son problème. Cette personne lui répond qu’il n’existe rien qui ressemble à un « traité sur le fonctionnement de l'Union européenne ». Elle pense que le conseil de l’Union européenne a décidé d’en publier une version en avril, mais elle n’en est pas sûre.

    Arrive une autre personne, qui lui explique que le « traité sur le fonctionnement de l'Union européenne » est en réalité une compilation de tous les traités antérieurs. Elle ajoute qu’elle peut lui donner un résumé du traité de Lisbonne, ce qui suffit amplement à expliquer en quoi il consiste.

    Non, répond-il. Je voudrais me faire ma propre opinion sur le traité, et je voudrais le comprendre, mais comment le pourrais-je si je n’ai pas un exemplaire du traité qu’il est censé amender ?

    L’interlocuteur répond alors, comme le précédent, que le conseil des ministres de l’UE pourrait le publier en avril, mais que ce n’est pas certain.

    Vincent Browne réplique : comment peut-on voter pour ce traité si l’on ne peut pas savoir ce qu’il signifie ?

    Réponse : nos hommes politiques, démocratiquement élus, pourront dire aux citoyens ce que contient le traité, et sur cette base nous pourrons voter.

    Cela ne me satisfait pas, insiste Vincent Browne, car je veux me faire ma propre idée.

    Une autre personne lui dit alors que l’Institut des Affaires européennes a publié une version annotée du traité de Lisbonne, qui explique tout. Vincent Browne : « J’ai dit que je voulais me faire ma propre opinion, or l’Institut des Affaires européennes n’est qu’une pom-pom girl de l’Union européenne et ne peut pas m’offrir une analyse objective du traité. »

    Quelqu’un de la réception a une autre idée : pourquoi ne pas traverser la rue et aller au Journal officiel ?

    Vincent Browne traverse la rue, et demande au Journal Officiel s’ils ont le « traité sur le fonctionnement de l'Union européenne ». Ils n’en ont jamais entendu parler. Ils regardent leur catalogue : rien. Ils consultent l’ordinateur : rien.

    Il lui reste donc à essayer de lire le traité de Lisbonne. Mais il est totalement incompréhensible de bout en bout si l’on n’a pas en regard le « traité sur le fonctionnement de l'Union européenne » pour s’y référer à chaque article.

    Vincent Browne commente :

    « Considérez seulement l'arrogance effarante de nos élites qui veulent que nous nous rendions aux urnes comme des moutons et que nous votions oui à un traité qu’il est impossible de comprendre à partir de la documentation mise à notre disposition. Si un directeur de banque ou un agent immobilier vous demande de signer un formulaire, est-ce que vous n’insistez pas pour savoir ce que c’est avant de le signer ? »

    « Comment peut-on attendre de nous que nous approuvions un traité qui modifie notre Constitution, alors que nous ne pouvons pas comprendre de quoi il s’agit autrement qu’en croyant sur paroles ces arrogants artistes de la tromperie ? Je parierais mon premier dollar qu’aucun membre du gang suivant n’a la moindre notion de ce que dit le traité article par article, pour la bonne raison qu’il est littéralement incompréhensible » (suivent les noms des principaux ministres irlandais, et du président de l’Institut pour les affaires européennes).

    Conclusion : « La seule attitude responsable, sensée, raisonnable, intelligente, à adopter est de voter non à ce traité, au motif que nous ne savons pas, et que nous ne pouvons pas savoir, ce qu’il veut dire. »

  • Inquiétude irlandaise

    Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Dermot Ahern, est monté au créneau pour mettre en garde ses compatriotes contre un rejet du traité de Lisbonne lors du référendum (dont la date n’est pas encore fixée). « Nous croyons fermement que le traité réformateur est la meilleure option pour l’UE, qu’il représente un accord très favorable à l’Irlande »... « Les extrêmes s’opposent à ce traité comme ils se sont opposés à tous les traités pour des raisons dogmatiques et en fonction de leurs propres intérêts... Ce sont les mêmes arguments, pour un traité différent »... « Ça n’aurait pas de sens que nous tournions le dos à l’Europe en empêchant des changements sensés pour le fonctionnement de l’Union européenne »... Etc.

    Ce discours montre à l’évidence que le gouvernement irlandais est inquiet. Et il a des motifs de l’être, même si le non est très loin d’avoir encore gagné la partie, comme je l’expliquais dans mon édito de National Hebdo de la semaine dernière (édito.doc).

  • Faire revenir le gaélique…

    Le gouvernement irlandais a obtenu que le gaélique devienne langue officielle de l’Union européenne, à partir du 1er janvier prochain. Du coup, il lance une initiative sur vingt ans pour que la société irlandaise devienne bilingue, autrement dit s’exprime aussi bien en gaélique qu’en anglais. Il n’y avait pas eu d’initiative de ce genre depuis plus de 40 ans, et on pensait que les gouvernements avaient abandonné la partie. Car si le gaélique est la première langue officielle de la République, et enseigné dans toutes les écoles, il n’est plus parlé en fait que par quelques dizaines de milliers de personnes. Pourtant 92% des Irlandais jugent important de promouvoir leur langue ancestrale. « La langue irlandaise est spécifique à ce pays en tant que langage parlé par une communauté, mais c’est aussi un trésor mondial de valeur, et il est donc d’une importance fondamentale pour l’identité du peuple d’Irlande et pour l’héritage mondial », dit très bien le ministre ad hoc. Reste à convaincre les Irlandais de passer du sentiment à la pratique…